Line-up sur cet Album
- Laurent Chaulet – Guitares
- Mathias Dubar – Batterie
- Charles Sangnoir – Basse, Chants
Style:
Rock GothiqueDate de sortie:
23 septembre 2022Label:
Autumn Spleen / MusicÖEyeNote de la Soilchroniqueuse (Migou) : 9/10
En ces temps fabuleux (entendre par là « en mode fables » de Noël), il est des paraboles (des fables, des histoires, des notions… pas les antennes !) qui viennent titiller nos morales. Parmi celles-ci, la fameuse sentence « Savoir séparer le bon grain de l’ivraie »…
Il faut savoir séparer le bon grain de l’ivraie. Il est vrai que mélanger toutes matières à portée de main n’aboutit pas toujours à un heureux événement, voire même peut s’avérer catastrophique. Ce n’est pas « Lulu » qui dira le contraire. Mais s’il est parfois utile de séparer ce-dit bon grain de ce que certains déclarent de l’ivraie pour éviter tout mélange toxique, on peut tout de même se poser la question de « kesako l’ivraie », en termes de musique ? Qui définit ce qui est bon de ce qui ne l’est pas ? Bien sûr, il y a la théorie : tels accords sont harmonieux, d’autres pas. Là, Mémé va juste vous rappeler que c’est le saint Triton qui fait tout le panache de notre Metal ! Vous savez, cet accord « du diable », comme certains aiment à le nommer et qui dissone à fond la caisse de résonance
Bref, l’ivraie nous livre parfois des matières premières de toute beauté. Loin des déchets dans lesquels les puristes (ou les élitistes, c’est du pareil au même) voudraient les reléguer, il nous faut juste les regarder du bon côté. Le verre n’est-il pas à moitié plein ?
Alors quand un guitariste qui nous vient de la fange extrême du Doom compose des riffs par trop enlevés pour y être intégrés, il les garde bien au chaud, attendant, provoquant le moment idoine et l’endroit ad hoc pour qu’ils puissent respirer, amplifier, grandir au soleil froid du noir gothique. A la faveur d’une rencontre entre trois personnes douées dans leurs domaines de prédilection respectifs, ces riffs grandissent jusqu’à devenir un grand album de Rock Metal Gothique.
Ce guitariste, c’est Laurent Chaulet, des groupes de (Funeral) Doom Mourning Dawn, Wastes (ex-Funeralium, ex- Inborn Suffering ). Ces riffs, il les propose dans un autre contexte, à son prof de chant, Charles Sangnoir, chanteur de blues/rock/cabaret noir notamment dans son projet La Chanson Noire. La touche Goth, Post Punk, est arrivée. Troisième larron, un batteur venu tout droit du monde de l’Indie Rock, prof de MAO en conservatoire, Mathias Dubar est invité en session à partager ce moment de grâce.
Car oui, c’est de grâce dont on parle ici (vous vous souvenez, fables de Noël et tout et tout). Fi de Noël, Silt, dont le nom traduit n’est autre que le limon, substance qui brille au fond des lits de nos rivières, charriant alluvions et allusions à d’autres bands dont les noms résonnent comme des oriflammes : Sisters of Mercy, Katatonia, Tiamat… Silt, jeune groupe montpelliérain, nous offre un petit bijou pour qui désire laisser voguer son âme dans les méandres des émotions Gothiques. Certes, c’est moins lourd que le Doom auquel Laurent nous a habitué, mais cela colle à la perfection avec tout l’univers dont il s’est finalement entouré.
Chaque morceau est une facette de ces roches qui, léchées par la musicalité du trio, taillées par la voix veloutée de Charles Sangnoir et poncées par des paroles ciselées, offrent ces paillettes de mica qui font le sel du limon.
