Line-up sur cet Album
- Remmie Grijpstra : basse
- Youri van der Meer : batterie
- Herman Wagenaar : guitare
- Peter Kempenaar : chant
Style:
Doom Death MetalDate de sortie:
01 septembre 2021Label:
For the Passion Not the FashionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 6.5/10
“Si tu veux contrôler le peuple, commence par contrôler sa musique.” Platon
Vous savez ce que je trouve jouissif parfois dans l’optique de faire une chronique ? C’est de chiper un album de malade mental à mes collègues ! J’ai découvert que monsieur Antirouille partageait mon appétence pour le doom death metal, Migou également, et je sais que mon patron interstellaire Chris Metalfreak n’a rien contre un bon doom metal old school à la Black Sabbath ! Alors, par moment, c’est un jeu, on se pique les chroniques. Comme ça ! Pour le fun ! Je n’énumèrerai pas le nombre de fois où on s’est battu pour faire une chronique d’un truc hors norme, ou la fois où certains d’entre nous ont puisé dans la liste le désidérata d’un autre et que la bataille fut rude pour savoir qui ferait ou pas. D’où dans de très rares cas, chez Soil Chronicles, on trouve des doubles chroniques. Deux chroniqueurs pour un album ! C’est du grand luxe n’est-ce-pas ? Eh bien, c’est chez nous que de temps en temps cela se produit. Enfin, vous l’aurez compris, cet esprit de camaraderie, c’est ce que j’aime chez nous. Et le plus drôle c’est quand le choix d’un album conduit à rendre jaloux un collègue, alors que le choix est totalement fortuit. Alors, on fait la chronique, on savoure l’instant présent et la chance d’avoir un putain de bon album dans les mains et après, seulement après, on partage avec les camarades. Et là, les réactions sont encore plus délectables. Je vous jure ! Je revois encore mon Antirouille râler parce qu’il kiffe un album ! Le Marquis Arthur qui, dès que l’album est estampillé black metal français, enrage de ne pas avoir triomphé à la joute de l’écoute ! Et j’en passe. Bon, vous l’aurez compris, et c’est un peu trompeur, je m’apprête donc après la chronique d’O.L.T.A.S et de leur premier EP nommé « Illusion of Control » qui commence à dater un peu (j’ai un peu de retard donc vous m’excuserez, j’espère…) à partager avec mes collègues bien aimé(e)s cette belle découverte. Mais qui souffre de quelques contestations. La suite vous expliquera pourquoi. Place nette à la chronique d’O.L.T.A.S !
Je disais en préambule que l’EP commençait à dater un peu. Fin 2021, c’est vrai qu’on est bien à la bourre. Mais j’avais passé un mois de novembre en quasi totale disette de chroniques pour raisons personnelles. Alors je rattrape mon retard comme je peux. Et au moins je pourrais dire qu’il valait la peine qu’on s’y attarde, cet « Illusion of Control« . O.L.T.A.S est un groupe qui nous vient des Pays-Bas et d’un patelin qui s’appelle Kollum (aucun rapport avec Frodon et Sam). Pour l’année d’apparition dans le paysage metal extrême, on repassera parce qu’elle n’est pas mentionnée. L’autre petite singularité réside dans le label qui produit ce premier EP en format digital et physique. For the Passion Not the Fashion de son nom bien rigolo, on devine d’abord un hommage à l’underground et une sorte de moquerie des productions peut-être trop commerciales. Et surtout, cet EP d’O.L.T.A.S est la seule production à ce jour ! On croirait en fait que le groupe a créé ce label uniquement pour l’EP. Ce n’est pas banal ! Comme on manque d’informations, qu’on a un label aussi énigmatique que famélique, on part sur un truc qui a l’air ultra underground, sinon bien enfoui dans les tréfonds des productions raw. Mais je colporte trop de rumeurs ! On va donc aller découvrir objectivement (et le mot sera de rigueur sur cette chronique) ce premier EP pour le groupe hollandais !
