Line-up sur cet Album
- David Martin : chant
- Max Ear : batterie
- Andrew Pozzy : guitare
- Stefano Paski : chant, piano, basse
Style:
Stoner Rock / Rock PsychédéliqueDate de sortie:
19 février 2021Label:
Go Down Records / Vincebus Eruptum RecordingsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Le choix n’existe qu’entre deux choses : le gain ou la perte.” Proverbe urdû
Cette chronique est la chronique (bon, jusque-là, on ne peut pas se tromper…) d’une étrangeté qui commence sérieusement à m’inquiéter et il faut bien le dire, à m’agacer. Je pense que, sans m’avancer, on est sur un cas de figure assez inattendu, le genre que l’on ne veut pas vraiment avoir à faire en chronique et qui nous déçoit automatiquement. On est d’ailleurs sur une suite logique de rééditions ou de sorties d’albums live qui n’ont pas tellement de sens pour 2021… Après, certaines font sens mais pas avec autant d’années d’écart quoi. Je vais essayer comme j’ai l’habitude de le faire en introduction, de ne pas vous spoiler tout de suite le pourquoi du comment. Mais d’une, je reconnais que je suis un peu épuisé par la perspective de faire des rééditions ou des albums live qui date d’Hérode Ier. Et de deux, quand il s’agit d’une réédition sans retouche particulière, je n’en vois pas totalement l’utilité. Un jour, il faudrait qu’un label prenne deux minutes le temps de répondre à cette interrogation qui me taraude depuis des semaines : pourquoi ressortir des albums? N’y-a-t’il suffisamment de bons groupes dans le monde qui cherchent à se produire par un label que vous en veniez à ressortir des vieilleries croupissantes? Hep! Les labels! Réveillez-vous svp. Parce qu’il y a un moment où proposer des releases du jour qui sont aux trois-quarts des rééditions, je vais trouver cela pénible à la longue… Bon. Je doute fort qu’un label me réponde un jour mais j’essaye de savoir pourquoi. C’est normal que je m’interroge quelque part, on sort d’une année merdique pour le monde musical, on devrait porter aux nues des groupes qui végètent de ne pas pouvoir faire de concerts avec au moins des sorties d’albums de groupes émergents frais et motivés, et on se retrouve pour 2021 à devoir faire des chroniques d’albums des fonds de placard des labels qui végètent probablement aussi de ne pas pouvoir promouvoir de groupes en concerts. Mais de là à sortir ce Live at Rocket Club d’ OJM, pour toutes les raisons que je vais évoquer en bas, là non! Je ne comprends pas du tout…
Pour une raison simple mais fracassante : OJM n’a rien sorti depuis… 2010. Cela pourrait être une bonne nouvelle pour les fanatiques du groupe en soi, mais ce n’est pas mon cas donc bon… C’est typiquement le genre de groupes qui ont splitté maaaaaaaaaaaais, par une excuse pompeuse ou même aucune explication rationnelle autre que la flemme, ne l’annonce pas officiellement. En gros, ça ressemble à un truc du style « non non non, on n’a pas splitté du tout! On fait juste autre chose à côté c’est tout. On n’a pas le temps, Tartempion numéro un a eu des gosses, Tartempion numéro deux travaille à 900 km d’Italie (car oui, ils sont italiens) et Tartempion numéro trois ne fait rien mais n’est pas disponible. » Donc voilà. Je croyais qu’OJM pourrait se reconvertir dans la culture du maïs aux Etats-Unis, mais en fait non. Il s’agit d’un groupe italien qui a commencé son activité en 1997 et a eu son heure de gloire dans le milieu rock underground on va dire puisqu’il y a eu quelques sorties acclamées par les chroniqueurs en tous genres et qu’en tout, la discographie du groupe s’arrête en 2010 à quatre albums et trois EPs / singles. En soi, c’est assez honorable quand-même et il semblerait que le groupe ait plus exprimé son talent en live qu’en studio, ce qui explique la réputation importante sans avoir une discographie faramineuse. Seulement, depuis 2010 c’est le néant. Et voilà qu’un beau jour, notre Empereur à la couronne en vinyle et compact disc cerclé d’or et de luminescence qui va au-delà de la galaxie me propose de faire ce Live at Rocket Club , qui au passage est une toute petite salle de concert en Allemagne (qui vraisemblablement n’existe plus depuis). Je me dis un truc du genre « oui bien sûr boss bien-aimé, cela m’évitera une fellation quotidienne au fouet! » Et je découvre ce qui me blesse le plus : ce concert a été enregistré en 2011… (Re?)masterisé la même année. Pour une sortie en 2021, dix ans après. Alors, je me demande avec beaucoup d’affliction pourquoi sortir un concert aussi « vieux » en format vinyle en plus! Pour moi il n’y a strictement aucune utilité… Mais comme j’ai pour devoir moral d’être objectif, je vais faire comme si. Et je me lance dans la découverte de cette… Non, pas cette nouveauté. Cette trouvaille archéologique dirons-nous. Je salue au passage les archéologues, je ne sais pas pourquoi mais ça fait joli.
