Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 6/10

« Tout ce qui est fait dans le présent affecte l’avenir en conséquence, et le passé par rédemption. » Paulo Coelho

Pour cette nouvelle chronique, j’ai fait le choix de ne pas tomber dans le cliché éternel de la rédemption chrétienne. Donc, en prenant une citation de Paulo Coelho, j’honore d’une part, ma femme qui adore cet auteur et, d’autre part, parce qu’il y a des clichés qu’il serait bon, au 21ème siècle, de commencer à déchirer… La rédemption est (trop) souvent associée aux égrégores catholiques, les plus puissants du monde justement parce qu’on leur accorde trop de place.
Naïvement, je pensais qu’en prenant le groupe lorrain Redemption, je casserais enfin un peu ces dogmes désuets qui nous inondent de mensonges. Il n’en est rien, mais vous saurez pourquoi plus loin.

Redemption, groupe français tout jeune (c’est le cas de le dire !) et fraîchement éclos en 2017, a gagné une belle réputation pour deux raisons principales : d’abord par sa belle histoire, puisqu’il est composé de deux frères (qui ont fait leur premier concert à 9 ans et 15 ans) et de leur père ! Et enfin parce que le groupe a gagné le tremplin du Voice of Hell 2018, leur permettant de jouer sur la Mainstage 2 le premier jour du Hellfest ! Une magnifique opportunité à faire pâlir de jalousie tout le monde mais le groupe ne s’est pas arrêté là, puisque qu’il a depuis enchaîné des premières parties de groupes réputés et une tournée avec Ultra Vomit à travers l’Hexagone. Une entrée brutale dans le monde du Metal que le groupe semble assurer d’une main experte, malgré sa faible expérience scénique. Car, depuis, le groupe a sorti un EP 4 titres live et un premier EP studio, dont voici la chronique.

Une fois n’est pas coutume, je vais aborder ce CD par son artwork qui se veut simple. Mais pas hyper efficace. Il y a le logo Redemption en noir sur fond blanc, avec ce dessin bizarre que je n’ai jamais su déchiffrer (un « r » minuscule me surrure-t-on ?) et le slogan du groupe autour « We Are Redemption! And we play Rock’n’roll! ». Ce dernier est posé sur une rose noire et entouré par des ailes, avec le nom de l’EP en dessous : Angel. C’est là que je suis envahi par un sentiment de déception que vous avez retrouvé en introduction de ma chronique : le groupe joue sur un énième cliché, réchauffé tellement de fois qu’il en est devenu indigeste et charbonneux, et cela a le don de me faire lever les yeux au ciel de désespoir. Inexorablement, cet absence totale d’originalité me conforte de plus en plus sur mon constat final que je vous invite à découvrir plus bas. En tout cas, le design ne brille pas par son originalité du tout. Jouer la carte de la rédemption divine et des anges me laisse aussi emballé qu’à l’idée d’embrasser l’anus de mon chat après son passage à la litière. Il y aurait eu largement moyen de faire plus recherché qu’une simple référence à la rédemption divine et les anges. La rédemption peut prendre tellement de sens d’un point de vue philosophique que je suis très déçu de ce manque d’originalité… Et puis, sans parvenir à dire quoi exactement, je trouve qu’il y a quelque chose qui ne colle pas entre l’image du groupe, très familiale mais en même temps « rebelle », et cette idée de… rédemption. Selon moi, il y a quelque chose de très profond à revoir, sur ce que veut véhiculer le groupe comme idéaux et comme image. A trop vouloir jouer la carte de la mignonitude familiale, il va forcément y avoir un moment où cela va s’effriter. Assurément !

De fait, après ce constat défaitiste, j’attendais beaucoup de la musique, surtout que le groupe, du peu d’extraits que j’ai vus sur YouTube, avait l’air d’assurer totalement en concert ! Mais c’est malheureusement au niveau musical que le bât blesse, quoiqu’un peu moins. Bon, on pouvait se demander quel aurait été le style que pouvait proposer notre trio lorrain. Et de ce point de vue là, je crois que même un novice du genre reconnaîtrait le style de musique : du Metallica. A toutes les sauces. Je dirais que nommer la musique de Redemption « thrash metal » serait trop large pour sonner juste. C’est du « metallica metal » quoi. Et de ma bouche, ce n’est pas vraiment un compliment. D’abord parce que j’ai toujours considéré Metallica comme un groupe plus que surcoté (ce qui ne veut pas dire mauvais attention !), et aussi parce qu’il y a un danger certain à trop copier un groupe si on a quelques ambitions. Et visiblement, la copie est trop conforme. J’ai le sentiment, et même après plusieurs écoutes, d’avoir affaire à un auteur de bande-dessinée qui aurait utilisé un papier calque pour son ouvrage. Encore une fois, mon constat final est renforcé, malheureusement pour le groupe.

