Piss Witch & Saint Barthelemy’s Temple – Pisswitch / The Cold Mouth ...
Line-up sur cet Album
- Line up Piss Witch :
- Inconnu
- Line up Saint Barthelemy's Temple:
- P. : inconnu
- O. : inconnu
- M. : inconnu
- F. : inconnu
Style:
Black / Doom MetalDate de sortie:
09 juillet 2021Label:
Babylon Doom Cult RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
« Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélémy, leurs concitoyens qui n’allaient point à la messe. » Voltaire
On ne peut pas dire que dans l’Histoire, une religion en rattrape une autre. On peut même affirmer que beaucoup de conflits dans l’Histoire sont directement induits par les religions monothéistes. Je ne crois pas qu’il y en ait une meilleure que les autres, c’est un fait inéluctable. Et l’on pourrait se demander si l’Histoire ne se répète pas quand on regarde le déroulé des faits et la réémergence d’un fanatisme religieux dans l’Islam. En fait, chaque religion a sa période de noirceur et notre époque moderne n’échappe pas à la règle. Vous le savez désormais si vous lisez mes chroniques mais je suis un grand rancunier concernant les religions monothéistes, et j’ai une certaine accointance pour le paganisme en tous genres. Non pas que ces derniers sont particulièrement meilleurs ou sont de meilleurs exemples d’humanisme, mais dans la représentation de la figure divine par un humain, ou du messie, je trouve que c’est une première grosse faute! Avoir représenté la grande crainte d’omniscience par un Homme, c’est craindre l’Homme au détriment du paganisme qui met la Nature au diapason. Du coup, que se passe-t-il de nos jours? Les Hommes se craignent entre eux et se font la guerre. C’est très raccourci comme raisonnement mais dans les interactions sociales c’est typique. Et que l’on soit dans une nation monarchique, républicaine ou dictatoriale, le principe est exactement le même. Voilà! Comment? On s’en fout? Oui un peu il faut dire. Mais je me suis lancé dans ce raisonnement foireux parce que je viens de me plonger insidieusement dans un split incroyable qui mêle une entité quasiment anonyme qui s’appelle Pisswitch et… Un groupe qui se nomme Saint Barthelemy’s Temple! Avouez que c’est fou, d’autant que le massacre de la Saint-Barthélémy est exactement ce vers quoi mon raisonnement tendait. Et ce split présentement chroniqué répond au doux nom de Split 2021 sur mon fichier de téléchargement mais qui a celui de Pisswitch / The Cold Mouth Of The Earth sur Metal Archives et sur le site du label. Incroyable non?
Les présentations vont être rapides en vérité, parce que les groupes n’offrent que très peu d’informations, voire pas du tout. Concernant Pisswitch, c’est simple : il n’y a absolument aucune information. J’ai trouvé un Piss Witch sur Bandcamp mais ce n’est même pas celui-ci, dommage car le deuxième était carrément drôle dans sa description. Mais non! Rien, nada. Par contre, Saint Barthelemy’s Temple c’est autre chose! D’abord mon boss Chris Metalfreak m’avait dit un soir où nous mangions et récupérions des albums à chroniquer chez lui que le groupe venait peut-être de Grenoble. Bien vu l’ami! Nous avons donc un groupe de chez nous à faire en chronique, autant vous dire que je suis tout content! Saint Barthelemy’s Temple existe depuis 2011 et fait curieux, n’a JAMAIS sorti d’album. Une simple démo en 2011, une autre en 2017, et enfin deux splits avec lui, l’avant-dernier datant de 2018 avec Blackowl. C’est plutôt inhabituel pour moi d’avoir un groupe qui ne sort pas d’albums mais soit des démos, soit des splits. Mais ce n’est pas grave, rien que le nom me fascine déjà! Je me lance donc corps et âme dans cette nouvelle chronique d’un genre étrange mais passionnant.
