Line-up sur cet Album
Line up : Vince - Batterie / Hachman - Guitare / Olive- Guitare / Jé'- Basse, chant
Style:
Thrash Death MetalDate de sortie:
13 décembre 2021Label:
AutoproductionNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 5/10
“Comparer un homme à Satan, ce n’est pas toujours atténuer l’intérêt qu’il excite.” Georges Meredith
Je pensais avoir découvert beaucoup d’absurdités dans le monde du Metal. Sincèrement, depuis que j’écume cette scène, soit depuis mes treize ans, ce qui fait vingt années pile d’errance, je pensais avoir fait un peu le tour des conneries et autres débilités qui inondent cette scène parfois. Je pourrais vous en citer quelques unes, dont la première consiste à aligner les billets pour se payer de magnifiques tournées, quand on cumule à peine 2000 j’aime Facebook, et que les billets proviennent du compte bien garni de papa et maman. Pas très underground tout cela, mais cela existe. Je vous jure! Mais il y en a d’autres, des milliers de cas que l’on ne soupçonnait pas. Vous connaissez tous jusqu’où peuvent aller les groupes pour figurer sur l’affiche d’un festival, ou d’une salle bien reconnue comme « the place to be », allant jusqu’à une forme de prostitution musicale. C’est vrai que ce jour, j’ai le jugement facile parce que je suis moi-même musicien, vous l’aurez compris, et certains comportements me procurent au mieux de l’exaspération éphémère, au pire une forme de rancune et de dégout qui va au-delà du ressenti que l’on a quand son chien a la gastro-entérite bien carabinée. Certains vont se dire que le Quantum est jaloux parce qu’il râle que son groupe ne perce pas assez, nia nia nia. Non. La vérité, c’est qu’il s’agit plus d’une question, stupide ou non c’est selon, de fierté. Et que dans ce milieu, manifestement, ce paradigme devient de plus en plus étiolé à mesure que la scène s’agrandit car, il faut bien l’avouer, trouver sa place dans ce monde cruel qu’est la musique metal, et a fortiori artistique, devient de moins en moins facile. Après, il faut savoir ce qu’on veut. Plaire aux autres quitte à tirer une balle dans le pied de notre fierté, et se contenter d’abord de se plaire à soi pour envisager de mieux assumer après. En ce qui me concerne, j’ai choisi mon camp. Bref! Tout cela pour dire que dans la vie de chroniqueur, on ne va pas se mentir : on aime bien faire plaisir aux groupes qui ne sont pas trop loin de chez nous. C’est un fait, dès que je vois Grenoble ou les environs dans un album à chroniquer, je suis toujours très fier! Alors que je ne suis pas grenoblois du tout de base, mais bon, les groupes en Ardèche, il n’y en a pas des masses ou alors, ils se sont noyés dans la crème de marron depuis longtemps. Vous allez me dire, Shaytan ne vient pas de Grenoble mais est suffisamment lié à Soil Chronicles pour que la chronique soit légitime. Aussi, ce premier album nommé Ars Moriendi, il fallait le chroniquer d’une certaine manière.
De Shaytan, j’avoue que je ne connaissais que le nom puisque que, comme je disais, le groupe écume suffisamment les salles autour de chez moi pour que je vois circuler le nom régulièrement. Pourtant, le groupe d’Annecy ne cumule pas énormément d’éléments discographiques justifiant un tel élan de concerts. Le groupe a sorti, en effet et à ce jour, « seulement » deux démos si on exclut ce premier album. Une en 2012 éponyme, une en 2021 qui s’avère, petite curiosité un peu bizarre voire déroutante, porter le même nom que l’album présentement chroniqué. Bon… Niveau originalité, on repassera. En fait, dès le départ, je la sens mal cette chronique. Je partais enthousiaste comme toujours, mais comme le dit le dessin animé La Route d’Eldorado que j’adore : « Miguel, tu sais cette petite voix que les gens ont dans la tête et qui recommande la prudence…et bah toi tu l’as pas!! » Me voilà donc plongé dans une forme de dubitation qui, en vérité, n’est que passagère. Mais bon, cette chronique ne part pas aussi bien que je l’espérais. Ce manque d’originalité contextuelle, en n’ayant que peu de sorties et que ce premier album n’ait même pas un nom un brin original pour se démarquer, ne fait que renforcer mes doutes.
