Line-up sur cet Album
- Julien Lancelot : basse
- Jean-Yves Chateaux : batterie
- Brice Druhet : guitares
- Laurène Telennaria : chant, harpe celtique
Style:
Metal symphonique / folkloriqueDate de sortie:
25 septembre 2020Label:
Metal symphonique / folkloriqueNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Dans certains coins d’Irlande, le sommeil qui ne connaît pas de réveil est toujours suivi d’un réveil qui ne connaît pas de sommeil.” Mary Wilson Little
Me voilà repris la main dans le sac. Je me jure assez fréquemment de ne pas faire de chronique concernant des groupes à chanteuse parce que les groupes que j’aime se comptent sur les doigts d’une main. J’ai en effet beaucoup de mal avec les voix féminines dans le metal et tous les stéréotypes qui gravitent autour. Ayant tendance à mettre en avant la frontwoman surtout comme un objet de désir (c’est probablement une opinion un peu trop tranchée, je l’admets et m’en excuse), je constate qu’il y a très peu de voix féminines qui se démarquent et qui font tilt du genre « oh tiens! C’est untelle qui chante! » Alors, loin de moi l’idée de dire que les chants clairs féminins sont mauvais, du tout! Simplement ils se ressemblent trop à mon goût et font que j’y porte très peu d’intérêt. Je pense qu’encore une fois, Marlène Schiappa va me tomber dessus, m’accusant de misogynie ou de faire l’apologie d’une puissance patriarcale, mais il n’en est rien. C’est une question de goût musical assumé plus que d’un réel dénigrement. Ainsi, le choix d’un groupe avec une chanteuse se résume à deux cas de figure : soit la méconnaissance d’un groupe, soit le fait que notre Mille Feuilles au million de Pâtes Feuilletées, notre Zéphyr qui soulève les montagnes, notre Chef Universel Universaliste Chris Metalfreak nous donne des CDs à faire en chronique gratuitement (NdMetalfreak : toi, tu as quelque chose à me demander !!!). Aussi, le choix d’ Orkhys ne s’est pas fait de manière décidée, mais imposée. Je pars donc sur des bases nouvelles et une méconnaissance qui ne peut que servir au groupe. C’est parti!
Qui est Orkhys? Un quatuor originaire de Paris dont on ne sait au final pas grand-chose, comme la date de création du groupe par exemple. Je présuppose que la formation est jeune puisqu’Awakening est leur premier EP et est sorti en 2020 et que le line up a l’air inchangé. Par contre, en farfouillant un peu, j’ai eu la grande surprise de voir un ancien membre de Hatred Dusk, en l’occurrence le batteur de concert, groupe que l’on connait bien chez Soil Chronicles, n’est-ce-pas M.L.A.M? En tout cas, jeune formation semble-t-il qui fait une entrée dans la cour, non pas des grands, mais du milieu très vaste du metal avec ce premier EP composé de trois titres. Et en autoproduction, s’il vous plaît!
Commençons par étudier l’artwork qui est plutôt agréable, mais surprenant. Il y a en effet un côté manifestement très céleste, et nocturne, avec ce ton bleu foncé qui fait penser à un ciel de début de nuit, les étoiles qui surplombent l’ensemble et cette sorte de rosace qui me fait penser, de loin, à une galaxie elliptique, c’est à dire une galaxie bien ronde, tournant autour d’un point central. C’est mon interprétation, je ne sais pas si c’est le cas mais le motif demeure assez vague. Je l’aime bien graphiquement parlant, mais j’ai du mal à trouver un sens précis. Le rapport avec « l’éveil », traduction du nom de l’EP, là encore j’ai du mal à comprendre le lien. J’ai découvert que la musique associait des éléments un peu celtiques dans la musique, alors peut-être est-ce une explication mythologique qu’il faut trouver… C’est un artwork plutôt frustrant parce que la beauté seule, qui est indéniable, ne peut pas suffire. J’aime à voir des explications derrière, une mise en bouche de ce qui doit m’attendre en musique et la pochette d’un CD est le pilier numéro un de l’épistémologie d’une musique. Or, dans le cas d’Orkhys, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. C’est finalement un artwork typique d’un premier CD je dirais : on plante un décor avant tout musical, et non global. Et c’est vraiment dommage parce que, je le répète, un groupe ne se résume pas qu’à sa musique mais aussi son univers artistique total. Bon… Allez! Passons à la musique, cela vaut mieux.
