Line-up sur cet Album
N.R.W. : batterie V.B. : guitare, chant J.T. : basse
Style:
Doom Sludge Metal / Black MetalDate de sortie:
28 octobre 2022Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Une petite rébellion de temps en temps, c’est comme un orage qui purifie l’atmosphère.” Thomas Jefferson
Et question rébellion, on est en plein dedans! Entre les manifestations qui pullulent partout dans le pays, presque toutes les semaines, les impacts que ces dernières ont sur le peuple et les grondements de colère autour, je peux vous dire, si vous êtes de l’étranger et que vous nous lisez (j’en doute un peu ceci dit!), qu’en ce moment en France ça ne va pas fort. En même temps… Il y a de quoi! Je ne rentrerai pas dans un débat politique mais quand on voit les profits qui sont générés et qui ne sont pas assez redistribués, c’est tout de même un peu normal que le bas peuple qui produit ces richesses, réclame sa part du cake! Si on exclut la difficulté que certains ont pour démouler les leurs… C’était gratuit! Bon. En tout cas, je ne sais pas si c’est le climat social délétère actuel qui m’influence à ce point mais j’ai une forte envie de révolte! Et pour accomplir ce désir, rien de mieux que le sludge metal! Cela fait donc plusieurs jours que je me bourre le ciboulot avec du Eyehategod, Eremit, Bleeding Eyes et surtout Acid Bath. Rien de plus simple quand on voit sur Netflix une résurgence de séries documentaires ou docu-fictions sur les tueurs en série, et Acid Bath a une de ses pochettes (en même temps il n’y a que deux albums) qui est une peinture de John Wayne Gacy. Vous remarquerez ma propension naturelle à faire des liens étranges sur les pourquoi du comment. Je suis comme ça, je fais des liens bizarres. Et comme j’aime de plus en plus ce genre sludge metal qui réveille en moi toujours une grande noirceur et une grande révolte, ce qui les deux mélangés donnent ce que l’on appelle la violence, je suis le mouvement. Le sludge metal est par définition un style qui suit le mouvement discutable du crust punk qui va sur une phase cynique et artistique de tout ce que notre société a de bancal. Et pourtant, je ne suis pas un militant dans l’âme. Je suis comme tout le monde, beaucoup de sujets me rendent fou et me font sortir de mes gonds, et je me consacre à la plupart d’entre eux pour que les choses changent. Mais je suis d’un naturel plutôt tranquille, trop sûrement. J’en parlais récemment à une amie, que je me mettais trop d’œillères Bon! Vous me direz, on s’en fout des états d’âme de Quantum! Et je ne suis pas là pour cela, du tout. Je suis là pour vous parler d’un album à venir, d’un groupe qui s’appelle Sfeerverzieker (on a un gagnant au Scrabble!) et de son méfait nommé Death Is the Desired Ending.
Dans le genre formation très récente et très prolifique, on a un bon candidat! Sfeerverzieker, en fait le projet solo d’un musicien hollandais appelé sobrement par son prénom Sven, et qui vient de la ville de Beverwijk, a en effet trouvé son existence pas plus tard que cette année. Avec un premier EP sorti en janvier, voilà que neuf mois plus tard (une gestation. Coïncidence?) un premier album apparaît sous le nom de Death Is the Desired Ending. Pas de label pour cette sortie, le bien nommé Sven assure totalement niveau promotion de son groupe Sfeerverzieker en proposant une photographie de promotion, la pochette et une biographie plutôt bien écrite, en tout cas qui donne clairement envie d’aller à sa rencontre. La photographie, un peu moins… Il fait un peu peur le garçon. C’est un peu maigre ce que je vous fais découvrir de ce nouveau projet solo, mais je n’ai finalement que peu d’informations. La formation étant très jeune et l’album Death Is the Desired Ending étant le premier, totalement autoproduit, je n’ai pas grand-chose de croustillant. On n’a qu’à aller directement à la chronique!
Au moins, la pochette est inspirante et amène l’ambiance tout de suite. D’ailleurs, petite anecdote : Sfeerverzieker signifie en hollandais « atmosphérique ». Un bien drôle de nom, plein de légèreté, pour un groupe qui tabasse et propose un artwork qui respire plus la brutalité et la violence que l’onirisme. Mais bon! Je n’ai pas réussi à trouver ce dont il s’agissait, aussi ai-je demandé à notre érudit en la matière Le Marquis Arthur qui m’a répondu, je cite : « Hmmmmmm, je dirais un instrument de torture de la fin Moyen-Âge début renaissance, peut-être pour l’inquisition des sorcières. Je ne sais pas le nom de cet objet mais je l’ai déjà vu quelques part. » Plus fidèle hommage tu meurs. C’est moi qui aie fini par découvrir ce vers quoi cet instrument de torture tend
réellement, je pencherais donc pour un cilice. Mais je peux me tromper! Alors, après on pourrait trouver n’importe quelle signification à l’utilisation en guise d’imagerie d’un instrument de torture, les raisonnements sont multiples. Moi, je pars de l’idée que notre protagoniste voulait simplement planter un décor de noirceur et de violence typique, que l’on attend d’un projet musical de ce genre surtout si ce dernier se revendique selon ses termes de « Avec des thèmes lyriques centrés sur la brutalité, la misère, la négativité et la destruction que l’humanité apporte pour ce monde, « La mort est la fin désirée » est destinée à ruiner les humeurs du début à la fin. » Après cela, on comprend bien pourquoi l’idée de mettre en avant le procédé de torture soit prépondérant. Et là où je trouve notre artiste judicieux, c’est qu’on peut se dire qu’effectivement, la mort est la fin désirée quand on est torturé méchamment. Voilà en quoi je trouve que notre musicien est intelligent, d’autant que la musique précisément composée ici ne prête à aucun optimisme, alors autant ne plus souffrir! La logique y est en tout cas pour ce premier artwork. Simple mais plein de sens, c’est tout ce qu’on demande surtout pour un premier album. Sfeerverzieker, beau taff!
