Sainte-Marie des Loups – Sainte-Marie des Loups
Line-up sur cet Album
Sainte-Marie des Loups : tous les instruments
Style:
Black MetalDate de sortie:
24 mai 2019Label:
Fallen Empire Records / Amor Fati ProductionsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 6,5/10
« Les certitudes rendent les hommes aveugles, et fous. Elles peuvent dévorer leur cœur, et les changer en bêtes. » (Jacques Perrin, Le Pacte des Loups)
Comment ne pas faire un parallèle entre cette citation de Jacques Perrin et le contexte actuel ? Notre société n’est-elle pas devenue une caricature d’humanité au fil des années ? Et, après, les gens s’étonnent du marasme ambiant. Il n’y a pas plus déprimant que la réalité, surtout en ce moment. Moi qui suis dans les métiers du soin en psychiatrie, je suis confronté tous les jours à cette espèce de folie dans laquelle la société tombe. Je me remémore un psychanalyste nommé Paul Dussert qui avait écrit que ce n’était pas l’individu qui était « malade », mais la société dans laquelle il vivait. Et cette dernière n’offrait pas la place que chaque individu, dans son unicité, mérite. J’aimais beaucoup cette approche mais elle me fait régulièrement faire écho non seulement à l’actualité qui regorge d’anecdotes dramatiques, mais aussi aux groupes que je suis amené à écouter, disséquer et analyser. Un peu comme un psy face à son patient en quelque sorte.
Aussi découvris-je Sainte-Marie des Loups, groupe français dont on ignore beaucoup de choses. Pour ma part, je ne connais qu’une infime partie du palmarès du fondateur, qui officie (officiait ?) dans Chambre Froide au chant, groupe que j’aime beaucoup. Nom empreint de mystère, biographie brumeuse… Qu’est-ce que peut nous réserver ce groupe ? Le CD éponyme constitue à ce jour le seul élément artistique du groupe, si l’on exclut sa participation au split « Torment is Flesh » avec notamment Andeis et Krukh.
Alors, si Sainte-Marie des Loups il y a, sur l’artwork je vois bien une Sainte-Marie (ou du moins ce qui s’en rapproche, moi qui ne suis pas un expert en iconographie) mais pas de loup. Bon déjà, premier point… C’est un artwork assez simple, mais dans le sens grossier. On devine bien que l’auteur de ce CD ne cherche pas l’esthétique et se fout de l’avis des autres. Ou probablement que l’artwork n’est pas sa priorité, ce qui pourrait s’entendre sans peine. Mais bon… Là, avouons qu’on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et puis, ce vert… Ce vert quoi d’ailleurs ? Je le trouve moche au possible. Je n’ai pas bien saisi l’intérêt d’un tel vert pour un CD de cet acabit. Que l’on veuille casser les codes et ne pas proposer un éternel artwork fait d’une photo dans une forêt la nuit, d’un mec ou d’une fille avec le visage peint et le blason en cuir ouvert sur un tee-shirt blanc et une ceinture en balle de AK-47, là encore cela peut s’entendre et même se louer. Mais bon… Le vert ici, c’est non merci pour moi. Moi qui m’attendais à une partie du mystère autour du one-man band éclairci, je reste un peu dubitatif, pour ne pas dire plus méchant. Aucun intérêt.
