Line-up sur cet Album
Harris Sopovic : guitare, chant Paul Viscolit : basse Viktor Eklund : batterie Magnus Grönberg : guitare
Style:
Death Metal MélodiqueDate de sortie:
22 mai 2020Label:
Testimony RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
« L’Homme, c’est la seule espèce animale qui puisse concevoir l’idée de sa disparition et la seule que cette idée désespère. Quelle race étrange : si acharnée à se détruire et si acharnée à se conserver. » Robert Merle
Parmi les nombreuses curiosités qui jalonnent le metal, il y en a une que je n’ai jamais vraiment réussi à comprendre, non dans le sens de l’acceptation mais dans son sens propre : le black death metal. Autant je peux concevoir et intégrer que l’on fasse des mélanges loufoques, et depuis un moment ce genre de mélanges improbables abondent de plus en plus, comme une volonté de se démarquer aussi viscérale qu’étrange. Mais cette dénomination « black death metal » est une notion que je n’ai jamais vraiment saisie. Comment peut-on mélanger d’une part deux types de sons totalement différents, que ce soit dans les accordages ou dans le spectre sonore, et d’autre part en tenant compte de la rivalité historique qu’il y a entre les deux styles ? J’en viens depuis longtemps à me dire que c’est une ineptie, ou alors qu’il y a deux styles qui, au lieu de se mélanger, cohabitent selon les souhaits du groupe qui en parle. Prenons l’exemple du groupe qui est porté aux nues depuis des années dans ce genre bizarre : Belphegor. Quand j’écoute des albums comme « Walpurgis Rites – Hexenwahn » (que j’adore) ou « Bondage Goat Zombie« , je ne me suis jamais dit qu’il y avait un style de metal, mais j’ai toujours vu deux différents qui alternent selon les riffs. De même que la notion de « blackened death metal » m’échappe encore plus… Bon, tout cela pour dire que je vais aborder ce genre qui s’enfuit de ma compréhension pour le groupe suivant : Sodomisery. Et que je reste assez incertain du résultat.
Sodomisery est le genre de nom de groupe qui parle à tout le monde ! Dès que j’ai vu le nom, je me suis dit : « ah mais oui je connais sûrement ! » alors qu’en fin de compte, que nenni ! Et pour cause : le groupe est très jeune, 2015 étant sa date de naissance, et n’avait jusqu’à présent à son actif qu’un seul EP datant de 2017, éponyme, sorti de manière indépendante et donc ayant fait très peu de bruits. Et j’ai vérifié : il n’y a qu’un groupe appelé Sodomisery qui existe dans le monde, donc ne me demandez pas pourquoi il me semblait le connaître, je n’en sais bougrement rien. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que « The Great Demise » constituait leur premier album, et ce qui me frappe d’entrée de jeu – c’est un détail qui aura de l’importance – est la localisation du groupe : Stockholm. Tout de suite, je pense au fameux son « death metal suédois » que je chéris depuis tant d’années, et je me dis qu’on va avoir droit à tout ce que j’aime !
Et une fois encore, je mets à l’épreuve ma curiosité maladive en m’attaquant dans un premier temps à l’artwork. On retrouve une symbolique bien connue : celle du berger guidant ses ouailles. A ceci près que ce berger-là, si je le croisais, je m’en irais bien vite dans l’autre direction ! Avec ce visage effrayant et cette tenue, on dirait presque un épouvantail. Et de voir ce berger jeter ses moutons dans une fosse en feu, on devine que ce n’est pas pour faire un méchoui ! Derrière ce côté cynique du mythe du berger chez les Chrétiens, on comprend qu’on est sur un concept très nihiliste, pour ne pas dire apocalyptique, avec ce ciel sombre et cet extérieur qui fait très « fin du monde ». J’aime bien le fait de s’attaquer directement au mythe du berger, pour une fois je trouve l’idée originale, et surtout très bien représentée ! Alors après, mais là j’en suis moins certain, on est face à un tableau ou tout du moins un artwork stylisé comme tel. Et encore une fois si c’est avéré, je suis un peu sur ma faim en voyant que Sodomisery, pour un premier album qui plus est, ne fait pas l’effort de prendre une de ces créations, ou créée par quelqu’un d’autre, et non une appropriation artistique et intellectuelle d’un tableau. Mais bon…
Par contre, dès que l’on passe à la musique, on se prend une rafale de violence en pleine poire ! Un peu comme quand on est soufflé par un appel d’air et que l’on a un mouvement de recul significatif. C’est exactement ce qu’il s’est passé dès que les premières notes ont résonné dans ma tête. Et cet assemblage qui me semblait incongru entre le black et le death metal prend soudainement un sens ou, sans exagérer, un début d’explication. Et d’emblée, cette marque de fabrique « death suédois », on la ressent quasiment tout de suite aussi. J’expliquerai plus bas pourquoi. En tout cas, la première écoute a été immédiatement la bonne, comme une bonne pioche au poker, on s’en sert pour rafler la mise. Et ici, le CD ressemble bel et bien à un as.