Dans la continuité de ce que je disais précédemment, la musique ne montre aucune, mais alors! Aucune fioriture! Le gonze joue tous les instruments ou au moins les compose, et on sent qu’il y a une véritable volonté d’en découdre. Musicalement parlant, on est sur un bon gros doom sludge metal caractérisé évidemment par l’extrême lenteur ou la lenteur tout court puisque l’album nous gratifie de quelques courtes « accélérations », même si on est plus proche de la Fiat Panda que de la Bugatti. La particularité étonnante mais très très efficace de ce premier album réside dans les quelques incorporations black metal. Et ce n’est pas qu’une question de sonorité! Le black metal occupe une place étonnante puisqu’il s’inscrit directement dans la majorité des mélodies à la guitare avec des gammes très aigues et un son nasillard au possible, offrant donc une partie très tranchante dans une boue épaisse et gluante des sons de la basse et de la batterie. Le chant est quant à lui dans une sphère très sludgienne avec cette touche post-hardcore vraiment bien à propos. Sur la musique en général, je trouve que les morceaux sont incroyablement violents malgré la lenteur. On se prend une sorte de méga rafale de kalachnikov dans la figure et c’est décoiffant tellement les instruments sont sonorisés d’une manière dont j’aurais le temps de discuter plus bas. Cela défouraillerait n’importe quel champ de blé! Sincèrement, j’ai été bluffé. L’idée de mélanger habilement comme cela un doom sludge metal qui d’ordinaire doit être rebondi et bien épais, avec ce son caractéristique du genre très boueux, et des riffs black metal notamment sur les lignes de la guitare, tout cela donne une impression de violence franchement rarement atteinte. Le gars n’est pas là du tout pour enfiler des perles! Sur les pistes en elles-mêmes, je les trouve bien composées avec une certaine richesse dans les mélodies et parties plus rythmiques, une habitude à amener ces dernières de manière inquiétante avec des départs très ponctués comme chez Varanak, et donc cette alternance de moments oppressants et agressifs. La composition n’est pas non plus à mettre sur le compte d’une très grande technique, mais au moins Sfeerverzieker sait exactement où il va. Et en cela, ce premier album se dote d’une fluidité à toute épreuve! Maintenant, cela reste un premier album avec tout un tas d’imperfections qu’il faudrait corriger, notamment je dirais dans l’utilisation de cette batterie qui joue un rôle trop peu sophistiqué à mon gout. Il y a de quoi faire mieux, mais on a déjà mis la barre très haut! Cela défonce tout, et c’est une excellente entrée en matière pour moi ce Death Is the Desired Ending!
C’est dans la production que je trouve le plus gros défaut. Je situerais d’ailleurs ce dernier entre le rédhibitoire (pas forcément pour moi, mais objectivement) et le bon. Parce que je pense qu’avec une production comme celle-ci, il n’y a pas de juste mesure, ce sera adoré ou détesté. Il faut comprendre avant d’aller plus loin que ce Death Is the Desired Ending a été totalement produit par son créateur, même le mastering. Alors forcément, je me tue à le répéter mais je continuerai à le faire jusqu’à ce que mort s’en suive : une oreille expérimentée et extérieure est toujours très bénéfique dans un album composé et élaboré tout seul! Le résultat est ce son qui souffre d’importantes erreurs. D’abord, le chant qui est complètement noyé dans la masse sonore, et que l’on n’entend presque pas. C’est tellement dommage tant le chant en général dans le sludge metal apporte un vrai plus en violence. Là, on ne le distingue même pas selon certains moments… Pourquoi s’être planté à ce point? Je ne comprends pas. Ensuite, on a très clairement une épaisseur sonore trop importante. Heureusement, légèrement nuancée par les mélodies très incisives de la guitare, sinon le reste serait une bouillie totalement indigeste. La basse ou probablement la guitare sont très mal réglées, et le résultat est qu’au casque c’est tout simplement impossible de ne pas écouter l’album sans baisser le son fortement. Sinon, gare à votre cerveau, il va se prendre une décharge sonore comme un marteau-piqueur. En revanche, j’ai trouvé paradoxalement dans certains passages la basse très bien avancée, et j’ai été bluffé de l’entendre aussi bien notamment à la fin du premier morceau. Elle apporte un véritable plus quand son maître doigtier lui donne une plus grosse résonnance. La batterie me rend plus sceptique. Autant j’aime beaucoup quand elle marque le rythme en caisse claire, cette dernière étant sonorisée comme je l’aime dans le style sludge metal. Autant je trouve que l’apport rythmique plus « englobant » est là encore presqu’entièrement noyé. Et donc vous avez une caisse claire et des cymbales qui claquent, et le reste qui ne s’entend guère. Comme vous pouvez ainsi le constater, il y a beaucoup à redire sur la production de Death Is the Desired Ending. Maintenant, toute la question qui reste une énigme pour moi est de savoir si cette dernière a été accomplie volontairement comme cela, ou s’il s’agit d’une vraie erreur d’appréciation et un manque cruel de recul, ou un surplus d’orgueil. En tout cas, si je devais trancher entre le rédhibitoire et le supportable, par solidarité et encouragement je dirais qu’elle est un peu plus que supportable. Sur certains passages elle m’a carrément retourné, sur d’autres elle m’a fait grimacer. Voilà, réponse à la normande. Cela tombe bien on parlait des bretons avec Migou, Celtikwar et El JeanJean!
