¡Pendejo!– Sin Vergüenza

Le 17 avril 2020 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Jaap Monchito : basse Jos Pepellin : batterie Arjan Er Juan : guitare El Pastuso : chant, trompette, trombone

Style:

Stoner Rock / Thrash Metal

Date de sortie:

30 Novembre 2018

Label:

Graviton Music Services

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

Cela pèse lourd, une absence. Bien plus lourd qu’une disparition. Parce qu’avec les morts, c’est commode, on sait qu’ils ne reviendront pas. Tandis que les lointains nous narguent ou nous font espérer.” (Philippe Besson)

Et question disparition, là, j’avoue que j’ai fait très fort ! J’ai mis environ un an avant de remettre la main sur un CD que sa grande omniscience du Death Metal Anti(de)rouille et d’os m’avait demandé de m’occuper, un CD un peu OVNI sur les bords, qui ne l’avait pas spécialement emballé. J’avoue que le procédé peut prêter à question mais parfois il vaut mieux passer la main à quelqu’un qui se montrerait plus disponible auditivement pour ce genre de CD. En ce qui me concerne, je suis très ouvert sur certains styles, prêt depuis longtemps à m’aventurer dans l’inconnu pour en ressortir plus cultivé ou même plus fort ! Bon, parfois quand on se frotte à un OVNI, on n’en ressort que plus barré, comme Raël vous voyez. Là, je ne suis pas monté dans une soucoupe volante à proprement parler mais j’ai, disons-le, effleuré du doigt un CD qui défrise le cerveau. Et comme Suzanne et Jean-Claude qui attendent les martiens avec leur perroquet momifié (Strip Tease power !), j’ai fini par remettre la main sur cet hybride spatial qu’est le dernier album de ¡Pendejo!.

Ne vous méprenez pas, le groupe n’est pas des pays hispaniques du tout ! Moi aussi j’y ai cru… Mais en fait pas du tout : le groupe vient d’Amsterdam, des Pays-Bas donc. Groupe dont le line up n’a pas changé depuis sa création en 2006 et composé d’un quatuor originel avec un tromboniste/chanteur, ¡Pendejo! en est actuellement à une démo en 2007 et trois albums depuis, en comptant Sin Vergüenza qui est sorti en novembre 2018. C’est vous dire si cette chronique était attendue depuis un an et demi… Je dois donc présenter mes excuses au groupe pour n’avoir remis la main sur leur galette que depuis un rangement intensif de mon appartement. Mais mieux vaut tard que jamais et je vais essayer de vous faire une chronique aux petites échalotes.

Ne connaissant pas très bien le groupe, je me suis amusé à voir s’ils sortaient fréquemment de leurs frontières de tulipes et de moulins (et de maisons closes aussi, ne soyons pas chiche)… et bien carrément, même ! Il devait y avoir une tournée de prévue en partant de Toulouse le 27/05 jusqu’à Vitoria en Espagne le 06/06 ! Joli parcours, donc, qui donne vraiment envie d’écouter leur album !

Mais d’abord, puissions-nous regarder la pochette et en déduire quelques choses à dire. Une pochette assez simple avec la tête d’un homme typée un peu cow-boy, dans le style des affiches de recherche de tueurs comme dans les westerns, l’homme ne paraissant pas très sympathique aux premiers abords. Le nom du groupe est évidemment figuré sur la joue gauche du type et le nom de l’album sur le front, le tout étant entouré d’un fond noir et d’un cercle. A savoir que ¡Pendejo! signifie en espagnol « trou du cul » et que « sin vergüenza » signifie « sans honte », on rentre un peu dans une sorte d’immoralité dont je trouve que l’homme de la pochette illustre assez bien l’idée, avec sa tronche de méchant renfrogné. On voit surtout un côté auto-dérisoire qui laisse à penser que cet album va être sur un registre un peu humoristique ou parodique. Un peu comme la chanson « Te quiero puta » de Rammstein (c’est le seul exemple qui me vient en tête dans le même genre). Pochette assez sympathique donc, que j’aime bien personnellement.

