Line-up sur cet Album
- I.C. : basse, chant, programmation
- L.N. : guitare, programmation
Style:
Death Metal / Doom MetalDate de sortie:
06 décembre 2024Label:
Godz ov War ProductionsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10
“Le blasphème des grands esprits est plus agréable à Dieu que la prière intéressée de l’homme vulgaire.” Ernest Renan
Et question blasphème, on en voit des vertes et des pas mûres dans ce milieu ! Si je devais compter le nombre de fois où je suis tombé dans l’outrecuidance blasphématoire, je vous garantis que cela ferait longtemps que j’écumerais les pavés des Enfers sans y trouver de bonnes intentions. Non, pour être sérieux deux minutes, il y avait longtemps que je n’avais pas eu ce sempiternel débat – que l’on rencontre de plus en plus souvent malheureusement – sur les groupes de discussion Facebook. A savoir l’éternel conflit entre les amateurs de groupes mainstream et ceux qui font dans l’underground. Ce qui m’amène à me questionner depuis un moment sur l’intérêt que l’on a maladivement en France, de vouloir fédérer tout le monde. Il y a en effet cette manie terrible et que je ne connais qu’en France, qui consiste à vouloir rassembler les metalleux entre eux. Or, cela a été prouvé maintes fois dans le passé, c’est tout simplement impossible, et pour une raison très simple : les metalleux sont tous aussi différents qu’il y a de ramifications dans la musique metal. Ce serait un peu, pour reprendre une citation d’un mec sur Facebook, comme rentrer un éléphant dans une Fiat 500 en gros. Alors, clairement, le débat a été relancé par l’abondance de publications aussi inutiles que pompeuses de groupes mainstream comme Metallica ou Megadeth. Autant dissiper les malentendus tout de suite, je n’ai aucune animosité envers les gros groupes ni leurs auditeurs, mais il faut comprendre qu’en publiant ces gros groupes, vous tombez dans une forme de promotion. Or, est-ce que ces groupes ont besoin qu’on en fasse ENCORE une énième promotion, surtout sur des sites de discussion dédiés au départ à l’underground ?… La réponse est définitivement et catégoriquement non. Cela relève à noyer les groupes plus discrets dans un conglomérat insipide de publications qui ressassent sans arrêt les mêmes élucubrations. Alors, autant faire fi des gros groupes qu’encore une fois, je le redis, je respecte. Voilà pourquoi à titre personnel, je me suis engagé dans l’exercice périlleux de la chronique. Je pense qu’il faut donner une vitrine aux formations discrètes, elles qui ne demandent qu’un tout petit peu de soleil à travers les ombrages dans lesquels ils sont enfermés par le manque d’ouverture d’esprit du public metal. Je voulais pousser ce coup de gueule parce que, typiquement, l’expérience qu’il m’a été donnée de vivre ce jour, alors que j’étais en vacances chez mes parents, n’aurait pas été possible si je m’étais cantonné de manière têtue à ce manque d’ouverture cruel. Je tenais donc à vous présenter un groupe sorti de nulle part, totalement improbable pour plusieurs raisons, mais qui s’est révélé une véritable bombe ! Il s’agit de Putrid Vomit Christ et sa démo (rare que je chronique des démos) nommée « Perpetual Intercourse« .
Généralement, quand on est amené à chroniquer une démo, c’est que l’on se retrouve avec un groupe qui débute ou qui est resté tellement discret qu’il n’a rien sorti d’autre. Nous sommes ce jour sur le premier cas de figure, Putrid Vomit Christ ayant été fondé cette année-même. Le plus étonnant pour moi réside dans deux points fondamentaux : premièrement, le duo qui compose cette formation nous vient tout droit du Vietnam, ce qui constitue en soi un truc totalement dingue pour moi et, deuxièmement, cette démo est sortie sur un label qui est loin d’être un petit joueur dans le milieu underground, puisqu’il s’agit de Godz ov War Productions. Il conviendra de préciser, en substance, que cette démo est la seconde dans la discographie de nos amis de Hanoï, la première étant nommée « Live Demo #1 – Hai Phong, 21.07.24 » et, comme son nom l’indique, est un enregistrement live qui date de juillet. Je me suis aperçu que j’avais déjà écouté cette première démo sur YouTube mais impossible de me rappeler quand ! En résumé, on a un groupe tout neuf, sorti d’un pays exotique qui a rarement produit des groupes importants de la scène underground, et qui s’offre les services d’un gros label pour cette deuxième démo. Autant vous dire que tout cela ne pourrait que vous donner l’eau à la bouche pour foncer découvrir cette pépite ! On y va !
