Note du SoilChroniqueur (Arno) : 10/10

Même s’il est encore un peu tôt pour commencer à parler des albums de l’année, j’affirme ici qu’indépendamment de tout ce qui est déjà sorti et de tout ce qui est à venir, Skuggsjá a écrit, avec « A Piece For Mind & Mirror », le plus bel album de Folk Métal qui soit mais également la plus belle musique de ces dernières années.
Je vous entends venir, chacun va y aller de ses références, de ses incontournables, peccadilles que tout cela. Einar Selvik (Wardurna entre autres) et Ivar Bjørnson (Enslaved) sont parvenus à extraire de leurs entrailles nordiques la quintessence du style, une commande pour les deux cents ans de la constitution norvégienne. Je n’ose imaginer à qui l’on confierait cette tâche en France… Et je crains encore plus ce qu’il en résulterait.

Ici, n’allez pas imaginer une succession de chansons paillardes ou encore tous les clichés habituels que trimballent le genre Folk. C’est du sérieux, une tranche d’histoire, de fierté nationale, pas l’occasion de picoler en se tenant par les épaules. À ce titre, il y a donc plusieurs éléments qui me transportent. Tout d’abord, c’est la beauté des sonorités des instruments traditionnels, la mélancolie nostalgique qu’ils dégagent. Le fait qu’ils soient subtilement dosés, s’harmonisant parfaitement aux guitares, participe grandement à la sublimation de chaque titre. Ensuite, ce sont les chœurs d’hommes. Si vous êtes un poil trop émotif, c’est la chair de poule et la larmichette assurées. « Tore Hund », « Rop Fra Røynda / Mælt Fra Minne », le divin qui me laisse sans mots « Kvervandi » sont tout simplement bouleversants, sublimant les valeurs ainsi que la culture d’un peuple. L’effet est à chaque fois le même : tripe nouée, gorge serrée, œil humide. Et puis merde, la puissance du truc bordel ! Prend au bide direct, les mélodies touchent à quelque chose de quasiment surnaturel.

« A Piece For Mind & Mirror » a beau être une « prestation » si je puis dire, et je n’ose imaginer l’honneur que ce doit être pour les deux hommes, ces derniers n’ont pas pour autant occulté leurs racines Métal. On trouve donc quelques pièces s’apparentant au Black Métal Progressif, « Makta Og Vanæra, For All Tid » par exemple, qui est le seul titre où l’on entend des vocaux criards, ou encore « Skuggeslåtten », sur lequel, à trois minutes quinze, tu t’envoles dans un univers onirique. Les putains de cuivres, lancinants, posés sur des guitares agressives, c’est la claque, la grosse, la définitive, le Ko debout.
Encore une fois, vous aurez beau me faire écouter ce que vous voulez après un tel choc musical, je ne vois rien qui puisse surpasser une telle expression de talent, d’inspiration, de richesse, de finesse, de génie même pour peu que le terme ne soit pas encore trop galvaudé. Si vous n’avez pas encore acheté cet album, c’est sans doute la pire erreur que vous pourriez faire cette année.

Tracklist :
01 : Intro: Ull Kjem
02 : Skuggsjá
03 : Makta Og Vanæra, For All Tid
04 : Tore Hund
05 : Rop Fra Røynda / Mælt Fra Minne
06 : Skuggeslåtten
07 : Kvervandi
08 : Vitkispá
09 : Bøn Om Ending, Bøn Om Byrjing
10 : Outro: Ull Gjekk
11 : Skaldens Song Til Tore Hund [Bonus Track]
12 : Quantum Pasts [Bonus Track]

Site officiel : http://www.skuggsja.no/
Facebook : https://www.facebook.com/SkuggsjaNO/