Line-up sur cet Album
- Tony Kakko : Chant
- Elias Viljanen : Guitare
- Henrik Klingenberg : Clavier
- Pasi Kauppinen : Basse
- Tommy Portimo : Batterie
Style:
Power MetalDate de sortie:
07 octobre 2016Label:
Nuclear Blast RecordsNote du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 7/10
Mail envoyé au SAV :
« Madame, monsieur,
Je vous envoie ce courrier pour vous signaler mon mécontentement suite à l’acquisition du dernier I-phone 7.
Auparavant, je me contentais nettement de mon Nokia 3210, mais il a fallu que je passe à des modèles plus récents, plus modernes, puisque vous – votre système, sans vous viser particulièrement et directement – avez tout fait pour rendre incompatibles les formats qui me suffisaient nettement : un téléphone pour téléphoner, c’était un peu son utilité première, le reste n’étant qu’accessoire. J’ai cependant fini par me prendre au jeu, en installant justement des jeux ; ce n’était pas indispensable mais distrayant, tant qu’ils ne me coutaient rien. Idem pour diverses applications qui surchargeaient inutilement ma mémoire vive, mais n’étaient d’aucune utilité pour moi et impossibles à désinstaller. Mais admettons…
Et voila d’où vient mon problème : j’ai dû échanger pour la « modernité » un portable qui est encore en parfait état de fonctionnement actuellement, durable, avec un Snake sur lequel je pouvais passer des heures tellement j’avais envie de me mettre au défi d’aller au bout, y rejouer jusqu’à trouver le truc que je découvrais à chaque nouvelle partie et qui faisait que je n’en appréciais que d’autant la réussite – ou la défaite mais en étant allé toujours plus loin. Si c’était difficilement désinstallable – par affection ou pour raisons pratiques –, ce n’était pas un jeu « une fois consommé, une fois jeté ». Aujourd’hui, je me trouve face à un système d’exploitation qui me harcèle de pubs dont je n’ai cure, pour jouer à un jeu sans ambition autre que de faire entrer de l’argent dans la caisse de ceux qui exploitent ce système – ça doit être de là que vient l’expression « système d’exploitation » chère à la marque à la Pomme – le tout pour une durabilité digne de la première pression d’un éjaculateur précoce, à l’instar de celle d’autonomie et de solidité dudit smartphone, ou même de sa viabilité à terme. #obsolescenceprogrammée
Que dire également de ce nouveau moyen d’écoute de la musique – vous vous doutez bien que j’escomptais en profiter – à base d’ondes. Je me demande même si ce medium est fiable car les écouteurs m’envoient un rendu sonore d’une insipidité dépassant toute mesure, au point que j’en vienne à douter entre la qualité des écouteurs ou ceux de la susdite musique écoutée.
J’étais déjà réticent au passage au modèle précédent d’I-phone, celui-ci m’a convaincu de revenir à mon Nokia, quitte à y perdre en futilité pour revenir à l’essentiel : « un téléphone pour téléphoner ». Aussi vous saurais-je gré de bien vouloir me restituer le montant de ma dépense afin que je la consacre au minima qui me serait d’une utilité bien plus déterminante dans ma vie quotidienne.
Bien à vous. Willhelm von G. »
Maintenant, discutons de l’album The ninth Hour de Sonata Arctica – bah oui, vous vous doutez bien que c’était une longue métaphore, qu’est-ce que vous en auriez à battre de mes pérégrinations avec un smartphone ?!
On va donc reprendre la base et remplacer « I-phone 7 » par « The ninth Hour, 9ème album de Sonata Arctica », « Nokia 3210 » par « les albums d’avant, jusqu’à The Day of Grays » et « SAV » par « Nuclear Blast ».
