Line-up sur cet Album
Markus (Engel) Engelfried - vocals Markus Bohr - keyboards Rodrigo Blattert - guitars Stephan Lüddemann - bass Bernd Heining – drums
Style:
Power MélodiqueDate de sortie:
29 mai 2009Label:
Blistering RecordsNote du Soilchroniqueur (METALPSYCHOKILLER):
8 / 10
De la thèse à l’antithèse, des qualités aux défauts, du pour au contre ; ou pour faire plus judicieux de l’appréciation et de l’agrément au dénigrement et au rejet, il n’y a souvent qu’une infime frontière à franchir. Le fil du rasoir est tranchant et aiguisé, et l’exercice de funambule imposé pour ne pas basculer dans le marasme de la force obscure, est on ne peut plus périlleux. La planète Metal n’échappe pas à cette règle qui voit des myriades de combos en assurant le perpétuel bouillonnement, être submergés et rejetés au banc des accusés par deux juges impitoyables et sans faiblesses : l’impartial auditoire public d’une part, et de l’autre le microcosme tendancieux et « dit » spécialisé de la critique. Le second s’étant toujours échiné, sous des prétextes fallacieux de « juste pensée» liée à sa science infuse, à s’essayer à canaliser et diriger le premier…
Prenez le cas de Saidian par exemple, puisque ce groupe allemand de power mélodique formé en 2004 par le claviériste Markus Bohr, pourrait en être l’archétype exemplaire. Il y avait fort à parier que les chroniqueurs, dont le passé musical et créatif fait foi et est gage de fondement référentiel, allaient se faire plaisir. Entendez les déjà dénigrer ce combo qui non seulement n’invente rien, mais en outre se complet dans un style dont l’âge d’or flamboyant date de plus d’une décennie. Voyez les se gargariser de lignes organiques dites « archaïques », faire des gorges chaudes des étalages de pseudos « poncifs » et ironiser sur de soi disant mièvreries auditives. La liste dépréciative s’avérant somme toute irrémédiablement longue et majoritairement empreinte de gageures, faute d’un système de diffusion des Cds promos qui veut que le premier reviewer mettant en ligne sa ponte inspire les suivants. Et si l’essai initial s’affirme plutôt négatif, tout à chacun y rajoutera sa couche, en forçant la dose pour paraitre plus original, humoristique, ou tout simplement sévèrement mieux burné.
Donc pour une fois avant de chroniquer cet « Evercircle », un tour des écrits nimbant la toile sur ce Saidian s’imposait ; et s’avéra judicieux tant le ramassis de copié/collé, de résumé de texte, ou de reformulation pur jus, se révéla encore plus impressionnant que de coutume. La palme revenant quand même à celui accusant les allemands de plagier « Cutting Crew », quand parallèlement lui-même zappe la reprise de l’album, « Tokyo ». Mais bon, le chérubin n’était pas né à cette époque, et s’il veut utiliser le terme plagiat, qu’il écoute un « Land Of The Free II » d’une pointure comme Gamma Ray. Quand ces derniers enfilent honteusement en ligne les accords de la « veuve d’acier » (When The World est un mélange de Flash Of The Blade et Longest Day ; Insurrection est le Out Of The Shadows ; Opportunity, The Number Of The Beast, etc) personne ne s’élève pour protester car la notoriété du groupe et ses ventes en imposent… Il est bien plus aisé –et sans risques- à dénigrer un petit groupe, qu’un « grand » bien installé resservant du réchauffé. Différences de traitements liées à certaines considérations qu’il vaut mieux taire pour paraitre crédibles.
Revenons en donc à ce Saidian, qui même si il ne sera certainement jamais un album culte, n’en recèle pas néanmoins une alchimie d’ingrédients qui devraient satisfaire les aficionados de ce sous style métal. Déjà le combo peut s’enorgueillir de posséder en la personne de Markus « Angel » Engelfried, un véritable chanteur -dont le grain et les lignes vocales font irrémédiablement bien plus penser à un Tobias Sammet qu’à un Tony Kakko- assénant une prestation sans faille, sans surenchère ; et en parfaite osmose avec les compositions délivrées. Celles-ci , quoique dans la lignée bien traditionnelle du Power mélodique, s’avéreront matinées de mélodicité s’ancrant inexorablement en vous et vous poussant immanquablement à en reprendre en chœur les refrains bien définis et typiques. Une tracklist sans prétentions, mais réussie et de surcroit diversifiée, ou émergeront entre autres un énergique et prenant « Stroke Of Genius », un « Solomon’s Dance » à l’intro claviers teintée d’humour baroque, ou encore un Prog « Moonlight’s Calling » tout en nuances, kaléidoscope de ressacs structurels originaux.
Chaque pièce du puzzle auditif de cet « Evercircle » se verra nanti de suffisamment de qualités intrinsèques pour emporter l’adhésion. Des claviers à la Europe et un refrain bien « bateau » pour le clin d’œil « Tokyo », une ligne de guitare mélancolique en fil conducteur pour une « Princesse » bien kitch, ou une entrée matrimoniale emphatique dans l’église pour « Halos For Everyone »… Seule la sempiternelle mélopée doucereuse, « Once In My Dreams », nous laissera un peu sceptique. Non quand à sa faculté à vous séduire, mais juste par sa facette complainte, ballade mélo trop entendue. Ce dernier point sera d’ailleurs le clou continuellement enfoncé par les détracteurs de ce troisième opus de Saidian. Et ce sans aucune considération du fait que le groupe se réclame des Edguy, ou autres Stratovarius et Royal Hunt…
Il n’empêche qu’au final l’appréciation d’un album ne doit se faire que sur le ressenti et sur ce qu’il en reste après assimilation. Et à ces petits jeux là, cet « Evercircle » ne manque ni d’atouts, ni sa cible, et ravira bon nombres de fans de Power. Saidian ne révolutionne rien, et ne le prétend à aucun moment ; mais nous assène une offrande de plaisirs doucereux à siroter voluptueusement. Que les «pseudos chroniqueurs » dogmatiques adeptes de Core, de Thrash, d’avant-gardisme ou d’extrême, arrêtent leurs courses à la réception de Cds promos pour enrichir leurs collections… Et se contentent des genres qu’ils vénèrent, plutôt que de cracher leur bile sur ce qu’ils honnissent. Tout le monde y sera gagnant, et la démarche beaucoup plus saine.
A bon entendeur.
METALPSYCHOKILLER
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