Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 5/10

« Moi, je vis dans le présent. C’est votre problème, à vous les anges : vous êtes toujours, soit à remâcher un passé idéal, soit à imaginer un avenir radieux. Il n’y a jamais de place pour l’ici et maintenant dans vos têtes. » Fabien Clavel

C’est dingue ce regain des groupes pour sortir des formats cassette. Sincèrement, moi qui suis un grand amateur de CD, et probablement resté bloqué à ce hobby fort onéreux qui consiste à acheter des CDs tous les mois, je ne comprends pas l’intérêt de fabriquer des cassettes. De les acheter encore, je comprends! On a tous été de l’époque où l’on écoutait des cassettes audio, moi le premier. Et si certaines me feraient revenir en enfance quand j’écoutais Henri Dès, ou d’autres contines et des chansons rigolotes de Gilles Vigneault (si vous ne connaissez pas « Comptine pour endormir l’enfant qui ne veut rien savoir », c’est assez drôle. Je n’avais pas encore vu le message subliminal de mes parents), et pour cela je comprends. Mais pourquoi les groupes actuels s’amusent à dépenser leur fric dans des formats cassette où il faut avoir un walkman chiné au préalable en état correct dans la brocante du patelin d’à côté? Sérieusement, on dirait un conquérant qui partirait en croisade contre la sacrosainte cassette! Mais j’assume. Le format cassette, je ne lui prête strictement aucun intérêt, et en plus la plupart du temps la qualité sonore est médiocre au possible. Quand c’est du raw black metal, je ne dis pas puisque c’est largement raccord. Mais quand on a un groupe du genre de Seraphic Entombment, je ne comprends pas. En tout cas, la chronique qui va suivre est en fait la démo sortie en 2019, mais qui concerne directement une réédition en format CD. ENFIN un groupe qui fait sa repentance! Bravo à eux! On applaudit cette initiative!!!

Mais d’abord, je vous propose de présenter le groupe Seraphic Entombment. Derrière ce doux nom, à faire friser les poils pubiens de mon grand maître du death metal Antirouille, se cache en fait un groupe plein de mystère. D’eux, on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’ils viennent de Birmingham non pas en Angleterre, mais aux Etats-Unis. Et qu’on ne connaît pas vraiment leur date de création. Bon après, on sait qu’ils sont quatre musiciens et que cette démo s’appelle Quelled. Et qu’elle est sortie en février 2019. Pourquoi donc se retrouve-t-elle dans la liste de chronique à faire en 2020/2021? Eh bien, tout simplement parce que le groupe a proposé une édition en format CD, elle qui était de prime abord sortie en format cassette chez le label Unholy Domain Records. Je disais en rigolant à moitié que je saluais cette initiative de sortir un format CD! Au moins, si la démo me plaît, peut-être envisagerais-je de l’acheter pour ma collection. Mais rien n’est moins sûr…

La pochette tout d’abord. En elle-même, pas très originale, mais typique d’une démo bien présentée on va dire. Le design est certes difficilement compréhensible en lui-même avec cette couleur sépia et noire, et n’a vraisemblablement aucun lien avec la traduction de « Quelled » qui veut dire « réprimé », mais au moins on va dire qu’il fait le boulot. On passera sur le logo du groupe qui ressemble plus à un logo de groupe de black metal bien raw plus qu’autre chose. Et ce fond noir est bien vide en arrière-plan. Bon, enfin rien d’extraordinaire. Une démo quoi.

Pour ce qui est de la première écoute, par contre… Alors, je vais citer le groupe sur leur Bandcamp, vous allez vite comprendre mon affliction : « Première démo. Enregistrement de répétition avec overdubs vocaux. Copies sur cassette à venir. » Voilà. Vous avez tout résumé les gars : une démo enregistrée en condition de répétition, avec donc tout le sale son et tous les loupés des musiciens qui vont avec. Honnêtement, au vu de la pochette bien raw, et au vu du sérieux incroyable du groupe qui n’a rien d’autre à vendre qu’une démo enregistrée pendant des répétitions, qui plus est de DEUX (pauvres) morceaux, j’ai presque envie d’arrêter le massacre ici. Au moins, la première écoute, et sûrement la dernière, fut courte. Dix-sept minutes de purgatoire, à se demander quelle était l’intention première des américains à nous sortir une démo aussi impropre, c’est largement suffisant. En fait, je me dis qu’il doit y avoir une démarche typiquement raw quelque chose, et qu’il n’y a aucun sérieux derrière cette sortie cassette. Mais alors… Pourquoi en faire un CD? Si en plus c’est pour ressortir le même dégueuli immonde, je ne vois pas. Il y a vraiment eu un public suffisamment « normal » pour aimer cette démo au point d’en demander un CD?… Ou alors, on va me dire que cette démo devait servir à démarcher des labels qui permettraient de sortir des projets bieeeeeeeeeeen plus propres et qui refléteraient le talent caché au fond de je-ne-sais-quel abysse. OKAY! Manifestez-vous svp.

