Note du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : 8/10

Vous vous êtes déjà lavé les oreilles avec une lime ? Si à la lecture de cette phrase, l’envie vous prend d’essayer, je conseille un peu de lubrifiant. Rien qu’un peu, histoire que le tout passe un peu plus facilement sans pour autant éviter la douce sensation d’entendre ses conduits auditifs se faire délicieusement râper. Pour ceux qui hésitent encore, eh bien No Vale Nada offre avec Demain, son premier album, un petit aperçu de ce que ça pourrait donner.

Le lubrifiant, on le retrouve dans les intros souvent belles, parfois à la guitare claire (« Amer »), nous plongeant parfois dans des ambiances aquatiques (« Dignité ») ou inquiétantes (« Demain »). Presque chaque titre y a droit. On pourrait dire que c’est un peu trop systématique, seuls « L’impasse » et « Sans gravité » (qui succède à l’interlude « 01 ») entrent directement dans le sujet, mais ce choix est tout de même salvateur, car pour le reste (hormis quelques pauses, comme le centre de « Demain »), c’est un Hardcore chaotique qui ne nous épargne pas.
En fait, ce n’est pas que le groupe nous sert des compos épileptiques, changeant sans cesse de cap pour plus nous perdre. Mis à part « L’impasse », au côté très Punk, qui se montre assez dur à suivre, mais qui va si vite qu’on ne pose pas de question, les titres, sans posséder une structure classique pour autant, se révèlent assez faciles à assimiler.

Ce n’est pas non plus que le riffing soit tordu et torturé au point de nous embrouiller l’esprit, non. No Vale Nada possède un sens acéré de la mélodie, ou un sens de la mélodie acérée. En effet, tandis que « Dignité » nous le prouve déjà en début d’album, « Mon inconnue », lui, aurait tout ce qu’il faut pour devenir un véritable tube – du genre qui reste dans la tête des heures après l’écoute –, si quelque-chose comme ça pouvait décemment passer sur les ondes FM.
Non, c’est juste que tout semble si rapide et aiguisé, que l’album évoque un tel sentiment d’urgence – la fin de « L’Eloge du sens » sonne même comme une alarme –, qu’il se dégage de ce Demain une violence noire. Violence accentuée par un chant criard à l’extrême, qui nous vrille les tympans. Et lorsque le rythme ralentit, plombant, c’est plus pour nous achever en nous brisant le crâne à coups de masse.

Cette chronique est courte, mais Demain l’est aussi. Pas de fioritures, 28 minutes, en prenant en compte la ghost track et le blanc qui la précède. Un choix étrange d’ailleurs, car en arrêtant son album à « Sans gravité », aussi énervé que déjanté et chaotique, No Vale Nada nous aurait laissé seul, agonisant dans une mare de sang, le crâne éclaté contre le bitume. Ici, on a l’impression qu’il attend les urgences avec nous, alors qu’il a passé les vingt minutes précédentes à nous défoncer la face à coups de briques pour nous faire ressembler au gamin de la pochette.

Tracklist:
1. Amer
2. Dignité
3. L’Éloge du sens
4. L’impasse
5. Demain
6. Mon inconnue
7. 01
8. Sans Gravité

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