Line-up sur cet Album
Aðalbjörn « Addi » Tryggvason – vocals, guitar Svavar « Svabbi » Austmann – guitar bass Sæþór Maríus « Pjúddi » Sæþórsson - guitar
Style:
Atmospheric post-rockDate de sortie:
26 Mai 2017Label:
Season of MistNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 6/10
Solstafir est un groupe qui m’a toujours laissé dubitatif dans ses intentions et dans son expression artistique. Au départ groupe estampillé metal (sans pour autant se démarquer franchouillardement d’ailleurs), leur musique a progressivement, depuis Svartir Sandar, viré vers une sorte de post-rock atmosphérique qui avait quelque peu refroidi mes motivations à découvrir ce nouveau produit des fjords islandais. Petit pays, mais grand par la culture ! On pourrait citer Björk bien sur, mais aussi plus récemment Of Monsters and Men (que j’adore), Amiina ou Kaleo, voire – et pas des moindres – Skalmold, Nadra, Svartidaudi, etc. Alors, comment situer idéalement le trio de nordique au look cow-boy et à la musique changeante ?… Voilà une question qui m’a turlupiné pendant un bon bon moment…
Jusqu’au chef-d’œuvre. A la magnificence. L’album Otta ! Cet album a été une révélation absolue, une redécouverte de l’inconnu du post-rock, de cette impression immuablement associée aux groupes islandais qui arrivent à vous transporter en haut de leurs volcans en vous invitant à fermer les yeux et ne ressentir que le bien-être que l’on (re)découvre, délectable sentiment d’être face à Mère Nature dans sa grandiloquence. Vraiment, cet album fut un coup de foudre.
Ainsi, c’était tout naturel pour moi de chroniquer le futur joyau de la couronne Solstafirienne, dans ma grande révérence… Eh bien, quelle déception.
Le seul petit point noir (mais alors tout petit petit) que je trouvais déjà à l’époque de Otta et des autres albums était le chant d’Addi qui était souvent enrayé ou approximatif – quoique non dénué de charme -, mais là… Force est de constater qu’il va de mal en pis. Et c’est bien dommage parce qu’on passe d’un chant qui aurait pu passer pour naturel, non arrangé (surtout au vu de l’ère autotune dans laquelle nous glissons inexorablement) et qui n’était pas non plus dégueulasse, à une suite de fausses notes qui trahissent une voix fatiguée, peut-être non habituée à du chant clair de cette ampleur. Et puis, autant on trouvait avec parcimonie des screams bien placés, autant ils ont disparu depuis et c’est une petite déception car le scream sur le morceau « Otta » me donnait des frissons…
Ensuite, je trouve les compositions plus brouillonnes. En fait, je vais faire un spoil mais : les pistes se suivent, comme si c’était un unique morceau de musique. Et lorsqu’on entreprend ce genre de travail, il faut donner une certaine suite logique, une harmonie qui fait que les morceaux ne font qu’un. Et pour Berdreyminn, ce n’est pas toujours le cas malheureusement. Même quand on ne reste que sur une composition, il y a ce problème de déstructuration, comme pour « Silfur-Refur » qui passe avec brutalité de passages agressifs à des ballades. En soi, c’est faisable… Mais avec autant d’incohérence… C’est un peu comme une poésie surréaliste dans le fond, il n’y a pas de structure ; c’est comme un raptus musical qui est déversé comme un défoulement et qui est mis aux oubliettes après… Après, soit il y a une volonté « prog » mais qui m’a échappé dans ce cas, soit ce CD est significatif d’une volonté de TROP bien faire.
Enfin, les arrangements sont étranges. Certains morceaux comme « Hula » et « Naros » sonnent presque « garage »… Pour du post-rock franchement, un peu de propreté est de rigueur dans le mastering, non ? Ou c’est probablement moi qui suis trop rigide sur ce coup-là, je ne sais pas vraiment… En tout cas, sur l’instant ça me heurte un peu.
C’est du gâchis, parce que tout n’est pas à jeter, loin s’en faut ! Les riffs proposés sont pour la majorité intéressants, témoignant d’ailleurs du talent de composition du groupe pour ce virage post-rock. Il y a toujours une volonté de mettre de l’atmosphérique, donnant un côté planant et me procurant parfois ce sentiment de voyager dans leur magnifique île viking. Non, réellement, tout n’est pas à jeter, sinon Solstafir ne se retrouverait pas projeté comme un groupe important.
Si je devais résumer finalement, c’est que, comme beaucoup de personnes, j’attendais une suite aussi remarquable qu’Otta. Et là est mon erreur, et on pourrait imaginer que cette erreur est partagée par le groupe qui voulait faire aussi bien mais s’est mélangé les pinceaux. Au final, cela donne un album pas désagréable du tout, mais qui lasse vite par ses inconsistances et ses incohérences. Otta a été l’album tremplin qui nous a menés au septième ciel, au Saint Graal de la musique post-rock mais dont le successeur ne pouvait que nous précipiter dans une chute vertigineuse. Et plus l’on saute de haut, plus l’impact est douloureux… Et c’est pour cela que je vais terminer ma diatribe par cette citation d’Adrien Verschaere : « Le véritable échec n’est pas la chute, mais de se relever sans en tirer un enseignement ». En espérant qu’ils en feront bon usage, on ne sait jamais…
A noter que Solstafir sera en concert :
-Le 20/11/2017 à L’Alhambra (Paris)
-Le 21/11/2017 à l’Antipode (Rennes)
-Le 26/11/2017 à Jas Rod (Pennes Mirabeau)
Tracklist :
1. Silfur-Refur
2. Ísafold
3. Hula
4. Nárós
5. Hvít Sæng
6. Dýrafjörður
7. Ambátt
8. Bláfjall
Site officiel : http://www.solstafir.net
Myspace : http://myspace.com/solstafir
Facebook : https://www.facebook.com/solstafirice
Youtube : https://www.youtube.com/user/SolstafirOfficial
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