Pour l’artwork, je suis bien en peine d’en connaître d’abord la forme, ensuite le fond. Cette photographie d’une personne qui d’apparence a une allure macabre, j’ai bien du mal à l’identifier formellement et surtout à comprendre ce qu’elle fait là. D’une, je n’arrive pas à savoir si elle est morte ou vivante tant le visage est anguleux, pâle et figé. Les yeux sont probablement retouchés, c’est une évidence. Mais normalement, un corps présente des marbrures mêmes légères, voire des extrémités cyanosées, ce qui n’est pas le cas du tout ici. Les lèvres ne sont même pas bleues, alors je n’y comprends rien. De deux, l’uniforme en bas, rayé et sale, me fait évidemment penser aux uniformes des prisonniers des camps de concentration, mais même là cette chevelure me trompe puisque les prisonniers sont souvent connus pour avoir eu le crâne rasé. En fait, c’est tout le souci de ces pochettes sans réelle signification : c’est que l’on ne sait pas si le CD va être bon ou non. Moi, si je suis chez le disquaire et que je tombe sur cette pochette, je ne suis pas certain de l’acheter. Du coup, quel lien peut-on faire avec le vrai nom du split qui est Pisswitch / The Cold Mouth Of The Earth? Enfin bon. Il doit forcément y avoir un sens mais je ne saurai pas capable de dire si je l’aime bien ou pas du tout, disons qu’elle me laisse quasiment totalement de marbre… Ce qui n’est pas vraiment une bonne chose à vrai dire. Une entrée en matière peu savoureuse quoi.
Pour la musique, fort heureusement c’est tout autre chose! Parce que les intentions sont claires comme de l’eau de roche. Deux groupes présentant un doom metal à la forte accentuation black metal, le tout avec des productions radicalement différentes. Mais dans le genre, rarement l’adverbe « radicalement » n’aura pris autant de sens propre. Vous comprendrez pourquoi plus bas. Pour la première écoute donc, je dirais que ce split relève plein de mystères et un certain attrait pour tout ce qui est religieux dans son sens le plus acerbe avec beaucoup de lourdeur cela va de soi, mais aussi quelques mélodies bien stridentes et agressives, dans un profond marasme doublé d’un cynisme des plus amers. Au moins, l’on peut jurer que les intentions de départ sont mauvaises et que Piss Witch et Saint Barthelemy’s Temple sont sur la même longueur d’onde. Nous voici donc aux prises avec un subtil mélange de doom metal et de black metal. Le doom est très présent dans les rythmiques très lentes, saccadées, et le black metal demeure dans quelques passages accélérés, mais surtout cette atténuation profonde de la lourdeur inhérente au doom pour mettre en avant le son si particulier, bien nasillard et froid, du black metal. Après, quelques mélodies apportent un aspect bien macabre à l’ensemble. Ce mélange de doom et de black metal est en tout cas fort intéressant dans les deux cas. Je note peu de différences dans les compositions entre les deux groupes, l’ensemble est bien harmonieux d’un point de vue composal. Ce split est une belle surprise! Pour deux groupes plus que discrets, quasiment anonymes, je trouve que cette part de mystère rajoute un intérêt certain et une forme d’engouement pour Piss Witch et Saint Barthelemy’s Temple. En tout cas, pour une première écoute, la question est vite résolue d’une certaine manière. La messe est dite : j’aime vraiment bien!
Alors! On va s’attaquer au gros morceau de ce split, comme souvent d’ailleurs. A savoir les productions! Pour Piss Witch, âmes sensibles s’abstenir puisque la production est extrêmement raw. Dans un genre limite un peu bâclé, avec un son très bas, des guitares en retrait et presque pas retouchées, une batterie idoine et un chant qui sauve bien le truc si j’ose dire. A un moment donné, on ne va pas se mentir : il y a raw et raw. Les groupes qui se revendiquent de cette démarche doivent comprendre que l’on peut faire dans le très sale mais cela ne rime pas toujours obligatoirement avec inaudible. Je trouve pour le coup que le groupe britannique exagère grandement cet aspect dérisoire et dégueulasse, un peu trop en tout cas pour me convaincre du peu de sérieux d’une telle démarche. J’aime beaucoup le raw quelque chose, particulièrement le raw black metal, mais ici, c’est clairement trop. Pour Saint Barthelemy’s Temple en revanche, la production est beaucoup plus nette, et cela tranche comme une lame de rasoir avec le reste! Une production typiquement black metal avec la lenteur en plus, des guitares extrêmement aiguës et stridentes, une batterie qui marque une rythmique simple mais martelante, et un chant beaucoup plus mis en avant en ayant une place correcte sur l’ensemble instrumental. Très sincèrement, le clivage sonore est tellement fort entre les deux que j’en viens à largement préférer le son de nos grenoblois par rapport aux britanniques et ce n’est en rien du chauvinisme mal placé! Il vous suffira d’écouter le split ou les liens YouTube potentiels pour comprendre où je veux en venir. Piss Witch, mauvais ; Saint Barthelemy’s Temple, très bon!
