Line-up sur cet Album
- Velingor : basse
- Ottar : batterie, choeurs
- Harald : guitare
- Karry : guitare, claviers
- Agil (RIP 1997) : chant
Style:
Doom Metal EpiqueDate de sortie:
23 juillet 2021Label:
High Roller Records (réédition)Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10
“Tous les pays du monde qui n’ont plus de légendes seront condamnés à mourir de froid.” Patrice de La Tour du Pin
« J’aime tellement les cultures scandinaves. Ce mélange étonnant de froideur et de chaleur que l’on retrouve dans beaucoup de leurs cultures, et ces derniers temps je l’ai surtout remarqué dans les nombreuses séries policières que propose Netflix et qui viennent de pays comme le Danemark, la Norvège, la Suède et l’Islande. On voit bien qu’il y a cette ambivalence flagrante entre la froideur qui fait évidemment penser à la météo très rude qui règne là-bas, et le côté chaleureux notamment dans l’accueil qui est fait. J’adore d’une manière générale les dualités, étudier les paradoxes pour comprendre comment l’on peut mettre côte à côte deux notions éloignées. Et la Scandinavie regorge de ce genre de paradoxes. Je serais bien en peine de vous dire quel pays je préfèrerais visiter ! Mais le plus étonnant encore c’est que cette culture si ambivalente influence des pays beaucoup plus lointains d’un point de vue culturel, et l’on s’aperçoit même qu’il y a des similitudes étonnantes avec d’autres pays en ce qui concerne notamment les mythes et légendes. Comme s’il y avait eu un retentissement profond de la Scandinavie sur d’autres mœurs, et comme si certains pays étaient envieux ou nostalgiques d’une époque mythique. En tout cas, au plus j’évolue dans le milieu metal au plus je me réjouis de voir que les us et coutumes des pays froids ont une certaine influence sur la musique et sur l’approche conceptuelle que l’on peut en faire. Ce qui en découle est souvent un beau résultat, sans tomber dans le piège d’un surjeu pompeux comme beaucoup de groupes plus commerciaux. Scald se situe idéalement dans ce constat de culture influenceuse. » Oui, j’ai un peu la flemme d’écrire une nouvelle introduction, et comme cette nouvelle chronique concerne une réédition du seul et même album nommé Will of Gods Is a Great Power par, une fois n’est pas coutume, High Roller Records, les spécialistes des albums en réédition, je trouvais l’introduction tout à fait opportune! Comme quoi, la boucle continue de se boucler. Mais je ne cache pas ma satisfaction ce soir.
Scald est un groupe que j’ai donc chroniqué pour la sortie d’un EP, sorti de nulle part en février 2021 après que l’album soit sorti en 1997. Vingt-quatre années de… Rien. Si! Un split en 2013. Mais sans déconner, Scald fait probablement partie des groupes qui sont insignifiants dans leur carrière, mais qui ont probablement au travers de cet album unique pondu un CD exceptionnel! Vous voyez le genre? Du coup, je ne m’y attendais pas du tout mais High Roller Records a donc proposé Will of Gods Is a Great Power en réédition vingt-quatre années après. Je sens que si le label ressort l’album c’est qu’il vaut la peine! Du reste, j’avais trouvé l’EP relativement bon mais assez inutile dans la chronique ici , dans le sens où Scald aurait pu largement proposer un deuxième album depuis le temps. Mais bon, au lieu d’en composer un autre, le groupe d’Yaroslavl en Russie se voit donner une seconde jeunesse avec Will of Gods Is a Great Power. Espérons que cela sonne comme une cure de jouvence plus que comme l’apologie de la vieillesse!