Pour la musique, c’est un peu le même constat. Alors, je vais faire un petit rappel pour ceux qui l’ignoreraient : j’adore le black metal bien crade. Il n’y a pas meilleure ambiance qu’un son bien dégueulasse, pris dans une cave avec un lecteur mp3, pour rajouter de la morosité. Encore faut-il que cela s’entende ! Ici, il y a un son assez unique en fait. L’aspect crade est là, et il est même plutôt bien fait du point de vue de la guitare. Les riffs ne me semblent pas spécialement originaux, je dirais même que c’est pas mal de réchauffé au vu de tout le black metal que je me suis bouffé à tous les râteliers. Bref, c’est du bon son bien basique, sans aucune prétention de révolutionner le genre. A noter cependant que sur les six morceaux, il y a une constante qui, hélas, ne me plaît guère : le son de la batterie. Alors autant on n’a pas affaire à un super son de studio, j’en ai bien conscience. C’est pour cela que j’ai tenu à souligner le son si particulier que l’on retrouve dans les groupes de black metal des tréfonds de l’underground. Mais bon… Il y a crade et crade, et ici la batterie est affreuse, horrible, indigeste. La caisse claire est comme « étouffée » par le mixage et sonne comme un vulgaire coup sur un bout de bois, la grosse caisse est inexistante, tout ce qui est tom en général est inexistant. Seules les cymbales (et encore, pas toutes) permettent de deviner qu’il y a un blast à la batterie et apporter cette rapidité si chère au genre. On frôle un peu la catastrophe d’un point de vue rythmique ! Cela va que la guitare fait le job, sinon qu’est-ce que ce serait comme musique ?
Il me semble avoir décelé, au fond du gouffre sonore, un semblant de clavier, mais je n’en suis pas sûr. Je me demande même si ce n’est pas tout bêtement les larsens de l’ampli guitare qui font un effet étrange… En tout cas, il faut vraiment tendre l’oreille et la coller sur un support sonore pour s’en apercevoir, alors autant vous dire que ce n’est qu’une incertitude. Et puis parfois, il y a un passage plus aigu à la guitare qui m’a fait penser à des chœurs comme sur le morceau « Progéniture », alors bon…
Par contre, on devine vraiment bien que le maître d’œuvre de cet album est chanteur, parce que j’adore son scream ! C’est même, je pense, le point fort du CD car il y a la technique de chant qui est très bonne (gare cependant à ne pas trop forcer sur les enregistrements !), et la rythmique des paroles qui, sans les comprendre totalement, est très bonne aussi. Je dirais simplement qu’il est trop mis en avant sur le mixage final, mais ce n’est que mon point de vue.
Sur l’album éponyme, il y a aussi le morceau éponyme qui m’a laissé la meilleure impression parce que c’est là que je me suis aperçu que c’était le son que je préférais dans le black metal ! Le fameux son que l’on retrouvait dans beaucoup de CDs au milieu des années 90, et il m’a fallu seulement entendre la partie acoustique au début du morceau, qui ne dure que quelques secondes, pour m’en rendre compte. Très bon point, d’autant que le morceau suivant qui se nomme sobrement « Insolence » incorpore des chœurs, ce qui amène cette touche qui manquait selon moi pour sublimer le son. Il y a du bon, du très bon dans cet album ! Il suffit de l’explorer jusqu’au bout pour s’en rendre compte. Je ne sais pas si je rends honneur à l’artiste en disant cela, mais de ma bouche c’est un compliment.
Sainte-Marie des Loups me laissera, donc, une bonne impression avec ce CD éponyme. Je suis intimement convaincu, néanmoins, qu’il faut être sacrément (sans jeu de mot) initié pour en apprécier la quintessence. Parce que ce n’est pas un CD à la portée de tout le monde d’un point de vue sonore – surtout au vu des nombreuses imperfections qui sont sûrement dues au support qui a servi à enregistrer les instruments -, ceux qui sont attachés à un son propre et arrangé n’y trouveront pas leur compte, de mon plus humble avis. Je déplore simplement le fait que l’auteur est bâclé son artwork, moi qui adore les légendes et mythes autour des loups, et m’intéresse de près aux opinions des artistes sur les religions monothéistes, je suis vraiment resté sur ma faim. Si prochain CD il y a, j’aimerais un peu plus de boulot sur cela, si possible. C’est donc un bon CD de black metal qui plaira aux amateurs du genre et s’inscrit bien dans une démarche underground qui me plaît malgré tout.
Tracklist :
1. La Fin de l’Hiver
2. Progéniture
3. Sermons Sanglants
4. Sainte-Marie des Loups
5. Insolence
6. Absurdites et Blasphèmes
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