En plus, la pochette que j’ai à disposition est exactement la même que la démo du même nom, soit Ars Moriendi. Vous savez, cette phrase en latin qu’on entend partout et qui veut dire « art du décès ». Au début, je le confesse, si on avait fait la chronique des démos, j’aurais plagié volontairement ce que mon ou ma collègue chroniqueur(e) aurait écrit sur la pochette. Le logo reconnaissable du groupe figure bien en place, en rouge, surplombant un grand crâne dans un ciel nocturne semi-couvert par des nuages. On devine quelque part que ce crâne belligérant pourrait faire office de Pleine Lune pour éclairer ces nuages bas. Bon, quel rapport avec « l’art de bien mourir »?… Je ne vois pas. Après, on pourrait se dire que ce crâne serait une représentation d’un sheitan. Pourquoi pas, même si un sheitan ne figure pas du tout comme cela, je vous renvoie à mes cours d’ethnopsychiatrie. Le derrière, puisqu’il s’agit d’un format physique que je chronique, est quant à lui une gravure déjà existante dont j’ignore toutefois la référence, même si on devine qu’il y a des démons, des créatures mythiques qui semblent faire une sorte de procession autour du corps d’un homme décédé. Il y a déjà un peu plus de sens concret dans cette gravure, puisque non seulement cela donne une touche médiévale qui ne me rend jamais insensible, et je vois tout de suite une plus grande cohérence avec le nom de l’album. Puisque la Mort est représentée directement par cet Homme décédé, et la cour de figurines démoniaques en procession funèbre, qui s’affaire autour du cadavre, au moins on a déjà un semblant d’explication. Maintenant… Si j’étais vraiment difficile, je dirais que pour illustrer un album, il faudrait une nouvelle pochette, un nouveau titre, histoire de donner un sens réel et concret à la musique. En somme, cela ne fait pas du tout sérieux de prendre la même illustration de devant pour faire un album pour prétendre à la qualité idoine. Au moins, on fait semblant de franchir un cap quoi… Là, on dirait qu’aucun effort n’a été fait du tout. Et moi, cela me dérange fortement. Sans compter le côté totalement hors sujet de la face avant avec ce crâne et ce ciel nocturne… Non, décidément, visuellement il n’y a rien du tout de convaincant. Mal barrée cette chronique, vraiment.
Pour la musique, je vais dans un premier temps rester sur ce qu’il y a de positif en première écoute, parce qu’un truc m’a sauté aux oreilles et c’est terrible… Shaytan nous propose depuis toujours une sorte de Thrash Metal relevé un peu à la sauce Death Metal, mais vraiment un peu. Si j’avais une métaphore culinaire, je dirais que le groupe a mis du Death Metal comme on remplacerait le gros sel par du sel fin. Une légère pincée, timide et fluette, qui donne tout de même une certaine coloration aux riffs Thrash Metal qui sont particulièrement old school et, si j’ose dire, déjà entendus pas mal de fois. Mais cela, c’est toute la rançon de conserver une part nécessairement old school parce qu’à mon avis, c’est la réelle volonté de Shaytan de baigner dans cet océan ancien. Et cela a du bon! Les riffs sont intéressants, entrainants et mélodiques. Il y a de quoi satisfaire les amateurs du genre Thrash Metal, et n’étant pas un grand adepte de ce style – c’est plutôt notre Grand Sommet du Big-Bang Intersidéral Chris Metalfreak le docteur-ès Thrash Metal de Soil Chronicles – je ne peux pas dire avec certitude si les riffs me plaisent vraiment ou non. Disons qu’objectivement parlant, la musique a son charme, c’est indéniable. Maintenant, le charme c’est bien, mais une femme très charmante peut avoir des pieds plein de cors et de durillons… Moi, je pense que derrière cette apparente nostalgie des années révolues du Thrash Metal, il y a surtout un certain manque d’originalité dans la composition. C’est ce que je disais en fait, de mon point de vue, la musique reprend des riffs déjà entendus souvent, et cette légère coloration Death Metal qui malheureusement n’est pas mise en valeur comme elle le devrait sonoriquement parlant, ferait un bien fou à la musique de Shaytan! L’épaisseur a toujours ajouté selon moi un plus incontestable aux riffs mélodiques du Thrash Metal, et je pense que rajouter un peu plus de lourdeur qu’elle soit rythmique ou sonore, cela aurait été vraiment bien parce que les riffs auraient été beaucoup plus punchy et plus mis en valeur. Là, il y a de l’énergie mais franchement, cela manque de peps. Et malgré le nombre important de pistes pour constituer ce premier album, j’ai eu de la peine à entrer pleinement dedans. Ce sont des axes potentiels de réflexion pour la suite que je propose, sinon objectivement parlant, je pense que Shaytan avec Ars Moriendi version album, pourrait satisfaire ses fans voire de nouveaux sans trop de souci.