Cette réédition offre une nouvelle pochette toute neuve à Scald, étant donné que la première sortie était en format cassette et que par la suite il y eut de nombreuses autres sorties en format CD. Je vois un sérieux parallèle avec la pochette du dernier EP, en tout cas le style est identique avec ce côté bande-dessinée grossière et très old school. On y voit un snekkja en train de brûler entouré par une procession d’un peuple viking en train de se recueillir. Il y a un mage qui semble guider spirituellement cette procession et ce bûcher. J’aime toujours autant le logo de Scald qui ressemble à une porte temporelle et qui encadre parfaitement le bateau qui crame. En soi, cette pochette reste dans une lignée logique avec le dernier EP, mais je maintiens que ce style ne me parle pas des masses. Après, j’ai vu que le CD était dans un format bien chouette avec une épaisseur noire qui lui donne un plus bel effet. Je suis donc un peu rassuré en quelque sorte. Après, voilà! Le style graphique ne me sied guère et je crois que Scald aurait pu se doter d’un créateur un peu plus inspiré, si tant est que l’inspiration ne vient pas d’eux en personne. On aurait compris que le groupe russe joue la carte old school à plein régime, mais dans le cas d’une réédition, si l’on fait le parti du changement, alors autant aller jusqu’au bout de l’incongru et de créer un style bien différent. J’espère que les prochaines sorties ne suivront pas la même logique, c’est tout.
Par contre, je dois vous faire une confession. Je n’ai pas écouté l’album après avoir chroniqué l’EP There Flies Our Wail ! comme c’est d’usage chez moi. Ce petit côté doom metal épique bien old school ne m’avait pas spécialement donné envie d’approfondir la question. Un misérable album à écouter, et je ne l’ai pas fait… Honte à moi. Honte à moi. Honte à moi! Parce que l’album, les camarades, c’est une méga tuerie! Le premier gros constat que j’ai fait, c’est que la production m’a fait penser immédiatement à ces fameuses et glorieuses années 90 et particulièrement ces claviers tellement basiques, mais tellement bons. Du reste, le doom metal épique prend son entier sens dans l’album Will of Gods Is a Great Power, avec ce doom metal inspiré par le heavy metal d’antan, un son qui ne pèse pas grand-chose dans la lourdeur mais sonne comme un coup de lame bien pointue, ce qui dénote fortement avec ce que j’ai l’habitude d’entendre depuis que je m’occupe avec passion de la branche doom / sludge / stoner pour Soil Chronicles. La lenteur du tempo est bien évidemment caractéristique et ne souffre d’aucune contestation, et le chant est brillant! En fin de compte, Scald n’était, et n’est à ce jour, que le reflet idéal de ce qu’était le doom metal avant notre époque actuelle. Un style qui se met au service de l’épopée musicale, des aventures romancées et d’une représentation artistique des vikings bien en deçà de ce qui se fait de très viril de nos jours. C’est donc un vrai bonheur pour tous les fanatiques de la première heure de l’an de grâce totale doom metal. Pour ma part, après un petit moment d’acclimatation, je suis parvenu à rester scotché tout le temps de Will of Gods Is a Great Power, et de ces morceaux longs, ce qui est rare pour être souligné. L’apport de l’old school de nos jours est encore primordial et le primitif est parfois ce qui reste le mieux pour nos esgourdes. Première écoute validée et largement!
Contrairement donc à l’EP, que je borne à comparer, la production est restée comme elle était en 1997. Pour mon plus grand bonheur d’auditeur! Je disais donc que contrairement à ce que j’ai l’habitude désormais d’entendre, le doom metal de Scald n’est pas lourd pour un sou. De fait, le son des guitares est plutôt dans une lignée nasillarde et tranchante, un peu comme le seraient les guitares dans le black metal old school, ce qui surprend avec toute cette modernité dont on a l’accoutumance. La batterie est presque un peu sale, et la basse n’est pour ainsi dire pas vraiment là, comme souvent. Cet ensemble instrumental qui respire les années 90, je le ressens vraiment comme d’une époque lointaine mais tellement belle. Les claviers sont le point d’orgue de tout cela avec une utilisation très épique mais aussi qui me fait penser aux grands groupes de black metal, avec un privilège donné aux nappes et non aux vraies mélodies. Les nappes sont par moment simples, par moment à la tierce ou la quinte, donnant un ensemble follement aventureux! Je suis assez ébahi, à vrai dire, par la capacité qu’avaient des groupes comme Scald de distiller une musique qui donne la pêche et nous font s’imaginer comme des guerriers fiers et sans peur, avec une musique presque trop « normale ». C’est là que l’on reconnaît indubitablement le talent et le génie de ces groupes. Et Scald m’a offert ma bouffée d’oxygène du lundi soir avant de me coucher pour me lever à 4h. Je vais faire de beaux rêves ce soir!