L’ennui ne vient pas nous cueillir, puisque chaque piste a sa personnalité, tout en gardant cette bulle de Metal Rock Gothique. Au son de la basse jouée au pick, le titre qui ouvre l’album The Hazmat Game, « Into Overdrive », déboule entre le Rock Gothique et le Post Punk très stylisés. Une prod actuelle, des ambiances qui mettent de suite les poils en érection. Et là-dessus, la montée au filet vers les 3′ renforce encore cet effet priapique.
Le second, « Mutiny » accélère le tempo, et reste très typé Rock Gothique, Post Punk. Les vieux Midnight Oil de la première époque viennent se rappeler à nous. La basse à la croche, l’utilisation du Tom Basse, les petites mélodies à la guitare juste avant l’envolée du solo appuyé par la section rythmique, on retrouve toutes les figures de style du genre.
« Late to life » est plus contemporain, on y sent l’influence lourde du Doom. La basse est ultra en avant. Et que dire de ce « tic toc », gimmick qui va vous rester toute la journée dans la tête.
« Diva of Death and Destruction », titre sur lequel plane une aura draculesque (1’10). Jusque dans la voix qui finit sur un souffle. « Last Rites », débute sur un riff en son clair sur lequel la basse vient greffer sa sonorité grave. Lenteur et précision. Beauté et frissons. Et ces voix doublées…. simplicité et efficacité.
« Hazmat Game » reprend du rythme de la bête et nous envoie une intro digne de « Dreamworld » de Midnight Oil, le son plus grave pour une touche plus actuelle. Ce titre éponyme, mélange les influences de notre trio. « Under will » débute sur un duo batterie-basse avant d’accueillir un solo en arpèges overdrivées de la guitare. Et cette petite suspension du temps avant d’entamer un chant à la fois doux, enveloppant et plus poussé sur le refrain… c’est jouissif. Le dosage entre les uns et les autres est juste sublime.
« Devourer of Souls » envoie du pâté, avec son début tout en chorus à la guitare avant d’exploser. « Babylon » offre une ambiance supplémentaire avec la batterie en avant, un son plus Metal.
On termine sur « Exhale », le pur moment de calme, où tout redescend. Les ambiances, le rythme, tout appelle à souffler, exhaler… On plane avec eux.
Quand on regarde le limon, nos yeux scintillent des micas et autres roches qui jonchent le lit des rivières. Quand on creuse le limon, on fouille les entrailles de la terre jusqu’au plus profond de son être, on en extrait de la boue, des sédiments, des poussières de roches.
Ce jeu des matières dangereuses (traduction de Hazmat Game), des influences qui ne vont pas ensemble, paraît il, sont ici combinées pour offrir au limon (Silt), un lit scintillant dans lequel se déverse le flot parfois tempétueux, parfois lourd, parfois calme des émotions de leur musique.
Espérons que cet album ne tombe pas sous le joug de la fabuleuse malédiction du « trop Metal pour les amateurs de Post Punk et trop Rock Gothique pour les Metalleux ». On passe du Post Punk/Rock Gothique des années 80 à quelque chose de plus contemporain, teinté de la lourdeur du Doom. Alors, vous en êtes toujours à vouloir « séparer le bon grain de l’ivraie » ? Ne laissez pas les fables d’antan vous dicter vos goûts ! Silt, à découvrir absolument !
Et pour accompagner l’écoute, je vous convie à la lecture de « Sous Pression », le roman de notre confrère Philippe Saidj (chroniqueurs chez « Les Eternels ») dont les personnages s’initient mutuellement au Metal comme à la musique Gothique.
Pour Mémé, The Hazemat Game est une pépite… et petit message au passage : ce serait un kiff de vous voir en tournée avec Baïkal…
Tracklist :
1. Into Overdrive (4:04)
2. Mutiny (4:15)
3. Late to life (4:27)
4. Diva of Death and Destruction (5:06)
5. Last Rites (4:15)
6. The Hazemat Game (4:10)
7. Under Will (4:52)
8. Devourer of Souls (4:32)
9. Babylon (5:45)
10. Exhale (6:29)
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