Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9.5/10

« Ça sent l’taureau ! » comme dirait l’agent Bullit de retour à Bornsville… Ça sent l’asphalte, ça sent la poussière, « Ça sent la terre, la terre, la Denrée ! Ça sent la terre après la pleue! », ça sent le bayou et le marais… Ô marais, si tu savais… tout le bien que cet album fait. D’autant quand il est bien fait et on s’y croirait presque, dans ce sud des USA. Quand le groove et le blues s’entremêlent avec le fond de Rock et Metal pour obtenir ce résultat, on sait qu’il est temps de se mettre dans le mood et faire tourner sa platine ou son lecteur CD dans la voiture avec Under Punishment’s Tree de Red Mourning.

Si vous avez cliqué sur le lien ci-dessus, vous avez écouté le premier morceau de cet album qui évoque Pantera avec un chanteur au timbre et intonations similaires – voire confondants – à ceux de Phil Anselmo. Bon, c’est vrai qu’on arguera « en plus Metalcore », ce qui n’est pas totalement faux, d’autant si on jette une oreille à « Blue Drums », bien plus lourd mais qui garde cet aspect rugueux et glissant du rock sudiste, se permettant d’y ajouter de l’harmonica.

Pourtant « Dying Days » nous emmènerait plutôt vers des terrains Stoner voire Sludge de EyeHateGod. On pense assez facilement et rapidement au virage de Pantera dans la période The great southern Trendkill. Un son gras et granuleux, lourd au possible… qui va pousser petit à petit le Philou vers Superjoint Ritual.

Et bah en fait, que dalle! Ce n’est pas du tout un énième side project de monsieur « White Power » ou un groupe ricain, mais un groupe totalement français puisque parisien, et qui a tout compris de la musique et de l’esprit qu’ils veulent retranscrire. Une sorte d’ « Invitation au voyage » mais écrit par un Baudelaire texan.

Ce qui en fait un album à la fois très réussi mais déroutant de véracité et, limite, d’authenticité s’il émanait d’un groupe du Texas, Mississipi ou Louisiane. Et tout comme Pantera, le quatuor est parti d’un Metalcore un peu basique de ses débuts en 2003 vers quelque chose de plus sale, de plus crasseux, de plus sludge en somme… et « Southern Metal » à l’instar de… Pantera, pour ce quatrième album (après Time to go il y a dix ans déjà, puis Pregnant with Promises en 2011 et Where Stone and Water meet en 2014). On retrouve donc beaucoup d’éléments très TRVE USA, cajun presque, negro spiritual parfois, comme du bottleneck qui glisse sur une acoustique au son cradingue, de l’harmonica, du lapsteel… Après tout, quitte à avoir un nom qui évoque la couleur du deuil des esclaves du delta du Mississipi, autant sonner authentiquement moiteur locale.

Un album quasi parfait si l’on excepte la sensation de quelques longueurs de temps à autres, le groupe du Sud non pas des States mais de Paris a su s’approprier des codes, les développer et en faire leur propre gombo, un plat réussi au-delà de toute espérance. En un mot : « Bravo ! »

A écouter avec un stetson sur la tête et des ‘tiags aux pieds, affalé dans un rocking chair positionné à coté d’un arbre aux pendus.

Tracklist :

1. A whole different Life (4:12)
2. Calls of Pan (3:50)
3. Under Punishment’s Tree (4:27)
4. Slow Bend (2:10)
5. Dying Days (4:17)
6. Clench the Mysery (4:36)
7. Blue Drums (2:35)
8. Grow my Feathers (3:10)
9. Up from the Barn (5:23)
10. A Question (1:00)
11. The Chapel (4:06)
12. Chained to the Stones (1:53)
13. Cross the Moat (4:19)

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