Notheist – Notheist

Le 8 avril 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Grégory Lambert : tous les instruments

Style:

Thrash / Death Metal

Date de sortie:

24 Mai 2019

Label:

Mystyk Productions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 5/10

« Seul un athéisme véritable permet de savourer l’immense variété des déguisements multiples dont les hommes habillent leurs angoisses, c’est à dire, leurs dieux. » (Catherine Clément)

Cette chronique, c’est l’histoire d’une erreur que personne ne pouvait annoncer. Les artistes ont des angoisses multiples qui pourraient faire penser à des divinités, comme le dit Catherine Clément. L’écrivain se meurt devant la page blanche, le peintre ne conçoit pas le néant absolu d’un tableau blanc (ou le tourne en ridicule comme dans la pièce de théâtre Art de Yasmina Reza) ; le musicien en a au moins deux de reconnues : la tablature vide… ou le CD de trop. Composer un album est comme un retour en arrière, comme si l’on gommait le travail faramineux entrepris pour le précédent opus. Je comprends que cette angoisse soit prenante et que tout artiste qui se respecte ne s’arrête jamais de créer. C’est le propre de toute personne créative qui a ce besoin d’inventer, de composer, jusqu’à la tombe.
Mais je crois qu’hélas, aujourd’hui, je vais vous présenter ce qui ressemble fortement à un CD de trop… Voici donc venu le temps de parler de Notheist et son album éponyme.

Pourtant, comme je disais en introduction, ce virage de trop, personne ne l’aurait vu venir puisqu’il est l’œuvre d’un musicien important du Metal français et plus : Grégory Lambert. Unique membre compositeur de cet album, ce multi-instrumentaliste a œuvré ni plus ni moins dans Misanthrope, Zuul FX, actuellement dans Crusher, et surtout, SURTOUT, guitariste de scène et cordes du spectacle l’Exoconférence d’Alexandre Astier, SVP ! Alors, avec un curriculum vitae aussi beau, aussi reluisant, son album solo ne pouvait qu’être une sublimation. Sans être un admirateur de Greg Lambert, je peux au moins reconnaître avec force que ce dernier mérite un profond respect pour son parcours musical. Mais alors… Pourquoi ?

Mais avant de parler musique, parlons artwork. Enfin, du peu qu’il y a à en dire car même celui-ci ne sauvera pas le contenu. Ce décor de sapins dans le brouillard, en noir et blanc, on l’a déjà vu des milliers de fois… Aucune originalité du tout, je ne vois même pas le rapport avec Notheist, « nothéiste » en anglais, qui serait l’inverse d’athéiste. Même la police de caractère du nom du groupe et des noms des morceaux ne souffle aucun vent nouveau. Pour moi, pardonnez-moi l’expression un peu vulgaire, mais ce travail renifle à plein nez le foutage de gueule en règle. Quand on a ce niveau musical et que l’on a pour ambition de sortir un CD en solo, il faut un minimum de travail et de sérieux. Ici, dans le cas de l’artwork, il n’y a ni l’un ni l’autre et je suis désagréablement surpris d’un tel manque d’ambition de sa part. Aucun intérêt.

Musicalement, c’est la même bouillabaisse, voire même en plus frelatée. Je vais commencer par le seul point positif de l’album, qui compte quand-même bien : les compositions. Sans briller de nouveauté, le Metal qui est proposé est bien ficelé, avec des riffs entraînants, mélodiques et rythmés, une bonne base musicale qui respire un peu toutes les influences de Greg Lambert sur son parcours. On a de grosses influences Thrash Metal, une globalité ronde comme le Death, qui ne laisserait personne indifférent, surtout les fans des groupes où officie Lambert ; je pense que sans être un immense connaisseur de leurs discographies, ils s’y reconnaîtront. Donc oui, histoire de faire plaisir à notre camarade compositeur : il y a du talent, c’est indéniable, des qualités techniques aussi notamment pour les cordes, les soli sont intéressants. C’est probablement ce qui sauve l’album.

Oui mais voilà : le principal défaut de ce CD est le mixage. En un mot : salopé ! C’est simple, faites le test vous-même et vous verrez : mettez le CD sur une chaîne hi-fi ou votre poste radio dans la voiture ; j’ai dû monter le son à 20 en niveau pour avoir un semblant de quelque chose. Je dis bien « un semblant » parce que, même à ce niveau, je n’entendais rien. Comment peut-on expliquer une telle aberration, sinon la négligence ? Franchement ?
Sans parler des instruments mixés : la basse qui est trop haute et a un son affreux, la guitare qui sonne quant à elle dans des aigus complètement grésillants, la batterie que l’on entend à peine. Et je résume, hein. Mais comment voulez-vous apprécier un CD si on n’entend strictement rien ?… Ce son est une véritable purge vomitive pour les oreilles ; et dire que j’ai dû écouter onze morceaux… Onze morceaux… Boss, on ne peut pas être payé sérieusement ? (NdMetalfreak : NAN !)

Et le chant… Probablement un des pires que j’ai entendu. La voix n’a aucun mixage, pas même l’ombre d’un gonflement avec une reverb’. En soi, si la qualité était au rendez-vous, on pourrait trouver une excuse… mais même pas ! La voix n’est même pas bonne en plus. Je ne sais pas comment notre Greg Lambert fait pour ne pas développer de kyste ou d’amygdalite tellement sa voix est forcée, sans technique du tout. Il doit avoir des actions chez Strepsil, ce n’est pas possible.

Sincèrement, je ne sais pas si c’est le confinement qui me blase à ce point-là mais je ressors limite en colère d’une telle écoute, d’une telle analyse. J’ai un sentiment de révolte qui émane de moi et qui est prêt à exploser. Comment peut-on s’effondrer à ce point ? Comment parvient-on à saborder toute une vie de musique aussi prestigieuse en un album solo ?… Moi, et ce n’est que mon avis personnel et mon expérience de musicien qui parlent, je crois qu’il y a un vrai orgueil derrière tout cela, une démarcation voulue, une volonté de s’isoler du processus créatif que l’on retrouve dans un groupe pour ne garder que sa propre vision.
Oui mais rien de cela ne peut aboutir s’il n’y a pas derrière une grosse introspection de faite. Or, ce CD pue le cloisonnement, la solitude et la routine. Et, lorsque l’on est habitué à regarder son reflet tous les jours en se rasant, on en oublie que l’on peut se couper la peau et laisser des cicatrices visibles que nous nous habituons à voir de telle manière qu’elles disparaissent, mais que les autres remarquent comme une amputation.

Je suis à la fois triste, et à la fois déçu de devoir faire ce constat, mais Notheist ne vaut pas la peine d’être découvert… Peut-être que le prochain sera meilleur, espérons, mais rien n’est moins sûr, hélas.

Tracklist :

01. Order in Chaos
02. Notheist
03. God of Meat
04. Silent Screams
05. Freedom is a Lie
06. Deathless
07. Those who refused to see
08. Through my Dreams
09. Behind the Lies
10. Screw them!
11. My Demise

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