Pour la pochette, je ne peux m’empêcher de faire l’écholalie de mon paragraphe précédent sur la dimension underground d' »Illusion of Control« . On est en effet sur un visuel assez simple, dont on devine néanmoins au regard du grain de feuille que l’on distingue très nettement sur Metal Archives qu’il s’agit d’un tableau peint. Mais déjà sur le choix des couleurs, on est sur du basique. Fond noir, du blanc et du rouge, un peu de gris. C’est effectivement très basique. Pour l’illustration en elle-même, on voit bien une main rouge qui tire les ficelles, dans le sens propre comme figuré du terme, puisque chaque extrémité des doigts a un fil blanc enroulé autour et la position des dits fils laissent à penser que la main fonctionne comme si elle tenait une marionnette. Ce qui est potentiellement tenu par les fils plus bas, honnêtement je n’ai rien compris de ce que c’était. On dirait une sorte de fenêtre, ou un truc du genre. Et il semblerait qu’en plus de cela, une sorte de support, comme un socle, tiennent cet objet informe mais avec des contours grisâtres épais. Bon, au moins, la métaphore filée si j’ose dire qui consiste à parler d’illusion de contrôle via cette main qui tire les ficelles, on a bien compris le sens. D’ailleurs, le mot métaphore est un peu fort de café car on comprend très vite, tant la comparaison est réchauffée et déjà connue de tous, la corrélation entre le titre de l’EP et le visuel. Au moins, c’est clair, net et précis ! Et on ne peut pas enlever cela à l’artwork qui souffre, il faut bien l’admettre, d’une certaine pauvreté de création quand-même. Je pense que même si cet artwork simple comme bonjour plante le décor un peu trop en avance d’une musique brute de pomme, on verra cela après, en faisant fi d’une élaboration artistique plus poussée, plus recherchée, on aurait pu s’attendre à mieux. C’est mon opinion. On retiendra donc que la pochette fait le boulot quand on connait la musique. Sans plus.
Pour parler de la musique, c’est l’une des rares fois depuis que j’écris pour un webzine que je suis confronté à un examen de conscience aussi compliqué. Pour l’orientation musicale, aucun doute possible parce qu’on est très évidemment sur un doom death metal bien étiquetté old school. Vous voyez ? On causait d’underground tout à l’heure. On est en plein dedans avec cet « Illusion of Control » qui sent bon surtout les exhalaisons du death metal old school. On sent qu’il y a de belles influences Obituary derrière avec le tempo lent en plus pour pimenter de lourdeur cette musique sans fioritures. Les bases guitares et basse sont très rythmiques, lourdes, sans mélodie particulière hormis quelques courts passages bien à propos pour faire semblant d’être sophistiqué. Parce que, clairement, O.L.T.A.S ne fait pas dans la dentelle ni la porcelaine. Le groupe envoie du bois avec une force herculéenne, pour nous tabasser les oreilles avec brutalité et lenteur. Cet EP sent bon le sale et l’old school. Seulement, il y a un vrai problème dans les compositions. J’ai eu souvent le sentiment qu’en fait, le groupe a composé ses pistes comme divers assemblages de riffs disparates. On a donc souvent des enchainements de riffs entrecoupés par des balancements d’accords, c’est un cas de figure très répétitif qui, je dois le dire, ne fonctionne pas beaucoup. Il n’y a pas de réelle cohérence dans les morceaux eux-mêmes, on dirait véritablement que le groupe a collé des riffs les uns derrière les autres, colmatant ces derniers avec un mortier qui n’est autre que les relents doom metal et démerdez-vous les auditeurs ! Chez moi, c’était tellement manifeste que majoritairement je n’ai pas accroché à l’album. J’ai besoin de sentir un minimum de fluidité, d’harmonie dans les morceaux et les enchainements. Or ici, il n’y en a pas. Les instruments sont pourtant bien en place mais il y a quelque chose de très bâclé qui ne va pas du tout. Mais il y a un morceau que j’ai tellement adoré, mais tellement putain ! C’est « Six Millions Voices » le quatrième. Alors lui, noms des Dieux… C’est le morceau qui sauve l’EP ! Je l’ai passé en boucle pendant deux jours en allant bosser, quitte à dodeliner comme un taré dans le tramway tellement il dépote. C’est le seul morceau sur « Illusion of Control » qui se démarque par sa fluidité, son aspect mélodique, il y a même une invitée surprise, une violoncelliste qui joue dedans. En fin de compte, c’est le seul morceau qui présente ce que j’adore : l’harmonie, le léger supplément d’âme pour apporter de l’équilibre entre mélodie et brutalité. Mais comme je vais le dire pour finir plus bas : une piste seule ne fait pas un CD. Et le reste demeure en première écoute très brouillon, voire très très moyen. Ce qui est d’autant plus dommage car les morceaux sont courts pour le genre et donc en théorie plus facilement digestes.
