Shamael – Melancholie der Engel

Le 15 avril 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


Raffaele Galasso: tous les instruments, chant

Style:

Funeral Doom Metal

Date de sortie:

15 avril 2021

Label:

Satanath Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

“Des démons surviennent et repartent à tout moment, sans que les choses soient nécessairement perturbées par leur présence.” Paulo Coelho

Il y a dans les croyances ancestrales quelque chose de forcément véridique, du moins dans les interprétations. On sait tous qu’une croyance, peu importe laquelle, part d’une expérience, d’un vécu. Mystiques ou pas, on a tous des croyances que l’on se forge avec les années et les éléments vécus dans notre existence. En ce moment, ce que l’on appelle les complotistes sont l’exemple typique de ce que je veux dire : vous prenez un fait anecdotique pour le commun des mortels, mais pour au moins une personne qui a du sens. Même le truc le plus débile et le plus démontable dans un argumentaire peut faire l’objet d’une surinterprétation de la réalité! Vous prenez donc ce fait, et avec les déformations dues aux années passées, au bouche à oreille qui se détériore, ces fameuses croyances deviennent vite des simples interprétations erronées. Après, je peux concevoir que se plonger dans les racines de ces dernières relèveraient du miracle divin tant les années se sont écoulées pour certaines. Mais parfois, il m’arrive d’être encore étonné par certaines références notamment dans le milieu metal. Bon autant vous rassurer tout de suite, les évènements se comptent sur les doigts d’une main, et ne franchiront probablement pas la barre des cinq. Mais au moins, sachez que cela peut se produire! J’en veux pour preuve ne serait-ce que le nom du groupe dont je m’apprête à vous parler en chronique, qui porte l’ancienne transcription de Samaël, cette entité angélique qui représenterait la Sagesse cachée. Voici donc venu le temps, non pas des rires et des chants (quoique), mais bien de vous présenter le premier album de Shamael, qui se nomme Melancholie der Engel.

Shamael est le nom mystérieux d’un projet musical tenu par une seule et même personne : Raffaele Galasso, musicien italien qui nous provient de Brindisi. Notre ami italien a un autre projet musical qui se nomme Gardenjia et qu’il tient là aussi tout seul, sauf que ce dernier produit du… Djent expérimental! On est loin de ce qui nous attend avec Shamael. Et enfin, il officie en duo avec une certaine Alessandra Cesano dans un troisième projet appelé Nightcrush qui n’a publié qu’un seul morceau sur Bandcamp mais fort bien exécuté, que je vous invite à aller découvrir. Ce qui est un peu surprenant, c’est que notre Galasso n’a jamais, semble-t-il, officié dans un groupe avec d’autres musiciens. Il a toujours mené ses bateaux de front, seul maître à bord, et Shamael n’a été fondé qu’en 2020. Et toujours plus surprenant, Shamael est surtout le seul projet qui est signé chez un label, avant même que le premier album ne soit sorti. Or, Gardenjia est le projet le plus ancien mais n’a, par exemple, jamais été signé et ce malgré une discographie foisonnante. Un parcours musical rempli de mystères et d’incompréhension et qui, pour ma part, me donne sérieusement envie de me plonger tête première sur ce Melancholie der Engel qui signifie en allemand « mélancolie de l’ange ».

La pochette n’est pas des plus originales mais a au moins le mérite non négligeable de planter un décor fortement macabre. Là où toutefois je suis en désaccord avec Galasso, c’est concernant la représentation qu’il propose pour imager la mélancolie, d’un ange ou pas peu importe au final. Cette figure que je suppose féminine par le linceul qui me fait penser à une mariée, me rappelle plus une symbolique d’effroi, plus que de souffrance psychique. Il faut savoir que la mélancolie est le stade de la dépression le plus dangereux, entrainant notamment des idéations suicidaires, un scénario établi et déterminé, et surtout l’apparition d’un délire censé protéger la personne ou la soulager de son passage à l’acte. Or, ici, cette représentation, macabre et mortuaire de surcroit, ne m’apparaît pas comme la meilleure image à donner pour parler de mélancolie. On est plus sur un non-sens si l’on se réfère à cette figure qui semble surtout effrayer. Moi, j’aurais vu autre chose. Un effort supplémentaire sur l’artwork pour proposer quelque chose de plus cohérent, peut-être un ange justement, déchu ou non mais qui souffre. Les iconographies en cette faveur sont légion, et je n’aurais pas été si dubitatif. Mais ce n’est que mon avis… Le logo en revanche est très réussi et ce jeu de couleurs sauve les apparences.

