Line-up sur cet Album
- Smohalla:
- Slo : chant, guitare, claviers, batterie
- Camille : basse
- Omega Centauri:
- Tom Vallely: instruments
- Svograth : chant
Style:
Avant-Garde BM, BM AtmosphériqueDate de sortie:
avril 2013Label:
Duplicate RecordsNote du SoilChroniqueur (Lusaimoi) : 8/10
Les splits CDs ont ce défaut d’aligner sur une même galette deux groupes, ou plus, qui, parfois, n’ont rien en commun si ce n’est une vague appartenance à un même style. Parfois, seul un des groupes est intéressant, le second souffrant d’une comparaison désavantageuse. En fait, ce que je n’aime pas vraiment, sur les splits, c’est cette impression d’être en présence de deux univers incomplets, qui devraient se compléter l’un l’autre, sans y parvenir.
Mais le split, c’est aussi l’occasion pour les groupes ou les labels de diviser les frais et, potentiellement, multiplier les intéressés. Ainsi, certains groupes, comme Horna, ont sorti un nombre incalculable de splits (en fait si : quinze, presque deux fois plus que d’albums).
Pour nous, auditeurs, c’est aussi l’occasion de découvrir de nouveaux groupes : ceux qui partagent la galette avec celui qui nous intéresse. Surtout que ça peut être réussi.
Et ce digipack, aux deux atworks symétriques, semble vouloir nous dire qu’ici, les deux groupes présents partagent un peu plus qu’un format.
Alors enfilons le CD, et découvrons de « Tellur/Epitome », œuvre commune de Smohalla et d’Omega Centauri.
Alors moi, Smohalla, le groupe qui m’a poussé à m’intéresser à ce split, je les ai découverts avec « Résilience », leur premier album sorti en 2011, que j’avais commandé pour rentabiliser des frais de port (comme quoi…), et j’y avais découvert un Black Metal étrange et impétueux, teinté d’une certaine forme de décadence, et dans lequel les éléments symphoniques sont dérangeants et bien éloignés des clichés.
« Tellur » débute, après une intro ambiante rythmée à la basse, sur ces mêmes éléments de décadence, mais prend rapidement un chemin différent.
Bien sûr, on reconnaît Smohalla. Des riffs aussi rapides que tordus, qui nous emportent toujours vers le bas, sans cesse changeants dans un implacable – et bizarrement fluide – chaos, que viennent soutenir, entre autres, ces nappes de claviers si particulières et ces cris aussi déchirants que déchirés. Une clameur en français, aussi abstraite que symbolique, s’inspirant de thèmes bibliques.
La musique de Smohalla est en cela étrange, qu’elle semble partir dans toutes les directions, qu’elle va piocher dans de nombreux styles (Sympho, Folk, Classique…) tout en allant vers un but précis et en offrant quelque chose d’extrêmement cohérent. Elle se montre aussi aérienne que plombante (ah le début de « La Main d’Abel » et ces riffs qui semblent représenter le galop d’un cheval), sans jamais nous laisser aucune chance de respirer.
Un peu comme assister à une tempête, faisant référence à l’artwork de ce digipack : tout est pourtant logique, régit par les lois de la nature, mais tout nous apparaît, à nous simples spectateurs des événements, comme incroyablement chaotique.
C’est simple, j’avais pas ressenti cette sensation depuis « Reveürt » d’Öxxö Xööx, dans un genre tout différent. On reste dans une sorte d’apnée, car aucun moment nous est donné pour respirer. Jusqu’à la fin de « La Main d’Abel » en tout cas, avec un passage où tout s’arrête pour laisser parler un synthé qui aurait pu être cheap, si Slo n’avait pas ce… ce talent de composition, qui en fait au final un passage tout simplement grisant – évoquant l’image de ruines fumantes post-catastrophe – justifiant à lui seul l’achat de ce split.
