Line-up sur cet Album
Kevin Hester : batterie, claviers Michael Schmidt : guitare Collin Wolf : guitare Clay Sibley : chant Ryan Donoho : basse
Style:
Doom MetalDate de sortie:
29 juin 2021Label:
Rafchild RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 5/10
Je me méfie désormais des groupes qui font référence à Tolkien. Nous avions eu par le passé d’illustres prédécesseurs comme Summoning par exemple, et j’ai le sentiment qu’avec la sortie au cinéma des sagas « Le Seigneur des Anneaux » et « Le Hobbit », il y a une sorte de regain de mode pour les ouvrages de cet écrivain anglais gargantuesque. La question est : quel héritage les groupes veulent-ils transmettre ? Quand on se situe sur des inspirations aussi précises que vastes, on se doit de se demander ce que l’on souhaite perpétuer. Les symboliques sont nombreuses dans les ouvrages de Tolkien et donc il y a matière à créer de magnifiques albums dessus, je ne dis pas le contraire. Mais j’ai tendance à penser que faire pour faire, c’est inutile et rédhibitoire. De même que cet effet de mode qu’au final l’on doit principalement aux films et non aux livres, vue les pâtés qu’ils sont, je suis très méfiant. Pour vous dire tout de go, je considère que les albums antérieurs aux films ont largement plus de mérites et d’intérêts que ceux sortis après. Tout ne fonctionne pas comme mon constat peut-être un peu rapide d’ailleurs, et le contre-exemple parfait revient au groupe américain Slytherin et ses albums qui tournent autour de l’univers Harry Potter avec brio ! Mais je m’égare un peu. Si je fais mon hiatus sur Tolkien c’est que je vais être sous l’emprise du groupe Olórin et son premier CD intitulé « Through Shadow and Flames » ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout va tourner autour de Tolkien, et cette inspiration maîtresse ne fera pas pour autant de cet album une sinécure sincère.
Alors, outre le fait qu’Olórin est le vrai prénom de Gandalf, que l’on ne présente plus surtout quand on connait la saga « Le Seigneur des Anneaux » et « Le Hobbit », c’est aussi (et surtout, vous en jugerez) un groupe qui nous vient tout droit non pas donc de la Terre du Milieu mais de Washington aux Etats-Unis. Formé en 2009, le quintet américain peut se vanter d’être un groupe qui prend bien son temps. En effet, « Through Shadow and Flames » est le premier album ! Je vous laisse faire le calcul : de 2009 à 2021, douze années se sont écoulées. Autant dire qu’à l’échelle musicale, c’est plus ou moins une éternité. Mais on va dire que la notion de temps est quelque peu édulcorée par la sortie d’une démo en 2011, d’un album live en 2013 (avant même de sortir un vrai album, vous avez bien lu !), et de deux EPs respectivement en 2014 et 2019. On peut s’attacher à la symbolique forte qui anime la sortie d’un « vrai » album, beaucoup moins concernant un EP, et donc en débattre. Moi, je considère qu’un EP est comme si vous entamiez la recette du bœuf bourguignon mais que vous oubliez les légumes : c’est un « demi plat ». Sans compter qu’Olórin, par son nom de groupe et le nom de l’album « Through Shadow and Flames« , rend directement hommage à l’un des artistes les plus géniaux qui aient jamais existé, avec une œuvre tellement foisonnante qu’elle inspire encore de nos jours bon nombre de groupes et musiciens. Pour rappel : » Le Seigneur des Anneaux » est sorti entre 1954 et 1955, « Le Hobbit » en 1937, cela commence donc à faire beaucoup ! Pourrait-on donc enfin crier victoire avec cet album qui, en plus, sort chez un label en l’occurrence Rafchild Records qui est Allemand ? Eh bien, cher(e)s lecteur(e)s, c’est ce que nous allons tenter de voir.