Si l’on devait un peu déblatérer davantage sur l’album, je n’ai pas trop d’éléments en plus que ma seule intuition, tant Sfeerverzieker n’a pas daigné nous proposer les textes par exemple. Ce premier album sent bon la violence et la tuerie de masse, saupoudré d’un marasme profond et d’un pessimisme en guise de bulldozer. C’est donc un album plutôt old school dans l’intention de départ. Mais le fait d’avoir ajouté des sonorités black metal me fait penser encore plus à une forme latente de nihilisme, plus que le chaos encore. C’est dans cette brutalité et cette lenteur machiavélique que ses fameux riffs se fondent le mieux, et ce mélange permet de rajouter encore plus de noirceur. Je n’ai pas plus de choses à raconter, j’avoue m’être un peu fatigué à la rédaction de cette chronique. Pour un premier album en tout cas, c’est du bon voire très bon que nous propose Sfeerverzieker. Death Is the Desired Ending est incontestablement un départ plus que correct qui ne demande qu’à être amélioré.
Pour le chant, je serais bien en peine d’en faire un gros paragraphe puisque ce dernier est, comme je l’expliquais plus haut, malheureusement pas assez audible. J’ai fait un effort toutefois pour me rendre compte qu’en fait, ce dernier n’est pas forcément hurlé comme on l’entend d’ordinaire. La lenteur instrumentale n’a pas été l’occasion par exemple pour son géniteur de s’en saisir pour amener des textes plus rythmés voire plus rapides. Le chant hurlé typique du sludge metal n’empêche pas en effet d’avoir une vitesse plus rapide dans la diction, mais là notre camarade a préféré la sécurité et joue la carte de la lenteur, ce qui permettrait finalement d’amener de véritables hurlements bestiaux. Mais que nenni, à mon grand étonnement. Le chant est un peu plus « narré » si j’ose dire. On croirait presque que les lignes de chant sont plus des narrations ou des petites lamentations, mais très légères. Ce qui contraste évidemment avec la musique très violente et brutale. Après, heureusement, beaucoup de passages sont plus énergiques et se situent selon moi sur une mouvance post-hardcore plus que sludge metal. Une technique vocale plus old school qui fonctionne bien quand elle est criée. On devine en tout cas qu’à travers cette volonté de poser son chant, Sfeerverzieker amène une volonté de noirceur évidente. Mais il va falloir choisir entre la violence et la noirceur car indubitablement sur certains aspects, les deux ne se marient pas très bien. En tout état de cause, le chant est intéressant mais un peu hors sujet parfois.
Je vais en finir avec cette chronique comme ce projet musical en finirait avec le monde si on le laissait faire! Ce projet, c’est Sfeerverzieker et l’album qui est également le tout premier s’appelle Death Is the Desired Ending. Pour le contenu, on part sur un ensemble doom sludge metal avec quelques relents bien placés de black metal notamment sur les lignes de guitare. La musique est malgré la lenteur viscérale une vraie tempête de violence! Des compositions qui occupent l’espace sonore avec une telle agressivité que l’on n’en est totalement décoiffé. Le genre de projet où on n’imagine pas une personne seule aux commandes tant il faut un degré de violence multiple pour arriver à ce résultat, et pourtant. Le dénommé Sven mène sa barque tout seul et c’est probablement une prouesse mais aussi un gros point d’interrogation. Malgré les compositions très prometteuses, ne faudrait-il pas pour le prochain méfait s’entourer de quelques oreilles objectives? Histoire d’avoir une production digne de ce nom. Cela reste donc un constat positif mais qui ne demande qu’à voir la suite, pour palper des améliorations nécessaires.
Tracklist :
1. Fall of Men
2. The Horrors We Are In
3. Sentenced
4. Masters of Insanity
5. Lost
6. Death Is the Desired Ending
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