Line-up sur cet Album
- F-2301 : composition, programmation, guitares, chant
- K-47 : basse
Style:
Metal IndustrielDate de sortie:
08 avril 2022Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.75/10
« La répétition émousse les émotions, la récidive blase. » Éric-Emmanuel Schmitt
C’est dans les moments comme celui-ci que je me force à faire un retour en arrière. Un retour aux sources, là où je commençais à faire des chroniques pour Soil Chronicles. Mon histoire était déjà un peu entamée bien entendu, puisque je me souviens avoir commencé à écrire à l’aube d’un été 2017, où je rentrais de Guadeloupe où nous étions allés présenter ma fille qui était née à ma belle-famille. Seul dans notre maison, j’avais eu un échange fort emballant avec le patron, que dis-je, la Sérénissime Force qui va au-dessus du Grand Patronat Universel Chris Metalfreak (NdMetalfreak : C’est bon, Quantum, tu l’as, ton accréditation au Hellfest !!!), qui m’avait convaincu ce jour de faire des chroniques. A peine un an plus tard, soit en 2018, je faisais mon premier contact avec un groupe qui va littéralement changer ma perception de la musique metal, et particulièrement le metal industriel. Mon choix d’époque s’était fait de manière fortuite, dans la mesure où c’est la pochette qui m’a interpellé en premier, je destinais aux autres chroniqueurs ce CD qui finalement m’échut. Et les Dieux savent que je n’ai pas été déçu du tout !
Ce premier EP passé, avec force et soutien, le premier album est arrivé encore un an plus tard, soit 2019. Même chose ! Alors que je m’étais juré à l’époque de ne pas refaire un même groupe en chronique, ce dernier a bouleversé totalement ce que je voulais. La chronique parle pour elle-même, ce premier album qui marque une progression fulgurante, m’a lui aussi marqué. Alors, oui. Je confesse devant Internet tout entier que j’ai rechuté. J’emmagasine une troisième chronique pour le groupe dûment évoqué dans mon introduction, mais attention ! Il y a une petite subtilité. Parce que ce n’est plus d’Entropy Zero dont il s’agit officiellement ce soir, mais bel et bien d’un nouveau projet monté par les mêmes protagonistes, projet qui se nomme OG•EZ•OR et dont l’album se nomme, quant à lui, Distortion Process.
Alors, chacun se fera son opinion sur mon opiniâtreté à récidiver sur la chronique d’un groupe que naturellement j’adore, les palabres sont parfois audibles. Mais je vous assure qu’avant même d’entamer la chronique de ce Distortion Process, le projet musical en vaut largement la chandelle !
OG•EZ•OR est donc, vous l’aurez compris, un nouveau projet musical monté par les anciens d’Entropy Zero, si tant est que le groupe sur ce nom existe toujours, car cela rien n’est certain. Quand j’entends les anciens membres d’Entropy Zero, il faut dire qu’ils ne sont plus que deux. F-2301 et K-47 sont les derniers rescapés, et officient toutefois sous les mêmes instruments qu’auparavant. OG•EZ•OR sort donc ce premier album nommé Distortion Process après avoir sorti deux singles, et présente son univers conceptuel mieux que je ne le ferais, je me permets donc de vous citer ce qui est sur Bandcamp, vous y verrez tout de suite plus clair : « Plus que de la musique, OG•EZ•OR est une véritable histoire de science-fiction. Ce deuxième album est un album concept. Il explique plus en profondeur l’histoire de fond, les relations entre les personnages principaux et la technologie quantique nécessaire qu’ils vont utiliser pour leurs missions… OG•EZ•OR est un mélange de musique de groupe et de musique de film. Par conséquent, cet album présente une grande diversité de styles. Principalement dirigé par l’électro/métal on peut aussi trouver du jazz polaire, passage musical ambiance acoustique. » Voilà! Cela vous résume l’état d’esprit du duo qui finalement incorpore Entropy Zero dans une sorte de saga musicale. J’ai d’ailleurs corroboré cette information en écoutant l’une des pistes sur Bandcamp, et à quel point en concert c’est une expérience fabuleuse, que j’ai malencontreusement ratée lors de leur passage à Lyon, mais ce n’est que partie remise ! Et je languis d’aller au creux de ce premier album, ou troisième c’est selon comment on voit les choses.