Et j’ai envie de dire, fort heureusement la musique sauve ce premier constat et largement! C’est un peu complexe de décrire en un style ce que propose le quatuor d’Orkhys parce qu’on sent diverses inspirations, et même bien éparses. A la première écoute il y a un élément qui m’a fait une sorte de déclic, et ce immédiatement : l’influence heavy metal mais avec cette légère touche de death mélodique. Cela peut paraître surprenant surtout quand on sait que le groupe, sur sa page Facebook, se revendique sur des suggestions plutôt thrash ou black, mais j’ai vite remarqué des similitudes avec… Amon Amarth. Bon, je vais clairement passer pour un con je pense. Mais sur les influences décrites par le groupe, je n’ai pas reconnu de black metal. Thrash et heavy, à la rigueur oui et encore, plus heavy metal. Mais quelque part, je passe probablement pour un inculte notoire, mais cela confirme qu’Amon Amarth n’a plus grand chose de death metal, non? Bref. En tout cas, on a beau débattre sur le style metal en lui-même, une chose est certaine, et même plus encore : on est sur un principe de metal symphonique. Le travail aux claviers et programmation et sans bavure, les ambiances sont magnifiques et je me prête à entendre quelques petits riffs de Nightwish par-ci par-là. J’ai des influences très commerciales qui me viennent ce soir, mais je pense que c’est un vrai compliment que je peux faire à Orkhys. Et vous vous apercevrez très vite que cet espèce de scepticisme maladif sur le chant féminin sera totalement balayé comme Catherina avait balayé la Louisiane. Confirmation de l’exception, force 5!
Et je crois que l’on peut citer en modèle avec une quasi-certitude la production de l’EP. D’abord, pour une raison très simple : c’est une production indépendante et qui sous-entend donc des efforts multiples, sans s’arrêter forcément sur le financier. Et ensuite parce que, pour un premier CD, la production est vraiment bluffante. Elle parvient à nous entraîner dans des atmosphères très bien construites, sans tomber dans une redondance de composition qui rajouterait de la difficulté dans la production. Le son est impeccable, vraiment! L’écoute se fait avec une vraie fluidité, et ce son si propre, me rappelle beaucoup de groupes commerciaux. On pensera ce qu’on voudra, chacun ses opinions, mais j’aime bien ce type de son, au même titre que j’aime le raw. Il est une question fondamentale de cohérence, plus que de volonté. Alors, moi, quand j’ai un son aussi net dans une première production, je dis bravo! Je me dis aussi qu’il va falloir réussir à faire mieux pour le prochain, alors j’ai un petit reproche à faire au groupe, et j’espère que cela l’aidera : dans les accélérations rythmiques à la batterie et à la basse, le son devient trop grave et sature les enceintes. C’est un léger point à corriger mais important pour la suite.
Ce que j’ai également beaucoup apprécié dans ce premier EP, c’est l’équilibre entre longueur des morceaux et le nombre présent sur l’EP. Trois morceaux d’une longueur moyenne de six minutes, c’est intéressant parce que du coup, les écoutes se font sans problème et demeurent accessibles. Et surtout parce que cela évite de s’étouffer dans une écoute qui demande concentration et attention. Du coup, je retiens particulièrement l’intelligence dans les compositions et qui concerne bien le travail qui est fait. La musique a ce supplément qui est apporté, certes partiellement mais quand-même, par la harpe celtique et par le chant féminin et qui lui confère une identité musicale. Après, on pourrait se poser une question légitime : qu’est-ce-que le groupe recherche artistiquement, dans un registre folk ou symphonique c’est selon, sachant que la filière est depuis longtemps soit asséchée (surtout la symphonique), soit surbookée? Parce que, sans tomber dans la critique de mirlitons, je ne suis pas en mesure de penser ni d’affirmer qu’Orkhys propose une musique innovante. C’est un registre bien trop entendu pour laisser place à une nouvelle ère, et si la musique est superbe et mérite que l’on s’y attarde assurément, il n’en demeure pas moins que les parisiens ne révolutionnent pas non plus le style. De fait, il faut prendre cet EP non pas comme une volonté de se démarquer aux oreilles du public averti, mais bien de surfer sur la vague de succès que connait depuis longtemps désormais le metal symphonique, ou folklorique. Surtout en France d’ailleurs! Et qui dit surfer sur la vague, dit probablement volonté de se commercialiser. On pourrait en tout cas, au vu de la production et de la musique passe-partout, se poser cette question.