Autant vous le dire tout de go, je n’ai pas été très emballé par la pochette. Je dois traverser une période un peu turbulente parce qu’en trois chroniques, les artworks ne m’ont pas du tout plu. Mais je dois quand-même nuancer mon propos en disant que celui qui illustre « Perpetual Intercourse » pourrait être le moins mauvais des trois. Pour comprendre son graphisme, il faut traduire le titre de la démo qui signifie « rapports sexuels perpétuels ». Dit comme cela, il n’y a pas vraiment de sens ni d’explication rationnelle qui saute aux yeux pour comprendre le délire de Putrid Vomit Christ. Franchement, l’idée d’en faire un nom de démo n’a, pour moi, de valeur que dans le sens de la provocation que l’on retrouve chez une grande majorité de groupes qui officient dans ce style. Mais au moins, le groupe a proposé de visualiser cela de manière très claire, sans tourner autour du pot avec cet artwork qui représente donc, et cela saute littéralement aux yeux, un ovule assiégé par une armée de spermatozoïdes. Le tout est bien évidemment tourné sur un côté horreur ou macabre qui ne laisse pas indifférent avec la présence de ces deux mains longilignes et griffues dans l’ovule, et de ce qui ressemble un peu (mais c’est ma propre interprétation) à des mini-dragons en guise de spermatozoïdes. On dirait d’ailleurs une affiche de film d’horreur ou gore avec cette couleur rouge et ce fond en nuance de noir ! Visuellement, même si je ne trouve pas l’artwork digne de sauter au plafond, je lui reconnais sans peine une cohérence avec le nom de la démo, et surtout il est raccord avec l’univers généraliste qui prédomine le style de metal présenté ci-joint. Finalement, ma déception, si légère soit-elle, réside dans deux points principaux. Le premier est l’absence du nom du groupe et de la démo sur l’artwork, ce qui rend impossible l’identification du projet quand on ne connait pas, ce qui est dommageable quand on est chez un disquaire. Le second point se trouve dans le fait que ce graphisme n’inscrit pas « Perpetual Intercourse » dans quelque chose de conceptuel, alors que franchement, il y aurait eu moyen de le faire avec brio. Mais bon, n’oublions pas qu’il s’agit d’une démo, avec son lot de maladresses.
Lot de maladresses mais aussi et surtout, son lot de bonnes surprises. Et honnêtement, « Perpetual Intercourse » m’a balancé une claque à laquelle je ne m’attendais mais alors pas du tout ! Dès la première écoute, je suis complètement entré en transe sur les riffs death doom metal qui transpirent le gras et le dégueulis moisi. Autant vous le dire tout de suite, si vous recherchez la vitesse et la précipitation, vous en aurez pour votre argent. Putrid Vomit Christ, qui porte un nom typique de ce genre de formation, officie dans un metal d’une lourdeur et d’une oppression ahurissantes caractéristiques du genre death metal dans sa sphère old school. Cette lenteur est parfois à peine ponctuée de quelques accélérations bien senties mais en mid tempo net et sans bavure. En fait, ce groupe pue littéralement le vieux death metal post-années 90. Hallucinant quand on connait la jeunesse des deux musiciens ! Mais ce qui m’a frappé tout de suite lors de cette première écoute, c’est vraiment l’absence totale de fioritures. Vous avez des groupes qui ponctuent un peu leurs riffs minimalistes et d’une épaisseur extrême de soli ou de passages plus mélodiques, voire de samples, par exemple. Ici, dans le cas de « Perpetual Intercourse« , rien, nada ! Les ingrédients sont d’une simplicité et d’une efficacité désobligeantes. La longueur des pistes, qui tombent quelquefois dans l’exagération quand on cause doom metal, reste raisonnable et rajoute une sorte d’harmonie à l’ensemble, ce qui permet une écoute fluide et surtout, transcendante. En référence pour décrire à la fois cette première approche et mon ressenti global, je dirais que Putrid Vomit Christ m’a fait penser à Knowledge Through Suffering et son seul album. Exactement pareil ! Une musique brute de pomme, sans aucune sophistication. Bref ! Tout cela pour dire qu’en première écoute, mon impression est plus que satisfaisante. Je suis totalement conquis et je me suis pris au jeu de cette démo qui, je le répète, sort totalement de nulle part. Énorme surprise !
