Nuit Macabre – Diablerie

Le 3 août 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Nyghlfar : guitares, basse, batterie, chant Julien Hovelaque : claviers Invités : Maxime Taccardi : introduction Unholy : chant sur Diablerie

Style:

Black Metal

Date de sortie:

14 mars 2020

Label:

Black Shadow Legions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

Les néons noirs de l’espérance éclairent mon ombre et mes soupirs sur la blancheur de l’innocence de mon plus macabre sourire. » Hubert-Félix Thiéphaine

Je crois, définitivement, que nous autres chroniqueurs qui vivons dans des villes en cuvette comme Grenoble, nous méritons un salaire. Ou une prime de risque c’est selon. Quand nous sommes derrière nos ordinateurs, en tout début de soirée, à crever de chaleur et de soif, après une journée en psychiatrie bien remplie et déjà bien échaudée, et qu’en prime les ordinateurs chauffent tellement que nos cuisses deviennent des plaques à induction, je l’affirme haut et fort : OUI ! Nous méritons un salaire. Donc, si vous arrivez à pirater le compte en banque de notre Providence, notre Grand Eternel, notre Guide à la grâce divine, je vous en supplie, profitez qu’il soit en vacances pour nous le filer ! Que l’on puisse s’acheter des ventilateurs au moins quoi, nom de Metalfreak ! Ou essayez de le soudoyer en montrant vos abdomignons à la numéro deux mais néanmoins Providence numéro un bis, Lamis (rime!).

En tout cas, c’est le cœur et les cernes lourds que je m’apprête à passer une nuit des plus mauvaises car comme tout hyperthyroïdien qui doit se respecter (par la force des choses), je ne supporte pas la chaleur et encore moins la nocturne. C’est ainsi que je m’apprête à passer une nuit des plus terribles. Bref, une nuit… MACABRE ! Et c’est donc tout naturellement que je me faufile dès potron-minet vers une nouvelle chronique, une chronique d’insomniaque qui cherche la froideur et qui la trouvera dans le groupe Nuit Macabre.

Alors, je disais donc que j’allais parler du dernier album de Nuit Macabre. Je ne connaissais pas le groupe et je remercie encore une fois le label Black Shadow Legions pour sa confiance. Il s’agit d’un groupe originaire de Pau et qui a jeté ses fondations en 2016 sous la houlette de deux musiciens, dont l’un m’a étonnamment et agréablement surpris : Nyghlfar qui s’affaire à tous les instruments, et surtout Julien Hovelaque qui officiait dans Maleficentia, l’un de mes groupes préférés dans les années 2000 et qui reste encore à ce jour l’une de mes références en black metal symphonique ! Sachant qu’il y était comme guitariste/chanteur et qu’il officie dans Nuit Macabre comme claviériste, alors là je suis comme une poule face à son grain, je caquette ! Et encore mieux : il y a trois invités sur l’album « Diablerie« , et si Unholy d’Unholy War et Zémus ne me sont pas familiers, en revanche Maxime Taccardi c’est une énorme surprise de le voir sur cet album en compositeur d’introduction. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, je vous invite fortement à aller découvrir sa musique extraordinairement dérangeante et macabre dans le projet appelé K.F.R, que vous trouverez sur Facebook entre autres ! En tout cas, cette découverte des guests associée au fait que Nuit Macabre en est à son deuxième album me donne encore plus envie de m’y plonger !

Quand je pense à « Diablerie« , j’ai un peu honte de le dire parce que cela va jeter une dérision qui n’est pas forcément opportune ici, mais je pense à Jacquouille la Fripouille. Dorénavant je penserai surtout à Nuit Macabre et son artwork qui manque malgré tout un peu d’originalité. Difficile en fait de savoir ce dont il s’agit, je pencherais pour une sorte de gros trou lumineux où seraient aspirés des éléments noirâtres et un humanoïde blanc. Mais sans plus de précision. L’intérieur de la jaquette en ouija et le quatrième de couverture avec cette statue de désolation et un corbeau font tout de suite plus références à une quelconque diablerie. Il doit y avoir en fin de compte une volonté de parler du Diable qui est en chacun de nous et qui se réveille un jour, nous poussant à commettre le mal. Au moins le livret présente les protagonistes du groupe en format black metal classique, et surtout fait la part belle aux invités ce que j’apprécie tout particulièrement ! Rare est l’hommage donné aux invités qui pourtant amènent chacun une pierre à l’édifice. C’est donc sur un constat plutôt positif que je passe à la musique.

