Line-up sur cet Album
- Robin Claude - Guitars
- Josh Smith - Vocals
- Jon Erviti - Drums
- Romain Larregain - Guitars
- Thibault Claude - Bass
Style:
Death MetalDate de sortie:
28 Septembre 2018Label:
KlonosphèreNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Le purgatoire surpasse en poésie le ciel et l’enfer, en ce qu’il présente un avenir qui manque aux deux premiers.” Châteaubriand
C’est amusant comme le hasard vous guide vers des cieux différents au jour le jour… J’étais en train de lire une de mes dernières chroniques, sur le groupe Black Vatican et, question blasphème (spirituel mais aussi, et surtout musical !), j’étais servi jusqu’à satiété pour un moment. Fini les groupes qui se veulent intransigeant avec la religion ! Fini les apostasies imprimées sur CD ! J’avais même relégué des groupes comme Behemoth ou Dark Funeral, que j’adore, au fond de mes placards pour un moment. De nouvelles résolutions s’offraient à moi et ainsi, dans ma commande mensuelle de groupes à chroniquer, le hasard, ce si beau concept que j’achevais de contester au détriment de la loi de l’univers, m’a pourtant rappelé à ses bons souvenirs ! Un peu comme une grosse claque dans la nuque, en mode « bien fait pour ta trogne ». Et c’est sur cette assommante révélation que notre nouvelle histoire commence, les amis…
Prophetic Scourge se présenta à moi, tout beau tout chaud et plein de promesses ! Je découvris à ce moment-là que le groupe de Death Metal existe depuis 2013 et nous vient de France. Difficile pour moi de préciser davantage le lieu d’origine tant le groupe parait avoir navigué. On retiendra que la dernière localisation du groupe est le Sud-ouest. Toutefois, il nous est facile de savoir qu’il a à son actif peu de matière musicale à proposer : une démo sortie en 2015, un single annonciateur de l’album dûment chroniqué et appelé Calvary. Pas évident d’avoir du recul sur leur évolution et donc sur le point de départ de la composition du quintet. En tout cas, j’ai bien apprécié le pressbook, donc je pars sur de bonnes bases afin de décortiquer ce premier album. C’est parti !
En contemplant pour la première fois la pochette, ma première impression est très positive. J’aime bien ce contraste entre le haut de l’artwork qui fait penser à un ciel enflammé et le bas plus sombre, avec des motifs qui font penser à un purgatoire. Un peu comme une représentation de l’Enfer. Mais ce que j’aime dans cette image c’est le côté subjectif de la démarche : on n’a pas de référence directe à une religion ou une croyance. Là, même si le motif rappelle un peu le monde des Enfers dans la mythologie grecque avec le Styx en bas par exemple, il n’y a pas d’allusion particulière. Déjà, cette envie de se démarquer me plait beaucoup, d’autant plus qu’il n’est pas chose simple de « donner vie » si je puis dire à ce genre de symboles sans tomber dans la propagande anticléricale. Moi qui, justement, sortais de pas mal de représentations anti-chrétiennes, je suis… soulagé. Oui c’est le mot ! Il y a donc bien des groupes qui osent parler de spiritualité sans s’enticher pour notre ami Jésus de Nazareth… Ouf !
D’ailleurs, pas forcément de cause à effet alambiqué derrière cela, mais le logo du groupe est tout sauf… comment écrire… « Déjà vu » ? Oui c’est sûrement ça ! Pour un groupe qui se veut porteur d’un message spirituel, le logo fait très Metal indus ! Pour le coup, mon éternel sens de la logique voudrait que je m’offusque. Mais pour cette fois-là, mon besoin d’extravagance est tel que je suis, au contraire, de plus en plus conquis ! Toute cette découverte s’annonce prometteuse, ma foi. Sans compter que le nom de l’album, Calvary, sonne particulièrement bien avec la pochette et vous avez une grande réussite artistique !
Je disais un peu plus haut que Prophetic Scourge proposait du Death Metal. Bon, en soi on peut s’attendre à du Death assez old school, décrit comme cela. Mais il n’en fut rien ! J’ai été étonné de voir que les variations étaient nombreuses et que la palette musicale ne se limitait pas uniquement au Death pur. J’en veux pour témoin le premier morceau, « The Penitent », qui démarre sur des sonorités Doom extrêmement lourdes et lancinantes. Puis les choses sérieuses commencent et toute la violence se déchaîne. La question qui me vient assez rapidement après l’écoute de ce morceau, c’est « quelle est l’utilité d’un morceau aussi long ? » Il dure la bagatelle de neuf minutes. C’est trop, clairement ! Après, on pourrait y voir une volonté d’accentuer la pénitence par un vrai chemin indéfiniment long et pénible, pourquoi pas… Mais sur le principe, démarrer un album par un morceau si long quand on sait que la suite le sera moins (c’est le plus long de tous !), il y a de quoi s’interroger. En revanche – et cela s’avèrera être une constante tout au long de l’album – le solo est très bon.
