Line-up sur cet Album


  • F-2301  : composition, production, conception
  • Live :
  • K-74 : basse
  • X-301 : guitare

Style:

Metal Industriel

Date de sortie:

8 avril 2022 / 26 avril 2024

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9,75/10

 

Le futur a été créé pour être changé.” Paulo Coelho

Il y a des projets comme cela, qui vous collent à la peau malgré toutes vos règles. Je m’étais promis, lorsque je faisais de la chronique pour la première fois, de ne jamais faire plus d’une fois un groupe histoire de ne pas m’enfermer dans une sorte de caste et d’habitude, et pouvoir continuer à découvrir des projets car tel était au départ mon objectif principal à l’exercice de la chronique. J’y voyais en effet un formidable moyen de m’ouvrir à d’autres styles et des groupes plus discrets que je n’aurais jamais découvert dans un contexte normal de farfouille quotidienne. Après quelques années, force m’est de constater que cette règle, je peux définitivement la mettre à la poubelle d’abord par mes engagements auprès de certains labels à faire les sorties en avant-première, ensuite parce que j’ai beau forcer ma nature, elle est comme elle est et je dois admettre que certains groupes faits en chronique, je les adore. C’est comme cela ! Après, est-ce que je m’en porte mal ? Que nenni ! A vrai dire, je me sens plutôt fier de porter des groupes avec fidélité dans l’exercice de la chronique, cela me permet de montrer que je suis de près la scène underground française, que modestement toutefois je participe à la scène autrement qu’en bataillant pour faire vivre mes propres projets, et que cela me permet de soutenir notre belle scène et les magnifiques projets qui essayent de tirer leurs épingles du jeu. Cela me permet également de faire un constat un peu moins drôle, mais qu’il faut bien faire pour comprendre pourquoi certains galèrent pour faire leur trou, aussi petit soit-il : il y a énormément de groupes en France. Pour ne pas dire « trop de groupes » en vérité. Et du coup, certains projets restaient, restent et resteront malheureusement dans l’ombre, malgré la motivation et l’envie de porter aux nues leurs groupes par certains musiciens. Et la plupart finissent par jeter l’éponge, hélas… Parmi ces groupes, il y en a un qui me tient énormément à cœur, et que je vais regretter car j’ai cru comprendre que c’était la fin des haricots pour lui, malgré l’incroyable talent et les projections lives qui, de l’aveu de beaucoup, étaient énormes (jamais vues à mon grand regret) et je ne pouvais pas clôturer notre relation épistolaire si j’ose dire, sans parler du dernier album, l’avant-dernier n’ayant pas été fait. Je vais vous parler d’OG•EZ•OR et de l’album « The Green Light« . Et comme je veux réparer cette injustice, je parlerai aussi de « Distortion Process » brièvement.

Avant qu’OG•EZ•OR ne devienne ce qu’il est aujourd’hui, voilà comment je présentais le projet qui portait un autre nom : « Entropy zero n’est pas un mécène du Metal, ce serait même plutôt le contraire ! Jeune groupe d’Angers mêlant, selon leur description, de la Cyber Music et du Rock/Metal, Mind Machine constitue leur premier ouvrage. Donc on ne peut pas dire que les références de ce groupe soient suffisantes pour piquer ma curiosité au point de flancher. Ce n’est pas non plus mon attirance naturelle pour le Metal industriel qui pourrait expliquer pourquoi je me suis mis à éprouver le besoin presque insurmontable (j’exagère à peine) de jeter une oreille motivée à ce CD. Et puis le prodrome m’est apparu comme une évidence… » C’était en 2018 et cela marquait le début de mon admiration croissante pour le groupe d’Angers, devenu moins jeune en six ans mais surtout extrêmement mature. Aujourd’hui, quatre albums nous séparent de ces premiers mots élogieux, ainsi que quelques singles bien venus car, il faut le savoir, OG•EZ•OR est un projet aussi extrêmement visuel avec même un jeu proposé sur le bootleg de « Distortion Process » ! Donc, OG•EZ•OR n’est pas qu’un projet musical, loin de là. C’est un univers futuriste à part entière qu’il conviendra de découvrir au plus vite. François, alias F-2301, le maître à bord de ce magnifique groupe, n’en sera que plus content ! En tout cas, j’ai été très heureux de porter ce projet avec mes modestes mots et mon admiration sincère, et j’espère que cette chronique, qui rendra justice à « Distortion Process » et qui mettra en lumière « The Green Light« , sera une belle manière de finir cette belle aventure « commune ».

