Stortregn – Impermanence

Le 12 mars 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Romain Negro : chant
  • Johan Smith : guitare, guitare acoustique
  • Samuel Jakubec : batterie
  • Duran K. Bathija : guitare
  • Manuel Barrios : basse

Style:

Black Metal Technique

Date de sortie:

12 mars 2021

Label:

The Artisan Era

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

“Sous toute douceur charnelle un peu profonde, il y a la permanence d’un danger.”
Marcel Proust

En réalité, je ne peux pas vraiment me targuer de suivre un groupe depuis ses débuts. Étant resté cloisonné depuis l’âge de treize ans, date de ma première expérience métaphysique avec le metal, jusqu’à mon avènement suprême en tant que chroniqueur pour ce splendide webzine, ce temple de la fécondité quérulente (oui… Cela ne veut rien dire), j’avais beaucoup de mal à découvrir des groupes, et encore moins à les suivre réellement. J’avais surtout quelques références ciblées, sur des CDs précis ou tout bêtement des morceaux. C’est ainsi que par exemple, j’ai toujours détesté Cradle of Filth mais que j’ai adoré le morceau Nymphetamine. De même qu’à ce jour, le seul groupe connu aujourd’hui dont j’ai pu suivre l’ascension fulgurante est Fleshgod Apocalypse. Je me souviens d’ailleurs d’un concert en première partie sur la tournée de Vader et Marduk, en 2009 au Ninkasi Gerland à Lyon, où le groupe jouait en… Chemises hawaïennes. On est loin de l’énormité que les italiens sont devenus. Et puis, il y a CE groupe dont l’admiration que je porte est à la hauteur de leur talent croissant. Ce groupe, je les avais vus pour la première fois en concert au Centre Culturel Œcuménique (sans rire) de Villeurbanne pour un festival qui se nommait le Vormela Fest en 2013 avec notamment mes copains de Daedalion. Et puis, il était une fois une affiche de concert partagée dans un petit village drômois, Saint-Paul-Trois-Châteaux où j’avais eu l’immense plaisir de jouer avec eux. Depuis ces deux dates charnières, je n’ai non seulement jamais cessé de les suivre, mais en plus de les adorer. Le genre de groupe qui ne laisse personne indifférent, qui évolue tranquillement vers des atmosphères de plus en plus hautes, qui se bonifie avec le temps et dont les membres sont tellement sympathiques et drôles. Ce groupe, c’est Stortregn. Et je reviens pour une deuxième chronique concernant le groupe, après avoir fait Emptiness Fills the Void, voici que je me lance dans la chronique de leur dernier : Impermanence.

Stortregn est donc un groupe qui existe depuis 2006, mine de rien. Cela commence à faire un paquet d’années pour la formation helvétique, de G’nèèèèèèèèève en plus de cela. Outre le fait que le quintet écume les scènes metal européennes, dont celle du Wacken Open Air en 2015 (avec une interview mythique où les mecs paraissent totalement déchirés ici ), il faut savoir que nos amis suisses auront mis cinq ans avant de sortir leur premier album Uncreation, avant d’en enchainer quatre autres dont le dernier pour 2021, Impermanence. Une discographie honorable mais surtout très marquée par le soin total. Les albums sont tous extrêmement bien composés et bien produits, avec une évolution marquée entre un black metal mélodique et depuis Emptiness Fills the Void en 2018, une empreinte technique plus importante. Stortregn piétine donc la pelouse d’un jardin fourni de black metal technique selon moi. Voyons si ce prochain album continuera sur cette lancée prometteuse!

Lors de ma précédente chronique, je vantais déjà l’immense talent accompli dans les choix de Stortregn dans ces artworks. Si là encore il y a une grande évolution, il n’en demeure pas moins que j’ai toujours trouvé le choix des pochettes fortement judicieuses. Cet Impermanence ne déroge donc pas à la règle des suisses! L’artwork présent est signé Paolo Girardi, un mec qui se fait un nom de plus en plus important et dont j’avais déjà admiré son ouvrage sur le dernier Forgotten Tomb. Encore un choix méticuleux et judicieux pour Stortregn, et toujours dans cette logique colorée et changeant. Ici, il y a une sorte d’allégorie de la vie, avec cette colonne vertébrale ornée de côtes qui semblait être enterré sous des falaises et qui amènent une dimension animale à une planète quelconque. Le tout est aspiré par un vortex gigantesque, entouré de planètes diverses. Ce qui confirme une évolution dans l’univers artistique des suisses, passant dans une maturité de plus en plus grandissante et confirmant qu’un statut de groupe important de la scène se dessine avec les années. En tout cas, le terme « impermanence » revient à dire que rien n’est éternel et ce vortex aspirant une planète toute entière est donc une représentation idoine de ce concept philosophique et contesté. Une personnification du Chaos en quelque sorte, que je loue avec une sincère admiration. L’artwork est extraordinairement magnifique, confirme le talent de Paolo Girardi et confirme surtout que Stortregn s’améliore d’années en années vers de l’excellence artistique. Excellent travail et excellent choix!

