Line-up sur cet Album
- Mikki Chixx : chant
- Holger Heisenberg : guitares
- Dee : basse
- Rico H : batterie
- Guests :
- Wednesday 13 : chant sur 3 CD2
- Sabine Dünser : chant sur 10 CD2
Style:
Neue Deutsche Härte / Dark RockDate de sortie:
26 novembre 2021Label:
Massacre RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
“Il importe en peinture, que le portrait ressemble au modèle, mais non pas le modèle au portrait.” Paul-Jean Toulet
Je ne vous apprends surement rien, du moins je l’espère, que beaucoup de groupes ont laissé leurs empreintes et que l’on reconnait leurs identités dès le premier coup de biniou. Certains sont même les précurseurs d’un genre musical, ou d’un mouvement artistique majeur. Le metal en lui-même a connu ses précurseurs, cela fait d’ailleurs débat pour savoir quel groupe a jeté le premier les bases extrêmes de ce genre maintenant doté de nombreuses ramifications dans le monde entier. Un phénomène de société total et encore un peu méconnu, ou laissé au rang de genre trop peu assumé du fait de son caractère extrême. Mais parmi tous les mouvements qui émanent le metal et d’une manière plus globale, le rock, il y en a un qu’on reconnait partout, qu’on assimile à des groupes très connus surtout en Allemagne : la Neue Deutsche Härte. Si je vous dis Oomph! ou Rammstein, cela vous évoque forcément quelque chose! Groupes précurseurs de ce mouvement musical né en Allemagne, inspiré par des éléments à la fois rock et metal que je développerai plus bas, il est réservé à un cercle vertueux de groupes actuels, tant l’empreinte est forte et l’on croirait que les groupes les plagient. Mais c’est surtout un mouvement qui divise, tant par le côté commercial de Rammstein que par la difficulté d’assimilation de cet aspect borderline du genre Neue Deutsche Härte. Nous voilà en tout cas aux prises avec un représentant potentiel et encore un peu méconnu, il s’agit de Stoneman. Et le groupe nous propose ce jour une compilation de toute sa discographie appelée « The Dark Circus ».
Stoneman n’est pas un groupe allemand mais c’est tout comme, puisqu’il chante beaucoup de ses chansons en allemand. Mais en vérité, le groupe est suisse, et les musiciens sont éparpillés un peu partout dans le petit pays helvète. Le groupe a jeté ses bases avec ses deux membres fondateurs Mikki Chixx et Rico H en 2004, et a cumulé depuis six albums, une démo et un single après une signature en 2018 chez Massacre Records, un des plus gros labels actuels. Cette compilation intervient donc alors que le groupe va bientôt fêter ses deux décennies d’existence, fructueuses et lui ayant permis de côtoyer des sommets. Ce « The Dark Circus » permet surtout à Stoneman de proposer deux heures et demi d’écoute, de récapitulation de ces meilleurs morceaux, et de faire peut-être un peu le bilan de ces années de villégiature. Ne connaissant pas le groupe, je prends cette compilation comme une opportunité de balayer la discographie du groupe suisse plus vite et de me faire mon opinion sur des périodes distinctes. Bien entendu, ma chronique sera d’une longueur habituelle mais résumant quand-même ces heures d’écoute, histoire de ne pas tomber dans l’outrancière diatribe.
Évidemment, qui dit « The Dark Circus » dit imagerie tournée sur le cirque, et qui plus est un cirque macabre, flippant. Coulrophobes s’abstenir, Stoneman reprend l’idée des clowns méchants et terrifiants, avec ce dernier qui orne la pochette et qui est fort bien réussi, avec un luxe de détails et une exagération dans le maquillage qui ne laisse aucune place aux doutes. Sous un chapiteau tout aussi sombre et gris, la fausse photographie en contre-plongée donne l’impression que nous sommes prisonniers de ce cirque, et que le clown se penche sur nous avant de nous dévorer. Jouissant de notre effroi. J’aime bien aussi la typographie, qui fait penser aux cirques mais aussi un peu aux westerns. C’est propre, net et sans bavure. Typiquement une démarche commerciale, avec l’idée d’être raccord et le plus représentatif possible de l’idée maitresse de la compilation « The Dark Circus » : que Stoneman est un groupe qui ne rigole pas, qui fait de sa musique une ode à la provocation et peut-être une métaphore de la mascarade humaine dans un spectacle burlesque et pathétique. Je ne suis personnellement pas très emballé par la pochette mais je lui reconnais qu’elle fait bien le job, et que cela démontre bien que la démarche est commerciale, mais pas que. Que le groupe a la volonté de faire un bilan, de tout rassembler dans un spectacle musical.