En soi, même si j’ai beaucoup à redire sur la partie Piss Witch, je pense qu’il y a malgré tout un vrai potentiel créatif et composal qui ne laisse pas indifférent. J’ai beaucoup apprécié les riffs proposés par Piss Witch, je note en tout cas de réelles objectifs musicaux dans une sphère mélodico-macabre qui auraient été largement sublimés si l’on avait stoppé net le délire sonore dégueulasse dans lequel ils se sont embarqués. Mais bon. Pour les autres écoutes, il m’a été plus facile, l’appréhension passée, de pénétrer pleinement dans cet univers teinté de noirceur et de maléficience. Je trouve en tout état de cause que les musiques se jouent sur des états d’esprit et dans les deux cas, l’évidence est de rigueur, ce qui me pousse à affirmer que ce split vaut la peine de s’y pencher. Le black doom metal des deux acolytes est plein de talent et de promesses, je suis bien en déception de voir que les deux formations, que ce soit Piss Witch ou Saint Barthelemy’s Temple, n’aient pas plus envie que cela de se mettre en lumière. Très bon split dans son ensemble!
Ce qui m’amène naturellement à penser que les musiciens des deux formations sont pétris de talent. La maitrise instrumentale est bien entendable d’autant que rythmiquement parlant, tenir du doom metal avec des tempos aussi lents relève d’un gros travail d’approfondissement des instruments, en particulier batterie. Les deux parties chant sont en tout cas vraiment intéressantes, avec une touche de souffrance qui fait presque sludge metal dans la technicité. Avec de fait une grande profondeur gutturale, des râles très orgasmiques pour mes oreilles et bien entendu, quelques high scream d’une belle maitrise avec toutefois une plus grande authenticité chez Piss Witch, du fait de la production raw. Les retouches studio de Saint Barthelemy’s Temple ne sont pas incongrues ni dénaturantes mais je trouve pour le coup le chant bien plus classique que les camarades du Royaume-Uni. Le Brexit n’est pas imposable ici et fort heureusement!
En résumé, ce split qui sort des tréfonds les plus enfouis de l’underground valait largement la peine d’être mis un peu en lumière. J’ai pu découvrir deux groupes qui cultivent une belle part de mystère, qui frôlent presque l’anonymat et le manque de production pour nous proposer un split partagé avec égalité, que ce soit dans les morceaux que dans le talent. Piss Witch se dote d’un son bien moins entendable, et plus que passable, que Saint Barthelemy’s Temple, et j’ai été bien en peine d’y trouver un quelconque intérêt, ce qui n’est pas dans mes habitudes concernant le raw. Mais en tout cas, que ce soit les britanniques de Piss Witch ou les grenoblois de Saint Barthelemy’s Temple, les compositions sont plus que prenantes, le black doom metal fonctionne globalement très bien. Comme je disais, je suis bien en peine que les deux groupes ne veuillent pas spécialement être plus mis que cela en avant parce que ce split montre à quel point ce serait mérité. Mais le mystère amène la lumière et la surprise n’en fut que plaisante. Très bon split!
Tracklist :
1. Pisswitch – Totally Unbaptised 04:49
2. Pisswitch – Black That Now Shrouds 10:50
3. Pisswitch – Night Soil 07:40
4. St Barthelemy’s Temple – De Potentia Saturni 06:46
5. St Barthelemy’s Temple – To The Baneful Oblivion 06:16
Liens Piss Witch :
Inconnus
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