Rongeur – Glacier Tongue

Le 18 décembre 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Dag Ole Huseby : basse, chant
  • Jon Dahl Tveter : batterie, chant
  • Audun Gjelstad Jakobsen : guitare, chant

Style:

Sludge Metal / Punk Hardcore

Date de sortie:

05 novembre 2021

Label:

Fysisk Format

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

« Vous savez la différence entre une souris et un rat ? C’est très simple. Si le rongeur est chez vous, même s’il est énorme et vorace, c’est une souris. En revanche, s’il se trouve chez moi, il aura beau être minuscule et tout timide, ce sera un rat. » Robert Goolrick

Vous aimez les rongeurs vous ? Moi j’adore ! Nous avons eu avec ma femme deux rats domestiques, deux amours d’animaux, intelligents et affectueux, très rigolos et très gourmands. Avec une fâcheuse manie de nous pisser dessus dès qu’ils étaient contents, c’est-à-dire tout le temps en fait. Sans compter les tentatives de pénétrations de nos bras… Bref ! Oui je voue un certain amour pour les rongeurs en tous genres. Les hamsters, les cochons d’Inde, les gerbilles, les chinchillas, etc. Après, je suis surtout frappé par le ressentiment qui plane encore sur ces bestioles alors qu’en vérité tout n’est que croyance populaire. Les rats ne sont pas tous gros comme des caniches, et ne pullulent pas dans les égouts tout le temps ! De même que les souris ne sont pas toujours effrayantes la nuit, ou qu’elles meurent dès le premier orage qui éclate (encore que cela, c’est vérifié…). Ces fameuses croyances qui se perpétuent depuis la nuit des temps et qui confère à ces charmantes bêtes un avenir morose et des réputations fallacieuses. Je ne suis donc pas forcément étonné de découvrir un groupe qui porte ce nom lourd, même si je dois admettre que ma vision des évènements étant plus sur un versant positif, j’ai beaucoup rigolé. C’est même ce côté cocasse qui m’a fait choisir le groupe Rongeur. Oui oui vous avez bien lu ! Il existe sur Terre un groupe qui se nomme Rongeur. Alors à quoi s’attendre ? A une musique fromagère ? A un truc humoristique ? Au contraire, un objectif sérieux et grave ? Honnêtement je ne sais pas à quoi m’attendre, mais pour d’autres raisons bien entendu plus habituelles, j’ai choisi de vous parler de l’album « Glacier Tongue » (encore un nom drôle).

Rongeur n’est donc pas une entité rodentienne, mais bien un groupe de musique. Ce n’est pas non plus un tribute band pour le joueur de flûte de Hamelin, mais il s’agit d’un trio de musiciens qui nous viennent tout droit de Norvège ! Pays du satanisme et autres, il existe donc un groupe qui non seulement vient directement de la capitale Oslo, mais qui en plus officie dans un autre registre que le black metal. C’est intéressant n’est-ce-pas ? En tout état de cause, Rongeur sort « Glacier Tongue » qui constitue son deuxième album. Le groupe a en effet sorti depuis 2012, date de sa mise en œuvre, deux albums, un single, un split avec le groupe Ampmandens Døtre (groupe du même genre) et, fait plus curieux encore, une compilation pour premier méfait ! Compilation qui regroupait en fait deux démos, qui ne sont jamais sorties… C’est une bien drôle de démarche, pour un bien drôle de groupe je trouve. Je pars sur des bases totalement neuves dans un style de metal que je commence à bien aimer et bien maitriser, j’ai donc bon espoir qu’outre l’aspect drolatique qui me colle à la peau depuis les premières minutes de découvertes de Rongeur, je puisse aspirer avec délectation le nectar de cet album qui en plus sort chez un bon label. Qu’attendons-nous ?

La pochette de ce « Glacier Tongue » est dans un style très ancien, très old school qui ne laisse guère de place aux doutes. Le format de sortie est vinyle exclusif, donc l’artwork se devait d’être dans cette veine. Alors, pour la forme, ne me demandez pas exactement ce dont il s’agit, on dirait une sorte de pluie de glaces. J’ai sincèrement du mal à comprendre vers quoi veut aller Rongeur avec ce nom d’album « langue glaciaire ». La musique ne transmet rien de particulier concernant le lien avec le visuel et le nom des pistes n’amènent rien. Si ce n’est que ce deuxième album n’a pas l’air de poser de concept spécial, on dirait plus un recueil de morceaux. En tout cas, je ne trouve pas réellement la pochette attirante, j’aime un peu cette couleur bleu gelée, mais sans plus. C’est toujours une part très incertaine d’essayer de tirer quelque chose de censé des pochettes. J’ai conscience que certaines fois, je devrais passer outre et me dire qu’au lieu de perdre du temps à décortiquer ces dernières, je pourrais gagner quelques minutes de sommeil. Mais c’est plus fort que moi… En tout cas, cette pochette m’apparaît comme très insipide et inutile. J’ai en revanche une bien nette préférence pour le logo du groupe, que je trouve original et avec cette police de caractère très ancienne qui est d’un bien bel effet. On va dire que la moitié du boulot est fait visuellement parlant, je m’attendais néanmoins à mieux.