Le format proposé par le deuxième, « The Witchfinder », sera celui que je préfère en termes de densité et de durée. Environ cinq minutes, c’est top pour la musique proposée. Ce morceau m’a permis de découvrir que le chanteur a une étendue vocale large. Ou… Du moins essaye. Triste constat mais le scream n’est vraiment pas terrible… Trop nasillard, trop bâclé. Et pour dire la vérité, je ne vois pas du tout l’intérêt de varier le chant dans cet album. Autant le growl est excellent, maitrisé sans faux col, autant le scream est l’extrême inverse. Mauvais choix de composition selon moi. Par contre, le pont avec solo est juste un petit bijou !
Le troisième sera un peu trop copié-collé Benighted à mon sens, ce qui d’un côté lui fait honneur mais de l’autre transpire un peu le manque d’inspiration. Heureusement (non, je ne pourrais pas détailler tous les morceaux), les autres lui redoreront complètement le blason avec une mention spéciale au cinquième et septième, intitulés « The Hierophant » et « The Apostate », qui sont les meilleurs morceaux de l’album par leur intelligence de composition et l’atmosphère malsaine qui s’en dégage.
En fin de compte, je pense que cet album est un peu le reflet d’un tâtonnement qui conduit vers une base plus solide autour du cinquième et du septième morceau. Mais cela fait conclusion avant l’heure donc on continue encore.
Pour ce qui est du mastering, je peux dire que le son des guitares n’est pas mon préféré : trop haché pour le genre, pas assez « gras ». En lui-même, il n’est pas mauvais du tout mais il mériterait un peu plus d’épaisseur. On entend bien le son des guitares, surtout ce côté un peu précis où on a l’impression de suivre le mouvement des cordes comme si on tendait l’oreille dessus. C’est un genre de son que l’on retrouve plus sur du -core par exemple, mais pas sur du Death Metal. En revanche, pour ce qui est de la base rythmique batterie/basse, c’est de bonne fabrication. Il y a une bonne base selon moi.
J’ai parcouru les textes et, contre toute attente, surtout quand on sait qu’il est difficile d’articuler sur du growl et qu’il serait tentant de ne pas accorder de réelle importance aux textes, ils sont d’un soin rarissime. Je suis bluffé par la qualité d’écriture de ces derniers qui me font penser à de la prose avec de longues phrases très métaphoriques, avec cependant des références claires autour de la foi, de la religion et de la spiritualité. J’ai été vraiment scotché par la culture qui se dégage des textes : j’ai découvert ce qu’était un hiérophante, et j’ai aimé la référence à Lovecraft avec le dernier morceau qui évoque Cthulhu. En fait, certains le verront comme un détail sans importance mais ce mélange de plusieurs croyances, littéraires comme mythologiques ou religieuses, rend hommage aux Enfers dans plusieurs cultures : les Mystères d’Eleusis qui parlent de Perséphone (femme d’Hadès) et Déméter, Cthulhu et sa métaphore des Enfers par Lovecraft, le flagellant et le pénitent chez les chrétiens, etc.
J’aime surtout les textes au format sans refrain, donc qui suivent une logique prog, un peu déstructurée comme du dadaïsme. Très bonne qualité d’écriture pour du Death, c’est super ! La rythmique est parfois un peu chaotique mais c’est le risque de faire un phrasé prosaïque ; en faisant des strophes, la rythmique est plus facile à repérer pour le chanteur.
C’est avec un sentiment proche de la satiété que je mets un terme à mon laïus. Et si la note est extrêmement positive, mon ressenti général ne l’est pas moins tant cet album est intéressant. Cette espèce de manifeste, d’apologie du purgatoire et des Enfers me procurent un immense soulagement car le CD de Prophetic Scourge est une vraie bouffée d’air frais culturel véhiculé par un véritable ouragan de brutalité. Tout n’est pas parfait, bien entendu, et certains aspects pourraient être corrigés efficacement mais, pour un premier album, c’est vraiment du lourd ! Bravo les gars !
Tracklist :
1. The Penitent – Confrère de la miséricorde (09:09)
2. The Witchfinder: Until your Flesh departs (05:21)
3. The Flagellant – Whipping to Epiphany (04:24)
4. The Medium – a Spider Goddes is revealed (07:01)
5. The Hierophant – Bringing lost Sheep back to the Fold (08:29)
6. The Alchemist – Caging the Homunculi (In Water at Box) (05:33)
7. The Apostate: Enlightening inviting Denial (07:12)
8. The Cultist – the Rise of the Great Lord Cthulhu (07:34)
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