Chaque groupe passe par un tournant dans sa carrière, de ceux où l’on dit « t’as changé, mec ! », que ce soit un Load (Metallica), unYouthanasia (Megadeth), un Dance of Death (Iron Maiden), un Elements (Stratovarius) et je vous passe la liste exhaustive. Certains ressuscitent (Anthrax, Slayer, etc.), d’autres ne s’en relèvent pas (split de Strato, et split d’autres groupes), d’autres se disent qu’il vaut mieux faire perdurer l’ancien répertoire (Maiden) et enfin d’autres insistent, sans montrer qu’il leur reste vraiment la foi, en tentant de reconquérir ceux qu’ils ont laissés en chemin (Metallica) à base de fan service. Sonata Arctica fait parti de cette dernière catégorie.
La magie semble disparue dans un truc morne depuis The Day of the Grays, considéré déjà par les fans comme leur « Black Album » qui annonçait un tournant, à base de « ça ressemble à avant mais y a un truc différent qui ne me plait pas et ne sent pas bon… », un tournant progressivo-mélodique qui s’était instauré et à causé à terme la mollesse de ceux qui étaient considérés comme les dignes successeurs de l’énergie léguée par leurs parrains d’antan, Stratovarius justement. Personnellement, j’avais énormément aimé The Day of the Grays parce qu’il se distinguait de l’empreinte tenace de « fistons de Strato » et était bien mieux réfléchi et construit que ses prédécesseurs, même s’il paraissait plus décousu dans le détail.
Pour entrer dans le vif du sujet, ce The ninth Hour n’est pas une immonde bouse, ce n’est juste plus le Sonata que vous aimiez (que j’aimais, en tous cas). L’artwork étrange et incongru par rapport aux précédents le laisse déjà présager… C’est un Sonata qui a mis en retrait la guitare, reléguée au rôle d’accompagnateur en fond sonore histoire de donner un grain d’agressivité, aux arrangements prédominants et prenant la place sur tout ou presque – qui aurait cru qu’un jour je contesterais des arrangements quand je trouve vide une musique qui en est dénuée –, la laissant cependant telle une autoroute à 3 heures du mat’ à la voix de sieur Kakko qui fait de tout et rien, mièvre et mielleux, sans réelle énergie ou hargne, proposant ce qui fait un peu penser à Meat Loaf au niveau d’un esprit demusicals, mais sans la patate qu’avait le « tas de viande ». L’album parait donc, même après plusieurs écoutes, terne, fade, et surtout expérimental, faisant penser que le groupe est dans une phase « Radiohead meets Pink Floyd ».
Quelques morceaux se dégagent cependant du lot, à titre unique parce que sans lien les uns, les autres, et parfois seulement par certains passages ou certains aspects ; il ne s’agit bien évidemment pas du morceau qui sert de promontoire à l’album, sans aucune saveur et mal construit, qui vend un tantinet de rêve/nostalgie sur son riff d’ouverture et refroidit dès le second, « Closer to an Animal ».
Ce qui arrive ensuite est digne de la Laponie – restons en Finlande –, au point que j’ai pensé à qualifier le groupe de « Santa Arctica » : un univers de papa Noël dans une bande son Disney. Par contre, je pense davantage, parmi les morceaux qui ont maintenu mon écoute, à la balade « We are what we are » – peut-être un besoin de justifier par écrit leur changement de cap ? –, ce qui est assez « stupide » (je le pense comme tel) quand on est un groupe qui a défrayé la chronique – hu, hu, hu – par sa mélodicité et sa vitesse auparavant, tout en se disant que c’est encore un morceau lent au bout de la 4ème piste. J’en retiens principalement l’introduction flûtée, la suite étant dispensable, sauf si vous organisez une boum chez vous et souhaitez instaurer un « quart d’heure américain » histoire de serrer une nana – faisez quand même gaffe à ce qu’elle soit majeure avant, hein ! Il faut attendre « Rise a Night » pour enfin retrouver de la dynamique, de celle qui a donné au groupe ses lettres de noblesse… Fan service ou réelle volonté d’apporter de la vie dans ce flot d’inertie ? Tiens parlant de « flot », « Fly, navigate, communicate » contient quelques moments sympas dans cette vague de culculserie du père Kakko