Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10

« Je suis à court de citation sur les mammouths… Peuvent pas trouver un autre sujet ces groupes de stoner ROGNTUDJUUUUUUUUUUUUUU????? «  Quantum. Enfin, l’onomatopée est de Franquin, dans les BDs Gaston Lagaffe.

Vous avez certainement de belles références bédéesques, comme moi. Mon grand-père maternel, paix à son âme, me lisait régulièrement des BDs. J’ai baigné toute mon enfance dans les Astérix, les Lucky Luke, les Schtroumpfs, les Gaston Lagaffe, les Tintin, etc. Mon histoire d’amour pour la bande-dessinée s’est peu à peu étiolée comme dans un vieux couple, et je fais un lien inconscient avec le décès de mon papy, car depuis je ne lis que très peu de BDs. Mais on a probablement tous un lien direct ou non avec ce genre de lecture, avec toutes ces images figées mais qui semblent prendre vie selon les défilements. Il y a quelque chose de magique dans ces lectures. C’est un peu comme la musique d’ailleurs ! Voilà, j’ai trouvé mon lien introductif. La musique amène aussi des images qui défilent dans la tête et ravivent le cœur. En vérité, je cherchais une nouvelle accroche pour parler des mammouths parce que pour la quatrième fois je me retrouve confronté à un groupe qui parle dans son nom ou son album de ces créatures préhistoriques. C’est vraiment étonnant, je ne pensais pas qu’en faisant des chroniques j’aurais autant d’affinités avec ces gros éléphants poilus ! Et comme j’étais totalement à court de sujets suffisamment accrocheurs pour parler de mammouths, vous m’excuserez de ne pas être zoologue ou conservateur de musée je suppose. Mais voici venu le temps de parler de ce nouveau groupe pachydermique, avec Stone Mammoth et son album éponyme ! Nouvelle chronique préhistorique, Yabba-dabba Doo !

Concernant le groupe, on ne sait pas grand-chose. La page Facebook mentionne l’origine, à savoir la Finlande, et le style proposé. Du reste, on ne sait rien. C’est Spotify qui en dit plus : le groupe Stone Mammoth existe depuis… 2012, et vient de la ville de Seinäjoki. Pourquoi j’ai mis trois petits points ? Parce que l’album éponyme est le premier du groupe, après donc neuf ans de disette ou presque. Parce que, ce que le groupe précise selon moi à tort, c’est que l’album était enregistré en 2014. Avant donc de voir officiellement le jour grâce à Inverse Records en 2021. Sept années de sommeil avant de donner la vie à ce « Stone Mammoth« . C’est spécial quoi. Après, ne tirons pas de plan sur la comète comme on dit vulgairement. Parfois, les années apportent beaucoup de maturité aux vins, pourquoi pas à la musique de nos comparses finlandais ?

La pochette a un petit côté naïf, candide même. Pas dans le sens fleur bleue ou cucul la praline, mais dans le sens bizarre. Cette abondance de symboles et ce contraste en noir et blanc m’a plus évoqué un artwork typiquement black metal, si toutefois il n’y avait pas ce pachyderme préhistorique au milieu. Je me suis amusé à rechercher les symboles présents, j’en connaissais quelques uns de base mais certains non. Sincèrement j’ai renoncé rapidement à vous faire un compte-rendu détaillé de tous les signes, mais sachez que l’association quelque peu concomitante avec un mammouth et des représentations ésotériques m’a laissé perplexe. Je vais spoiler un peu la musique de Stone Mammoth mais puisque l’on n’est pas sur Netflix et qu’en principe on se contrefiche de mes spoils, j’y vais les deux pieds dedans. Moi, quand on me vend du stoner, du rock et même du « heavy rock » pour reprendre l’appellation hasardeuse du groupe finlandais, je m’attends à quelque chose de rafraichissant, de pétillant, ou tout au mieux de festif ! Avec les bonnes émanations de bibines, de sable chaud et d’odeur d’essence. Mais en l’occurrence, « Stone Mammoth » nous emmène potentiellement dans un univers empreint de mystique, d’ésotérique et de magique. Ce qui selon moi contraste trop avec la musique proposée. Alors je vais me montrer un peu tatillon, comme souvent, vous connaissez probablement mon accointance avec les artworks et leurs significations, sinon leurs cohérences, mais dans le cas de ce premier album éponyme, je trouve que Stone Mammoth s’est quelque peu emmêlé les pinceaux. L’autre hypothèse et sûrement plus plausible serait aussi que je n’ai pas saisi l’objectif musical du groupe ! C’est possible aussi. Rien de rédhibitoire dans la forme, la pochette est belle sans être extravagante, mais elle n’a pas vraiment de sens.

