Line-up sur cet Album
- Lad : basse
- Max : batterie
- Jéjé : guitare
- Javier : chant
Style:
Brutal metalcoreDate de sortie:
8 mars 2019Label:
Noise AddictNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Les mots qu’on connaît bien prennent dans ce pays un sens cauchemardesque. La liberté, la démocratie, le patriotisme, le gouvernement – tous ont un parfum de folie et de meurtre. » — Joseph Conrad
Au-delà de la citation de Conrad qui date de 1904, c’est surtout le lien qu’il y a entre la citation, sa source, et le groupe que je m’apprête à chroniquer. Nostromo est un des romans les plus complexes qui soient, bourré de procédés littéraires complexes (analepses, prolepses, etc.), de changements de styles dans le livre-même (autobiographie, puis dialogues, puis récit au présent, au passé), et surtout d’une intrigue complètement échafaudée. Pour tout lecteur qui aime les défis, lire ce livre est l’équivalent d’un road trip à la Bear Grylls ou Mike Horn ! De fait, je ne sais pas si chroniquer Nostromo est une sinécure. Je m’attends à une œuvre tout aussi complexe si tant est qu’elle soit inspirée directement ou non du bouquin. Peut-être le groupe et le livre n’ont de commun que le nom, c’est fort probable… On verra. Je reste prudent avant de m’attaquer à l’EP nommé Narrenschiff, jusqu’à ce que…
… je m’aperçoive que ce n’est en rien en lien avec le bouquin ! Rien à voir ! Juste le vaisseau dans Alien qui s’appelle Nostromo ! Bon je m’avoue littéralement (c’est le bon adverbe) écrasé par cette déconvenue ! Mais ça ne fait rien, on ne lâche rien et on se lance éperdument dans cette nouvelle chronique… de l’espace ! Mais d’abord, petite présentation ! Groupe suisse formé à Genève en 1996, le combo à quatre membres a connu une ascendance très rapide comme en témoigne les cinq CDs sortis entre 1997 et 2004, avant de se séparer en 2005, les musiciens étant partis explorer des horizons nouveaux, et de revenir aux affaires en 2016 avec une tournée avec Gojira en 2017, le Hellfest et le Download Festival la même année, et pour finir par nous sortir un nouvel EP six titres que voici ! Un groupe qui a donc un parcours honorable, pour ne pas dire honorifique ! J’ai le sentiment, moi qui ne connaissais pas le groupe, que j’ai affaire à un groupe qui a su rouler sa bosse à travers le vaste monde metallien et qui revient en force pour soulager d’une trop longue attente ses fans ! On y va ? GO !
Narrenschiff signifie en allemand « La Nef des Fous » et manifestement l’artwork de l’EP, créé par le chanteur du groupe, est directement inspiré de l’œuvre éponyme de Sebastian Brant, livre de poésie tout à fait pessimiste voir fataliste (l’auteur ne cherchant pas à corriger les erreurs qu’il dénonce) sur la condition de l’Homme. Cela annonce la couleur ! Le design est magnifique, j’adore cette fresque macabre où l’on voit un navire emportant des figures sculptées et torturées par un squelette, avec au fond un ciel ensoleillé en noir et blanc du plus bel effet ! C’est extrêmement bien recherché car cette image est jonchée de symboles intéressants à développer, mais je ne pourrai pas m’y risquer outre mesure malheureusement car cela ferait mille fois trop long ! Retenons simplement que cet artwork a le mérite d’être un vrai attrape-l’œil en particulier pour son aspect ancien qui tranche avec la modernité de la musique proposée. Et aussi parce qu’on sent très vite, à la vision de ce dernier, que la musique ne va laisser personne indifférent. N’oublions pas qu’il s’agit d’un retour en force de la part de Nostromo, donc à n’en pas douter, rien n’est laissé aux fruits du hasard !
Et la musique vaut son pesant de cacahuètes en matière de brutalité. Vous ne trouverez ni introduction pré-album, ni même temps de démarrage ! Si l’on devait comparer cet album à un modèle de voiture, on serait plus proche d’un dragster. Je ne me suis jamais pris une claque pareille, de mémoire d’auditeur, depuis longtemps ! Le premier morceau “The Drift” porte assez mal son nom d’ailleurs parce qu’en terme de dérive, il n’y en a aucune ! Tout est un véritable concentré de violence, aucun instrument n’accorde de temps mort ! Dans le style, on se rapproche assez bien d’un brutal metalcore, mais je ne parviens pas à trouver de comparatifs assez explicatifs. En revanche, je crois que Nostromo, dans sa promo (rime !) a bien résumé sa musique : « asphyxiant », « bestial », « effréné », « impérial ». Ce sont tout à fait les mots que je cherchais pour décrire les six morceaux de l’EP !