Avec son nom d’album, Olórin nous avait insidieusement planté le décor, et la pochette ne l’a que confirmé. J’expliquais tout à l’heure que le nom du groupe n’était pas choisi au hasard, il s’agissait de fait d’une inspiration profonde sur les ouvrages bien connus de Tolkien. La relation entre l’ombre et la flamme ne pouvait donc accoucher que d’un hommage au Fléau de Durin. Vous savez : la créature immense et démoniaque que Gandalf affronte dans le premier volet du « Seigneur des Anneaux » ! L’artwork est donc une représentation picturale de cette bataille sur le fameux pont en pierre, précédant la chute des deux combattants avec le très célèbre « Vous ne passerez pas ! ». Bon. Vous me direz, en soi, l’hommage était facile ! Je suis relativement d’accord, je pense que ce n’est pas vraiment la partie la plus intéressante de la trilogie, ni la plus représentative des incroyables écritures de ce génie de la philologie et sociologie qu’était Tolkien. J’ajouterais à cela que Tolkien est une telle source d’inspiration dans le metal que non seulement je ne suis plus surpris et donc content, mais en plus je deviens extrêmement pointilleux sur les choix des artistes. Olórin a fait son choix, je le respecte, mais je ne peux pas le partager. Le style assez grossier de l’artwork, voulu ou non, ne fait qu’enfoncer mon constat plutôt négatif sur mes premiers pas avec l’album. N’oublions pas que c’est un premier, mais il aura fallu attendre douze années pour avoir, excusez-moi par avance, « ça ». J’attendais mieux, sincèrement. Je suis ni déçu, ni en colère, ni triste, je serais plus dans une forme d’indifférence et de complaisance, ce qui pourrait être pire en vérité.
La musique m’a fait un premier constat étrange, pour ne pas dire inédit depuis que je rédige des chroniques : j’ai eu le sentiment qu’elle était bloquée à une époque lointaine, comme si la modernité n’avait eu qu’une toute petite emprise. Le doom metal est un style qui d’ordinaire se prête volontiers au jeu de la nostalgie, et les groupes qui perpétuent ou essayent de perpétuer la tradition old school si plaisante poussent comme des champignons sur les pieds d’un Hobbit. Du reste, Olórin est un groupe qui joue la carte magique du doom metal old school avec un son d’une égalisation normale, des riffs minimalistes aux forts accents heavy metal, un chant clair typique, et cette fameuse lenteur de tempo qu’on ne présente plus désormais. Toute la problématique quand on accouche d’une chronique sur un style old school est de savoir si l’équilibre entre la nostalgie et la modernité est respecté pour ne pas tomber dans les pièges sournois d’un trop moderne ou d’un pas assez. Hélas, trois fois hélas, Olórin n’est clairement pas assez moderne, ou trop old school c’est selon. La musique est plate, le son n’est pas épais du tout ce qui n’amène aucune lourdeur à un style pourtant en besoin de cette dernière, le chant manque cruellement de patates et de charisme, et je n’arrive décidément pas à trouver un lien métaphysique entre cette musique qui a mal vieilli et l’univers de Tolkien. Cela sonne pratiquement comme un non-sens artistique ! J’ai même cru à l’instar de ma présentation des américains que « Through Shadow and Flames » était autoproduit… En fin de compte, la musique ne donne pas envie de s’extasier dessus, sincèrement. Cela manque de plein de choses, à commencer par le peps, le semblant d’envie du groupe qui dynamiterait la musique, les riffs qui tournent en boucle n’arrangent rien non plus, bref. La première écoute m’aura fait autant d’effet qu’un brumisateur dans le vent de dos… Juste une frustration de plus quoi.