On en vient donc au gros, très gros, très très gros problème de ce premier album. Je connais le contexte de sortie d’Ars Moriendi donc par respect et par « amitié » pour Shaytan, je n’expliquerai pas pourquoi. Mais sachez que la production est absolument mauvaise, pour ne pas dire bâclée. C’est le sentiment qui prédomine quand les premières notes retentissent. Je vous expliquais que le groupe teintait normalement subtilement son Thrash Metal Old School avec des éléments Death mMtal, histoire d’enrober de sonorités épaisses et agressives (surtout en concert) cette musique qui pourrait avoir la patate! En vérité, sur cet album, le constat est d’une médiocrité terriblement douloureuse pour le groupe… Le son n’est pas du tout au rendez-vous. On sent d’emblée qu’il n’y a aucun mixage, ni un quelconque mastering. Cela sent les conditions d’enregistrement maison, sinon même répétition. Vous savez! Ce que les groupes font parfois pour sortir une démo « avec les moyens du bord ». Sous-entendu : ne pas dépenser un radis. Du coup, le son étouffe tout, on n’entend à peine les guitares et le chant qui sont noyés dans une son trop en basse fréquence, la batterie est lointaine. On a le sentiment d’avoir un amas trop adipeux qui dégouline dans nos oreilles, bouchant nos tympans. Je serais gentil, je dirais qu’il y a l’excuse de la méthode « maison », et quand on est dans le cas des démos, normalement on se montrerait un brin indulgent, et encore. Certains groupes se donnent les moyens, et pas que financiers, pour pondre une démo potable. Là, non seulement on est face à un premier album censé être porté aux nues avec une grande fierté, pour montrer à l’auditeur qu’on a faim! Mais en plus, Shaytan n’a même pas l’excuse de la jeunesse puisque le groupe existe depuis 2010! Soit treize longues années pour sortir ce premier album. Alors, la question demeure : pourquoi cette production horrible? Pourquoi ce son minable? Eh bien, la réponse, enfin… L’excuse, je l’ai. Mais par décence, je ne citerai pas la cause établie par le groupe. Mais pour moi, ce son inaudible n’est ni fait, ni à faire, et ne souffre d’aucune excuse recevable. L’album a été tout simplement et sciemment bâclé, c’est aussi simple que cela… Et c’est… Dommage pour être sympathique.
L’absence de concept clair m’oblige à aller directement sur le terrain du chant. Normalement j’accorde un paragraphe sur ce que m’inspire contextuellement l’album, mais Ars Moriendi m’ayant totalement découragé, et l’idée même de ne pas se prendre le chou à chercher un concept intéressant, reprenant donc le visuel de la démo initiale et le nom, je n’ai même pas envie. Du coup, le chant! Alors, j’aurais été bien content d’en dire du bien, parce que même si la technique reste assez simpliste, au moins la coloration Death Metal est ici bien représentée par la technique en growl medium voire grunt grave du chanteur. Il faudrait un peu plus de hargne pour que le chant soit pleinement convaincant, parce que cela demeure assez plat. Mais au moins, le Death Metal, on l’a! Et c’est pas mal! Maintenant, je suis bien en difficulté pour en dire du bien parce qu’encore une fois, cette production horrible le met tantôt trop en avant, tantôt trop en retrait. Et dans les deux cas, la platitude sonore du chant est due à l’absence de mixage et de mastering donc bon… Allez! Si j’étais tatillon, je me plaindrais de l’articulation un peu défaillante, mais je ne veux pas accabler davantage Shaytan. On va dire que le chant n’est pas mal du tout, histoire d’être enfin positif.
Bon… Que dire pour conclure cette chronique?… Normalement, quand on sort un premier album comme le fait Shaytan ici avec Ars Moriendi, on devrait en être fier. Le porter aux nues, le mettre en avant avec un élan de fierté et une motivation énormes! Ou tout simplement l’assumer quoi. Avant de faire la rédaction, je m’étais fait un premier constat : l’album est annoncé quasiment nulle part. C’est surprenant. Ensuite, j’ai eu quelques informations que je qualifierais de compromettantes sur le contexte de sortie de ce premier album, que par décence comme je disais, je tairai ici. Mais en tout cas, cela résume parfaitement ce que je pense de cet Ars Moriendi : il est totalement bâclé. Musicalement parlant, ce Thrash Death Metal n’est pas du tout inintéressant, loin de là. Et j’imagine sans peine qu’après treize années d’existence et de quasi disette, Shaytan va enfin pouvoir satisfaire ses fans de la première heure! Mais comment peut-on défendre un tel album?… La production est sans appel, totalement ratée, sinon volontairement bâclée. Les riffs demeurent assez déjà entendus pour un premier album, ce qui n’est jamais simple à défendre ni à présenter. Et enfin, reprendre le visuel de la démo précédente ainsi que son nom montre totalement que le groupe n’a tout simplement pas sorti cet album par choix et motivation, mais soit par nécessité, soit sans but réel. Et résultat : l’album est mauvais. Vraiment. Je suis désolé. D’autant que quand on fait l’effort de nous envoyer un format physique, on essaye toujours d’être indulgent et reconnaissant de l’effort fourni. Mais là, ce serait mentir et ne pas rendre service Shaytan qui peut largement, mais largement, faire mieux que cela… C’est triste mais par respect et « amitié », j’ai mis 5/10, mais dans un autre contexte, un autre album, cela n’aurait même pas mérité la moyenne. Voilà.
Tracklist :
1. Empire of the Sun (03:16)
2. Ars Moriendi (04:04)
3. Destroyer (03:59)
4. Exorchrist (03:28)
5. As Trenches Swallow Us (03:34)
6. Heaven’s Gate (05:24)
7. Cough up Blood (04:24)
8. Enlevez-les Moi (04:24)
9. Matul (04:19)
10. Carnivore (03:40)
11. Barberian (04:11)
12. Betrayer (03:43)
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