Ce qui m’a époustouflé dans le contexte d’une sortie de démo comme « Perpetual Intercourse » est la production. C’est loin, très loin d’être à en rougir surtout quand on compare avec certaines sorties beaucoup plus attendues. J’ai trouvé le son extrêmement raccord avec le style, soit un son qui fait la part belle à l’extrême lourdeur que vaut le mélange du death metal et du doom metal. La particularité – dans le cas des productions un peu « maison » si j’ose dire – est qu’il y a deux poids deux mesures. Soit le son est sale au possible et ne vous plaît pas ; soit le son est sale au possible et vous adorez parce que vous tombez sur le petit truc en plus (dédicace à ce super film !) qui vous surprend. Putrid Vomit Christ propose un curieux son qui vrille parfois vers le sludge metal, avec ce côté boueux et rebondi qui est caractéristique du genre précédemment cité. En même temps, je ne suis pas si étonné que cela parce qu’il ne faut pas oublier qu’ils ne sont que deux à composer la musique, avec un bassiste / chanteur et un guitariste. Je ne serais pas davantage surpris d’apprendre que la guitare évoluait seule – pas doublée, j’entends – et simplement enrobée par une basse qui donne cette recette très sludge metal. En tout cas, cette lourdeur est totalement dingue et m’a scotché. J’ai rarement vu une production avec un budget potentiellement bas aussi propre et aussi incroyable. Franchement, bravo !
Si je devais retenir un constat plus analytique concernant ce « Perpetual Intercourse« , c’est qu’il y a quelque chose de l’ordre de cette fameuse absurdité qui identifiait très bien les groupes des années 90 / 2000 dans le registre death / doom metal. On sent que l’objectif principal de cette démo est clairement de faire dans la provocation, dans le dégueulasse et le putride. Il n’y a pas de fioritures, ni de métaphores. On aurait pu le croire avec la pochette qui démontrait justement quelque chose qui faisait un peu sens. Mais au final, la musique n’est présente ici que pour envoyer du bois, et c’est tout. D’ordinaire, je n’accroche pas tellement avec ce procédé parce que je ne me suis pas formé aux groupes old school dans ce domaine, et que je suis au commencement plutôt un amateur de black metal. Or, ce que propose aujourd’hui Putrid Vomit Christ m’a totalement retourné le cerveau. Je me suis pris une énorme claque à la hauteur de celle que j’avais prise avec le fameux one man band italien Knowledge Through Suffering lors de sa sortie ! Pourquoi adore t’on une musique aussi brutale quand habituellement ce n’est pas le cas ? Je pense que cela ne s’explique pas. En tout cas, pas vraiment d’analyse possible autre que mon ressenti puisque cette démo nommée « Perpetual Intercourse » n’est pas là pour faire réfléchir. Elle est là pour défourailler. Et sur ce point-là, ce fut redoutable et intense.
Pour terminer de vous parler de la démo, je ne pouvais pas faire l’impasse sur le chant qui est le point le plus surprenant là-encore dans la composition. On imaginerait un chant ultra guttural, du plus profond des entrailles, avec des growls épais et vaseux au possible. Que nenni ! Pour davantage nous marquer l’esprit par sa violence, Putrid Vomit Christ se pare d’une technique vocale aussi rare qu’elle est étonnante dans ce domaine, à savoir le high scream. Mais attention, pas la technique de voix de tête que l’on a souvent dans le metal extrême, non ! Ici, on serait sur une sorte de chant de gorge nasillard, à se demander par quel caprice ou miracle le chanteur ne s’égosille pas la voix. On croirait qu’il vomit des lames de rasoir et que ces dernières lui dépècent la cavité buccale. Mais c’est incroyablement efficace parce que finalement, cette voix contre-balance légèrement la lourdeur instrumentale en amenant une pointe d’aigu. Décidément, tout est surprise avec « Perpetual Intercourse« .
Pour conclure, voici sorti du chapeau un groupe appelé Putrid Vomit Christ qui a pondu une démo absolument phénoménale nommée « Perpetual Intercourse« . Comme je l’expliquais en biographie, cette démo est sortie sur un label qui pèse dans le game, à savoir Godz ov War Productions, et on comprend pourquoi. Le groupe vietnamien a tout simplement soufflé tout le monde avec une musique death / doom metal qui ne laissera personne indifférent. Une musique d’une lourdeur oppressante, avec cette production qui glisse sur la frontière entre le death metal et le sludge metal, le tout dans un concept inexistant, si ce n’est celui de choquer le plus possible en amenant l’auditeur vers un état de sidération totale. Parce que ce soir, c’est carrément un état de coma que je viens de me ramasser. Une claque de forain qu’une partie de ma conclusion sur la chronique du groupe Knowledge Through Suffering résume parfaitement : « autant le black metal les honore, autant le death metal les réveille. Et dans le cas de K.T.S., c’est un tromblon de vingt mètres qui a levé les morts! Une énorme tuerie, à recommander d’urgence (ce que j’ai fait à mes chroniqueurs) ». A quand l’album putain ?
- Vacuous Ecstasy 06:54
- Putrid Vomit Christ 05:08
- Dissecting an Incestuous Dream 05:56
- The Sun … from Where They Excrete 07:58
- Death Is an Imposture 05:03
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