Par contre, je suis tout disposé à affirmer que les musiciens qui composent cet EP sont excellents! Je reviendrai sur le chant un peu plus tard, j’en reste ici aux instrumentations qui sont d’une belle maitrise. Ce que je préfère dans cet EP ce sont les guitares et les claviers. Le souci de la harpe celtique qui est vendue comme l’atout original d’Orkhys, c’est qu’on ne l’entend pas assez. Pourtant elle est splendide! Mais je préfère largement les arrangements aux claviers, en particulier les passages au piano, les mélodies qui sont jouées selon les différentes banques son qui amènent un plus extra. D’ailleurs, je salue le talent du claviériste qui a su incorporer des mélodies dans une musique metal déjà fort mélodique! J’ai toujours peur de la redondance familière du metal mélodique dans toutes ces formes, mais ici, chez Orkhys, tout est à sa place! C’est niquel! Les guitares, je les aime surtout parce que les mélodies me parlent. J’écoute beaucoup de metal mélodique, peu importe le genre, pour ce type de sensation que l’on a à l’écoute. Elles sont toujours différemment posées, mais ont toujours un rôle de mise en situation qui me plait. Vous prenez du black mélodique, du death mélodique, ou du thrash mélodique, vous aurez forcément cet avantage. Après, je sais aussi, pour en jouer, que cela ne plait pas à tout le monde. Pour ma part, les guitares me plaisent et me causent énormément, c’est le vrai plus instrumental avec les claviers de cet EP.
Je le fais tout le temps, de mettre le chant en avant sur un paragraphe à part. Mais ici, il a une saveur encore plus à part, parce que, vous le savez si vous lisez mes chroniques ou juste l’introduction de celle-ci, j’ai beaucoup beaucoup de mal avec le chant féminin dans le metal. J’ai suffisamment développé les raisons en haut, je ne reviendrai pas dessus. Mais alors… J’ai probablement trouvé l’exception qui confirme la règle avec le chant de Laurène Telennaria, parce que… Qu’est-ce qu’il est beau! En fait, je reproche souvent aux chanteuses d’en faire des caisses, que ce soit scéniquement ou en studio. Là, au-delà de l’imagerie du groupe que je trouve plus sobre et donc moins dans l’exagération (et c’est très bien), le chant est pile comme il faut. Puissant mais sans outrance, juste techniquement, j’aime bien la tessiture un peu plus grave que présente ce dernier, et surtout il n’est pas omniprésent! Enfin un chant féminin qui n’envahit pas l’espace musical! Du coup, ce chant est non seulement magnifique, mais en plus il ne dénature pas les nombreuses mélodies de la musique. Donc c’est avec une sorte de soulagement, que je peux dire qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis, et que je quitte officiellement ce cercle vertueux! J’adore le chant, c’est un de mes gros points forts de cet EP.
C’est le moment de conclure cette chronique! Je dirais qu’Orkhys a déjà un pied et demi dans ce qui peut plaire au public, à savoir une musique accessible mais néanmoins extrêmement bien bossée, qui ne peut que survoler les plates-bandes trop piétinées du metal symphonique mais qui joue son va-tout avec brio. Avec Awakening, il y a déjà de belles bases et des ramifications bien verdoyantes. Il faudrait arriver à conserver ce cap et l’améliorer sur quelques points, mais je suis en mesure de dire qu’Orkhys a déjà fait une entrée remarquée dans le monde du metal. Un premier EP prometteur, perfectible mais très agréable. Je recommande!
Tracklist :
1. The End of Lies 04:51
2. Guardians of our Lives 07:20
3. Rest of the Braves 06:01
Facebook : https://www.facebook.com/Orkhysband/
Bandcamp : https://orkhys.bandcamp.com/
Spotify : https://open.spotify.com/artist/3qvzAMPXdk7nQ0v6e0ZNSX
YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCsP5F5 … CRE1Uq4Dg/
Laissez un commentaire