La musique va de surcroit à la fois me surprendre, et à la fois me conforter. Bel objectif rempli dirons-nous ! Pour faire court, Stone Mammoth propose sans surprise aucune du stoner. Le nom nous aurait permis à tous les coups de réussir un pari, puisque le mot stoner résonne dans le nom même du groupe finlandais. Pour le reste, cela reste un stoner assez classique, rien de fifou. Les musiciens ont voulu nous faire gober que leur musique avait quelque chose d’original en parlant de « heavy rock« , ou « heavy stoner« , alors qu’en vérité que ce soit du rock ou du heavy metal, les deux sont liés de très près au stoner. Donc, ne vous laissez pas embarquer dans cette transparente vanité : la musique n’a rien qui va révolutionner le genre et j’ai envie de dire : est-ce encore envisageable ? Après, je pars sur des bases saines et je connais les limites du stoner. Aussi ai-je franchement bien aimé ce premier album. D’abord parce qu’il est bien produit pour une autoproduction, ensuite parce que malgré les égarements de la pochette, il reprend les ingrédients qui composent une musique comme on aime avec le stoner, à savoir une basse omniprésente et bien saccadée, associée aux guitares qui sont effectivement sur un registre tantôt plus rock, tantôt plus lourde, mais rarement au-delà d’un certain seuil extrême permettant au chant clair de s’exprimer avec entrain mais aussi une virilité contenue. C’est donc une sorte de stoner plutôt raisonnable, je dirais suffisamment bien distillé pour ne pas tomber dans un genre stoner rock un peu trop pépère, et un stoner « normal » un peu trop agressif. Une musique intéressante à bien des égards, Stone Mammoth s’avère ainsi être une formation surprenante. Première écoute validée, d’autant que ma curiosité est comblée, par cette étrangeté que d’avoir un groupe de stoner dans un pays froid.

La production est carrément un bon point. J’ai été étonné de voir un tel soin sur un groupe autoproduit, c’est un raccourci que je fais parfois honteusement mais qui réserve au moins son lot de surprise. Le son est impeccable, bien épais sans excès, avec chaque instrument à sa place, comme l’on attend d’une production lambda mais fonctionnelle. Ma principale découverte réside dans cette capacité à trouver l’harmonie dans des riffs qui sont différents, ce qui rejoint ce que je disais concernant l’orientation musicale qui fait un peu yoyo. Et tout se suit avec une fluidité désarçonnante, j’apprécie beaucoup en conséquence chaque piste. Une production vraiment bonne avec un son très caractéristique presque sludge, que j’inviterais presque en conférence pour dire aux groupes qui s’amusent à se chercher des excuses pour avoir un son mauvais, que même quand on manque de moyen, on peut faire un très bon album, avec un son très bon, et de l’huile de coude que l’on trouve dans la motivation et l’inspiration. Et attention ! On parle d’un genre qui se renouvelle difficilement en plus ! Donc, à ceux qui nous lisent : plus d’excuses ! Vous écoutez « Stone Mammoth » et vous faites pareil !

Franchement, pas besoin d’aller au plus loin de l’analyse. Si ce n’est pour le chant comme d’habitude. J’ai exceptionnellement bien aimé le chant, un peu réticent avec le chant clair au départ. Mais il s’apprivoise assez rapidement dans le sens où la technicité vocale est globalement bonne, il n’est pas spécialement grandiloquent, plus posé ce qui aurait tendance à me faire fuir. La seule chose que je lui reproche, c’est son manque d’aspect rock. Je le trouve en fait trop calme, j’aime les voix rauques puissantes, enraillées ou juste pleine d’énergie, sans tomber dans l’outrecuidante envolée lyrique. Là, le chant me semble un peu trop calme à mon gout. J’aurais bien vu un chant comme j’ai entendu récemment avec Elefant Talk par exemple. Mais bon… Il n’en demeure pas moins que l’aspect plan-plan fonctionne quelque fois bien, avec cette impression de grosse voix un peu lourde qui amène des notes pachydermiques à ce stoner classique. On n’est quand-même pas si mal que cela dans le chant de Stone Mammoth, ça va !

Pour terminer, je dirais que Stone Mammoth se lance dans le grand bain avec un premier album éponyme qui est plutôt pas mal. C’est le mot qui me vient, dans le sens où je n’ai pas grand-chose à réprimander sur ce CD. La musique stoner est vraiment bonne, s’écoute avec facilité et ferait presque oublier que le stoner a quelque peu du mal à se recréer. Mais il n’empêche que même si « Stone Mammoth » ne me laissera pas un souvenir impérissable, et ne fera pas l’éloge de ma discothèque, je suis intimement convaincu qu’il plaira aux amateurs du genre. Avec en plus cette petite jonglerie friponne entre des riffs rock et des parties plus metal qui donne une musique variée, sans dénigrer les bonnes recettes d’antan pour nous faire écumer les déserts américains, le tout en provenance de Finlande, je dis que c’est un album plutôt pas mal mais somme toute prometteur. Je vous invite donc à vous lancer dans les pas chaloupés mais néanmoins royaux de ce mammouth du Nord ! Stone Mammoth, un nom à suivre.

Tracklist :

1. Mammoth Rising
2. Lock ‘n’ Load
3. Greatest Lover
4. Planet Mammoth
5. Runaway
6. Blind Eye Looking
7. Paralyzed Time
8. Dying Hope
9. Black & Green

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