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Le point commun que l’on retrouve dans toutes les pochettes d’OG•EZ•OR et ce, depuis Entropy Zero, est la nuance de vert si particulière. Cet espèce de vert froid si j’ose dire, que l’on retrouve partout, c’est en quelque sorte la continuité des artworks pour les albums, l’exception intervenant sur le single « Quantum Relay » avec des couleurs plus orange-feu. On retrouve bien évidemment le côté futuriste et spatial de l’univers des angevins avec des imageries qui évoquent des planètes lointaines, des vaisseaux spatiaux, on retrouve également une sorte de référence à quelque chose d’interdimensionnel ou de temporel avec des portes par exemple. Je crois comprendre que le concept autour du projet OG•EZ•OR intervient dans ce qui ressemble à plusieurs univers, plusieurs dimensions possibles et des espaces temporaux complètement différents, un peu comme le montrerait le film Interstellar par exemple. Il est beaucoup question de la relation entre l’Homme et la machine je pense, par les différentes allégations que l’on trouve dans le peu de chants qu’il y a (samples ?) et bien entendu, avec la musique en elle-même qui fait effectivement très industriel sur le principe. On pourrait penser que ce genre d’univers, crée de toutes pièces par F-2301, est du réchauffé, du déjà-vu et du recyclé dans la musique metal puisqu’en effet, des groupes qui évoquent quelque chose de futuriste et tout le folklore science-fiction autour, il y en a pléthore ! Mais ce qui fait toute la différence demeure dans l’aspect musical certes, mais surtout visuel. Or, tout de suite, on sent qu’OG•EZ•OR se démarque par son originalité autour de l’élaboration visuel de son concept. Je parlais de jeu tout à l’heure, à ma connaissance hormis Igorrr qui a fait la même chose en mettant en scène le chanteur de Cannibal Corpse, il est le seul à avoir développé son concept aussi loin. Et puis, on a beau s’échiner à dire que la science-fiction s’épuise avec les années, les films cultes des années d’avant, on les regarde encore ! C’est totalement intemporel. Voilà pourquoi je loue le visuel des albums d’OG•EZ•OR qui forment une belle continuité dans l’univers qui lui est propre, mais aussi dans ce qui a toujours fonctionné artistiquement parlant. On ne peut pas dire que le visuel s’épuise ici, c’est impossible ! « Distortion Process » et « The Green Light » démontre tout le contraire tant c’est magnifique.

