Line-up sur cet Album
Inconnu
Style:
Stoner RockDate de sortie:
28 janvier 2022Label:
Electric Valley RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10
« Est-ce que c’est vrai qu’il y a un point précis dans la tête que quand on tire dedans ça explose carrément ? » Film Hot Fuzz
Par moment on me demande comment je fais pour écrire une chronique longue, j’avoue que je n’ai pas de technique précise mais plutôt des habitudes. Alors non plus! Je ne suis pas comme Amélie Nothomb qui écrit de manière très obsessionnelle, avec le même stylo, le même type de carnet dans le même canapé, à la même heure soit en fin de nuit, avec un thé de la même marque et pas plus de quatre heures d’écriture. Moi, je n’en suis pas là, heureusement! Mais j’ai mes petites habitudes, notamment le fait que j’écris une chronique en faisant des pauses ou en ayant un fond sonore autre que de la musique généralement. Du coup, je fais des pauses qui sont soit alimentaires (pardonnez-moi car je grignote le soir, ma fille m’appelle « le rat de nuit » d’ailleurs), soit pour me vider le cerveau en m’abrutissant de choses et d’autres, soit en allant prendre l’air mais vous en conviendrez qu’en ce moment c’est difficile de trouver du chaleureux dehors. C’est un moyen efficace de ne pas m’enfermer le cerveau dans un processus précis, moi qui aie des capacités de concentration importantes mais épuisantes aussi. Après c’est aussi un moyen d’assimiler, de phagocyter la musique plus aisément que d’une traite car on n’écoute rarement un album d’une traite. Il faut une certaine fluidité pour que cela se produise, et en général quand je parviens à m’enfiler un album d’un coup c’est bon signe, voire très bon signe! Cela donne effectivement de longues diatribes analytiques mais cela donne aussi un aperçu du processus d’écriture intuitive, celle qui ne nécessite presque pas de relecture. Cela a ses avantages et ses défauts. Mais bon! Parlons de ce qui nous intéresse plus que ma propre vie personnelle. La chronique du groupe Stone House on Fire et de son album « Time is a Razor » qui sort ce jour.
(Et là j’ai saisi un paquet de gressins au sésame). Stone House on Fire ne nous est pas présenté par le label sur le support presse. Alors ce qui est étonnant, petite parenthèse, c’est que c’est la première fois que je découvre un label qui me fournit les paroles de l’album, des photos mais aucune biographie. Celle-là elle n’est pas mal tiens! Parenthèse refermée. Volta Redonda au Brésil est la ville d’origine du groupe qui est composé d’un quatuor de jeunes hommes. Le groupe en est actuellement à trois albums et une démo sortie en 2012 ce qui permet de situer la naissance du groupe Stone House on Fire dans ces années-ci. Mais comme le groupe revendique le fait d’être coincé dans les années 60 ou 70, c’est à se demander s’ils ne sont pas plus vieux. Le miracle de la cryogénisation… Bref! Voilà donc un troisième album, lui sorti chez Electric Valley Records comme celui d’avant, ce qui marque probablement un cap dans la vie de nos amis brésiliens. Samba!
Pour la pochette car il faut bien commencer quelque part (le mec commence toujours par-là en même temps), je dois bien avouer que j’ai eu un moment de flottement. C’est effectivement ce que m’a inspiré de prime abord l’artwork étonnant par sa couleur et son style de « Time is a Razor« . Le temps, qui semble être le sujet central au moins pour l’artwork, peut être représenté de toutes les manières possibles puisqu’il est immatériel. On pourrait donc avoir une énième image du temps qui passe mais de manière acerbe, d’où le lien avec le rasoir qui tranche et blesse quand on le touche. Moi je le vois comme ça, sur le principe c’est intéressant sans être brillant. Mais la pochette, outre qu’elle est pas mal, j’ai juste un peu de mal à faire le lien avec le nom de l’album. Autant je comprends la blessure du temps, autant je ne vois pas où elle se situe dans ces étendues violettes et blanches qui font surtout penser à une sorte de paysage enneigé. Il y a cette idée de l’infini peut-être avec cet horizon vide et blanc. Encore une fois, je crois que Stone House on Fire a préféré la forme au fond et je trouve cela dommage. Parce que si l’on s’attarde uniquement sur la forme, c’est pas mal mais sans plus, donc probablement que le fond aurait arrangé un peu le truc. Dommage donc, le groupe peut vraiment faire mieux.
Pour la musique, c’est tout à fait raccord avec ce à quoi je m’attendais secrètement. En fait, il n’y désormais plus de suspense avec le genre stoner en général puisque les logos, les artworks se ressemblent pas mal. Surtout dans le côté stoner rock comme dans le cas de « Time is a Razor« . La musique est donc résolument dans cette veine avec une réelle énergie, un vrai pep qui donne envie de se bouger, sans la lourdeur extrême qui est inhérente au stoner plus metal. Ici, la musique est bien plus tranquille dans la lourdeur, plus énergique comme le rock. Les riffs sont bien swings, le jeu des guitares typique et la batterie apporte cette légère touche de puissance. Pour l’aspect psychédélique, il y en a un mais je ne le trouve pas hyper flagrant. Plus dans le visuel du coup. Pour la question de savoir si cet album vaut la peine d’être écouté, la réponse est oui. Complètement même, malgré l’absence habituelle d’originalité. A un détail près : des percussions sur le morceau nommé Waterfall qui rappelle quelques traditions sud-américaines, mais c’est à peu près tout. On est donc face à un album classique du genre stoner rock, sans doute possible, ce qui n’empêche pas ce dernier d’avoir des qualités intrinsèques qui font que ce style est toujours plaisant. Il faut néanmoins le prendre avec une bonne dose de passion et de recul, histoire de ne pas s’épuiser. Mais dans le cas de Stone House on Fire, je découvre en tout cas après cette première écoute une formation qui me semble jeune sur le papier mais qui a un bon potentiel. Assez nostalgique effectivement de cette mouvance rock des années 60, donc rien d’étonnant à ce que la musique soit sonnante. Une bonne première écoute quoi!