Pour identifier la musique par contre, j’ai eu un bon moment de flottement avant d’arriver à mettre une hypothèse dessus. Oscillant dans ce qu’il me semble être du Thrash Metal et du Stoner Rock, selon les morceaux et les passages, ce qui m’a rendu la tâche difficile est la présence de cette ambiance très hispanique. Inhabituelle même et, pourtant, je suis un grand fan du groupe français Impureza qui met en avant cette culture hispanique de manière très prononcée mais avec suffisamment de retenue pour ne pas tomber dans la caricature et nous mettre un gros Death Metal dans les dents.
Ici, je parlais de dimension parodique dans la pochette et je pense qu’effectivement la musique l’est tout autant ! En témoigne cette abondance de passages au trombone, accompagné parfois de trompettes et autres instruments à vent, de passages avec des cris très « olé » en quelque sorte. Et, surtout, il y a un côté très western qui ressort de la musique : la mélodie des instruments à vent et l’ambiance en elle-même, si rapprochée du stoner rock, vont exactement dans cette direction.
Mais du coup, le Metal n’est à mon sens pas vraiment mis en avant et on tombe un peu sur la caricature dont je dépeignais le contraire en parlant d’Impureza. A trop vouloir conceptualiser la musique, on tombe dans le surplus avec cet album. Il faut donc une bonne dose de second degré pour l’apprécier. A mon humble posture, c’est quand-même pas mal : j’adhère bien à l’album dont je trouve l’écoute très rapide, ce qui montre que je suis bien entré dans le game. A force de décortiquer l’ensemble, je pense que le terme de « stoner » convient bien à cet album car les guitares et la basse sont dans le côté « western sympa » et même si elles manquent un peu de jeu technique et sont en retrait par rapport au reste, elles sont tout de même de bonne exécution.
De même que les fameuses ambiances sont très appréciables en tant que telles, j’aime bien ces bandes-son qui plantent le décor. Donc c’est un peu dommage de voir que l’ensemble ne prend pas tellement.

Du coup, il faudrait surement revoir un peu le mastering qui, comme je disais, met trop en avant les instruments et ambiances hispaniques et ne laisse pas la place nécessaire au Stoner. C’est un peu dommage là encore parce qu’on a l’impression que le groupe a oublié sa base principale, qui est le stoner, pour glisser vers un trop-plein d’atmosphères cow-boy, en dénaturant par-là l’essence même de leur composition. C’est d’ailleurs le souci numéro un de cet album : si encore le stoner se mettait au service des incorporations, on n’aurait pas ce côté choquant qui ressort, mais comme on devine que la base séculaire de la musique de ¡Pendejo! reste le Metal ou le Rock (c’est selon), alors on voit bien que c’est un défaut de mastering ou de mixage. C’est comme le chant : il est trop mis en avant. Il y a vraiment un gros boulot à faire pour épurer le son et le rendre moins saignant pour les oreilles. D’ailleurs, à plusieurs reprises, mes supports audio ont grésillé, ce qui me laisse croire que même le mixage est moyen. Donc c’est une petite déception pour moi.

Le ou les chants sont en revanche bien exécutés ; je trouve d’ailleurs qu’il y a une démarcation sur la base stoner car le chant me fait véritablement penser à du Thrash Metal. Avec son côté bourricot, sa gorge qui frotte avec un chant clair, cela fait très thrashy tout cela, ce qui est un étonnant mariage, d’ailleurs. Je suis agréablement surpris par cette initiative-là qui change un peu du côté doomy du Stoner, avec des voix plus douces d’ordinaire. Ici, il y a, de fait, cette part d’agressivité qui manquait à la musique et qui va super bien ! Bonne pioche, donc ! Par contre comme les textes sont en espagnol, je n’ai rien compris du tout ! Mais l’avantage de cette langue c’est que la phonétique permet d’entrer quand-même dans le truc naturellement.

Voilà, ainsi ai-je fait cette chronique qui aurait dû être faite depuis longtemps. Je tiens à présenter mes excuses à ¡Pendejo! qui méritait cette chronique et cette vitrine. L’album est pas mal du tout, si l’on s’en tient à une écoute normale car, lorsqu’on analyse la musique, on s’aperçoit toutefois des lacunes de ce dernier, notamment sur le mixage. L’intention est là malgré tout : l’album est à prendre avec du second degré et il faut indéniablement aimer la déconnade et les ambiances des westerns ou autres villages en Hispanie. Je qualifierai Sin Vergüenza de bon album, sans plus d’artifice pour moi, mais le genre d’album que je vais me mettre à vraiment aimer après plusieurs écoutes!

Tracklist :

1. Don Gernàn
2. La cagada no termina
3. Hacia la luz
4. La mala de la tele
5. Bula
6. El Timòn Holandès
7. El Rutger
8. El espejo
9. Llanto
10. Facista

Facebook  Site web
Bandcamp  Twitter  Youtube

Retour en début de page

Laissez un commentaire

M'informer des réponses et commentaires sur cet article.

Markup Controls
Emoticons Smile Grin Sad Surprised Shocked Confused Cool Mad Razz Neutral Wink Lol Red Face Cry Evil Twisted Roll Exclaim Question Idea Arrow Mr Green