Et là, c’est ni plus ni moins qu’une giga claque que je me suis pris ! Jusqu’à présent, Black Shadow Legions m’avait habitué, au travers de mes écoutes personnelles et de mes chroniques, à un black metal genre raw, ou très personnel, donnant une importance particulière à des one-man band. Mais pour cette fois-ci, je me suis pris une véritable rafale de black metal à la fois froid et brutal, un peu à la 1349 dans ses premiers albums ! D’abord la fameuse introduction composée par Maxime Taccardi qui est glaçante mais qui ne m’étonne guère vu le talent du bonhomme pour le macabre justement, mais les morceaux sont incroyables ! Que ce soit « Diablerie » avec le chanteur Unholy (très bonne idée, très intelligente, que de démarrer un album avec l’invité) ou les autres qui sont l’œuvre des deux musiciens principaux, tout est un concentré de brutalité, de froideur et de maléfice. Une vraie bonne surprise musicale pour moi qui ne m’étais pas extasié à l’écoute d’un album de black metal, qui plus est français, depuis longtemps ! Et j’ajouterais que le black metal ci-présent est à l’image de ce que j’énonçais au début : d’une grande intelligence. Si j’étais cependant tatillon, je rappellerais que « Réalité » s’écrit sans « e » à la fin…

A commencer par le son, qui est en adéquation avec le concept album et les idées maîtresses du black. Un son strident qui ramène à la froideur de l’âme qui émane des compositeurs et une forme de violence qui nous rappelle que le mal ne se fait pas sans douleur ni blessure. Il y a de la philosophie même dans le son, j’aime ça ! Il n’est pas fait mention d’un studio dans le CD, donc j’en conclus que tout a été enregistré et mixé à la maison, ce qui me laisse d’autant plus en pâmoison étant donné la qualité indéniable du rendu final. Un vrai sens du détail qui ne m’a pas échappé et que je trouve louable au possible ! Gros point fort donc qui ravira les amateurs d’un black metal moins raw, plus « actuel » si j’ose dire ! Et qui montre sans aucun doute qu’il y a de l’expérience et connaissant de réputation Julien Hovelaque, cela ne me surprend même pas.

Le plus difficile pour un chroniqueur pris un peu de court est de pouvoir lister les points positifs quand tout coule de source et est fluide comme de l’eau de roche. Ici, j’aurais préféré trouver des points néfastes, plus faciles à montrer mais il n’en est rien. Tout l’album est en quasi parfaite alchimie. D’abord parce qu’il dure raisonnablement, soit trente-quatre minutes pour onze morceaux. Qu’ensuite, sur les onze morceaux, outre l’introduction il y a « Visions » et « Le Cauchemar de Zémus » qui sont des interludes fort appréciables et délicieusement macabres, et qu’enfin tous les morceaux semblent suivre la même ligne de conduite, à savoir des blasts, des passages aux guitares qui alternent astucieusement entre le mélodique et le linéaire, une batterie qui fonctionne comme un marteau piqueur sur le mur des Enfers et, surtout, le gros point fort de l’album qui se situe au niveau des claviers. Les claviers sont à l’ancienne dans l’incorporation de passages dits « symphoniques » dans les albums de black metal des années 90, donc des nappes orchestrales et quelques variations comme des chœurs. Et c’est là tout le point fort de l’album : une sorte de retour aux sources, de cette simplicité qui n’a rien de péjorative mais qui au contraire faisait et continue à faire le charme de ces albums ancestraux. Je prends autant mon pied sur des groupes qui usent et abusent de parties symphoniques que sur des groupes qui se contentent de simples incorporations, qui sont néanmoins aussi redoutables dans le morbide. Ah, je me souviens de Maleficentia justement… Comme par hasard n’est-ce pas ?

Bien sûr, impossible n’est pas Ardéchois et je passe sur le chant. Outre, encore une fois le chant d’Unholy que je découvre et que j’apprécie, il y a surtout celui de Nyghlfar qui n’en demeure pas moins plus qu’appréciable. Il donne encore cette saveur supplémentaire dans le morbide et c’est évidemment tout ce qu’on demande au chant que de compléter les instruments pour rajouter encore dans l’intensité. Je n’ai pas grand-chose à dire de plus tant je vais paraître élogieux sur le chant, il est totalement en symbiose avec le reste mais en même temps il s’agit du même compositeur/instrumentaliste. Forcément.

Au final ma seule et unique déception sera de ne pas avoir eu accès aux textes des chansons mais j’aurais pu demander au groupe donc les torts sont partagés ! Etant empreint de spiritisme et d’ésotérisme, cela m’aurait plu de causer diablerie en mon fort intérieur en lisant les textes.

C’est le moment de se quitter sur cette incroyable découverte que constitue Nuit Macabre et sa « Diablerie« , de quoi rendre jaloux le Diable en personne si tant est qu’il existe. Un album qui sent bon le soufre et la terreur nocturne, la possession et le châtiment. Une de ces pépites que l’on trouve discrètement sur des labels tel que Black Shadow Legions, qui ont cette passion suffisante pour nous hérisser les poils du corps de plaisir en sortant des albums monstrueux. Je pense que Nuit Macabre mériterait largement de figurer au panthéon de l’underground et tant pis si c’est antithétique ! A découvrir sans plus tarder !

Tracklist :

1. Mirage
2. Diablerie
3. Secrets
4. Visions
5. Ouija
6. Réalitée Malsaine
7. Spectre
8. La Brume des Morts
9. Symbole du Mal
10. Le Cauchemar de Zémus
11. Malédiction

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