Ross Gentry – Apparitional

Le 4 février 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Ross Gentry : composition, programmation
  • Guests :
  • Emmalee Hunnicutt : violoncelle
  • Megan Drollinger : violons

Style:

Musique Industrielle / Ambient

Date de sortie:

04 février 2022

Label:

American Dreams Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

Quand les talons claquent à mon apparition, j’entends les cerveaux se fermer.” Louis Hubert Lyautey

C’est rare que l’on soit amené à traiter des styles de musique qui d’ordinaire n’auraient pas leur place dans un webzine. J’en avais fait l’expérience en faisant la chronique du groupe Venin Carmin qui officie dans un registre cold wave, et même le groupe s’était étonné de la démarche. De même que l’on pourrait se demander dans quelle mesure l’éclectisme est poussé pour que des chroniques de genres musicaux aussi transversaux soient autorisées dans un webzine estampillé sur bannière rock metal et punk. Je dois dire que je me suis parfois posé la question et certains me l’ont posée aussi. Il est vrai que ce n’est pas courant de découvrir un album qui suit la mouvance cold wave, ou de musique instrumentale en général, qu’elle soit industrielle, ambient, ou tout simplement dans un style de bande-son. Mais c’est la richesse de Soil Chronicles, indubitablement. Chez nous, vous pouvez être certains que l’on sera le plus large et ouvert possible, un peu comme l’orifice arrière de Gargantua. Non plus sérieusement, il n’y a qu’ici que je vois des chroniques de styles de musique qui vont à l’extrême polarité du metal. C’est absolument génial! Parce qu’en ce qui me concerne, j’aime les musiques qui sortent de l’ordinaire, ou tout du moins je ne me ferme pas à d’autres genres. Je pourrais vous citer les artistes et groupes que j’écoute depuis que je suis biberonné à la musique par mes anciens, vous seriez surpris. Non! Mon monde ne tourne pas uniquement autour du metal, du rock et du punk. Mon système solaire musical a plusieurs orbites dans lesquels j’aime me hasarder parfois. Ce soir, je me lance donc dans une avant-première qui va certainement faire parler, puisqu’il s’agit du nouvel album de Ross Gentry, appelé « Apparitional« .

Qui est Ross Gentry? Voilà ici une bonne question. Déjà il convient de préciser que ce n’est pas un nom de groupe, il s’agit ni plus ni moins de l’identité d’un musicien américain, en provenance de Caroline du Nord et de la ville d’Asheville. Artiste qui mène de front deux projets distincts les uns des autres mais pas totalement puisque les pages de promotion sont les mêmes pour les deux. Nous avons ainsi en partage Villages et le fameux Ross Gentry. J’ai vu trainer la date de 2006 pour le point de départ probable du parcours musical de notre camarade, mais je n’en suis pas certain puisque la promotion était réduite au minimum. Simplement ce que j’ai cru bon de relever pour la chronique, c’est ce point de départ qui est décrit sur le Bandcamp du groupe et qui résume l’intérêt d’écouter la musique de Ross Gentry : « Tout au long du film L’échelle de Jacob, réalisé par Adrian Lyne, sur un vétéran du Vietnam qui lutte pour donner un sens aux flashbacks et aux hallucinations qui le hantent après la guerre, les personnages se tordent avec une telle force et une telle vitesse qu’ils semblent irréels. Lyne tournait des images à une fréquence d’images faible, accélérant les mouvements des acteurs à un point tel qu’ils semblaient impossibles. Son film est à l’aise pour représenter le temps par des moyens non linéaires ; souvent, cela montrait une longue période de temps passant en un instant, ou entremêlait des flashbacks et des hallucinations dans des plans du monde tangible. » En gros, une musique qui se met au service de l’inconscient et de ses zones d’ombres, de ses traumatismes. Rien que le descriptif, cela me sied d’avance! « Apparitional » s’annonce bien.