Si sur le plan musical, le style demeure le même sur l’ensemble de la discographie, soit du metal industriel appelé par OG•EZ•OR lui-même « cyber metal » – terme déjà entendu à l’époque du groupe grenoblois Malmonde que je continue à adorer malgré les années – il n’en demeure pas moins qu’il y a eu au fil des six années de composition acharnées, une véritable évolution. Le metal industriel passe d’un côté plus ambiant au niveau d’Entropy Zero, qui faisait étrangement penser à la musique de la série Stranger Things avec ces ambiances un peu rétro et évidemment très futuriste, allant tout de même sur des passages limite musique de films très élaborée en ajoutant des instrumentations jolies et douces, à un metal industriel beaucoup plus « coup de poing », très rythmé et très électro, avec des passages metal plus tranchants qui peuvent évoquer, et ce n’est pas péjoratif du tout, les parties metal à la Rammstein, censées englober les samples en ajoutant cette lourdeur rythmique qui font réagir les auditeurs de la manière que l’on connait, en les rendant fous et en désossant les cervicales quoi. La particularité d’OG•EZ•OR selon moi demeure dans cette cohabitation musicale incroyable entre musique metal industriel plutôt accrocheuse, pour ne pas dire bourrine, et les passages / morceaux entiers consacrés à des ambiances de musique de films d’une extrême qualité. J’adore énormément les musiques faites par MAO quand elles ont la qualité qui ressort comme chez nos amis angevins, et si l’on ferme les yeux, on se croirait vraiment dans un décor futuriste, spatial et d’une autre dimension galactique. On a des ambiances de conflits entre vaisseaux, des ambiances plus solennelles, des moments très planants, etc. La variété dans la composition pour se mettre totalement au service de cet univers global pour décrire les albums « Distortion Process » et « The Green Light » est absolument dantesque ! En fait, ces deux albums, au même titre que le précédents, sont plus que de simples albums de metal. Ce sont de véritables bandes-son d’une qualité rare dans le milieu, censées se mélanger pleinement avec un effort visuel décrit plus haut et que l’on retrouve sur scène. Il convient donc d’appréhender ces deux albums avec une vraie curiosité et une ouverture d’esprit plus grande que celle qui incombe aux amateurs stricts de metal. Pour ma part, cette première écoute, déjà faite depuis pas mal de temps (j’ai acheté les albums avant de les faire en chronique) j’ai été conquis. Je pense qu’à ce jour, OG•EZ•OR reste un de mes projets français préférés, surtout dans la mouvance metal industriel qui n’est pas la plus répandue actuellement dans notre vaste scène underground. Pour sûr que s’ils avaient persévéré, ils en auraient été le fer de lance, sinon les pionniers !

Un bon album du niveau de composition d’un « Distortion Process » ou d’un « The Green Light » ne peut pas offrir toute sa quintessence sans un excellent son derrière pour le faire vivre ! Je parlais en amont d’une qualité semblable à des bandes-son de films, je pourrais rajouter que la qualité va jusqu’aux blockbusters, mais j’ai peur que cela soit un gros mot chez certains. C’est vous dire le travail incommensurable qui a été mis pour proposer une production pareille, qui je le rappelle n’a pas été accompagnée par un quelconque label ! Il s’agit de notre ami et camarade F-2301 qui a tout manigancé, et quel travail ! Le résultat dépasse toutes mes espérances. J’ai l’impression d’écouter un bijou du genre, de voir des scènes d’action ou de guerre spatio-galactique, ou tout simplement de sortir d’un vaisseau spatial et de découvrir des paysages planétaires féériques, comme si je m’en trouvais au paradis. Franchement, il n’y a rien à redire, le résultat est stupéfiant. Chaque piste suivant un schéma romanesque, toutes les ambiances sont à leur place, jouent leurs rôles et nous captivent dans cette magnifique histoire, ce scénario même. Dans la tête de son créateur, tout est logique, claire, comme un écrivain écrirait son roman en vivant avec son histoire, ses personnages, les nourrissant tous les jours pour les faire survivre. Le rendu final est dingue, tout simplement. C’est époustouflant. Les mots me manquent mais je peux vous affirmer qu’à ce jour, dans un registre metal industriel avec un univers artistique aussi complet, je n’ai jamais une qualité aussi folle ailleurs que chez OG•EZ•OR. Quel dommage que cela s’arrête…