Je vais être un peu court dans le sens où je me suis contenté d’une deuxième écoute, pour la forme dirons-nous. Will of Gods Is a Great Power ne souffre en vérité d’aucune interrogation supplémentaire. La musique est d’une évidence telle que l’ultime écoute faite n’était que pour le plaisir avant tout. Je me suis régalé! La réédition prend véritablement tout son sens ici, avec cet album unique, tombé probablement dans les oubliettes obscurantistes de la musique actuelle alors qu’il s’agissait d’un album excellentissime pour l’époque. Il faut prendre cet pièce de Scald comme une impression unique en son genre, avec ce pouvoir presque divin de transmettre de l’épique avec une musique qui est tout sauf lourde et pompeuse, des rythmes lents malgré tout et un son étonnement vieux mais bon, comme le vin. Will of Gods Is a Great Power ressort enfin de l’ombre où les souvenirs enfouis l’avaient entrainé, pour nous remettre une bonne claque de nostalgie dans la figure! Enfin… Nostalgie, non, puisque je n’étais que trop petit pour me souvenir de quoique ce soit. En tout cas, Scald avait une belle emprise sur son époque et Will of Gods Is a Great Power est remis au gout du jour pour mon plus grand bonheur. Un vrai régal auditif.
Je dirais que tout me plait, chant compris, ce qui n’était pas gagné du tout déjà pour l’EP. Un chant essentiellement clair, accompagné de quelques chœurs bien typiques, et qui d’ordinaire me donne quelques boutons dans le sens où j’ai toujours eu du mal avec les envolées lyriques et les montées d’octave à faire éclater les vitres. Mais ici, encore une fois, la magie opère. Le chant est certes dans une digne lignée des techniques old school notamment en voix de tête, mais l’avantage est que ce dernier demeure plus calme, plus pondéré. Ce qui pourrait s’apparenter à un paradoxe profond avec la musique épique où l’on attendrait un chanteur qui porte aux nues toute la volonté de son groupe! Mais que nenni concernant Scald. Le chant est définitivement ma came, au lieu de tomber dans une exagération assommante, la voix claire est tout à propos. Encore un bon point donc!
Pour terminer ma diatribe journalière du petit chroniqueur râleur et renfrogné, je n’attendais au départ pas tellement de trucs valables de cette réédition. D’abord parce que mes collègues savent combien j’aurais tendance à exécrer les rééditions, ensuite parce que concernant Scald je n’avais rien approfondi du tout, et enfin parce que leur discographie rachitique n’avait rien d’encourageant. Mais force m’est de constater que je me suis royalement trompé. Will of Gods Is a Great Power est vraiment un chef d’œuvre quasiment absolu de doom metal épique. Une ode aux prouesses de jadis les vikings, dans un registre beaucoup moins hyperbolique et sanglant que la mode actuelle ferait en éloge. Scald n’a donc sorti à ce jour encore qu’un seul album, mais cette réédition permet de nous rappeler que la vérité est au fond du verre comme disent les russes (ça leur fera plaisir!). En tout cas, Will of Gods Is a Great Power est un album qui va parler aux nostalgiques qui avaient déjà suffisamment de temps pour creuser les tréfonds de l’underground et d’en déterrer non pas des pépites, mais des lingots. Moi, j’ai adoré, simplement adoré. Et c’est tout ce qui compte!
Tracklist :
Side A
1. Night Sky 08:49
2. Eternal Stone 06:53
3. Ragnaradi Eve 10:54
Side B
4. Sepulchral Bonfire 11:40
5. A Tumulus 06:18
6. In the Open Sea 09:00
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