Pour la musique on est sur du basique mais efficace. Une musique qui se veut borderline, entre un sludge metal au tempo lent et sonoriquement très lourd, et des accélérations et riffs plus punk hardcore. Un groupe à l’ancienne donc, avec une musique très old school, un sludge metal plutôt à ses balbutiements. La particularité qui m’épatera toujours avec les groupes de ce style, c’est d’être capable de fournir une musique extrêmement vivace et lourde, avec peu d’instruments. Dans le cas de Rongeur, classiquement je dirais, un bassiste qui chante, un guitariste (seul) qui chante et un batteur qui chante, et c’est-tout ! Et avec ce trio, la musique n’en est que plus belle et intéressante. J’adore cela, les groupes comme Mantar qui sont même deux et qui envoient de la purée en boite en concerts. « Glacier Tongue » est en tout cas le genre d’albums qui porte très mal son nom, puisque la musique n’a rien de glacial du tout. Le son bien boueux, les riffs qui oscillent entre une lenteur importante sans tomber dans tout ce qui est doom metal, des parties plus rapides et des riffs simples mais efficaces, rarement plus mélodiques qu’une simple ligne d’accords rythmiques, on a donc un album tout à fait à propos de son style d’époque si j’ose dire, avec une petite ferveur qui se noie parfois dans l’immense pessimisme inhérent au genre sludge metal. Seul le chant, très agressif, rompt un peu la bonhommie sludgienne de ce deuxième album aux cordeaux. Après, la première écoute ne m’extasiera pas des masses, je reste toutefois bien content d’avoir découvert ce groupe et cet album. La chance avec les musiques à l’ancienne comme on dit vulgairement chez moi, c’est que les palabres sont inutiles. La musique est du sludge metal teintée de punk hardcore comme aux bons vieux temps, voilà tout. Pas besoin d’épiloguer pour chier droit !

Alors, autant chercher une aiguille dans une botte de foin pour trouver un semblant d’originalité dans la musique et la production de « Glacier Tongue« . Manifestement, il va de soi que si vous cherchez un très bon album représentatif de ce que le sludge metal était avant, vous avez le son idoine. Avec bien entendu cet aspect boueux et trainard qui demeure depuis toujours et fait le charme indéniable de ce genre de musique extrême, vous avez surtout quelques relents de punk hardcore que l’on retrouve dans l’association de ce chant criard et lancinant, et de certaines parties qui frisent le démembrement de l’auditeur qui se prête au jeu (mon pot de fleurs du salon a failli en payer le prix fort). Disons qu’en termes d’occupation totale de spectre sonore, le sludge metal dans toute sa puissance est un parfait maître en la matière. Il faut s’attendre à ne pas avoir de répit tant le son est limpide et sert de liant à tous les morceaux de l’album. Rongeur l’a bien compris et le maîtrise franchement bien. Pour un deuxième bébé, je trouve que les parents assurent bien leurs sujets. Bonne production !

Je me suis lancé dans une seule et dernière écoute histoire de trouver quelques petits trucs qui sortent du lot mais il m’a fallu rendre les armes. Rongeur est un groupe qui perpétue plus qu’il n’amène de renouveau, et je me dis que c’est bien parce qu’au moins il en faut des groupes qui n’ont nulle autre prétention que de continuer à sillonner les sentiers déjà battus mille fois. Et ainsi, tant mieux ! Il convient donc de prendre ce « Glacier Tongue » comme un album de perpétuation de l’espèce sludge metal old school, avec ses chromosomes punk hardcore des premiers temps, et son ADN n’en sort que plus fort. Une sorte d’accouplement intempestif qui a su faire ses preuves et offrir une des scènes les plus solides mais aussi les plus méconnues. Un album sans faux col, de temps en temps qu’on se le dise : ça fait un bien fou.

Je m’attarde sur le chant qui dans la technicité reste l’un de mes préférés. Mais dans le cas de Rongeur, je déplore un peu le manque de variation vocale. On a effectivement un chant qui se rapproche plus de l’aboiement et qui demeure, demeure et demeure encore tout l’album tel quel. Sans tenter un semblant de variation, y compris dans la rythmique qui n’est que trop peu changeante et j’ai même eu le sentiment d’écouter pratiquement les mêmes lignes sur tous les morceaux. Heureusement, la technique vocale est bonne et apporte ce supplément d’âme dans la pataterie qui manquait. J’apprécie l’énergie et la conviction qui sont présentes dans la voix, rendant cette rythmique redondantes appréciable au final. Un chant qui sent bon l’expérience et l’agressivité, c’est tout ce qu’on aime !

Mettons ensemble, si vous le voulez bien, un point final à mettre un point d’honneur pour cette chronique. Rongeur, groupe qui ne se rend pas compte que chez les francophones on pourrait se moquer allègrement de sa dénomination, mais force est de constater que nos amis norvégiens surfent sur une vague old school dont ils n’ont absolument pas à rougir ! « Glacier Tongue » est un album qui pourrait se considérer comme une valeur sûre du genre sludge metal, dans ses traditions et une forme à peine dissimulée de conservatisme. Doté de quelques relents punk hardcore qui apportent cette énergie indispensable pour digérer une base séculaire plus lourde qu’autre chose, il va de soi que vous avez dans un seul album les ingrédients qui faisaient autrefois la naissance du genre sludge metal dans son entièreté. C’est un très bon album qui convient ainsi de prendre non pas comme un truc qui pue la nouveauté et la jeunesse dans un rayon de bibliothèque publique, mais comme le grenier du bâtiment et ses vieux ouvrages interdits aux autres. Pas forcément une rareté, mais au moins une valeur sûre. Pas forcément une référence, mais au moins un hommage. Voilà donc comment résumer ce bon album qu’est « Glacier Tongue« . A vous d’y aller désormais !

Tracklist :

1. Nixonian Echoes 03:33
2. Winning Days 04:30
3. Years of Withering 06:50
4. Gutter Marathon 01:23
5. Kurts Last Will 02:15
6. Brace 05:04
7. Naileater 03:58
8. Underacheiver 06:34

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