Line-up sur cet Album
Matthieu Laborde - Tous les instruments, chant
Style:
Black MetalDate de sortie:
26 septembre 2022Label:
Antiq RecordsNote du SoilChroniqueur (Le Marquis Arthur) : 8/10
Même si nous commençons à nous rapprocher de la fin de l’année, 2022 a encore des surprises musicales à nous présenter.
Bien qu’il ne soit pas encore connu, Pâlefroid est un projet totalement inspirant.
Fondé l’année dernière, c’est un projet solo de Matthieu Laborde. A travers sa musique, il nous emmène dans les couloirs de l’histoire, dans un passé ancien et pas si lointain en même temps.
En effet le décor des chansons semble médiévale, bien que le sujet semble épique ou glorieux, on comprend rapidement qu’il s’agit d’un hommage mélancolique à ce passé.
Il est question de batailles, de désolations, de désespoir, de mort et dénonciations des faiblesses humaine d’aujourd’hui.
« Où est passé le temps
Où les hommes étaient hommes ?
Des valeurs plein leurs cœurs
La tradition comme force » .
Tirées de la chanson ‘Vestiges d’un passé’, ces paroles résument assez bien pour moi ce qui est dénoncé dans cet album : à force de vouloir toujours avancer plus loin encore, l’Homme aurait-il oublié son passé ?
L’histoire est, et sera toujours, notre héritage des générations précédentes, elle est gardée et transmise afin que nous conservions les enseignements de nos ancêtres. Cependant un progrès abusif ne laisse plus de place au passé.
Dire que cet album prône le conservationnisme ?
Je ne suis pas sûr, je dirai plutôt une ode mélancolique à un glorieux passé aujourd’hui délaissé. Car oublier son passé, c’est oublier ses racines.
Cette thématique a déjà été utilisé dans le metal, mais ici je suis touché par l’attachement, la dévotion envers notre culture qui jaillit des chansons. Rien d’étonnant à cela, la chanson a souvent été le moyen le plus utile de transmettre des messages au plus grand nombre, surtout à des époque comme le Moyen-Age quand la plupart des gens étaient illettrés.
Et même encore à notre époque, c’est toujours un moyen utile.
Mais penchons nous maintenant plus en détail sur cet album.
Il est clair que nous sommes ici dans un registre totalement Black metal, plus particulièrement le black des années 90 qui me semble être l’inspiration principale pour la musique et les mélodies. Dans les riffs, il n’y a pas vraiment de nouveauté sonore, cependant c’est une musique bien écrite et qui s’écoute très bien, le jeu de rythme de la batterie est bien lui aussi. Les long riffs presque atmosphérique alternés avec les passages plus rapides, la qualité sonore qui rappelle vraiment celle des années 90, tout ici est pris sur des bonnes bases.
Côté paroles, nous sommes presque sur de la rhétorique, des paroles qui font réfléchir.
Même si on est sur une thématique du passé, il y a quelque chose de triste, une fatalité des événements, comme si le conteur connaît déjà la fin et ne semble pas enthousiaste. Mais de cette déception en ressort une beauté justement.
La mort y est très présente ? Dans le froid glacial d’un hiver infernal (l’hiver étant certainement la saison la plus propice pour parler de mort), dans cette fatalité d’un champ de bataille perdu, c’est parce qu’elle est irréversible et irrévocable que la mort est belle.
D’ailleurs la pochette réalisé par la talentueuse illustratrice Joanna Maeyens illustre à merveille cet album : ce cavalier fantomatique, qui avance dans le blizzard, la solitude qui y règne, l’atmosphère de mort d’un champ de bataille qui ne semble pas loin, les couleurs froides.
Ce que je trouve vraiment bien c’est que la pochette illustre très bien chacune des chansons de l’album mais grâce à un détail différent à chaque fois.
Les textes sont là aussi pour nous dire qu’après la mort il ne faut pas oublier justement. Le côté diabolique n’est pas mis tant que ça en avant, en fait je trouve qu’il n’y a pas vraiment d’agissements ou interventions du diable ou autre force occulte, on a vraiment l’impression que c’est l’Homme qui est son propre démon, voilà un sujet qui fait couler beaucoup d’encre ….
Mais de telles convictions ne sont pas à ignorer. A travers ces textes, Matthieu nous démontre aussi son amour de la culture, des traditions, et du souvenir.
Certes ce n’est pas présenté de la manière la plus joyeuse, mais ses arguments sont bien choisis, et puis, la musique est bien souvent un moyen d’expression et chacun est libre d’exprimer ce qu’il ressent ou veut faire partager.
En clair je n’ai pas grand chose à redire sur cet album, les fans de Black metal y trouveront leur compte, les fans d’histoire, comme moi, aussi.
Pour un premier album, c’est convaincant.
Pour le prochain album, je vais écouter avec beaucoup d’attention.
Tracklist :
1 Bleu Blanc Sang (6:00)
2 Terre de ruines (4:59)
3 L’effondrement (4:55)
4 Pâlefroid (5:54)
5 Vestiges du passé (4:44)
6 Soleil de cendres (4:36)
7 Le diable au cœur (6:05)
8 Fier destrier (5:43)
9 Mos Majorum (5:27)
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