Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 8/10

Autant le dire tout de suite, ce premier album de Silicose m’a interpellé en bien. Pourquoi ? Parce qu’il sort du lot et des lieux communs dans lesquels le Black Metal s’enferme un peu trop souvent à mon goût.
Comme son nom devrait l’indiquer, Silicose, originaire de Lorraine, nous parle du monde de la mine et des mineurs de fond. Intitulé « Au Fond de la Mine », j’ai perçu cet album comme un hommage à ces mineurs, à leur travail de forçats, aux risques qu’ils ont pris toute leur vie durant, mais aussi à leurs luttes sociales. L’album est sorti le 1er mai chez Acid Vicious et Remparts Productions, ce n’est évidemment pas un hasard.
Dans la démarche du groupe, consistant à rendre hommage autant aux hommes, qu’à la terre de Lorraine, il y a ce quelque chose qui m’a rappelée celle de Panopticon avec leur album « Kentucky » ou le titre “La Passione de Sacco & Vanzetti”. Silicose propose d’ailleurs une reprise au clavier de la chanson de Joan Baez consacrée aux deux militants anarchistes d’origine italienne exécutés en 1927.

Mais revenons à nos moutons noirs…. En règle générale, le Black Metal aime bien se tourner vers le passé et l’honorer. Pensons au Black Médiéval, par exemple, qui est un des archétypes de ce positionnement. Il est souvent question, là dedans, d’héritage ou d’hommage à une période ou à un personnage pris comme référence, par rapport à un présent décadent et oublieux.
Silicose est un peu dans cette démarche, tout en s’en démarquant… Lui ne semble pas avoir reçu en héritage un château ou je ne sais quelle cuillère en argent pour jouer aux mauvais garçons. S’il y a une bataille qu’il se remémore, ce n’est pas celle qui a eu lieu dans un passé imaginé et idéalisé de toute pièce, c’est celle de leurs pères ou grands-pères contre les firmes minières et l’Etat. Que ce soit pour descendre tous les jours dans les entrailles de la terre, que ce soit pour protester contre des conditions de travail ou de vie indignes, ou qu’il s’agisse de lutter contre les licenciements massifs, le combat, le courage de ces hommes et femmes vaut bien celui de je ne sais quel guerrier, et la haine de la bourgeoisie capitaliste vaut bien celle éprouvée plus communément dans le Black Metal pour les religions ou d’autres choses.
Il y a, du coup, dans la musique et l’univers de Silicose, beaucoup d’éléments qui m’ont simplement et personnellement touché. Pour de multiples raisons, que je n’énumèrerai pas, je me reconnais beaucoup plus dans ce passé là, tout simplement.
Musicalement, Silicose évolue dans un registre plutôt raw, avec des intonations Punk et Rock assez marquées, que ce soit dans l’instrumentation ou le chant. Les différents morceaux proposés sont simples, directs et efficaces. En bref, ça ne tortille pas du cul pour chier droit. Les paroles n’y allant pas par quatre chemins non plus (“Massacre Patronal”), on tient là un album nerveux et ramassé. Souvent on croise quelques extraits de films, notamment du « Germinal » de Claude Berry (avec Renaud dans le rôle de Lantier et Depardieu dans celui de Maheu).
Silicose puise aussi dans le riche répertoire musical ouvrier, en ouvrant son album avec « Le chant des mineurs de Trieux » qui, au début des années 60, ont protesté contre une vague de licenciements, en occupant le fond de leur mine pendant 79 jours. Dans “La Cité Ouvrière” le groupe reprend aussi deux couplets de la chanson “Le Triomphe de l’Anarchie” de Charles d’Avray.

Atypique, Silicose l’est très certainement au sein de la scène Black et, personnellement, c’est là que se situe son attrait. Un album touchant par ses intentions et l’histoire qu’il raconte.

Tracklist :

1. Le chant des mineurs de Trieux (01:48)
2. La poussière dans les Poumons (02:56)
3. Le Coup de Rivelaine (03:18)
4. L’Odeur du Grisou (03:16)
5. Un Jour Tout s’effondrera (04:09)
6. La Grève (04:10)
7. Massacre Patronnale (04:07)
8. Cité Ouvrière (03:36)
9. Lueur Lointaine (03:22)
10. L’éboulelement (02:20)
11. Here’s to You Sacco and Vanzetti (Ennio Morricone cover)

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