La musique avait sincèrement tout pour me plaire! De toutes mes expériences que j’ai pu faire avec du funeral doom, je n’ai jamais été déçu! J’ai côtoyé de très bons groupes le temps d’une écoute, que ce soit fortuitement ou pour des chroniques, c’est donc vraiment un style que j’adore. Pour le cas de Shamael, le constat est légèrement plus atténué. Disons que si la première écoute a été « agréable » (c’est toujours un peu étrange de dire ce mot dans le metal…), je trouve qu’il manque un petit quelque chose en plus. Je pense que la musique proposée par Galasso est un poil trop minimaliste et ne laisse guère de place à l’improvisation, sinon à la sophistication. On est, disons-le, sur une musique très oppressante, très langoureuse et très trainante. J’imagine sans peine que c’est l’effet voulu, mais j’aime bien quand il y a un peu de changement, un peu d’ajouts bienvenus pour amener soit de la mélodie dans tout ce fourbi, soit un peu d’autre chose. Je trouve que ce Melancholie der Engel est très bien, mais qu’il manque un petit truc en plus. Je ne saurais dire quoi exactement, donc on va rester sur cette idée un peu vague. Et utopiste? Sûrement! Il faudrait interroger le groupe sur cette prise de risque qui consiste à faire tourner en boucle sur de très longues minutes un ou deux riffs, à peine. Certains auditeurs doivent adorer la sobriété, moi je l’aime quand il y a un tout petit peu d’autre chose avec. Par contre, j’ai adoré l’utilisation des claviers! C’est même selon moi l’un des atouts majeurs de ce premier album, la prestance de ces derniers m’a laissé pantois. Il y a une vraie atmosphère très funéraire pour le coup, et bizarrement je trouve que cette prestance des claviers sauve vraiment beaucoup les apparences. Une première écoute qui a donc permis de révéler des éléments intéressants et également quelques petites lacunes, mais sans gravité.

La production est d’ailleurs étonnamment bonne pour un premier album! Shamael a mis les petits couverts dans les grands avec un son très bien fait. J’ai été un peu surpris au début d’entendre les claviers un peu plus hauts que la « norme », mais au vu de leur utilisation préalablement saluée, j’ai trouvé ce choix fort audacieux et surtout payant. Les autres instruments sont un peu en retraits, ce qui ne m’a pas dérangé outrageusement étant donné que je trouvais les riffs trop répétitifs. La batterie aussi a une place très bien faite, et comme elle est relativement discrète en termes de placements rythmiques, pas vraiment surpris non plus. En fin de compte, la production est exactement le type que j’attendais pour du funeral doom avec un son bien épais, des instruments bien présents, juste ces claviers rehaussés que j’ai trouvé superbement original, et vous avez donc un premier album de fort bon aloi! En tout cas, avec tous les codes qu’il faut pour faire un bon album funeral doom! Très bonne surprise!

Mon constat n’a invariablement pas changé après plusieurs écoutes. Il faut être sacrément amateur, que dis-je! Fanatique de la musique minimaliste pour tomber en extase devant Melancholie der Engel. Sinon, l’ennui s’immisce avec lenteur, comme les rythmes peu chaloupés des quatre morceaux. Après, je peux entendre que cela plaise à tout un chacun, mais Shamael, au vu de son parcours musical intimiste mais talentueux, aurait pu proposer une musique légèrement plus travaillée. Les compositions sont très bonnes mais un peu ennuyeuses, surtout qu’en plus de cela, pour ne rien arranger au schmilblick, elles sont longues. C’est un peu comme entendre le son d’un métronome pendant de loooooooooongues heures : vous vous endormez. Rassurons notre ami italien : je ne me suis pas endormi du tout! Au contraire, il est aisé de pénétrer l’univers absolument mortuaire de Shamael tant les riffs sont bons. Mais… On tourne trop en rond. C’est vraiment dommage!

Cela n’enlève en rien que Galasso est très bon, étant multi-instrumentaliste on peut sans peine lui reconnaître ce talent. J’ai trouvé que son utilisation des instruments, si l’on exclut la non-progression des pistes, est très intelligente. Balancer des lignes d’accord tout en gardant un rythme carré c’est tout sauf une sinécure! Et en plus de cela, la batterie est très bien composée alors qu’il me semble avoir compris que le musicien de Shamael n’a pas de formation idoine! C’est donc assez surprenant de constater qu’il y a ce grain de génie qui a permis de pondre des lignes de batterie comme un « vrai » batteur l’aurait fait. Je n’arrête pas de dire qu’il faut qu’un musicien à la tête d’un one-man band se fasse accompagner pour composer la batterie! Shamael est officiellement l’exception qui confirme la règle comme on dit. Bref! Shamael est mené d’une main ferme mais assurée et je trouve que Raffaele Galasso est un très très bon musicien! Du moins, dans sa branche!

Et son chant ne fait pas exception. Je trouve que la technique est bonne, mais c’est simplement les retouches qui manquent un peu. A l’inverse d’un chant à l’Ahab qui amène une énorme sensation de profondeur, ici le chant patine un chouïa. Il aurait fallu remonter quelques effets chants en studio pour donner une importance encore plus folle! Mais bon, le chant a le mérite de bien mener la baraque et c’est l’essentiel.

Bon, je finis cette chronique ici, et pour conclure je dirais que ce premier album de Shamael est une belle découverte. Il y a du potentiel, et je pense que si Raffaele Galasso s’amusait un peu à amener quelques précisions sur un funeral doom très simpliste, il y aurait largement de quoi faire exploser mes neurones de bonheur. Pour le moment, on en est au stade des prémices de quelque chose de potentiellement bon. Les prémices amenant donc quelques axes d’amélioration qui se concentrent exclusivement sur la nonchalance des compositions, et le besoin d’amener ainsi quelques petites touches originales. Mais pour l’heure, ce Melancholie der Engel est un album qui doit être découvert et apprivoisé et j’en veux pour preuve les claviers qui sont superbes. Pour découvrir du funeral doom, je pense que l’on est sur une base qui peut être séculaire et intéressante, donc à vous de faire votre opinion! Le mien est fait, et il est relativement bon.

Tracklist :

1. Leaf 07:26
2. Crown Shyness 08:13
3. Way of Woe 11:01
4. Moonsoon 13:20

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Bandcamp

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