Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8/10

Elle était là, nue, abandonnée ; lui, toisait religieusement sa toison et son buste orgueilleux, de la teinte de l’albâtre dont sont faites les piétas. Elle était cambrée contre le plan de travail, tel un arc-boutant à la cathédrale de son corps dans lequel seul un pieu oserait pénétrer, la foi dans une main et le goupillon dans l’autre. La voute que formait le creux de ses reins n’avait d’égal que celle ornant la chapelle Sixtine, comme touchée par le doigt divin de la Création… Bien… Maintenant que j’ai toute votre attention, on va pouvoir discuter de Draft, 2ème EP de Skritikall.

Autant vous dire que c’est moins sexy et qu’il faut s’y prendre à plusieurs fois pour rentrer dedans. Déjà parce que le booklet n’incite pas forcément, avec son artwork représentant un personnage griffonné au posca blanc sur fond noir, pas de paroles mais des photos – mais ça on ne le découvre qu’en ayant ouvert le CD et ledit booklet. Pas de quoi provoquer une turgescence démesurée. Ensuite musicalement, les deux premiers titres, « Yelling » et « Endorphin » sont très bruts de décoffrage, dans un Death Metal progressif sans arrangement ni compromis (des grattes, des rythmiques syncopées, pas de claviers pour servir de vaseline)…

Et pourtant, passée cette prime approche, on finit par y être bien, y retrouver des marques et des repères, surtout – enfin c’est mon ressenti – chez Hacride et beaucoup Loudblast, les rythmiques et contrepoints aidant mais aussi le grain vocal de Soufièn Daïr assez proche par moments de celui de Stéphane Buriez. Ce qui fait que les quatre titres suivants passent crème, comme papa dans maman – oui, on va arrêter la poésie érotique, trop de romantisme tue le romantisme. On retourne à des sources Thrash/Death qui gardent un aspect alambiqué mais ne soulent pas, variant les ambiances : tantôt lascive (comme sur la transition « Max. 1 » et sa guitare classique lancinante), tantôt rentre-dedans – tiens, on y revient.

Le quatuor stéphanois propose un acte qui mériterait d’être rallongé mais qui est de bon augure pour une suite aussi efficace et attrayante.

A écouter en (re)lisant les bouquins de Françoise Rey (ou, pour les old school, les Barbey d’Aurevilly dans ses périodes les plus coquines).

Tracklist:

1. Yelling (6:41)
2. Endorphin (5:41)
3. Still Intact (6:03)
4. Disturbs and Manhandles (5:39)
5. Max.1 [feat. Max Dozolme] (2:08)
6. Draft (9:03)

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