L’univers visuel est plein de ressemblances avec les autres pochettes. Je retrouve ce vert très sombre et très accrocheur, cette fois-ci on le retrouve dans les effets de lumière dans le ciel, et dans quelques nuances sur la neige des montagnes. J’aime beaucoup ce ton de couleur, il m’avait carrément happé sur le premier EP en 2018. J’aime donc beaucoup cette continuité pour OG•EZ•OR et cela me conforte dans le lien qu’il y a avec le projet Entropy Zero. Pour le reste, c’est du très beau. Je trouve le choix de mettre un paysage enneigé avec des montagnes en fond de plan, et ce ciel étoilé très envahissant sur l’image, très judicieux puisque d’un côté cela donne l’impression d’être sur notre bonne vieille Terre, mais de l’autre non. On croirait un peu une autre planète quand-même. Je ne sais pas comment l’expliquer mais l’effet que cela me renvoie, c’est qu’il s’agit d’une autre planète. Sûrement l’absence totale ou presque de civilisation humaine, hormis ces deux personnages qui contemplent un vaisseau spatial amarré sur le sol. On pourrait penser qu’il s’agit des deux musiciens. Bon, après on voit bien qu’il y a des retouches sur l’image, les montagnes sont collées sur le ciel ou vice-versa, on le voit facilement. Mais je salue l’effort de fait pour créer un visuel de qualité, qui met le doute sur le décorum général mais qui apporte une dimension futuriste très forte. Les artworks ont toujours été raccords sur ce principe de parler de science-fiction et de robotique, je trouve donc la démarche ici présente, de la part d’OG•EZ•OR, fort bien choisie. Ce n’est pas forcément mon artwork préféré, je persiste à préférer celui de Mind Machine. J’aime beaucoup ce dernier quand-même.
Mais la musique m’a balancé une claque phénoménale. Un truc absolument extraordinaire. Dans une veine très metal industriel, on a surtout comme l’expliquait le groupe précédemment un savoureux mélange de metal industriel et de musique de films. Loin d’être une présomptueuse affirmation, c’est plus encore que cela ! La qualité sonore de cet album est folle, tellement folle que c’en devient bluffant. Imaginez que ce groupe qui autoproduit ses albums, propose une musique aussi excellente qualitativement parlant. Chaque piste peut se revendiquer d’avoir un style musical différent, puisque l’on va d’influences jazz sur le dernier titre à des relents ambient sur certains autres, et en passant par des influences franchement dark wave sur certaines autres pistes mais je trouve que très majoritairement, la musique se dirige vers le metal industriel. En témoignent les nombreuses lignes rythmiques aux guitares et basse, qui d’ailleurs n’ont qu’un rôle assez minime de mélodie sur l’ensemble de l’album, ce rôle étant largement assuré par les samples et le travail qui est fait d’une manière générale en programmation, car la batterie est totalement programmée sur ce Distorsion Process.
Décrire la musique piste par piste représenterait un boulot colossal, aussi me contenterai-je de dire que l’album est une sorte de bande-originale complète avec toute la qualité sonore qui va avec, mettant en avant des parties metal plus lourdes et plus violentes qu’à l’accoutumée.
Mais la petite nouveauté sur cet album, et cela m’a sauté aux oreilles tout de suite, ce sont les voix. OG•EZ•OR se pare résolument de quelques samples chantés, avec la voix du maître de la composition, même si l’on ne peut pas forcément parler de lignes de chant réels dans la mesure où les voix sont retouchées de manière à donner un effet robotique intense, et aussi parce que les phrases sont courtes et éparses, comme des samples quoi.
Ce qui est aussi frappant, c’est qu’en plus de cette dimension fictionnelle assumée par le groupe, on a de vrais moments dansants et intenses sur l’album. Le metal industriel est là pour nous faire vibrer si j’ose dire, et je me suis aperçu très vite que certains morceaux me faisaient danser, ou je m’imaginais des postures de chanteur sur scène. Rapidement en tout cas, on sent que Distorsion Process est un album conceptuel à fond, puisque les pistes se suivent mais n’ont pas la même ambiance. Elles racontent chacune une étape dans l’histoire d’OG•EZ•OR, dont Entropy Zero faisait résolument partie de son temps.
Voilà donc une première écoute époustouflante. Je me suis totalement pris au jeu de l’écoute, j’ai vécu intensément chaque morceau et la qualité est tellement incroyable que j’en viens à déjà glorifier cette nouvelle sortie ! Quelle baffe putain ! Mention spéciale aux deuxième et cinquième morceaux que je me suis passés en boucle pendant plusieurs jours.