Comme cette chronique sonne comme un clap de fin pour OG•EZ•OR, je crois qu’il serait de bon ton de résumer un peu le parcours du groupe et de pourquoi il ne faut pas que vous et moi, auditeurs et auditrices, laissions mourir dans l’œuf ce projet qui aurait mérité beaucoup plus de reconnaissance. OG•EZ•OR c’est quelques concerts en France dont la plupart lors de conventions, avec cette scénographie extrêmement travaillée qui rendrait envieux le moindre d’entre nous. C’est donc cette musique magnifiquement construite avec des singles, des clips magnifiques, ce jeu interactif que l’on trouve dans le bootleg de « Distortion Process » qui à ce jour m’apparaît comme une œuvre unique qui est mille fois plus intéressante que certains goodies débiles des groupes plus « majeurs ». C’est un univers musical empruntant les codes de science-fiction que nous aimons tous, parfois jusqu’au fanatisme le plus extrême, et qu’il convient d’aborder avec la même ferveur. Alors, pourquoi le groupe n’est resté finalement qu’au stade injustement modeste d’une notoriété discrète dans notre pays ? La faute à l’abondance de groupes ? A cette mode qui consiste à porter aux nues les projets black metal au détriment des autres styles ? Je ne sais pas, à vrai dire personne ne serait en capacité de le dire. La seule chose que je déplore est qu’OG•EZ•OR, ancien Entropy Zero, va tomber malheureusement en désuétude avant même d’avoir eu un petit rayon d’espoir dans son parcours. Comme beaucoup de magnifiques projets d’ailleurs. Allant sur les sentiers inconnus ou pas assez représentés en France, ceux du metal industriel très électro-futuriste, peut-être que ce n’était pas la meilleure des périodes pour le projet angevin. En tout cas, je ne souhaite qu’une chose : qu’un jour, le public se rendra compte, en ouvrant un peu plus ses œillères ou ses persiennes, qu’il y a en France des groupes incroyables, d’une richesse artistique rare, qui n’auront pas eu la reconnaissance qu’ils méritent, et qu’OG•EZ•OR deviendra une référence plus tard, tenant la dragée haute aux gros groupes du genre comme Combichrist et consorts. Dans le même genre, Shaârghot a eu plus de gloire mais à mon sens, pas suffisamment encore pour prétendre à se hisser au panthéon des projets qui méritent plus de gratitudes. Alors, quid d’OG•EZ•OR ? Ce projet sublime qui continue à me faire régulièrement vibrer quand je dois me booster pour aller bosser ? Ou quand je dois simplement m’évader comme devant un film ? On verra. En tout cas, il demeurera un de mes projets musicaux préférés en France, à jamais. On peut espérer encore des concerts, ce serait déjà pas mal me direz-vous !

Et puisque les albums ne comportent que peu de chants et qu’ils s’apparentent à du sampling, je vais conclure cette chronique. A vrai dire, j’ai basé cette chronique avec le sentiment que l’on approchait de la fin. L’avenir réserve parfois des surprises, et je dois admettre que si OG•EZ•OR pouvait survivre, cela me rendrait un peu de moral. Ce ne sont pas ces deux derniers albums, « Distortion Process » et « The Green Light » qui me feront dire le contraire. En 2018, la version physique du premier EP nommé « Mind Machine » m’avait fait l’effet d’une bombe ! A ce jour, je cumule toute la discographie du groupe angevin sans éprouver la moindre fatigue d’écoute, ni lassitude. Il va surtout, au-delà de la musique excessivement géniale, de l’univers tout entièrement construit et imaginé par F-2301, alias de François, qui a su mener son histoire comme un romancier nourrit dans sa psyché son récit. Récit futuriste et spatial, que la plupart des grands films du genre n’égaleraient pas, OG•EZ•OR est définitivement un projet exceptionnel dans l’hexagone. Ce metal industriel aux fortes accentuations électro et synthwave m’ont conquis durablement, mettant OG•EZ•OR sur un piédestal rare qu’une toute petite poignée de groupes aient atteint. Alors, on espère qu’il va perdurer, ne serait-ce qu’encore un peu… Que voulez-vous, le chroniqueur, quand il troque son veston d’objectivité, peut se montrer égoïste. Pour le space opéra, hourra !

 

Tracklist Distortion Process :

1. Genesis 07:14
2. Quantum relay 06:26
3. The last kiss 07:04
4. FPS 07:28
5. The city into the lake 06:54
6. When the last petal falls 05:54
7. Cyber mutation 05:56
8. Legion of the dark N. 06:18
9. The space-time travellers 05:09
10. Back to neo tokyo 2047 06:32
11. J-3392 the great jazzman 03:55

Tracklist The Green Light :

1. The Call 01:26
2. The Bunker Zero 06:16
3. Radium-V 05:23
4. The Syndicat Of Barons 05:51
5. The White Butterflies 04:05
6. Brotherhood 04:10
7. Dark N.’s ego 03:34
8. Endless City 06:02
9. The Holy Dragon 05:29
10. Sword Of Freyr 05:44
11. Death Of F-2301 (end of the cycle) 02:06

 

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