Invariablement, je prends totalement mon pied avec eux. Ce nouvel album s’annonce tellement énorme putain! Je note une réelle évolution là encore, comme je disais plus haut, dans la musique du groupe. D’abord très black metal mélodique, depuis deux albums le groupe amorce un virage beaucoup plus technique, et il y a de quoi! On a donc un album de nouveau très technique, avec des harmoniques très variés, des changements de riffs à tout-va, un batteur qui confirme son grand talent et sa formation jazzy avec une technique imparable, et un chant qui s’adapte très intelligemment sur les accords variants avec tantôt un high scream bien caractéristique du groupe, et un growl grave très death metal. Il va de soi que le groupe adopte une dimension technique qui va largement au-delà du supportable pour certaines oreilles sensibles, mais en ce qui me concerne, cet espèce de fouillis me ravit tellement. Mais le grand talent de Stortregn réside notamment sur sa capacité à proposer des passages plus calmes, avec une dimension mélodique des premiers jours qui revient et qui permet de planter un décor plus précis, plus clair, moins bordélique. J’avais loué depuis Evocation of Light cette intelligence qui consiste à mettre des riffs aériens de temps en temps et des passages en clean pour soulager l’auditeur. Encore faut-il parvenir à enchainer sur ce metal ultra technique, et nos amis suisses y arrivent parfaitement. Encore un grand album pour Stortregn, jusqu’où vont-ils se diriger? Ma première écoute est déjà une confirmation pour moi d’un groupe exceptionnel.

La production est bien évidemment une confirmation totale. Le mot « confirmation » est une marque de subjectivité manifeste, mais j’assume, puisque je ne me suis jamais caché que j’étais un fanatique de Stortregn. Donc pour moi, au-delà de mon amour inconditionnel pour eux, il y a surtout énormément d’attente et donc une recherche de confirmation. Il est donc normal que si la production soit excellente, je l’affirme. Aussi, la grande force encore une fois du groupe est d’adapter une production minutieuse à une musique technique, variable à l’extrême et avec des harmoniques ajustables précisément pour que le tout soit audible le plus possiblement. En fait, il suffit d’écouter pour comprendre la difficulté principale que rencontre un studio d’enregistrement pour mixer et masteriser l’ensemble : comme il y a des passages où les guitares se chevauchent sur des mélodies différentes et accolées, il faut que chacune ait sa place sans dénaturer l’autre. Et le travail est amplement réussi. Encore une grosse production pour Stortregn, encore un point de satisfaction ultime.

Je crois qu’au stade des plusieurs écoutes qui sont faites par mes soins, cette musique relève de la poésie. Avec une structure rythmée mais variable, tout le contraire des albums minimalistes que j’ai accomplis en chronique ces derniers temps. Là où les premières années des suisses étaient tournées vers une provocation scénique appuyée (les têtes pleines de sang, des invectives au public, une croix renversée en pied de micro, etc.) et une musique plus accessible et noire, maintenant on voit que la sophistication est devenue le maitre mot du groupe. Profitant de l’énorme talent de ces musiciens, en particulier du batteur Samuel Jakubec qui comme je disais officie dans beaucoup de formations musicales dont jazz et rock (et l’on connait le talent incroyable, ultime, des batteurs ayant une formation jazz), du guitariste Johan Smith qui peut se vanter d’être « Révélation Guitare Classique 2017 » par le « Guitare Classique Magazine » et qui est invité dans divers festivals de musique, les deux étant accompagnés par des musiciens tout aussi talentueux (et il en faut du talent, pour suivre le duo cité), il allait de soi que le groupe se tournerait vers une musique plus technique. Quand on maitrise à ce point les instruments, il aurait été dommage de rester sur une musique plus conventionnelle. Voilà pourquoi je suis totalement fanatique du groupe : cette maturité grandissante qui leur permet à ce jour d’exploiter leur talent incommensurable au service d’une musique sophistiquée et habile. Avec cet Impermanence qui continue sur la lancée d’Emptiness Fills the Void et qui fait exploser tout un potentiel enfoui, Stortregn confirme donc que c’est un groupe à ne plus négliger, à mettre absolument en avant. Cet album est juste une tuerie.

J’étais en train de me dire que j’écrivais une conclusion mais je n’ai pas parlé de mon éternelle mise en exergue du chant sur les albums. Romain Negro, outre le fait qu’il soit un mec très sympathique, est un chanteur incroyablement doué. Je le connaissais plutôt figé sur un high scream très old school, limite un peu parodique des fois surtout sur scène, je le vois désormais comme un frontman hyper technique aussi, avec une maitrise du high scream qui s’est totalement améliorée avec les années, et l’émergence de plus en plus importante d’un growl, voire grunt grave, qui loin d’édulcorer la musique, la colore d’une teinte nouvelle et intéressante. Je note d’ailleurs que Romain a arrêté depuis 2016 la guitare sur scène (et en studio?) pour se consacrer au chant à plein temps et que cette passation instrumentale n’a que bonifié encore davantage son chant et sa présence studio et scénique. Franchement, un grand chanteur. Rien à jeter, définitivement.

Pour finir, ce prochain Stortregn est donc une énorme confirmation. Le groupe suisse est en train de prendre une tournure tellement folle dans sa musique que j’en viens à me demander jusqu’où cette explosion de talent va aller. Cinquième album donc, cet Impermanence est un véritable tourbillon de metal technique aux assonances black metal, une musique terriblement édifiante! J’étais un grand fanatique du groupe, je le suis encore davantage avec cette sortie exceptionnelle. Les détracteurs diront que le groupe va dans une direction plus difficile à assimiler, soit. Moi je considère qu’au stade des quinze années d’existence du groupe, cette évolution musicale est une preuve de maturité importante et que le groupe va vers des sentiers battus risqués mais tellement redoutables que l’on les suivrait n’importe où. En tout cas, je suis en phase totale avec eux et j’espère que cette direction prise avec appoint continuera encore et encore. Les amis, toutes mes félicitations et toute mon admiration!

Tracklist :

1. Ghosts of the Past
2. Moon, Sun, Stars
3. Cosmos Eater
4. Impermanence
5. Grand Nexion Abyss
6. Multilayered Chaos
7. Timeless Splendor
8. Nénie

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Chronique « Emptiness fills the void »

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