J’ai apporté un début d’éclaircissement sur la production, tant je crois dur comme fer qu’il s’agit de l’énorme point fort de cet album. Déjà qu’OG•EZ•OR mettait souvent la qualité avant les bœufs si j’ose dire (expression ardéchoise avec un peu de gnole), on s’aperçoit malgré ma dithyrambe sur mes chroniques précédentes que le groupe a évolué considérablement. La production est digne des plus grandes créations de films blockbusters, avec une place nette aux samples qui sont aussi variés qu’intéressants, et une place rythmique donnée aux guitares et à la basse qui frôle la perfection. J’entends par là que le metal industriel ne peut exister que si on lui offre des lignes rythmiques dignes de ce nom, avec un soin apporté à mettre les guitares et la basse au centre des débats, avec une place égale aux samples, ce que beaucoup de groupes font mal selon moi. Or ici, OG•EZ•OR le fait excellemment bien ! Donnant donc une importance capitale au metal dans cet album qui s’avère déjà immensément riche en samples et MAO pour déjà tenir la dragée haute! Sublimée donc par les parties metal, l’album devient une production exceptionnelle. Sans compter l’énorme boulot accompli sur les samples, les parties électro ou ambient, qui donnent une véritable dimension futuriste et apocalyptique à ce Distorsion Process.
Rien que le travail en programmation est un bijou d’orfèvrerie, et j’ai été mis sur le tabouret par ce qui est fait pour travailler sur l’ambiance générale de l’album. On sait tout de suite que le concept est futuriste et robotique, comme les précédents méfaits. Cela se passe d’explications pompeuses en fin de compte, il suffit d’écouter pour comprendre. Mais à ce stade, sans être un génie de l’analyse, je peux vous affirmer que c’est indiscutablement la meilleure production en metal industriel qui m’ait été donné de découvrir ! La meilleure vous dis-je ! Bien meilleure que celle de Rammstein ou de je ne sais quel autre groupe mainstream. OG•EZ•OR, excusez-moi l’expression, a niqué le game en un album ! C’est exceptionnel, vraiment.
Comme il n’y a pas de chant à proprement parler, hormis les samples, je vais tâcher de faire un dernier paragraphe comme toujours basé sur mon ressenti sur ce que veut dire l’album. J’ai totalement vécu cet album, dans tous les sens du terme. Vous vivez une expérience à la fois sonore bien entendu, mais aussi visuel. Le groupe fournit en effet un jeu vidéo extrêmement bien foutu, reprenant donc la bande-son des précédentes sorties et expliquant parfaitement l’univers du groupe. Cela serait un peu long à résumer mais j’ai été frappé par l’ingéniosité du jeu tout d’abord qui s’avère être un vrai concentré d’énigmes, mais qui nécessite aussi de bien connaître ce qui tourne autour, et j’ai donc été surpris d’avoir un vrai cours de science quantique, sur l’univers et son fonctionnement scientifique et d’autres subtilités inhérentes au groupe. OG•EZ•OR n’est donc pas que de la musique, c’est tout un ensemble de créations qui font cause commune autour du projet !
Et franchement rien que pour cela, il faut absolument vos procurer ce Distorsion Process qui en plus sort sous format clé USB, ce qui est rarissime ! Quand vous pénétrez dans cet album, vous vous rendez compte en fait que depuis le début, depuis Entropy Zero, vous allez vers un truc artistique démentiel et impressionnant. Il fallait donc que la musique soit parfaite, et elle l’est. A tous points de vue, cet album ne vous laissera pas indifférent ! Le rapport entre l’Homme et l’univers s’interroge avec énormément de talent.
Pour conclure cette chronique, OG•EZ•OR se situe dans la continuité d’Entropy Zero avec ce deuxième album nommé Distorsion Process et qui continue dans la même veine metal industriel aux forts relents de science-fiction et de robotique. Je ne me lasse clairement pas d’écouter ce groupe et je me suis aperçu grâce à cette sortie que cet album n’est pas que de la musique. C’est le reflet d’un énorme projet artistique qui mêle musique, visuel, jeu et probablement plein d’autres aspects qu’il nous restera à connaître avec les années. Rien que pour cela, je serais tenté de mettre une note à la hauteur de la réussite de ce projet, mais je n’oublie pas qu’à mon avis, la musique joue un rôle capital voire vital pour la survie de ce projet, et cet album est d’une réussite qui frôle la perfection.
Tout est génial, la production est excellente au point que je la situe sur les blockbusters, les compositions sont variées et incroyablement prenantes, le fait d’ajouter des voix sublime davantage un ensemble instrumental extraordinaire.
Bref ! C’est donc un énorme oui pour moi, définitivement le fanatique numéro un d’OG•EZ•OR, et de feu Entropy Zero. Un album d’exception pour un projet pharaonique et d’exception itou. Il ne manque plus que la bande-dessinée ou le roman et on est complet les amis !
Tracklist :
1. Genesis 07:14
2. Quantum Relay 06:26
3. The Last Kiss 07:04
4. FPS 07:28
5. The City Into the Lake 06:54
6. When the Last Petal Falls 05:54
7. Cyber Mutation 05:56
8. Legion of the Dark N. 06:18
9. The Space-Time Travellers 05:09
10. Back to Neo Tokyo 2047 06:32
11. J-3392 the Great Jazzman 03:55
Laissez un commentaire