Line-up sur cet Album
Alexandre Gros : basse Nicola Voydeville : batterie Leny Garcia : guitare Benjamin Lamy : guitare Cyril Weinbrenner : chant
Style:
Thrash / Death Metal / DeathcoreDate de sortie:
17 avril 2020Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Quand le compositeur entend le chant du cygne, il crée son requiem. » Gaëtan Faucet
J’ai l’impression d’ouvrir un deuxième chapitre nostalgique. Décidément, chaque fois que je vais chroniquer un CD de Prismeria, je vais avoir une montée de déprime qui n’est en rien liée au groupe en plus, puisque ce sont des connaissances, voire même des amis de ma Drôme chérie pour le coup ! Non, simplement, vous avez parfois une attache affective avec un groupe, sans réellement comprendre pourquoi, alors même que le style abordé n’est pas votre tasse de thé habituelle. Encore que, dans le cas de Prismeria, il m’avait semblé comprendre d’où venait cette montée de nostalgie à chaque morceau : outre le fait, comme je viens de le citer, que certains musiciens sont des camarades de collèges ou de lycées, il y a surtout une espèce d’enviosité je pense. Eh oui ! Ce n’est pas parce qu’on suit un groupe qu’on n’est pas envieux de leur succès ! Dans mon cas, c’est un mélange sincère de fierté et d’enviosité qui émane de mes pores quand j’écoute, ou quand je vois Prismeria sur une affiche ! Et dans leur cas, la sortie de ce premier album dont ils m’ont fait le grand honneur de devoir le chroniquer, marque un nouveau chapitre, et donc une progression que j’ai hâte de voir se concrétiser sur des affiches plus prestigieuses !
Petit rappel, et comme je la trouve classieuse, je reprends la présentation de la première chronique : Prismeria est né dans la capitale des Gones il y a peu, la même année que la naissance de ma fille (d’où la crise de la trentaine qui va pas tarder à m’assaillir) soit 2017. Toute jeune formation composée de musiciens aux influences différentes selon leurs termes, elle écume les quatre coins de la région et quelques recoins bien isolés de l’Hexagone depuis. Pas étonnant que l’on entende parler rapidement de leur première arme de démarchage d’associations, qui porte haut le nom de « Lost individual Thoughts« , EP ou mini album de six titres donc, qui ne demande qu’à être découvert. Alors, mesdames et messieurs amateur(e)s de Metal, veuillez je vous prie déposer vos éternels groupes de festivals et allez voir un groupe qui perce un peu, ça vous donnera du sang neuf dans vos veines !
En tout cas, dans ce premier album intitulé « Requiem« , il y a au moins une constante avec l’EP : la présence d’une iconographie féminine pour définir leur univers. On tape un peu plus dans le macabre avec ce visage de femme entouré de noirceur qui parfois la couvre un peu ou se contente de l’entourer selon les parties du visage. Ce dernier est d’ailleurs peu enclin à la fête avec un regard très appuyé, noir, et des sourcils recourbés dans une grimace de colère froide. Petit détail qui a son importance : le visage se transforme soudainement en un cri strident dans l’intérieur de la jaquette, comme si la colère froidement enfouie ressortait d’un coup dans un raptus de rage incontrôlable. Je sais que l’univers de Prismeria, en contraste avec son nom assez « beau », est imprégné de violence. D’ailleurs, l’autre particularité du groupe est de proposer des morceaux assez différents, qui ne s’inscrivent pas réellement dans un concept précis. Au moins, en centralisant via l’artwork qui évoque la violence des morceaux, on a un album très diversifié mais qui reste sur cette même logique d’agressivité que l’on retrouve aussi en concert.
Alors, ma seule interrogation reste le lien entre un requiem qui est titré et cet univers-là ? Le requiem étant la prière avant un enterrement ou des cérémonies du souvenir, quel est le lien ? Une violence qui conduit vers la mort, ou le souvenir ? Suspense.
En tout cas, je peux vous garantir que si les requiem avaient cette musique-ci, il y a bien longtemps que les défunts se réveilleraient pour faire un moshpit de fous furieux ! Parce que Prismeria, comme dans le premier EP, c’est un véritable raz-de-marée, c’est le souffle de l’explosion de Tchernobyl à chaque note. La définition de leur musique porte le nom un peu alambiqué de « thrashcore« , je pense qu’effectivement il y a de ça, un mélange de thrash metal et plus précisément de deathcore. Alternant les riffs à la fois core et à la fois bien lourd à la manière d’un groupe de death et/ou de thrash, une chose est certaine : il y a peu de places aux pauses. Prismeria, c’est du non-stop dans la brutalité et dans la violence. A la différence cependant d’un groupe comme Benighted qui fait dans l’ultra bourrin sans fioriture, les compositions de nos copains lyonnais sont très changeantes, avec une recherche de parties mélodiques, de soli, et de passages moins violents pour laisser place à quelques instants techniques et mélodiques fort appréciables qui étaient moins présents dans le premier CD. Et qui, je m’en rends compte maintenant, faisaient cruellement défaut pour savoir apprécier comme il se doit la musique de Prismeria. Donc je peux bien attester qu’il y a eu un vrai progrès de fait dans les compositions, et ce malgré l’accueil plus qu’unanime du premier EP ! Une preuve d’intelligence et de maturité que je salue bien bas, mais en même temps je n’étais pas inquiet là-dessus, du tout !