Pour ce qui est de la pochette, chacun se fera son avis comme toujours. Je dis cela parce que je ne trouve rien d’extraordinaire à redire sur le travail fait ici. Il y a fort sûrement quelque chose à retenir de censé sur cet artwork fait par Thom Nguyen, mais honnêtement je ne vois pas. Dans le style pictural, c’est plutôt joli, on sent une vraie maitrise du pinceau et de l’encre de Chine, mais je n’arrive pas à me représenter ce que ces motifs montrent. De prime abord on dirait des champignons, genre lactaires sanguins soit vus de côté, soit vus d’en haut. Mais c’est mon imaginaire qui parle, et quand bien même ce serait le cas je ne comprends pas le lien que l’on peut faire avec des apparitions comme le suggère le nom de l’album. Après on sent que Ross Gentry aime bien l’art abstrait puisque chacune de ses pochettes semblent tournées vers ce type d’art visuel. Dont on ignore le contenu et le sens derrière qui paraît un peu absurde, mais encore une fois cela n’enlève en rien le sens que doit avoir un artwork. Ainsi suis-je un peu décontenancé par ce choix étrange.

Pour la musique, on est sur quelque chose d’un peu hybride, avec une résonance minimaliste intéressante dans la mesure où les pistes ne sont pas longues. Annoncée comme du drone ambient, je verrai plus une sorte de musique industrielle lente et minimaliste, avec beaucoup d’apports électroniques, utilisés comme des éléments ambiants, avec une vraie signification onirique. La musique est légère, pas lourde pour un sou mais surtout constitue une sorte de complexité sonore qui se pare d’une dimension hybride dans la mesure où il est rare qu’une musique industrielle soit lente et légère comme cela. Il va donc de soi qu’outre la surprise, j’ai ressenti une belle vague d’émotions à l’écoute d' »Apparitional« . Comme en plus Ross Gentry est un compositeur de musique de films méconnu mais talentueux, cela ne m’étonne un peu moins de constater que la musique a pour objectif de nous révéler un imaginaire florissant, et même si le film nous oblige à ouvrir les yeux, il est aisé de garder les nôtres fermés pour profiter de cette musique envoutante et légère comme une plume. Il y a tantôt aussi des moments un peu plus rudes, un peu plus rythmiques mais on n’est pas dans un registre de musique industrielle saccadée et dansante, mais bel et bien sur un truc ambiant. C’est un mélange incroyable et pur, je découvre ainsi un artiste qui maitrise son sujet et qui propose un album du nom d' »Apparitional » de fort belle qualité. Je suis épaté!

La production de l’album va de lui-même, avec un soin tout particulier dans cette démarche, puisque le gars est, je le rappelle, compositeur de musiques de films, donc par définition, il recherche une forme de soin bien précis. Difficile néanmoins pour moi qui suis plus habitué aux instruments saturés pour définir une production conforme. Concernant l’œuvre de Ross Gentry, je note toutefois que tout est harmonieux et c’est tout ce qui fonctionne. Je trouve l’apport des nappes sonores en fond très opportun, pour laisser la place à quelques banques sons intéressantes et plus précises, parfois un peu rythmées, ou simplement quelques notes balancées comme des petits coups. La démarche minimaliste de la musique laisse toutefois une base simple, donc l’album « Apparitional » est bien harmonieux, logique dans la suite des pistes et le son est impeccable. Je ne sais pas si je suis en mesure de confirmer que cet album s’écoute pour tout le monde, mais je sais que me concernant la production m’a donné envie d’aller approfondir le sujet. Ce qui est un excellent point!

Je conclus ici vu que le chant n’est pas présent. Une chronique courte pour cet album d’un musicien plein de talent, que je découvre en même temps que la sortie de son album « Apparitional » me le permet. Une musique envoutante, enchanteresse mais avec une utilisation plutôt inédite me concernant de la sphère industrielle de la démarche. La vérité est que Ross Gentry détourne les voies habituelles de la musique industrielle assez dansante pour la tourner sur quelque chose d’ambiant, d’onirique et léger. Voilà donc un album qui présente des garanties d’originalité sans faille! Maintenant, il convient de dire que cette originalité ne gomme pas que la musique n’est pas une sinécure pour tout un chacun et qu’il faut prendre « Apparitional » comme un truc hybride qui va soit vous décontenancer, soit vous plaire à profusion. Il n’y a pas de juste milieu avec ce type d’album, et il convient ainsi que vous soyez au courant. Me concernant c’est largement validé!

Tracklist :

1. An Apparition 04:01
2. Tusk 03:02
3. Nose to the Void 03:48
4. Adornments 02:35
5. 12:34 04:10
6. Surgury 03:32
7. Placid, Still 03:09
8. Perception of the External World 04:03
9. Internalize 05:01
10. Dis/Appear 03:11

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