Pour la production, même constat. Tout est propre, bien carré. Avec un son assez rond, rebondi typiquement à la stoner et couplé à cette énergie qui transparaît dans les guitares notamment. La basse aussi bien mise en avant. En fait, tout est proposé pour avoir un album qui donne envie de se bouger. Je n’ai pas vraiment d’autres mots pour définir cette production, puisque j’en mange désormais souvent et que les mots me manquent. C’est normal quand on rentre dans une forme de routine, vous perdez les superlatifs mielleux pour vos conjoints et conjointes. Eh bien pour les chroniques c’est pareil! Stone House on Fire est en tout cas un groupe qui peut se vanter de sortir un troisième album solide et raccord sur le plan sonore, ce qui rajoute un bon point pour le motif de conclusion finale.
Après, dans la musique on finit toujours par trouver un sens. Du moins en général, parce que certains ne font que reproduire une tambouille sans mettre son propre assaisonnement. Au début, je vous avoue que je partais sur ce triste constat pour « Time is a Razor« , suite à cette petite incohérence avec la pochette et sur l’idée de parler du temps qui passe. Je me disais que ce sujet était maintes fois recherché, et qu’il faudrait trouver autre chose pour me convenir. Donc au début je partais sur un constat tristounet d’un album parlant d’un sujet trop de fois évoqué. Le temps qui passe peut être une valeur sûre mais encore faut-il avoir la petite accroche, le petit supplément d’âme qui fait qu’on a envie d’y aller. Et je ne parle même pas de la musique! Mais au final, Stone House on Fire amène quelques références un peu plus tentantes, notamment Naruto Uzumaki, les chutes d’eau qui sont les symboles du temps qui s’écoule et de son cycle qui se répète. Enfin bon, toujours est-il que j’ai fini par bien accrocher à cet album, j’y trouve à la fois de l’intérêt musical et aussi thématique même si rien n’est brillant, ni génial. C’est juste un album classique, sans prétention plus haute que le simple fait d’être écouté. Voilà. C’est donc pas mal!
Pour ce qui est du chant, j’ai bien aimé le côté AC/DC de ce dernier. Loin d’être mon chant préféré, je suis comme beaucoup de personnes, malgré tout sensible à cette impression d’un chant que l’on connait tous, qui reste résolument rock mais avec bien plus de saturation dans la technique vocale et donc de pep. Loin là encore de crever les écrans, le chant est donc encore dans une belle part de nostalgie, probablement des balbutiements des groupes ultra connus et intemporels comme AC/DC. C’est donc sans surprise que j’ai abordé la question du chant, que j’ai franchement bien apprécié. Au moins l’idée est intéressante de jouer la carte de l’ancien par ce qui a fait sa grandeur. Mais encore une fois j’ai du mal à m’enflammer.
Alors comme je n’ai pas beaucoup tricoté pour une fois et que le label a fait l’effort saugrenu de me fournir les textes, je les ai lus. En me disant que j’allais avoir une étincelle supplémentaire, un pion en plus pour étayer « Time is a Razor« . Et puis, déception. Les paroles sont tout simplement random, c’est à dire que ce sont des phrases que l’on connait tous, qui servent normalement à boucher les trous quand on manque d’inspiration, style « le vent souffle », « j’ai froid dans mon âme », ce genre de phrases quoi. Donc encore une fois, je me répète, mais quand on parle du temps qui passe, on a largement de quoi développer des métaphores filées, et balancer des textes passe-partout ne relève pas le niveau du tout loin de là. A moins que la démarche soit de plaire à un plus grand nombre de gens, pourquoi pas! Et dans ce cas il est préférable que les textes soient appréciés par tout le monde. Mais cela n’amène rien de fou. Donc déception.
Pour finir, Stone House on Fire sort ce jour son troisième album, qu’il a nommé « Time is a Razor« . Je ne connaissais pas cette marque de rasoir manuel, mais en tout cas je dois dire que cela ne m’a pas spécialement défrisé la moustache. Certes c’est un album de bonne qualité, qui surfe bien sur une vague nostalgique des années 60 avec un stoner rock relativement simple et somme toute efficace, cela on ne peut pas l’enlever au groupe brésilien. Mais comme souvent, je n’ai pas énormément d’attente ni d’espoir d’un album du genre stoner rock qui en plus revendique une appartenance à une mouvance old school comme ici. La musique est bonne, c’est évident! Mais ce n’est pas non plus un truc enthousiasmant. On va donc retenir qu’il conviendra aux puristes du genre, aux nostalgiques des temps où le hard rock était à ses balbutiements et que les nouveaux-nés ne sont que des jumeaux monozygotes qui n’auront au final que peu d’originalité pour se démarquer et qu’on les reconnaît facilement. Tel est mon constat.
Tracklist :
1. Bitter Times
2. Despite
3. Waterfall
4. Uzumaki
5. White Canvas
6. The Weight
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