Tout part au quart de tour dès l’entame avec “The Drift”, pied au plancher Nostromoenvoie le mannequin antichoc droit dans le pare-brise, et comme si le choc ne suffisait pas, le mannequin traverse une dizaine de couches de murs épais ! C’est monstrueux, tout simplement. Le deuxième morceau “Taciturn” porte mal son nom dans le sens de discrétion, de silence, puisque le morceau envoie la purée aussi ! En fait, que ce soit “Superbia”, “As Quasars Collide”, “Septentrion” et „Das Narrenschiff“, tout n’est qu’un amas de violence démesurée ! De mémoire j’avais rarement entendu autant de déchaînement dans un seul CD. Il y a pratiquement toujours des temps de pauses entre les morceaux ou pendant ces derniers, mais là, nada ! Zéro ! Hormis le début du morceau “Septentrion” mais qui finalement ajoute encore plus d’intensité à l’ensemble, c’est juste une pure merveille de brutalité et d’intensité.
Les points forts principaux de la musique se situent particulièrement dans le mixage qui apporte cette épaisseur parfaitement dosée mais en même temps ce son assez sec, cassant même, pour ne pas masquer la noirceur sous-jacente. Quand on écoute la musique de Nostromo, on devine tout de suite que la noirceur la plus profonde passe obligatoirement par une phase de déchaînement, d’implosion et d’éructation. Et devant cette évidence, il n’était pas aisé de trouver la formule adéquate pour cet équilibre. Mission accomplie ! La musique est extrêmement plaisante à entendre. Le deuxième point fort est cette capacité d’occuper l’espace sonore de la guitare, qui est toute seule, mais qui remplit son rôle magnifiquement. À ce stade, c’est même du génie sonore pour moi. Je me demande d’ailleurs comment ce rendu sera en concert ! Un jour sûrement, j’irai voir le résultat.
Et le dernier point fort sera rempli haut la main par le chant que je trouve incroyablement jouissif. Le rendu studio est juste génialissime et fait la part belle au chant qui pourtant aurait dû souffrir pour avoir une place dans cet agglomérat de rudesse. Et pourtant, à ma grande surprise, il a non seulement toute sa place mais en plus il est prépondérant ! J’adore le chant de Javier pour cela et je l’en félicite !
Les textes sont tous aussi intéressants les uns que les autres et ne font pas, eux aussi, dans la finesse. Mais cependant, il y a une qualité d’écriture indéniable, et j’en veux pour preuve les métaphores qui sont utilisées comme l’évocation de Perséphone dans le texte “Septentrion” (la Grande Ourse ?), ou l’idée de posséder l’univers avec le même effet dévastateur que des quasars entrant en collision. Et puis, j’aime les écritures en vers et le parolier a fait cet effort, et non seulement c’est louable mais en rendu sonore sur les morceaux c’est beau. Tout ce que j’aime dans des textes ! À noter l’invitation faite à Rodolphe Burger du groupe Kat Omona qui clame le poème sur „Das Narrenschiff“ en allemand, de toute beauté !
C’est une chronique courte mais par la force des choses, je ne pouvais faire mieux ! Cela rassurera le correcteur que je salue amicalement. En fait, il est difficile de faire une chronique longue quand le CD qu’on vous propose ne fait ni dans la dentelle, ni dans la sophistication. Et donc, on s’aperçoit rapidement que Nostromo revient aux affaires avec une véritable bombe, que ce soit au sens propre musicalement, comme au sens figuré sur l’ensemble. Du metalcore incroyablement violent, des textes qui montrent toute la noirceur des créateurs de ce petit chef-d’œuvre, et vous avez dans vos oreilles ébahies un des meilleurs CDs de l’année. J’ai eu l’honneur de faire la chronique de Narrenschiff et je suis surtout fier de vous recommander cet EP qui annonce un retour fracassant, et de la manière la plus brutale qui soit. Sûrement le CD le plus brutal de l’année 2019 jusqu’à présent ! En espérant qu’il n’y aura pas que Gojira pour leur faire les yeux doux.
Tracklist :
1. The Drift 03:04
2. Taciturn 03:28
3. Superbia 02:56
4. As Quasars Collide 02:55
5. Septentrion 05:23
6. Das Narrenschiff 01:32
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