Ce passage introduit un « Ô Déluge » très électro, ambiant et inquiétant, fluide et dissonant, où la voix féminine fantomatique de Joan Ksar rassure autant qu’elle intrigue. Un titre éthéré et froid à la fois, se terminant sur des notes horrifiques avant un retour au BM étouffant avec un « Les Passagers du Vent » final qui renoue avec les sensations ressenties jusqu’alors et semble même les intensifier par un mid-tempo très Doom sur le début, avant une série d’accélérations et de changements qui annoncent une fin épique multipliant les couches sonores, créant ainsi une sensation de vertige.
La transition, c’est souvent la faiblesse des splits (et regardez comme celle que je viens de faire tombe à plat). Un passage, un entre-deux, qui coupe un univers, nous ramène à la réalité, qui fait perdre un peu de consistance au CD, avant de repartir dans un autre monde, avec un autre groupe.
Et la comparaison, inévitable, joue un tantinet en défaveur d’un Omega Centauri, qui se montre plus classique que Smohalla, jouant sur des riffs rapides, répétés et hypnotiques, sur lesquels vient se poser un chant entre le scream et les chuchottements, avec une production un peu plus lointaine. Certains plans sont même déjà entendus (« Naissance » à la 6ème minunte, « Submission » à la 5ème). Mais il faut dire que contrairement à nos Français, Omega Centauri ne fait pas dans l’Avant-Garde, mais dans le BM atmosphérique.
Et du coup, la transition se passe quand même dans une relative douceur (enfin, si je puis dire). Bon, on sent le passage d’un groupe à l’autre, mais on tourne quand même la tête vers la chaîne pour vérifier. En douceur, car malgré les différences, les deux groupes déploient des ambiances similaires. Et, même si elles sont moins étouffantes ici, les Anglais nous proposent certains riffs plus lourds, appuyés par la rythmique, quelques soli bien dissonants et des passages vraiment prenants, comme sur « Naissance », à la 4ème minute, où la lourdeur est associée à un solo aérien, ou sur « Submission » et son riff bien sympa, dont la 6ème minute marque un tournant épique.
Et malgré ce côté un peu plus classique, Omega Centauri ose servir quelques passages un peu plus expérimentaux, comme les environs de la 3ème minute de « Naissance ».
Contrairement à ce qu’on pourrait penser à la première écoute, les morceaux montrent une certaine complexité. S’ils sont basés sur un riff principal, leurs tempi varient pour apporter de la lourdeur ou des envolées, certains éléments viennent s’ajouter, se retirer pour nuancer les ambiances (« Submission » à 3min30)… Et au final, malgré leur durée approchant les 10 min, aucun sentiment de lassitude ne vient se faire ressentir.
Cette seconde partie, tout comme le split, se termine sur un morceau ambiant de vingt minutes scindé en deux actes. Étrangement simple et sereine, le premier n’est composé que de quelques accords et de sons d’orage. Il s’étale sur une dizaine de minutes, mais réussit à ne pas être chiant, on se laisse bizarrement bercer par la simplicité de la musique. La seconde, après un sacré blanc par contre, introduit, pour la première fois chez Omega Centauri, des claviers. Très criards ils dévoilent une ambiance assez malsaine. On aime ou pas, mais personnellement, je laisse le blanc de plusieurs minutes pour aller jusqu’au bout et en profiter.
Ce « Tellur/Epitome » n’évite pas tous les défauts des splits. On a certains déséquilibres (de durée – 20min pour Smohalla, contre 40 pour Omega Centauri –, de production…) mais on les oublie rapidement, car les deux univers proposés, s’ils ont quelques points communs, comme leurs atmosphères qui se rapprochent, se révèlent assez différents – l’un étant dans un BM d’Avant-garde furieux, l’autre dans un BM atmo plus classique – pour que la comparaison ne dure pas. Les deux parties, étrangement, pourraient se répondre par certains aspects, tout en étant deux entités complètes et fermées. Et même si le passage d’un groupe à l’autre se ressent, la sensation s’efface assez vite au profit de la musique.
Smohalla:
Site officiel: http://smohalla.free.fr/
Facebook: https://www.facebook.com/pages/Smohalla/267240098282
Omega Centauri
Soundcloud : https://soundcloud.com/omegacentauri
Facebook: https://www.facebook.com/pages/Omega-Ce … 0032918310
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