Pseudodoxia / The Sun and the Mirror – The Eerie and Radiant Doorless Rooms Of ...
Line-up sur cet Album
- Line up Pseudodoxia :
- Davide Destro : inconnu
- Void : inconnu
- Line up The Sun and the Mirror :
- Sarah Townley : violoncelle
- Reggie Townley : guitare, basse, batterie, chant, programmation
Style:
Drone Metal / Drone Ambient / Musique BruitisteDate de sortie:
03 décembre 2021Label:
Brucia RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7,5/10
“Rien ne vaut l’expérimentation quand on se met à douter du réel ce qui revient, assez paradoxalement, au même qu’à douter de la fiction.” Yolande Villemaire
Je vais probablement me répéter un peu mais j’aime la musique dans son côté expérimental. Tout le paradoxe intervient dans l’idée que j’aime aussi, à échelle égale, ce qui est carré et établi. J’ai par exemple beaucoup de difficultés avec les groupes qui nous balancent des noms de styles pompeux, genre « bal musette metal ». Mais! Par moment, il y a de vraies inspirations et des changements suffisamment notables pour que l’on accepte et apprécie les expérimentations idoines. C’est l’une des grandes richesses du genre ambient. Il y en a pour tous les gouts! Vous avez Lustmord et sa dark ambient très industrielle, Nagaarum et sa dark ambient très naturelle, récemment Haiku Funeral et son ambient très religieux, etc. Ce style est finalement un conglomérat de ramifications toutes aussi variées les unes que les autres, et parvenir à tout écouter relève très certainement de l’impossible tant les possibilités sont infinies. Moi-même je me suis risqué à faire un mélange musical de dark ambient et d’industriel, mais cela est resté dans mes archives informatiques. J’ai un profond attachement à ce style de musique, depuis toujours. Couplé parfois par l’aspect drone du genre, vous avez un cocktail qui ne peut que me ravir. Voilà pourquoi je m’évertue encore et toujours à vous proposer des chroniques dans ce style! Et j’espère continuer encore longtemps cette promotion méritée, et cette mise en lumière trop peu reconnue à sa juste valeur. C’est donc ce soir l’occasion pour moi de pallier à ce manquement inacceptable. D’autant que cette chronique ne concerne non pas un, mais deux groupes! Deux entités fortes qui se nomment Pseudodoxia et The Sun and the Mirror, rassemblant leurs savoirs autour d’une bannière commune nommée « The Eerie and Radiant Doorless Rooms Of Pain » (à vos souhaits!), j’en redemande!
Derrière ce nom à rallonge qui veut d’ailleurs dire « Les salles de douleur étranges et rayonnantes sans porte » (…), se cachent deux groupes qui commencent à faire parler. Attention, la présentation des projets risquent d’être pour une fois un paragraphe plus long que l’analyse musicale elle-même tellement le contexte est vaste. D’abord Pseudodoxia. Le groupe est composé de deux membres, Davide Destro qui est l’un des guitaristes du groupe italien LaColpa (officiant dans un registre doom noise) et Void de l’one man band de death metal / grindcore anglais Feed Them Death. Concernant l’existence de cette association, on n’a pas de date et on n’a surtout aucune précision concernant qui fait quoi dans la formation. Simplement les formules de politesse alambiquée qui consiste à glorifier le groupe comme, je cite, « Après avoir auto-publié l’EP « SOL : C l a u s u m » plus tôt dans l’été, le duo contribue au split « Teardrop » avec deux morceaux qui sont une synthèse parfaite pour leur fusion métaphysique multicouche et sombre de sons, y compris Dark Ambient, Drone, Blackened Doom et Noise. » Voilà en gros ce que l’on retiendra de Pseudodoxia, qui demeure donc avec une part de mystère non négligeable. Pour ce qui est de l’autre groupe nommé The Sun and the Mirror, le descriptif est un peu plus prolixe. On sait qu’il s’agit là encore d’un duo de musiciens, composé cette fois d’une violoncelliste nommée Sarah Townley et d’un multi-instrumentaliste s’appelant Reggie Townley et qui officie dans ce split à la guitare, basse, batterie, chant et musique électronique. Le duo, qui pourrait soit être fraternel soit marital, réside à Washington aux États-Unis, et a sorti un premier album qui d’après le label a été acclamé par la critique et qui se nomme « Dissolution to Salt and Bone« . Voilà donc de quelles entités bicéphales est composé ce split nommé donc « The Eerie and Radiant Doorless Rooms Of Pain« . Alors, après, j’ai passé volontairement sur le descriptif de chaque morceau, parce que l’intérêt n’est pas de découvrir trop à l’avance ce que chaque groupe a à vendre. On y va maintenant!
J’ai été d’entrée de jeu plutôt étonné de la pochette de ce split. C’est relativement peu monnaie courante d’avoir une pochette aussi peu raccord avec le style annoncé, mais en même temps je me suis rendu compte très vite que l’étiquetage ne permettait pas de donner un univers précis. Et en plus de cela, c’est un split donc en principe avec peu de raccordages entre les deux groupes. On a donc une figure féminine que je ne parviens pas à reconnaître du fait de mon état de fatigue, en noir et blanc en mode vintage pour le style photographique, avec des larmes orange qui coulent à flots, comme une cascade. Je pense que si j’étais parvenu à me souvenir de qui il s’agit sur l’artwork j’aurais pu comprendre le sens de cet artwork assez singulier, mais comme je n’ai pas réussi, je pense que le sens m’a totalement échappé. Stylistiquement parlant, je n’ai pas grand-chose à redire, le style est effectivement rare mais au moins il y a une recherche de style qui me plaît. Concernant la typographie, le nom des groupes en abrégé me questionne étant donné que ces derniers ne sont pas spécialement connus, comment leur donner la place qu’ils méritent? Mais en revanche, j’aime beaucoup le nom de l’album dans ce genre. Enfin voilà. La pochette est intéressante, je pense qu’il aurait fallu que l’on reconnaisse la figure féminine pour y voir la corrélation, mais je trouve cette dernière tout de même appréciable et fonctionnelle dirons-nous. Pseudodoxia et The Sun and the Mirror peuvent être contents.