Et la pochette ne va pas franchement me faire changer d’avis. Ce cliché du diable avec ces cornes longues, son corps rouge pétant, et le voir porter des chaussures un peu classieuses, bien blanches, ne me fait pas lever grand-chose chez moi. Le côté as de pique sur le corps en tatouage inversé et le fait que ce dernier enlace une… Fusée? Bon… Ben sincèrement, je ne comprends pas tellement pourquoi avoir jonglé sur des clichés aussi infantilisants. Disons que le groupe ne s’est pas foulé, au point d’ailleurs de ne même pas mentionner le nom du concert et celui du groupe. Original hein? C’est exactement ce que je pense : que cette sortie d’un album live n’est en fait qu’un coup d’épée dans l’eau pour espérer que les remous causés par le choc de la lame sur les flots réveillent un peu quelque chose. Mais au vu de l’artwork aussi vide de sens, je doute fort qu’il y ait une quelconque chose à réveiller chez nos amis italiens. Franchement, quand on a l’audace de sortir un album live après une période de disette quasi totale de dix ans, on pourrait au moins avoir un meilleur amuse-gueule… Là, cela frôle le délit culturel.
Heureusement que la musique sauve les apparences! Parce que mine de rien, OJM assure. Proposant une musique qui oscille entre du rock psychédélique bourré d’effets et un stoner rock bien « garage », très nature et rustique, c’est exactement la recette qui convient de respecter pour faire bouger un auditeur et de surcroit ici, un public. Je comprends d’un coup pourquoi le groupe italien avait acquis une certaine notoriété tant la prestation live, dont je ne perçois que la quantité sonore et non visuelle, est au rendez-vous. Du moins, était. En tout cas, les soli sont impeccables, les riffs sont globalement bien estampillés stoner américain, du fin fond du Texas, et les musiciens ont l’air de dégager une très bonne prestance. Je ne suis pas loin de penser que ce genre de concerts m’aurait carrément bien plu! Les morceaux, en plus de cela, ne sont pas très longs et passent bien. Par contre, je suis un peu étonné de la stratégie (encore une fois) du label et / ou du groupe, qui consiste à sortir un album live de seulement moins de quarante-cinq minutes! Démarche encore assez putative, sans réelle intérêt. Mais en tout cas, je le dis parce que cet album live a une saveur très positive malgré l’incongruité de cette production : la musique déchire!
Mais… Pas les arrangements studio. Bon je sais, je sais! On est sur de la condition concert donc il ne faut pas s’attendre à des retouches sans faux col! On est sur du perfectible c’est une évidence et c’est d’ailleurs souvent ce que l’on apprécie dans un concert, de voir que les groupes que l’on chérit tant (ironie) sont perfectibles. Mais il y a un souci important : le volume. Je vais vous expliquer : j’ai effectué la première écoute en voiture, avec un autre groupe de stoner qui sera la prochaine chronique au passage, et un groupe de sludge. Et OJM était ma deuxième liste. Lorsque les musiques ont commencé, j’ai eu un important écart volumique entre les trois, et OJM était clairement trop bas. Mais le problème est que, même en montant le son, je n’ai pas eu un résultat si fou. Je crois donc qu’il y a eu vulgairement une couille dans le potage lors du travail fait en studio pour masteriser le concert. Et cela pose un problème surtout quand il n’y a pas de solution efficace pour corriger ce défaut. Dommage parce que sinon, du peu que j’ai discerné et sur d’autres supports qui ont rencontré le même problème, le son était plutôt bien retouché. C’était, comme je le disais, pas optimal, mais au moins pour du condition concert, c’était pas mal on dira!