Alors, attention ! Je tiens à nuancer une chose : la musique en elle-même est bonne. Les riffs sont accrocheurs, notamment à la guitare, le chant est bon aussi, même relativement mature pour un minot de son âge ce qui, de ma bouche, est un beau compliment ! Difficile de trouver de l’originalité aux passages de batterie tant le concept poussant à copier Metallica ne laisse guère de place à la qualité technique (référence à Lars Ullrich) mais elle a le mérite de faire le boulot et je sais, par les vidéos live, que le benjamin de la famille assure pour son âge. Le papa, derrière sa basse, maîtrise bien son instrument et me semble expérimenté dans le travail studio, donc en soi, la musique n’a rien de mauvais du tout ! Si vous aimez le Metallica fan base, vous allez aimer Redemption c’est une certitude. Mais mentionner le mot « inspiration » pour Metallica est un doux euphémisme selon moi. D’ailleurs, quid des autres groupes cités sur leur Facebook? Quid de Motorhead, des Ramones, de GHB et Slayer ? Mystère…

Les seuls reproches que j’ai à faire concernant la musique se situent dans deux points majeurs : le son de la batterie et une supercherie sur la guitare. Clairement, le son de la batterie est mauvais. La caisse claire est affreuse, les cymbales sont trop fortes et le son est trop pur. Du coup, que ce soit dans une voiture, dans une chaine hi-fi ou dans un mp3, la batterie sonne beaucoup trop fausse. Je ne sais pas exactement quel son serait le plus adéquat pour du thrash, mais j’identifie catégoriquement que la caisse claire sonne très mal, comme si l’on tapait sur une peau usée, et les cymbales sont trop étouffantes. Résultat : la base rythmique est en fait trop dénaturante. Et donc, ce que j’appelle « une supercherie » intervient sur un croisé entre les concerts et le studio. En studio, on identifie deux parties guitares. Normal ! Quand on incorpore quelques soli, il est bon de mettre en fond une base rythmique pour accompagner ces derniers, ce qui est fait sur l’EP et de belle manière. D’ailleurs, les soli sont vraiment sympas ! Par contre… Arrêtez-moi si je me trompe, il n’y a qu’une guitare en concert. Donc, comment obtenir ce rendu si bon sur CD en concert quand la guitare est seule et donc va privilégier les soli au détriment de la rythmique ? Naturellement, le résultat sera faussé et je trouve que cette pirouette studio qui consiste à faire croire à deux guitares est, au mieux, une prise de risque involontaire du groupe et pardonnable ou, au pire, une tromperie sur la marchandise. Dommage parce que je pense qu’il aurait fallu, pour que le tout soit optimal, embaucher un deuxième guitariste. Mais je devine, au vu du concept général du groupe, qu’il n’en sera rien…

Bon. Il m’est difficile de me montrer sévère avec un groupe français à cause de mon côté chauvin, et grand défenseur de la scène francophone, mais concernant Redemption, mon constat est négatif. Ma balance penche trop dans ce sens en tout cas. Mon constat final est le suivant : si je me dois de reconnaître que c’est une belle histoire de famille et qu’il doit y avoir une dimension de magie assez incroyable entre le papa et ses fistons, je n’oublie pas pour autant que cela ne doit pas en faire une exception. Une attraction ne fait pas forcément un beau spectacle… Et manifestement, le groupe joue mille fois trop cette carte-là au détriment de l’originalité musicale, et du sérieux d’une telle démarche. On a donc, selon moi, un groupe qui a basé son concept et son avenir sur un aspect bancal qu’est son « buzz » de 2018, et j’espère de tout cœur qu’à l’avenir, le groupe va progresser vers une VRAIE démarche artistique, avec une musique originale et non une musique « que les gens vont forcément aimer » ou « parce qu’on a été biberonné à Metallica« , un concept autre que la mignonitude familiale, et surtout un travail en studio beaucoup plus pointilleux. A suivre.

Tracklist :

1. The World Is Mine
2. Soon The End
3. Get Rid
4. Angel
5. I’m Not Afraid

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