Le son? Ben… Qu’en dire de plus? Si ce n’est que vous prenez un portable, voire même un mp3 de chez Lidl, vous le mettez au centre de votre mirifique local de répétition, avec tous les amplificateurs tournés vers ce même pauvre petit être électronique qui n’a rien demandé, et vous mettez la gomme idiotement! Et en gros, cela vous donne un « son » comme celui de Quelled. Horrible, abject, absurde. En plus, le groupe se vante de faire du doom death metal. MAIS, encore faudrait-il que le son soit un tantinet épais quoi. Que nenni! Le son est noyé dès que la batterie accélère donc on n’entend pas bien les guitares. A la rigueur, les parties bien doom trouveraient grâce à mes oreilles si elles étaient comme cela tout le temps, parce qu’au moins on n’entend pas cette batterie affreuse. Mais franchement, ce son n’est ni fait ni à faire. En tout cas, pas death metal du tout, doom à moitié on va dire, donc le contrat n’est même pas rempli. Je le dis et le martèle : on ne propose pas une démo en chronique si c’est une démo qui est enregistrée dans ces conditions précaires!

Je passe sur les autres écoutes parce qu’il n’y en a pas eu d’autres en vérité. Mais la seule chose positive que je retiendrai et qui me laisse quand-même un peu d’espoir pour la suite, ce sont les compositions. Elles ne sont pas hyper originales, ne nous enflammons-pas! Mais elles ont au moins le petit mérite de proposer des riffs intéressants. Certains sont un peu énergiques, d’autres bien doom, et je me dis que ce genre de compositions, posées sur des bases sonores bien plus sérieuses, auraient eu énormément plus d’intérêt que présentement. Tout n’est pas à jeter dans cette démo, loin de là. Ah oui, et c’est un détail insignifiant, mais j’aime bien l’idée d’avoir un batteur qui chante, je trouve que c’est une belle prouesse en soi.

Mais le chant d’ailleurs, sans déconner, c’est le pire de tout. Et pourtant, le plus cocasse est que ce dernier est la seule partie de la démo à avoir UN effet sonore! Un overdub, c’est à dire un doublage des parties chant soit par collage de la même partie chant, soit en réenregistrant par-dessus. Ce n’est pas fifou, j’en ai conscience! Mais quand on voit l’extrême pauvreté sonore de la démo, avoir un chant qui subit une retouche aussi minime soit-elle, cela porte forcément de l’espoir vous me direz. Eh ben non. Même pas. Parce que, non contente d’être doublée sur des parties instrumentales brutes et se montrant par-là totalement incohérentes avec les autres instruments, elle est tellement mal doublée que c’en est risible. Entre les voix qui ne se terminent pas au même moment sur les étendues vocales longues, les espèces d’effets de réverbération que cela induit indirectement parfois et mal, et cette sensation que le mec va avaler son micro tellement il doit faire une bouche à zizi avec ses lèvres, j’en suis bouché bée moi-même. Mais d’effroi. En plus, il y a très peu de textes. Le « chanteur » se contente de quelques gargarismes et onomatopées aussi barbantes qu’inutiles et quand il essaye de mettre du texte, c’est simple : on dirait qu’il va s’étouffer.

Sincèrement pour finir, je ne vous conseillerai même pas d’aller écouter. Non pas, comme je disais, que les riffs sont inintéressants, c’est loin d’être le cas. Mais la production est tellement ratée que mettre de l’argent dans cette démo reviendrait presque à noyer d’hypocrisie le groupe Seraphic Entombment qui, au vu du pedigree des musiciens mérite tellement mieux que ça! Mais bon sang, ce n’est pas difficile de se poser chez un des musiciens, d’investir dans un logiciel pour capter les instruments et le chant, et de confier le tout à une connaissance qui s’y connaît en mixage, non? Surtout que j’imagine que les ambitions du groupe américain ne vont pas s’arrêter à cette démo, et qu’il va falloir tôt ou tard investir un peu. Alors pourquoi? Pourquoi proposer cette purge? Je ne sais pas. Mystère des tréfonds de l’absurdité musicale. En tout cas, ce Quelled est absolument à revoir, et je pèse mes mots pour ne pas être trop méchant. On ne peut pas décemment conseiller une démo comme celle-ci, ce serait faire offense aux auditeurs et lecteurs qui nous suivent. Sorry guys.

Tracklist :

1 Vault of Vision (10:24)
2 Carried by Claws (06:45)

Bandcamp