Je parlais donc de cette fameuse marque de fabrique que l’on retrouve dans le death metal suédois. Cette signature se situe principalement dans le son. Vous devez connaitre ce maître qui s’appelle Jens Bogren qui a contribué à faire du death suédois une référence sonore, qui a participé à certains albums d’Amon Amarth, Soilwork, Opeth, Katatonia, Fleshgod Apocalypse, et j’en passe parce qu’il a un roster énorme. Je vais faire cliché mais j’adore ce son qu’il produit à merveille et, quelque part, je le retrouve dans l’album de Sodomisery. Mesurez, je vous prie, la portée d’un tel propos lorsqu’on parle d’un premier album ! Mais il y a cette agressivité, cette brutalité et cette épaisseur bien particulière, avec de légères incorporations black mais vraiment légères. J’adore, c’est un vrai régal pour mes oreilles, rien n’est à enlever et je suis extrêmement surpris d’avoir une telle qualité de son dans un tout premier album ! Encore une fois, j’invite les groupes qui débutent à se souvenir de cet exemple pour leur première production : tout est possible quand on est soigneux.
Et que dire quand on a le talent en plus ? Eh bien que l’on a un très bon album ! Les musiciens ne me font pas mentir car ils sont tous excellents, et j’en veux pour preuve la mélodie fréquente qu’ils insufflent. On pourrait être tenté de se contenter d’un vulgaire blast, d’un riff déjà entendu mille fois, mais avec Sodomisery on a de tout et c’est très plaisant ! Un mélange d’élans techniques, de notes achalandées et de moments plus brutaux, j’apprécie grandement cette diversité dans la composition. Un très bon point !
La touche finale en revient évidemment au chant, d’une très grande qualité et justesse technique. Alliant un growl medium du plus bel effet avec quelques passages plus soft, j’ai encore une fois le sentiment que cette diversité est maîtresse de la composition générale et me renforce dans mon plaisir. Dites, je ne sais pas vous, mais si vous avez écouté l’album, vous faites le même constat que moi ? Que cet album sent bon pour le futur ?
C’est le moment de jouer la note finale, et elle sera fortissimo. Une surprise que ce premier album, je ne partais pas sur des bases sereines, en étant confronté à la perspective hasardeuse d’un premier CD j’avais quelques craintes d’être déçu. Il n’en est rien, tout au contraire, moi qui suis admirateur de ce son bien death suédois, je ne dois que me mettre à genoux de béatitude face à Sodomisery qui, s’il continue ainsi, ira surement très loin. Peut-être pourrions-nous y voir une tradition qui se perpétue dans ce beau pays sauvage qu’est la Suède, et qui produit de plus en plus de groupes légendaires. En tout état de cause, je ne peux que vous recommander vivement de découvrir « The Great Demise » qui ravira les fanatiques de death metal et peut-être de ce fameux « blackened death » que je conchiais en début de chronique et qui finalement commence à trouver grâce à mes yeux avec Sodomisery. Une tuerie !
Tracklist :
1. Reapers Key 05:23
2. Into the Cold 05:17
3. Sacrifice 05:05
4. The Messenger 04:53
5. In the Void 05:41
6. The Great Demise 06:14
7. Until They Burn 05:53
8. Arise 05:40
9. The Abyss 01:13
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