Cet attrait certain et franchement surprenant pour la musique m’a poussé à réécouter l’album. Je le fais chaque fois mais ici, ce n’était pas gagné. Mais même si je ne parviens toujours pas à me faire changer d’avis sur l’inutilité de cette sortie, je reconnais néanmoins assez vite que la musique d’OJM vaut largement le coup d’être explorée. Et qu’il y avait un talent certain chez nos camarades frontaliers parce que même si le groupe splitte, en tout cas il aura laissé une musique énergique et bien old school, avec toutefois quelques idéations d’effets guitares et basse assez typique d’un rock psychédélique qui commence à me plaire de plus en plus. Le groove était là, bien présent! Et même ce concert ressemble à des milliers de concerts déjà vus et entendus, avec des riffs rock bien exploités par le passé et des rythmiques de batterie sans vraies recherches, en tout cas la recette est toujours aussi redoutable. Et je comprends l’heure de gloire éphémère d’OJM.
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Le mérite en revient aux musiciens qui sont très bons et comme je disais, assurent le show. On n’entend de manière discrète le public et on devine qu’il s’amuse à fond! Le chanteur et les musiciens choristes motivent tout le monde sans tomber dans l’exagération scénique et la musique suit son lit comme un long fleuve tranquille qui se transforme en torrent selon l’atmosphère. Je suis bien épaté par la technique des guitares! Pour moi, ce sont elles qui font toute la magie. Alternant comme j’expliquais plus haut entre des riffs stoner rock old school, des soli endiablés et des passages rock psychédélique bourrés d’effets, ce sont les instruments lead par excellence, qui dictent toute la marche à suivre aux autres et accompagnent les troupes en fosse. Je le redis parce que c’est primordial : ce type de concerts est excellentissime, et m’aurait vraiment fait passer une très bonne soirée!
Le chant aussi est génial, et joue son rôle de meneur de scène à la quasi perfection. Une voix bien enraillée, groovy et chaleureuse, avec cette teinte un peu sauvage dans l’intention qui fait tout de suite un peu penser à Lemmy, ou à des cow-boys sympathiques mais rustiques. C’est tout ce que j’aime, je n’ai rien à rajouter sur le chant, il est juste génial.
Je conclurai cette chronique en reprenant le début catastrophique de cette dernière, pleine de ressentiments et de pessimisme, en me disant que si l’on devait noter l’utilité des sorties sur lesquelles on écrit, celle concernant cet album live d’OJM n’aurait jamais eu la moyenne. D’abord parce qu’après dix années de trou noir, on n’attend pas forcément quand on est fanatique un album live qui a dix ans de péremption. Et enfin parce que le groupe étant un peu dans le déni concernant son activité, ce Live at Rocket Club sonne comme une tentative désespérée de réanimer un élément éteint. Sauf qu’entre temps, il y a eu les écoutes. Et malgré le défaut non négligeable au mastering, je me suis aperçu de la beauté de ce groupe, de ce petit truc qui fait jaillir une étincelle de convivialité foudroyante dans un concert. Bref, que ces italiens avaient un talent dingue et mérite toute la gratitude des auditeurs. Ce subtil mélange de stoner rock et de psychédélique était redoutablement efficace à son époque et le prouve dans cette sortie. Voilà pourquoi je pousse un méga ouf de soulagement et qu’au lieu de noter OJM sur l’utilité, je le note sur le talent, et qu’il est vraiment bon!
Mais la question que je me pose encore, et qui ne me quittera pas même jusqu’au point final, sera : n’est-ce-pas mieux de soit arrêter une bonne fois pour toute et de rester sur un constat hyper positif avec cette réputation méritée, ou de ressortir un album, un vrai? Plutôt que de tenter un entre-deux qui n’a pas une grande utilité? La question demeure. Affaire à suivre.
Tracklist :
SIDE A
1. Welcome
2. Venus
3. I’ll Be Long
4. Wolf
5. Ocean Hearts
6. Sixties
SIDE B
1. Give Me Your Money
2. Desert
3. 2012
4. Hush (Billy Joe Royal cover)
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