Dès les premières notes, dès les premières lignes de chant et les premières lignes de guitares, le groupe suisse donne le ton. Et ne laisse aucune place au doute concernant les personnes comme moi qui découvrent Stoneman : c’est de la Neue Deutsche Härte. Alors, de quoi s’agit-il? Un mélange subtil type crossover entre le groove metal et des éléments industriels. Parfois carrément dans l’électro, ou tout simplement dans un gros travail de samples industriels, avec des lignes de guitares très rythmiques, sans être particulièrement mélodiques, une basse et une batterie qui officient comme une sorte de marqueur rythmique pour appuyer l’ensemble sans là encore tomber dans des concordances techniques. Le plus gros du boulot selon moi intervient dans le chant et les samples. Ce sont les porteurs principaux des compositions, d’ailleurs ce sont les seuls instruments qui varient dans les lignes mélodiques ou qui plantent le décor dans chaque piste. La Neue Deutsche Härte dans toute sa splendeur! Le groupe se définit d’une manière plus globale, et probablement pour ne pas qu’on les assimile de trop avec Rammstein dont on peut néanmoins louer la ressemblance frappante, comme du dark rock. Moi, je pense qu’il ne faut pas avoir peur de le dire, le groupe Stoneman ressemble à s’y méprendre à Rammstein, et comme j’adore le groupe allemand, c’est un compliment pour moi surtout dans le fait que le groupe chante beaucoup en allemand. Parfois en anglais, je trouve que dans ces compositions, le chant change beaucoup de choses, et l’identité de Stoneman n’est pas la même. Sur « The Dark Circus« , il y a plusieurs facettes différentes, puisque les pistes sont triées sur le volet pour la compilation, et que chaque album choisit des ambiances assez différentes, avec la même technique instrumentale. Le groupe a vraiment proposé des univers différents dans ces albums, et cette compilation est un vrai patchwork musical. L’intérêt étant de nous donner envie d’aller découvrir toute la discographie, et je dois admettre que j’en ai très envie. Stoneman est un groupe qui a du vécu, et cette compilation qui se rassemble comme un best-of, fonctionne très bien. J’ai beaucoup aimé l’écouter, deux heures et demi qui m’ont donné la pêche et dont l’univers très ressemblant à Rammstein m’a fait autant d’effet. Franchement, cette compilation vaut la peine quand on ne connait pas le groupe. Stoneman est une belle découverte pour moi.
Les productions des différents albums sont aussi représentées sur la compilation. Force est de constater que ces dernières sont excellentes et jouissent d’un véritable soin. Il en faut pour parvenir à avoir ce dark rock qui pullule de nombreuses incorporations par samples électro et / ou industriels, qui ont pour objectif d’être les fers de lance de la musique. Sachant que les instrumentations metal sont « secondaires » dans l’échiquier dans le sens où ils sont quasiment exclusivement tournés sur une base rythmique. C’est d’ailleurs ce qui fait débat dans le monde metal. Je ne reviendrai pas en détail sur les différentes productions, puisque je n’aurai jamais le temps de creuser (six albums quand-même!=), mais sachez que si vous aimez les productions aux petits oignons, avec un son qui se veut agressif et dansant à la fois (c’est le propre de la Neue Deutsche Härte), vous allez largement trouver votre bonheur!
