Line-up sur cet Album
- Andres Hyde : batterie
- Peter Bursky : guitare
- Chris Wilson : guitare
- Matt Power : chant
- Pat Taylor : basse
Style:
Doom Stoner Metal / Death MetalDate de sortie:
21 janvier 2021Label:
Brilliant Emperor RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
« Celui qui est le maître de lui-même est plus grand que celui qui est le maître du monde. » Bouddha
Et les Dieux savent que cette citation est d’actualité. Quelle époque difficile nous traversons. Pleine d’incertitudes, d’apragmatisme et de décisions scabreuses. Je ne suis pas celui qui en souffre le plus puisque, d’un naturel casanier et pouvant sortir de ma gentille chaumière pour aller soigner des personnes qui en souffrent beaucoup plus sur le plan psychique, je ne suis pas vraiment impacté. Mais j’ai une pensée très particulière pour le monde artistique qui, en ce moment, se fait saigner à blanc et pour ainsi dire, voir son sang couler et disparaître dans les caniveaux. Nous qui luttons pour accorder de la visibilité aux groupes et aux associations, de la plus petite à la plus grande, voilà que nous sommes pris en otage par des mesures bancales et vides de sens. Combien de fois je me suis fait la réflexion qu’ouvrir les cinémas (qui ne sont pleins qu’en période de blockbusters), aménager les bars et restaurant, et donc par la force des choses les salles de concerts, peut-être faire prendre conscience au public metalleux que les bousculades, slam, et autres joyeusetés du genre pourraient attendre, oui. Combien de fois je me suis fait la réflexion que c’était faisable, sans être un immense croyant envers l’espèce humaine pour autant. Je ne sais pas… Des fois, je suis intimement convaincu que j’ai un rôle à jouer dans cette survie, cette famine culturelle, mais je ne sais pas comment. Alors, je chronique. Inlassablement, pour qu’au moins le monde du webzine et des groupes perdure un peu. Je ne pérore pas du tout, ce sont des états d’âme qui accompagnent mes soirées d’écriture. Je ne sais pas où l’on va avec ce virus, mais je sais au moins présentement où je vais pour cette nouvelle chronique. Et si le nom du groupe m’a inspiré cette citation de Bouddha sur la maitrise personnelle, il n’en demeure pas moins qu’à travers ce self-contrôle, il y a forcément des sentiers psychiques caillouteux qu’il reste encore à explorer. Alors, si nos lectures vous font du bien, ami(e)s lecteur(e)s, sachez que j’en suis le premier satisfait. Voici donc que s’ouvre le monologue graphologique sur le groupe Sumeru!
Alors en ce qui concerne Sumeru, je dois dire dans un premier lieu que c’est un groupe que je ne connaissais pas du tout. Normal me direz-vous puisqu’ils nous viennent du pays des kiwis, kangourous, la famille Hemsworth et de Tazz. D’Australie donc! L’autre facteur pouvant expliquer cette méconnaissance pourrait se situer dans leur discographie. On ne peut effectivement pas prétendre à un vaste choix puisqu’en douze années d’existence – le groupe ayant jeté ses bases en 2009 – le quintet n’aura produit « que » deux albums et deux EPs. Bon, on pourrait conjecturer longtemps sur la raison de cette petite production, il n’empêche qu’un nouvel EP pour 2021, comme se présente à moi ce Blood Ordinance sonne comme une forme de stagnation dans la démarche artistique. Stagnation dans le sens où le groupe cherche probablement toujours à franchir un cap à un moment donné de son existence et que ce deuxième EP copte comme un démarchage, ou comme autre chose. En fait, je subodore un peu trop, je vais passer à l’écoute.
Eh non! Je vous ai bien eu! Je vais surtout commencer par mon sport favori, celui qui m’a valu les conseils de notre Magnifique et Délicieux Mikado du Soleil Levant (NdMetalfreak : ça y est, il a encore quelque chose à me demander) de lire la dernière sortie libraire sur les artworks. Me voici donc avec un design pour lequel je me dois d’être honnête : j’ignore totalement ce que peut être ce qui est dessus! On dirait une sorte de dague ou de sceptre, mais il m’est impossible de dire avec précision ce dont il s’agit. Si mon Mamamouchi Correcteur ou notre Pluie d’Or et de Paillettes Célestes (NdMetalfreak : ça va finir par se voir !) ont une idée… Après, comme je suis bien en peine, je m’attarderai néanmoins sur le style de la photographie qui a ce côté vintage assez plaisant à regarder, et cette perspective photographique qui coupe un peu l’objet non-identifié dans une recherche symbolique qui m’échappe, mais qui a le mérite de présenter une idée originale. Un style d’artwork sobre, mais pas désagréable. Le tout aurait été de savoir de quoi on cause et comme je n’arrive pas à faire de concordance entre le titre de l’EP (Décret de Sang) et cet objet, je suis un peu frustré. Mais bon, plutôt sympa comme artwork en tout cas et bien en adéquation avec cette sortie vinyle.