La production m’a laissé une belle lueur d’espoir tout de même. Loin de tomber dans le raw comme je spéculais en introduction, on a en fin de compte un son très propre, simple dans ses bases avec des instruments typiques et banals du genre metal. Rien de fou sur le papier, et pourtant, la production est franchement intéressante. La lourdeur est bien amenée, inhérente au genre doom death metal, le côté old school que je décrivais résidant surtout dans une composition quasiment exclusivement rythmique, il fallait du gras ! Et il y en a à foison, et ça c’est bien. Au moins le son est bien cohérent avec la musique, c’est déjà ça. Puis, on ne peut pas ne pas mentionner les quelques incorporations comme le violoncelle qui est magnifique, énorme avec cet effet lointain couplé à la guitare, rendant comme je disais le morceau « Six Millions Voices » absolument sublime. L’introduction de l’EP, qui est également bien construite, amène une ambiance des plus noires. Je trouve également la batterie très raccord avec un versant plus doom metal, donc moins brutale que s’il s’agissait de death metal mais tout en conservant une forme de tempo un poil rapide et une certaine innovation dans le choix des percussions qui met du rythme et limite de la cadence parfois ! Le chant est très lointain dans le mixage mais avec quelques effets bien soutenus du meilleur goût. C’est cela qui est méga frustrant pour O.L.T.A.S et son EP « Illusion of Control » : il y a du très bon ! Vraiment ! Sur le plan sonore en tout cas, c’est indiscutablement un EP très bien composé en studio.
Il y a aussi un aspect qui est prépondérant, en tout cas pas du tout à jeter sur « Illusion of Control« , c’est le côté révolté qui émane des textes et du concept. Ce sont là encore des textes qui vont à l’essentiel, parfois ce ne sont d’ailleurs que des mots. Mais ils sont tellement bien marqués et tellement bien ancrés dans la musique doom death metal que finalement, on se prête au jeu de la puissance et de la violence qui va derrière. Il y a donc un concept album pas inintéressant quoi que bien old school, mais c’est la force de cet EP. On vit la musique ! Il y a en tout cas largement matière à pondre des futures sorties de qualité, le potentiel est indiscutable. Mais je me répète : ce manque de cohésion au sein même des pistes, et ce côté brouillon dans la quasi majorité font qu’on ne parvient pas à pénétrer pleinement « Illusion of Control » et on sombre dans une sorte d’ennui, de lassitude. J’ai beau aimé le death metal et le doom metal, surtout quand ils s’accouplent, quand il n’y a pas un minimum syndical d’harmonie je n’y arrive pas. Il n’y au final que ce morceau, le fameux qui est absolument incroyable et va très certainement me faire acheter l’EP d’ailleurs. Mais ce n’est pas suffisant. Il y a plein de bonnes choses, mais un trop gros morceau. L’arbre qui cache la forêt comme on dit. Trop maladroit.
Le chant est encore une belle qualité. Évidemment très centré sur un growl medium avec de belles envolées de voix très gutturales et profondes, on a tout ce qu’il faut pour que le côté death metal soit respecté à la lettre. La technique vocale est très bonne, pas transcendante ni d’une maitrise absolue, mais en tout cas on a ce côté lugubre qui ressort très bien. Je disais d’ailleurs que les textes étant très simples et efficaces, ce chant grunt grave est très bien choisi dans la mesure où certains mots, qui sont eux-mêmes extrêmement bien choisis aussi, sont dits avec une telle ferveur, une telle puissance, qu’on est pris aux tripes. Je n’ai rien à ajouter de plus, le chant est excellent, voilà.
Au final, cette chronique sonne comme je disais comme un examen de conscience difficile. Parce que ce premier EP nommé « Illusion of Control » du groupe hollandais O.L.T.A.S n’est manifestement pas une sortie solide. Sur le principe de faire du doom death metal, dans les grandes lignes, je dirais que ça va. La musique est bien sonorisée, la lenteur et la lourdeur quelquefois très poussées sont au rendez-vous, le chant est excellent, la production l’est tout autant, enfin on a largement de quoi se sustenter sur le contrat. Seulement, les errances de composition et ce sentiment inextricable que le groupe a tout connement collé des bouts de riffs les uns aux autres, n’arrivant même pas mettre suffisamment de mastic entre pour que la structure ne se désagrège pas font que cet EP est trop brouillon, trop maladroit et trop malmené pour être convaincant. Et comme je disais, un morceau tout seul, si exceptionnel soit-il, ne fait pas un ouvrage entier. Donc, même si j’ai adoré un morceau, l’EP demeure trop incohérent pour être bon. Il y a du potentiel les gars, à vous de rectifier le tir la prochaine fois.
Tracklist :
1. The Sound of Gonesh (Intro) (01:44)
2. Embrace (06:06)
3. Underground Territory (04:35)
4. Six Million Voices (04:16)
5. Inside of Me (03:59)
6. Horizon in Blood (03:09)
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