Line-up sur cet Album
• Nathan Hunt : Chant, Guitare acoustique
• Derrick Shipp : Guitare, Chant
• Josh Hamler : Guitare, Chant
• Matt Fisher : Basse, Chant
• Adam Zemanek : Batterie, Chant
Style:
Post-GrungeDate de sortie:
28 Juillet 2017Label:
Mascot RecordsNote du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9/10
Notre écoute est décidément conditionnée par la situation et/ou l’état d’esprit dans lequel on se trouve à la réception d’une œuvre… C’est d’ailleurs pour ça que je vais cette fois-ci changer de la sempiternelle ritournelle du « vends ta grand-mère pour acheter ce disque : c’est trop de la balle » ou « conserve ton rein pour une meilleure occase : ce skeud est nul à chier » pour vous narrer une petite anecdote.
M’en rentrant du taf – oui, chroniqueur, c’est un hobby, hein, bosser dans un webzine gratos, ça ne nous donne pas aujourd’hui notre cote de bœuf de ce jour –, je m’étais dit après avoir écouté un extrait sur Yout’ que ce skeud de Shaman’s Harvest sonnerait certainement bien dans ma caisse… Et puis, étant un Grand Procrastinateur devant l’Éternel, comme tout un chacun, je me suis également écouté unanimement avec moi-même après moult concertations sur le fait que j’aurais la flemme de l’écouter en détail et faire une analyse ultra poussée à base de renversements d’accords et de contrepoint – ce qui aurait d’ailleurs été franchement inutile pour le genre dans lequel évolue le groupe, plutôt teinté gros rock bluesy et avec des influences grunge (ça s’appelle « Post-grunge » selon les étiqueteurs, perso ça me fait penser davantage à du gros rock US avec des teintes modernes, mais bon).
Bref… Me voici donc dans mon bolide 6CV fiscaux par un temps mitigé mais très marqué, ce temps lourd où la lumière se dispute avec les ténèbres et dont la torpeur rend tout usager d’un véhicule, motorisé ou non, encore plus con que la moyenne quand le baromètre dépasse un certain taux d’hectopascals. La route est longue, et droite, et les nuages noirs cisèlent un ensemble de canyons et de montagnes rocheuses qui semblent narguer l’horizon, opposé par la verticalité de ce trait noir de bitume, un décorum de far west sans les tumbleweeds ni les rattlesnakes… Dommage d’ailleurs parce qu’avec une telle bande son, c’eut été impeccable de véracité, les panneaux « Road 666 » en moins.
L’odeur ferreuse émanant du sol et la poussière qui volète en petites tornades poussées par des vents changeant ne font qu’abonder dans mon imagination, au son semi shamanique de l’introduction de l’album, au titre éponyme de « Red Hands, black Deeds », qui plante d’autant plus le panoramique d’ouverture du western routier qui s’annonce. L’Esprit de l’Ouest tel qu’en parle le tatou dans Rango est avec moi – bon, pas de Clint Eastwood doublé par Timothy Oliphant dans une voiturette de golf, mais OSEF, je ne fais que vous planter un décor. Cet entre-chien-et-loup diurne commence à se déchirer d’un éclair qui vient zébrer le ciel obscurci par les trombes d’eaux qui déferlent au loin… Pas un grondement de tonnerre, malgré la fenêtre ouverte qui n’aurait pas obstrué cet effort tonitruant de la Nature pour se faire entendre, juste celui de la batterie et des guitares saturées de « Broken Ones » qui rythment le va-et-vient des essuie-glaces quand l’averse redouble de force et de véhémence… Ainsi en va-t-il du « The Come up » qui s’ensuit.
Puis ce calme, cette paix post-tempête, une trêve dans le déchainement des éléments qui coïncide avec les quelques premières notes de piano de « A longer View », un morceau apaisé qui malgré l’aspect rock et rude de l’ensemble de l’album sonne comme un mélange des Floyd et de Peter Gabriel dans cette non-violence hargneuse qui ne fait qu’anticiper le retour du mouvement et du remous, tant dans le ciel que dans la rythmique groovy du morceau qui s’enchaine, « Soul Crusher »…
Bon allez, on arrête là le descriptif longuet, j’en ai déjà trop dit pour – théoriquement – vous donner a minima l’envie d’y jeter une oreille. Donc pour la faire courte, ce disque est une réussite d’ambiance tout comme de technique, un son typiquement rock US teinté d’un soupçon de stoner, de balade folk, de country (désolé : spoiler), avec ce feeling si particulier et si difficile à rendre authentique pour qu’on s’y croie un tant soit peu. On ajoute à ça des mélodies accrocheuses et efficaces, tant sur les refrains que les couplets, autant vous dire que c’est comme ajouter une pincée de sel avant de vous envoyer votre teq’ paf…
Après, vous pourrez toujours me rétorquer : « Ouais mais bon, ils n’ont pas de mérite, ils sont ricains donc c’est simple pour eux de retranscrire l’esprit de l’Ouest… » Certes, le fait d’être bercé dans cette culture, ça aide… Mais n’est pas donné au premier gringo venu de le faire si bien ! Et c’est pas parce qu’on vient du Missouri – l’accent prononcé aide à s’en douter – et qu’on a déjà sorti cinq albums qu’on est forcément bon dans un domaine. (Et je vais arrêter ici mon propos avant de me mettre dans une grosse session de bitchage hors sujet.)
De la voix puissante et généreuse au ton général de l’album, de la guitare acoustique au vibrant des soli électriques, un album réussi et prenant, à se procurer avant toute balade routière estivale.
A écouter en posant une oreille sur l’asphalte et humant l’air pour sentir l’arrivée de la pluie…
Tracklist :
1. Red Hands, black Deeds (2:13)
2. Broken Ones (3:38)
3. The Come up (3:27)
4. A longer View (4:06)
5. Soul Crusher (3:56)
6. Off the Tracks (3:12)
7. Long Way home (4:15)
8. The Devil in our Wake (4:32)
9. Blood Trophies (5:06)
10. So long (3:02)
11. Tusk and Bone (4:00)
12. Scavengers (4:13)
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