Une écoute et puis s’en va! Je ne pouvais pas faire mieux, mais je pense que cela m’a suffi pour me faire mon idée. Stoneman est un groupe qui surfe sur la vague de la Neue Deutsche Härte avec beaucoup de talent et de bonnes idées, mais il faut se rendre à l’évidence : sur les pistes chantées en allemand, on dirait vraiment du Rammstein. Alors, je pose la question : qu’est-ce-que le groupe a d’original? Moi, je pense qu’il faut chercher un moment avant de trouver quelque chose qui les démarque. La thématique des textes sont sensiblement les mêmes avec un côté random dans les paroles mais légèrement plus travaillé dans l’utilisation des mots, mais il y a aussi des rimes. Le chant est légèrement plus extrême par moment, mais la prédominance est un chant clair grave, masculin et viril. Un côté burlesque que Rammstein cultive aussi, dans le chant et certaines rythmiques. Les rythmiques guitares et basse sont à peu de choses près les mêmes, bref. Je ne veux pas diffamer Stoneman, mais manifestement il surfe sur la vague qui fonctionne à merveille depuis des décennies de la Neue Deutsche Härte. On peut débattre hein, mais si je fais ce comparatif c’est d’abord pour que vous puissiez vous situer musicalement, puisque le terme dark rock me semble un peu trop flou. Mais aussi et surtout pour souligner que j’aime beaucoup cette compilation. Je ne cache pas mon attachement pour la Neue Deutsche Härte, donc j’aime bien qu’un groupe certes germanophone mais non germanique puisse proposer de perpétuer cette vague ailleurs, et avec succès en plus! Et l’avantage de cette musique accessible, c’est que l’écoute peut se faire facilement, d’une traite quand on conduit longtemps par exemple en fond sonore. C’est donc un groupe que je découvre avec plaisir, une compilation qui a un rôle que je reconnais de découverte et de récapitulatif.
Ayant quelque peu parlé du chant, et considérant que mes écrits ont été suffisants pour lui, puisque techniquement parlant il n’y a rien à redire, je vais conclure ici cette chronique. Stoneman nous amène donc comme un cadeau avant l’heure de son anniversaire de vingt ans (qui se fera officiellement en 2024) une compilation des meilleures pistes de ses six albums. « The Dark Circus » permet de découvrir ou redécouvrir des morceaux qui datent pour la plupart des premiers instants du groupe, jusqu’au succès qu’il connait aujourd’hui en Europe. Surfant sur la scène de la Neue Deutsche Härte, c’est à ma connaissance le premier groupe en dehors de nos voisins allemands qui se permet un tel succès dans le genre. Après, on ne va pas se mentir : le groupe ressemble à s’y méprendre à Rammstein, c’est un fait. Cette information ne doit en tout cas pas desservir le groupe suisse qui, à défaut de proposer une musique plus personnelle, perpétue une tradition musicale qui a connu des célébrations ô combien méritées et indéniables à ce jour. On ne reproche pas cela à des groupes style NWOBMH, alors pourquoi on le ferait pour la Neue Deutsche Härte? Chacun se fera son opinion, mais d’un point de vue strictement objectif, « The Dark Circus » est une excellente compilation.
Tracklist :
CD1
1. Mord ist Kunst
2. Liebe, Liebe
3. Dein General
4. Wer ficken will
5. Lolita
6. Steine
7. Was Eva will
8. Goldmarie
9. Der rote Vorhang
10. Gott weint
11. Niemandsland
12. Spiegelficker
13. Es brennt Licht
14. An der Leine
15. Tanzmusik
16. Kofferlied
17. An die Geräte
18. Mensch (Dein Name ist)
19. Geil und Elektrisch
20. Liebeslied
21. Dein Geheimnis
CD2
1. Devil In A Gucci Dress
2. How To Spell Heroin
3. Zombie Zoo (Feat. Wednesday 13)
4. Trail Of Destruction
5. Hope You All Die Soon
6. No Sweet November
7. White Star
8. Dead Or Alive
9. Sugar Mama
10. Protect Me (Feat. Sabine Dünser)
11. I Am Taking Your Life (And You Are Taking Mine)
12. Schlaf mein Kind
13. Save Me The Last Waltz
14. Cocaine
15. Nightmare On Elm Street
16. Bizarre.Glam.God
17. In My Arms
18. Necromantic Dreams
19. Like A Believer
20. Suicide Is A Suicide
21. Atomic Holocaust
Laissez un commentaire