PS : il faut savoir une chose sur cet artwork, c’est qu’il a mobilisé une bonne partie de l’équipe de Soil Chronicles, qui ont fait des recherches Google, des suppositions complotistes et des supputations bizarres. En vain. Nous ne savons toujours pas ce dont il s’agit…
Parlons un peu musique maintenant, le sujet qui nous intéresse le plus. Sumeru se vend comme un groupe de stoner doom metal, or ma dernière superbe référence en date était le groupe Sons of Otis qui, pour le coup, fait vraiment dans le doom metal avec des riffs ultra lents et dans le stoner avec des mélodies qui sentent bons le rock et la Californie. Là c’est totalement autre chose. C’est un EP deux titres, presque une démo dans la démarche. Les morceaux sont ni trop courts ni trop longs, l’écoute se fait donc rapidement. Mais ce qui surprend davantage l’auditeur est le style. Avec, d’après le Bandcamp du groupe, l’arrivée d’un nouveau vocaliste, on devine qu’il y a eu un GROS changement d’orientation musicale. Adieu stoner, adieu doom metal… Place à un EP hyper death metal, rapide, énergique, avec quelques teintes un peu mélodiques, sortes de relents d’un style préhistorique qui m’avait sauté aux oreilles sur les deux précédents albums (car oui, j’ai écouté les albums pour le bien de la chronique). De là j’ai cerné le but de cet EP : montrer le nouveau virage musical qu’empruntera désormais le quintet australien sous la houlette de son nouveau chanteur. Subsistera seulement quelques petites miettes de doom metal à la fin du premier morceau « Cold Chamber », mais sinon c’est tout!
On ne peut pas enlever au groupe le pointillisme accordé à sa production? Ok! On a deux morceaux seulement, mais ils sont d’une propreté assez ébouriffante. De quoi défriser une salade batavia sans sauce. Non en vérité, on voit que le groupe, malgré ce vide discographique, a su tirer à quatre épingles le son de ces CDs. De fait, il y a une constante dans la qualité de ce fameux son, à la fois brutal et gras, qui fait mon bonheur auditif. N’empêche qu’il est difficile de dissocier les styles grâce au son, et j’entends dans cet amas sonore quelques touches un peu stoner avec cette basse omniprésente, et quelques dédicaces au lointain doom metal avec cet englobement de tout le champ de sonorité. J’aime beaucoup cette nostalgie, et cela s’en ressent dans la production. Ne pas renier ses origines pour faire du neuf, une recette qui fonctionne à merveille dans le metal en général, et Sumeru ne transige pas cette loi de la réussite. Gros point fort que ce son donc!
Je disais plus haut que je pressentais un virage musical important dans la carrière de Sumeru. De fait, les autres écoutes, pour y mettre du sens, ont dû être complétées par une écoute des albums précédents. Ces deux derniers sont résolument doom stoner, ça aussi je l’ai dit. Et ce deuxième EP signé chez le label Brilliant Emperor Records amorce donc une descente en flèche vers un death metal bien old school avec ce son moderne. Cela peut dérouter quelque peu les fans du groupe, et je considère que ce changement de musique est un risque incommensurable, du moins quand on est un groupe qui commence à être connu. N’ayant pas le sentiment que Sumeru est un groupe de cet acabit-ci, je pars du principe que ce dernier n’a pas de réelle chance de trop dénaturer quoique ce soit et de perdre, ainsi, une horde certaine de fanatiques. Mais je tiens à souligner que c’est un pari audacieux, et qu’à tout bien considérer, si les albums stoner doom sont très plaisants, cet EP reste, pour moi, la meilleure production des australiens à ce jour. Les écoutes ont, en tout cas, été très appréciables et je pense que j’y reviendrais dessus sans souci particulier. Mention spéciale au deuxième morceau que j’ai trouvé étonnement accrocheur, la faute en partie à des riffs plus stoner et cette basse… Cette basse tellement forte qu’elle en a fait vrombir ma voiture. Très accrocheur, j’adore au point de ne pas savoir si je dois sourire comme sur du stoner ou headbanguer comme un boucher comme sur du death metal!
La qualité des musiciens est évidemment à mettre en avant puisque, qui dit changement de musique, dit forcément remise en question. Et l’introspection, ils n’en manquent point! Force m’est de constater qu’il faut une bonne dose de talent pour parvenir à changer de peau comme cela, sans pour autant que cela fasse comme des grumeaux dans une purée : on la mange quand-même mais on est gêné. Je suis bien épaté en tout cas, le talent est là et le potentiel créatif aussi, bien largement! Le chant aussi est excellent, avec une sorte de brutalité un peu thrash death qui colle super bien au reste! Un vrai bonheur!
Je termine prématurément ma chronique parce qu’un EP deux titres donne moins matière à déblatérer qu’un album quinze pistes. Cela ne m’arrêtera toutefois pas quand je dis que cet EP est le début d’un renouveau pour les australiens de Sumeru, probablement en peine pour composer du doom stoner au vu de leur discographie famélique, et qui vont essayer de planter leur gazon chez leurs voisins illustres du death metal. Un gros virage à 90 degrés donc pour Sumeru qui propose un EP deux titres tout simple, mais bien efficace. Avec une production intéressante, cette sortie vinyle en vient à être limite frustrante, moi qui n’en achète jamais. Et je vais me paraphraser car j’ai écrit plus haut une phrase qui résume totalement bien ma pensée : c’est un pari audacieux, et qu’à tout bien considérer, si les albums stoner doom sont très plaisants, cet EP reste, pour moi, la meilleure production des australiens à ce jour. Les écoutes ont, en tout cas, été très appréciables et je pense que j’y reviendrais dessus sans souci particulier. Et je ne sais pas si cela va faire plaisir au groupe, mais ma petite chérie de quatre ans a elle aussi adoré l’EP, et surtout, le deuxième morceau!
Tracklist :
1. Cold Chamber
2. Foundry of Dread
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