La production est probablement le gros acrochordon qui fait frémir les hypocondriaques qui ont peur d’un cancer de la peau ! C’est d’une amertume sidérale, d’une platitude à rendre jaloux les platistes les plus acharnés. Je ne comprends pas comment l’on peut se satisfaire d’un son aussi insipide quand on est musicien. Les guitares sont trop medium, la basse, on ne l’entend pas, la batterie fait ce qu’elle peut je dirais maiss elle est réglée avec autant de basses fréquences qu’un cri de castrat, les claviers sont trop peu utilisés pour amener ce que d’ordinaire j’adore, c’est à dire un peu d’ambiance, et le chant… On en reparlera plus tard. Concrètement, cette production manque de plein de choses ! Un peu d’épaisseur, une mise en avant de la basse et des toms de batterie, un son de guitare revu au maximum puisque l’on a le sentiment qu’il n’y en a qu’une (alors qu’il est censé y en avoir deux). Je ne suis même pas vraiment satisfait des riffs puisqu’ils sonnent comme ils peuvent mais avec de graves manquements sonores, on les devine inexistants. C’est triste pour Olórin mais je ne m’étais pas autant ennuyé sur une écoute depuis longtemps, longtemps…
Il n’y aura eu de fait qu’une seule écoute, j’ai essayé tant bien que mal de trouver des points satisfaisants, même pas positifs hein, satisfaisants ! Mais j’ai eu beaucoup de mal. Le principe du minimalisme fonctionne par exemple quand les riffs sont accrocheurs, régis de temps en temps par des mises en avant de parties instrumentales variantes aux claviers par exemple, ou un solo de guitare. Ici, on tourne en rond et le son n’arrange rien à l’affaire. La longueur habituelle du doom metal résonne ici comme un problème dans le sens où on pourrait être tenté de zapper des passages pour aller plus vite, je l’ai fait pour voir, et les riffs continuent trop longtemps. J’ai cependant apprécié les moments d’accélérations, trop peu nombreux mais au moins ils apportent un peu de regain à l’ensemble. Voilà mon seul point de satisfaction, pour le reste c’est du tout cuit d’avance malheureusement. Je ne sais pas trop quoi penser ni quoi dire, peut-être est-ce un péché d’orgueil d’avoir voulu à tout prix sortir un album dans le cas d’Olórin… D’autant que baser tout un concept d’album de metal sur la bataille entre Gandalf et un Balrog, scène outrageusement connue du premier volet et mille fois détournée, je ne suis pas certain que ce soit une idée intelligente et faisant preuve de créativité, qui plus est pour rendre hommage à Tolkien. En tout cas, ce premier album n’est pas une bonne découverte du tout, le genre qui pourrait mettre définitivement au placard le quintet américain. J’espère que non mais bon…
Le chant est encore l’un des aspects qui m’a posé problème. Le principe du chant clair dans le doom metal ne me pose évidemment aucun souci, étant donné que c’est un chant très jumelé avec le style. Mais j’ai trouvé que la justesse technique était défaillante, suffisamment en tout cas pour que cela s’entende, et j’aurais aimé que le chanteur puisse justifier au moins de mettre du soin dans sa technique vocale pour que l’on ne repère pas aussi aisément ses déraillements dans les notes. Vous l’aurez donc compris, le gonze chante faux… Heureusement, pas tout le temps, mais quand-même. La voix manque aussi d’énergie, d’envie. C’est le gros souci de ce groupe Olórin d’une manière globale mais le frontman est celui qui doit emmener l’auditeur, porter le projet, et on a surtout le sentiment que le chanteur est là en décoration plus qu’autre chose. C’est décevant, vraiment.
Pour terminer ma diatribe, je pensais faire mieux pour mon retour de congé salvateur. J’avais l’envie, la niaque (ninjaaaaaaaaaaaaaaaa) de reprendre les chroniques et je m’étais dit qu’Olórin, par son nom, ne pouvait que me donner satisfaction! Un doom metal simple, cela ne pouvait que me plaire ! Mais force m’est de constater que la chute fut vertigineuse. Outre les intentions old school du groupe américain, la musique souffre des nombreux défauts qui vont de mèche avec un trop-plein d’old school. A savoir un son trop basique, plat et insipide, des riffs minimalistes qui n’ont même pas le mérite d’être accrocheurs, des claviers et une introduction d’album mauvais, un chant qui se paye même l’affront d’être faux… J’ai pourtant voulu trouver des points positifs, mais cela m’a été quasiment impossible. Je pense qu’Olórin gagnerait pour son prochain album à enlever les œillères et les boules Quiès qu’ils se sont mis depuis la création du groupe, probablement faire une grosse introspection et se demander s’il faut continuer à faire vivre cette entité musicale qui, à peine ENFIN commencée après douze ans d’errance, ne donne même pas envie. D’ailleurs, ont-ils réellement envie nos amis d’Outre-Atlantique?… Telle est la question. En tout cas, « Through the Shadow and Flames » sonne aussi creux et vide que le gouffre de Helm, et je ne peux pas faire semblant d’avoir aimé. Mon constat sera donc négatif et sans appel et ce même si je sais qu’il s’agit d’un premier album, je n’oublie néanmoins pas que le groupe existe depuis douze ans… Sorry guys.
Tracklist :
1. Black Chasm (07:42)
2. Descension (07:23)
3. Ringwe (06:14)
4. The Endless Stair (08:06)
5. Durin’s Tower (04:30)
6. Mornië (01:47 (instrumental)
7. The White Rider (09:47)
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