Line-up sur cet Album
- Mikael Åkerfeldt : chant, guitare
- Martin Mendez : basse
- Martin Axenrot : batterie
- Fredrik Åkesson : guitare
- Joakim Svalberg : claviers
Style:
Metal expérimentalDate de sortie:
30 septembre 2016Label:
Nuclear Blast RecordsNote des Soilchroniqueuses (Bloodybarbie & Bloodybarbie) : 7.5/10
Voici la chronique la plus difficile que j’ai eue à écrire jusqu’à ce jour. La raison est simple : comment s’attaquer à une aussi belle œuvre pour en dire du mal ? Car objectivement parlant, elle ne le mérite pas. Il va falloir atteindre le plus haut degré d’objectivité pour la juger à sa juste valeur, après un long et profond dialogue interne difficile à contenir pour la grande fan d’Opeth que je suis, et surtout de nombreuses écoutes sous différentes humeurs.
Il y a peu de temps, nous étions en repas de famille et il fallait mettre une musique qui convienne à tous ; j’ai eu la bonne idée de mettre le dernier album d’Opeth, « Sorceress », étant donné qu’il fallait que je le réécoute, et que ma mère, étant une intolérante aux growls et aux mélodies agressifs, j’ai pensé que le choix était tout à fait adéquat.
Ma mère me rétorque à la fin : « C’est ça, ta musique que tu appelles du metal ? Mais c’est du jazz/blues/rock soft ton truc, ou encore comme la musique à ton père : Pink Floyd, Deep Purple ou je ne sais trop quoi… » Voilà, je pense que vous avez saisi l’esprit de cet album. Et la vérité sort de la bouche des enfants ou des mères innocentes qui ne connaissent rien au metal.
Donc, amis métalleux, si vous découvrez tout juste Opeth (il faut vraiment être inculte dans le metal pour ne pas connaître), alors je vous préviens : arrêtez-vous de suite car ce n’est pas (n’est plus) du metal !
Suite à cette troisième écoute, un long discours métaphysique et philosophique interne se tient :
La fan d’Opeth : « Putain mais c’est quoi ça encore ? C’est Opeth ou un autre groupe qui porte le nom d’Opeth, genre Mike Akerfeldt Project ? »
La mélowoman : « Arrête de râler ! Vous n’êtes jamais contents, vous les métalleux, toujours à râler, jamais satisfaits, toujours à chercher la petite bête et les poux. Si le groupe fait quelque chose de différent, vous n’aimez pas et s’il fait la même chose qu’avant, c’est trop commercial… Pffff ! Laissez donc ces musiciens faire ce qui leur plait, bon sang ! »
La fan d’Opeth (qui est la même que la méga fan) : « Bin écoute, déjà que j’étais très déçue par « Pale Communion » lorsqu’ils ont commencé sérieusement à bifurquer, mais alors là, ça a dépassé les limites : on est carrément dans du pur prog rock folk, jazz fusion…, sans moindre brin d’agressivité ou de metal. »
La mélowoman : « … et pourtant t’aimes bien le prog, t’aimes bien le folk, t’aimes bien le jazz et t’aimes bien la belle musique douce, parfois… »
La fan d’Opeth : « Oui certes mais… »
La mélowoman : « Mais quoi ? »
La fan d’Opeth : « Bin c’est que le Opeth old-school (“Delivrance”, “Orchid”, “Still Life”, “Blackwater Park”, “Watershed”, “Ghost Reveries”, “Morningrise”, “My Arm Your Hearse”) me manque. Ce côté prog avait déjà commencé avec “Heritage”, mais je l’avais bien aimé celui-là ! »
[Prise de nostalgie, elle s’effondra en pleurs, des larmes fictives bien évidemment car on ne pleure pas soudainement comme ça, à table et en famille, sinon c’est l’asile psychiatrique direct]
La mélowoman : « Tiens, je te file un mouchoir ultra absorbant, je vais attendre quand tu n’auras plus de larmes, tu changeras d’avis (un mouchoir fictif bien sûr) et on en reparle. »
[Le temps s’éc(r)oula, et l’écoute de l’album se poursuivit]
La fan d’Opeth : « Elle est vraiment sympa l’intro acoustique « Persephone » et… »
La mélowoman : « Bin tu vois, quand tu ouvres ton esprit et tes oreilles ! Et puis, toi qui aimes bien la musique orientale, je suis sûre que t’as adoré le quasi l’instrumental « The seventh Sojourn » avec ses percussions orientales, sitar, sonorités de violon (clavier, bien sûr) et basse qui groove. »
La fan d’Opeth : « Oh oui, on dirait que Michael l’a écrite pour moi, comme dans chaque album d’ailleurs ! »
La fan d’Opeth (en écoutant) : « Mais ces morceaux tous doux, tous calmes comme « A fleeting Glance », ces interludes inutiles « Sorceress 2 », « Persephone (Slight Return) »… – bon la batterie est sympa et le solo aussi mais c’est de la pop rock prog – me donnent envie de faire une sieste ; je ne reconnais plus du tout Opeth !!! Je veux headbanguer sur du Opeth, frissonner et sentir mon sang bouillonner ! »
La mélowoman : « Écoute du machin-core pour ça. Pis c’est bien de se détendre et faire la sieste parfois… Et puis, souviens-toi (normalement t’as même pas besoin de te souvenir vu que t’écoutes du Opeth presque régulièrement) que la disco d’Opeth est bourrée de morceaux prog rock/folk : souviens toi « Burden », « Harvest »… Ces morceaux que tu vénères tant alors ce n’est pas du Opeth bourrin. »
La fan d’Opeth : « Oui c’est vrai… Par contre, je ne sais pas si c’est son ampli qui est en panne ou s’il a cramé sa guitare électrique, mais j’ai l’impression que la guitare acoustique ou claire est dominante (« Will o’ the Wisp », « Persephone », « Sorceress », « The seventh Sojourn », « A fleetin’ Glance » et son beau solo, puis un peu partout dans le reste). Écoute juste « Sorceress » : le jeu de gratte est nul, on entend plus la basse et le clavier que la gratte. Le chant de Michael est complètement niais sur ce titre, une voix relâchée et volatile ; dire que ce mec growlait fut un temps ! »
La mélowoman : « Les cordes vocales sont comme les cordes d’une guitare : quand on tire trop dessus ou on les use, elles claquent, surtout si on les change pas en 25 ans (ça expliquerait pourquoi Opeth a pris cette direction). On voit que le micro de Michael est au volume max en live car il n’a plus la force de growler et il choisit bien le set pour ne pas avoir à le faire souvent.