Concernant la musique, on peut d’ores et déjà affirmer que ce qui rassemble les deux têtes pensantes du projet split « The Eerie and Radiant Doorless Rooms Of Pain » est le drone metal. Je raccourcis fortement les groupes parce que concrètement, ils ne partagent au final du « drone » que le nom puisque chaque identité est clairement identifiable. Pseudodoxia propose les deux premiers morceaux dans une veine très drone ambient avec des incorporations industrielles, dark ambient et surtout musique bruitiste. La musique de Pseudodoxia se concentre sur une sphère ambiante très prenante, mais qui se dote de nombreux atouts. Décrire la musique du duo européen est compliquée d’une part par la longueur de chaque piste qui amène ainsi des innovations et une richesse musicale énorme, et d’autre part parce que la musique est un hybride total. On pourrait sans peine d’imaginer des ambiances catastrophiques, apocalyptiques, sous une imagerie machinique et futuriste. J’ai beaucoup aimé surtout le deuxième morceau qui est très très bien composé, long et lancinant mais avec une dimension minimaliste très prenante où les riffs tournent en boucle dans une espèce de bouillie sonore. Voilà donc un groupe qui joue la carte de l’audace, au risque de passer pour inaudible. Retenez donc une musique qui mélange du bruitiste, de l’industriel, de la dark ambient, le tout sous l’égide principale du drone ambient. Une belle paire de manches! Pour The Sun and the Mirror, la musique est plus différente. Le drone metal porte bien son nom, puisque le duo américain utilise de vrais instruments metal avec ce fameux violoncelle tellement retouché qu’on ne le reconnaît même pas. Un morceau unique et donc par définition une mise en avant bien moins importante que le groupe précédent. Et curieusement, c’est le morceau que je préfère. D’abord par les instruments metal qui amènent ce côté drone metal que j’attendais beaucoup, et qui m’est plus familier, et surtout parce que la composition est typique du genre mais avec un aspect plus accessible, et donc plus audible que Pseudodoxia. L’aspect ambient prend toute son importance avec des instrumentations classiquement metal, ce qui est paradoxal. J’ai préféré! Voilà pour cette première écoute, il y en a eu d’autres mais sincèrement retranscrire la musique de « The Eerie and Radiant Doorless Rooms Of Pain » est un vrai sacerdoce avec des hauts et des bas, en gros.
Les productions sont peu différentes entre les deux groupes, avec un son particulièrement étrange. On se prend au jeu de l’hypnose grâce à un spectre sonore chaque fois très bien occupé, parfois légèrement trop mais c’est le jeu de faire une musique complexe. Je n’ai pas de préférence particulière dans les productions, je les trouve de fait assez similaire alors que les deux groupes ne fonctionnent pas de la même manière, c’est très curieux comme sensation. Autant Pseudodoxia fonctionne comme un groupe ambiant qui a pour but d’instaurer une forme de malaise sonore, c’est à dire tellement envahissant que l’on en devient mal dans notre psyché. Autant The Sun and the Mirror fonctionne plus comme un groupe de metal avec ces cordes balancées dans des accords lents, très lents, et au final un son plus fort et plus extrême. Logique! Mais au moins, ces deux entités sont parvenus à trouver leur point commun dans leurs productions, cela confère un sentiment d’unité fort agréable et rassurant quelque part. Bien joué!
Honnêtement, la musique est tellement difficile à assimiler que je n’ai pas eu la force nécessaire de pousser l’analyse plus loin. Je préfère terminer la chronique ici, épuisé par mes matinées de boulot. Mon cerveau n’a pas survécu au choc terrible. Aussi vais-je conclure ma chronique.
Pour terminer, ce split est un CD qui m’a procuré tout un tas de ressentis, mais qui permet au moins d’être une découverte à ne pas manquer. L’accessibilité n’est pas du tout le maître mot des deux groupes qui se sont rassemblés sous l’étendard de « The Eerie and Radiant Doorless Rooms Of Pain« . Autant Pseudodoxia met en exergue une musique au format extrêmement complexe, sorte de croisement bâtard et burlesque de différents genres solitaires comme le drone ambient, la musique industrielle et j’en passe, autant The Sun and the Mirror reste sur une dimension plus conventionnelle et audible avec un drone metal pour le moins compliqué. C’est un peu comme si l’on mélangeait du pain noir avec du pain rassis quoi. Il y a probablement de très grande qualité derrière ce split qui sort chez Brucia Records, mais la complexité est tellement folle que j’en viens à me demander s’il ne faudrait pas, quand-même, épurer un tout petit peu l’ensemble. Sous peine de décourager l’auditeur en quête de sensations nouvelles. Et pourtant j’adore tout ce qui est fou! En tout cas, ce split est tellement une bête de foire universelle qu’il vaut le détour, ne serait-ce que pour tomber dans les tréfonds de ce que l’esprit humain peut créer de plus infernal. Dans tous les sens du terme. Un split à la fois intéressant et agaçant donc, un peu humain sur les bords quoi.
Tracklist :
1. Pseudodoxia – EON : S o o t h : ECHOES 05:38
2. Pseudodoxia – H o l y : PIG : S o l a c e 13:15
3. The Sun and The Mirror – The Relinquishment of Hope 22:56
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