Line-up sur cet Album
Esophis – Guitares, Basse, Percussions / Meleager – Chants / Nodens – Batterie / Qsnc – synthés Guests : Acherontas V.P. Sorcerer – Chants et paroles additionnels sur “Vessel of Empiricism” / Arpocratis – Lyre grecque ancienne sur “Epiclesis” / Hypnos – Aulos grec ancien sur “Mnemosyne”
Style:
Black MetalDate de sortie:
15 Juillet 2022Label:
I, Voidhanger RecordsNote de la SoilChroniqueuse (Migou) : 9/10
Mémé a ceint son front d’un foulard blanc. Elle a le regard plongé dans le vide et son esprit y prend toute la place. Elle scrute l’avenir, son avenir. Elle est sa propre Pythie, enfermée dans le sanctuaire de son corps, véritable ville de Delphes faite de chair et de sang, le nombril de son monde. Sa prophétie s’écrira en coups de couteau sur fond de toile vierge, les différentes teintes de peinture à l’huile étalées sur la palette de son introspection. (Ouais ouais, je me “Quantumise” !)
Une couche de jaune…
Portée par une lyre et sa litanie proche d’une prière, Mémé place la première touche au tableau. L’intérieur d’une flamme, comme une fumée qui se dégage d’un trou béant, celui du royaume de la Mort. De Hadès, elle attend le « pneuma enthousiastikon ».
La prière qu’elle entend ici n’est pas une épiclèse liturgique, une prière… On est dans l’épiclèse mythologique, ce petit mot qui vient donner des informations sur la divinité dont il sera question. Pour Mémé, ce sera Hadès Eubouleus, soit Hadès le bon conseiller.
“Epiclesis”, titre introductif du troisième opus de Prometheus, groupe de black metal grec teinté de death. Et quel choix judicieux ! Bien entendu, on est loin du black ou du death metal sur ce premier morceau entièrement instrumental. La mélodie est pentatonique. Si on n’y prend garde, on pourrait s’évader jusqu’en Asie, avant de revenir par le titre suivant vers les pyramides égyptiennes. Mais à y regarder de plus près, le pentagramme n’est pas très loin. La mort règne sur le concept de l’album “Aornos”. Car il s’agit bel et bien d’une traversée dans les rives de la mythologie grecque que nous proposent les membres de Prometheus, les rives de ces fleuves dont les noms résonnent comme des glas, les rives d’un monde souterrain qui nous est inconnu et ouvre le sac à fantasmes comme on ouvre la boîte de Pandore. La douceur d’une élégie, comme un appel à la transe avant de tomber à pic dans ce monde englouti, celui de la mort. Et la mort, elle se décline dans toutes les langues, toutes les civilisations. La mort est universelle.
Avez-vous votre pièce d’or à offrir à Charon ? Tiens… de l’Or… encore du jaune…
Mémé pioche dans la palette du rouge…
Le soufre monte du gouffre du deuxième titre, “The Devouring Chasm”. Le ton se fait bouillonnant. On est attiré par des riffs répétitifs, des blasts beats qui n’en finissent pas, des chants à la fois criés qui laissent la place à des growls et des gammes descendantes qui nous attirent encore un peu plus vers l’Enfer. Et de manière très régulière, au sein même du morceau, les ambiances vont se succéder. A 3 minutes, tout s’apaise. Des samples font l’effet d’un chœur sur un chant presque parlé, quelques paroles magiques. A 4’30, la batterie et les riffs reprennent, un cri monte en puissance, on sent que ça va repartir. Notre tension grimpe en écho.
Noir métallisé.
Après un passage sur la surface lisse du Léthé avec “Slithering Tongue of Lethe”, qui nous rappellera la lourdeur et les harmonies d’un Nile, agrémentées de riffs à la Morbid Angel, Mémé piochera dans le noir métallisé pour accompagner l’Aulos, cet instrument à anche, souvent à double tuyau, utilisé lors des cérémonies pour isoler les temples. Un effet étonnant, une bulle pour nous permettre de partir à la rencontre de « Mnémosyne », cette Titanide qui a offert au monde le nom des choses, la parole, les mots. Le calme avant la tempête, car le tempo s’accélère, comme s’accélère une discussion qui se fait de plus en plus vive.
Une touche de bleu…
“Vessel of Empiricism” vient nous narguer par sa fluidité. On flotte sur un tempo plus apaisé, des nappes de synthé viennent apporter une touche de grandiloquence symphonique, les autres instruments se font plus légers. La guitare y va même de son petit solo , tandis que le chant se fait chuchoté, parlé, en langue grecque.
Mais la chute est abrupte et nous voilà propulsés dans les deux derniers morceaux qui nous parlent de l’Alpha et de l’Omega. Du début et de la Fin. Et je vous pose la question, après cet opus, la mort est-elle le début de la vie purgée de ses scories ? Chacun y trouvera sa propre réponse. Mémé aura la sienne, en forme d’Artwork qui trônera sur sa cheminée.
“Aornos”, est un album de sept titres. Mais sept titres assez longs pour placer des ambiances de folie. Car ce qui interpelle le plus, à l’écoute de cet opus de Prometheus, c’est la qualité et l’ampleur de la composition. On écoute une première fois distraitement. Quelques instruments traditionnels viennent titiller le black metal dont ils nous gratifient. Mais plus on écoute et plus on s’enfonce dans l’histoire que le groupe nous propose. On est littéralement aspiré. C’est varié, le son est bon, même si on peut émettre un petit bémol sur la basse un tantinet en retrait au mix.
Prometheus nous lègue, avec “Aornos”, un concept album qui claque. Les nappes de synthé amènent une touche de metal symphonique comme sait le proposer la scène grecque de black metal. Prometheus n’a rien à envier à ses comparses de Septicflesh ou Rotting Christ.
“Aornos”, un album épique pour un black death metal qui l’est tout autant !
Tracklist :
1. Epiclesis (2:16)
2. The Devouring Chasm (7:54)
3. Slithering Tongue of Lethe (8:21)
4. Mnemosyne (9:27)
5. Vessel of Empiricism (5:50)
6. The Alpha and The Omega Revealed Pt.1 (8:43)
7. The Alpha And The Omega Revealed Pt.2 (14:28)
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