La fan d’Opeth : « Finalement, pas si mauvais que ça cet album… Même aussi bon que le gigot de maman, ça passe bien en famille… D’ailleurs… elle est où, ma famille ?! »
Voilà que tout le monde avait déjà terminé et était sorti de table, il ne restait plus que moi en tête-à-tête à tenir tête avec moi-même !
Les deux entités ont longuement débattu sur le sujet et ont décidé de couper la poire en deux (ou le melon, si vous en avez, mais concrètement c’est la note qui est divisée en deux) et ont voté positif. Soyons honnêtes, la fan d’Opeth n’avait pas du tout aimé « Pale Communion » (2014), car elle trouvait qu’Opeth prenait désormais une toute autre direction, n’a donc logiquement pas aimé « Sorceress », ou du moins il lui a fallu de nombreuses écoutes pour l’accepter. Certes, Opeth a choisi la voie prog/fusion. Par sagesse, par envie, une illumination, vouloir étendre leur horizons et acquérir des fans qui ne sont pas du milieu metal ? Est-ce Michael a perdu sa voix et voie au point de ne faire que du chant clair et changer de direction (et voie d’ailleurs mais pour ce problème, il y a les GPS) ? Si on est dans le référentiel Opeth old-school, il y a de quoi être furieux et carrément détester celui-ci. Mais si on se place dans le référentiel de “belle musique”, “musique universelle”, l’album n’est franchement pas mauvais et on ne peut rien lui reprocher : il y a bien tout ce qu’il faut. Il faut donc choisir son référentiel ou se mettre entre les deux.
Mon top 3 : De loin « Strange Brew », qui est une petite merveille où Opeth met son talent et innove davantage, l’orientalisant « The seventh Sojourn » et la schizophrénie et l’agressivité (enfin !) de « Chrysalis ». Les morceaux bonus sont aussi sympa, à la Pink Floyd ou encore The Aristrocrats, comme « Spring MCMMLXXIV » (pas mal d’ailleurs) avec une belle impro jazz fusion en outro.
Si ça continue comme ça, le public d’Opeth mêlera les metalleux (qui se feront moins nombreux après cela) et les autres…
« Sorceress » s’avère finalement un album tout public (enfin, un public qui a bon goût), à écouter dans un état d’esprit autre qu’un mordu d’Opeth old-school ! Il va falloir se faire à ce tournant qu’a pris Opeth et qui n’est pas prêt à s’arrêter. J’ai eu donc envie de me réécouter « Pale Communion », que je n’avais écouté que deux ou trois fois avant de l’oublier… Finalement, je finis par apprécier « Pale Communion », même plus que « Sorceress » !
Et c’est ainsi que je bats mon propre record de la plus longue chronique d’album que j’aie pu écrire… et encore le débat philosophique interne a été tronqué !
RDV le 21 (complet) et 22 novembre 2016 pour deux dates parisiennes !
Tracklist:
01. Persephone
02. Sorceress
03. The Wilde Flowers
04. Will o’ the Wisp
05. Chrysalis
06. Sorceress 2
07. The seventh Sojourn
08. Strange Brew
09. A fleeting Glance
10. Era
11. Persephone (Slight Return)
Bonus track (version deluxe):
1. The Ward
2. Spring MCMLXXIV
3. Cusp of Eternity (live)
4. The Drapery falls (live)
5. Voice of Treason (live)
1 Commentaire sur “Opeth – Sorceress”
Posté: 10th Déc 2016 vers 1 h 59 min
[…] ont très bien réussi, surtout avec ce nouvel album, le motif de cette tournée d’ailleurs : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/opeth-sorceress. En tout cas, c’est la conséquence des goûts musicaux de Mikael Akerfeldt qu’il a enfin fini […]
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