qui minaude des paroles aux petits n’enfants. Quand « Candle Lawns » est LA power balad par excellence – et par mimétisme sans réelle originalité – , le long « White Pearl, Black Oceans, part II : By the Grace of the Ocean » reste dans le vague et dans LA vague (peut-être la 5ème, cf. le film/livre éponyme), offrant une ambitieuse bande son dont l’ouverture est digne d’être celle d’une épopée maritime filmée ; je considère ce morceau comme la vraie fin de l’album, « On the Faultline (Closure to an Animal) » semblant être de trop… et ironiquement, la mélodie principale de ce « White Pearl » fait penser à l’hymne des adieux « ce n’est qu’un au revoir, mes frères ». Est-ce un – chant du – signe ? En tous cas, ce n’est pas un cadeau, cet album, d’autant qu’il sort bien avant les fêtes…
N’en ayant pas grand-chose à faire d’être taxé de « réac passéiste », je reviens donc sur ma métaphore de départ : cet album est l’I-phone 9 de Sonata Arctica, empli d’une absence d’authenticité, lassant au bout de deux écoutes (autonomie et durabilité limitées, donc…), juste bon à être esthétique, en ayant perdu avec le temps en efficacité sous prétexte de « on veut faire du neuf » – ce qui tombe bien pour un neuvième album, hu, hu, hu –, essayant cependant de conserver quelques anciennes applications histoire que le chaland ne soit pas trop déconcerté par « le changement, c’est maintenant » mais dont l’utilité semble bien dérisoire par rapport à la masse de trucs inutiles l’entourant. Du plein de vide… On en vient à regretter vivement les anciens albums que j’assimilerais à la marque – finlandaise également – de téléphones portables, voire avoir envie de se tourner vers de nouveaux groupes qui font retrouver cette magie qu’avait su générer le groupe, magie qui leur semble même perdue tant on n’y croit plus, et eux non plus visiblement. Je sais que les paysages de la Finlande, tous magnifiques soient-ils, n’inspirent pas non plus une chaleur démentielle, la seule fièvre occasionnée étant celle du rhume qu’on peut y chopper, et ont recouvert d’une lourde couche de neige la volonté de remuer qui brisait la glace des concerts de Sonata Artica et leur setlist mouvante ET émouvante. Il serait bon que Kakko, en tant que compositeur du groupe, se remette à faire son kakou et sorte de sa neurasthénie, sous peine d’endormir ou laisser mourir tels des lemmings les derniers survivants qui l’auraient suivi dans sa dépression et lente descente vers ces abysses qui semblent tant l’attirer…
A écouter en pensant à rebrancher le chargeur de son Nokia 3210, en cas de coup dur – et puis le 3210 est assez dur pour servir à mettre des coups également, donc on s’y retrouve.
P.S : RDV le 16/10/2016 à La Machine (Paris) pour leur concert avec Twilight Force en première partie !
Tracklist:
1. Closer to an Animal (5:25)
2. Life (5:06)
3. Fairytale (6:38)
4. We are what we are (5: 25)
5. Till Death’s done us apart (6: 06)
6. Among the shooting Stars (4:10)
7. Rise a Night (4:28)
8. Fly, navigate, communicate (4:27)
9. Candle Lawns (4:32)
10. White Pearl, Black Oceans, Part II: By the Grace of the Ocean (10:13)
11. On the Faultline [Closure to an Animal] (5:34)
Facebook: https://www.facebook.com/sonataarctica/
Site officiel: http://www.sonataarctica.info/
Spotify: https://play.spotify.com/artist/5YeoQ1L71cXDMpSpqxOjfH
Youtube: https://www.youtube.com/user/SONATAARCTICA
2 commentaires sur “Sonata Arctica – The Ninth Hour”
Posté: 13th Nov 2016 vers 1 h 28 min
[…] à la sortie de leur nouvel album « The Ninth Hour » (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/sonata-arctica-the-ninth-hour) et leur tournée européenne, nous avons eu le plaisir d’interviewer le leader de Sonata […]
Posté: 13th Nov 2016 vers 1 h 52 min
[…] partie de la tournée « The Ninth Hour », leur nouvel album sorti début octobre (chronique : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/sonata-arctica-the-ninth-hour. Mais avant la montée sur scène de la tête d’affiche finlandaise, ce sont les suédois de […]
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