Le son ne m’apparaît pas comme ayant drastiquement changé, ou alors je ne distingue pas la nuance, c’est possible. Mais j’ai envie de dire, tant mieux ! Parce que je retrouve ce qui faisait le charme incontestable du groupe sur le premier EP, à savoir un son plus core calqué sur des riffs thrashy, voir heavy sur certains passages. Le pari était risqué, mais ils l’avaient rempli haut la main. Il ne me semble donc pas que ce son si particulier soit épuisant, bien au contraire ! Cela pourrait être la marque de fabrique du groupe d’ailleurs. Étonnant, par moment je retrouve quelques riffs qui me font penser à 1349, notamment sur l’album « Hellfire » qui n’a pourtant strictement rien à voir en termes de styles avec Prismeria, mais je retrouve quelques similitudes étonnantes. La particularité de ce son est d’avoir réussi à bien positionner chaque instrument à sa place, sans déborder ni abuser, et le résultat est impeccable. On entend tout et c’est bien là l’essentiel.
Inutile de revenir sur la maîtrise des instruments que chacun aura sur cet album tant cela transparaît d’évidence depuis le début, j’ai pour souvenir cette fosse déchaînée qui avait totalement accroché aux compositions et au jeu de scène des musiciens, ce qui laisse bien évidemment entendre que nos Lyonnais sont dans une maîtrise totale. De là, je n’ai rien à rajouter non plus.
En revanche, et croyez bien que j’en suis désolé, mais je fais exactement le même constat que sur ma précédente chronique car il n’a pas changé : je n’aime pas du tout la variation du chant. En fait, je vais reprendre exactement ce que j’avais dit : « Si Cyril a des qualités évidentes de chanteur, cette volonté d’offrir une large palette de chants différents est en fait le point faible du CD : c’est déjà difficile d’assurer un type de chant pour un enregistrement, alors d’en varier plusieurs fois la tessiture relève du génie absolu si ça fonctionne. Or, je pense que tous ces changements devraient certes être appliqués en concert, mais pas en studio. A méditer… » Malheureusement, je pense que rien n’a changé et que la variation des chants en studio n’est pas la meilleure solution. On identifie clairement les points à améliorer, notamment la technique du « scream » qui est trop gutturale et je pense, trop dangereuse pour la gorge, alors que le grunt medium est plus maîtrisé et donne un bien meilleur rendu. Pourquoi varier comme cela ? Vous ne garderiez que le grunt bien thrash metal, ce dernier se démarquant impeccablement en plus du son bien core de l’album, et vous auriez tout gagné ! En plus, un scream enlève souvent tout le côté violent que vous essayez d’insuffler, alors je trouve que cela gâche un peu tout… Dommage, vraiment !
Les textes, enfin ! Je disais pour l’EP que ces derniers me semblaient un peu trop « simples » et que cela était à mettre sur le compte de mon côté littéraire. Quelle joie de voir que ceux de l’album sont bien mieux travaillés ! Déjà, la grande variabilité des thématiques comme « Irkalla » qui est l’un des noms de l’Enfer chez les Mésopotamiens, la folie abordée dans « Deep into Dementia » ou ce qui ressemble à une cérémonie macabre dans le morceau « The Ceremony », cela fait du bien de voir que le groupe a fortement diversifié son champ littéraire et ainsi propose une bien meilleure parole pour parler de cette bestialité qui coule dans leurs veines. Il y a énormément de métaphores, de mots recherchés et franchement, sortant des carcans qui enferment les groupes dans une recherche de gore et de choquant, là, le pari d’associer des textes plus travaillés sur une musique plus violente est amplement réussi. Loin de dénaturer la musique, elle la sublime énormément. Grosse satisfaction pour moi donc !
C’est le moment de se quitter, comme les bonnes choses ont une fin, c’est donc avec un sentiment de satiété que je conclue cette chronique. J’espérais tout en jalousant Prismeria que ce dernier atteindrait des sommets le temps d’une vie d’artiste, le chemin est encore long mais avec ce premier album, mes amis ont déjà amorcé un beau tremplin pour sauter quelques étapes et ainsi côtoyer plus rapidement les cieux du metal. Il va falloir être bien attentif à l’avenir car si les prochaines sorties sont cet acabit-ci, cela ne m’étonnerait pas que l’on retrouve nos Lyonnais déjà au sommet de leur scène locale, puis régionale (quoique déjà amorcé depuis un moment), puis nationale (avec là encore un début d’épanchement) etc. En tout cas, je valide haut la main ce premier album et longue vie à eux !
Tracklist :
1. North 04:58
2. Native Spirit 03:19
3. The Ceremony 03:13
4. Irkalla 03:09
5. Life 04:46
6. Passenger 04:38
7. Deep into Dementia 03:32
8. Low Hopes of Men 04:16
9. The Groovy Snake 04:12
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