Line-up sur cet Album
- Jardén Schlesinger : chant, guitare
- Thomas Haxen : basse, choeurs
- Jacques Harm Brandt Hauge : batterie
- Christian Christiansen : guitare
Style:
Death Metal MélodiqueDate de sortie:
20 avril 2021Label:
Satanath RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Un jour, mon ancêtre Gurdil fut envoyé creuser dans la
forêt,
Y’avait soit disant du mithril,
Si y’en avait on sait pas où il s’trouvait!
Il fit sa cabane en bordure,
D’un bois touffu, peuplé d’elfes sylvains,
Des gens qui bouffent de la verdure,
Évidemment sa n’fait pas de bons voisins. » Naheulband
C’est assez amusant comme parfois les groupes ont des noms qui ne collent absolument pas avec la thématique générale, les concepts des albums voire carrément le style. J’ai fait l’expérience il y a peu avec le groupe Feculent que mon Truculent et Grand Manitou de la Courtitude Arno a fait en chronique. Rien que le nom, déjà… On rigole! Mais quand il s’agit de brutal death metal, alors là c’est encore plus marrant! Les noms sont nombreux : il y a Pitbulls in the Nursery, Cannabis Corpse, Gronibard (bien entendu!), Paracoccidioidomicosisproctitissarcomucosis, sans compter les noms d’albums. Bref! Le metal, qui est censé être un style de musique un peu sérieux on va dire, regorge de références assez drôles désormais, et semble prendre parfois la voie de l’autodérision. Je me demande parfois ce qu’il reste de l’époque que mon Sublime Maître des Monstres Chris Metalfreak (NdMetalfreak : c’est vrai que, désormais, si je veux des sensations fortes, j’ai plus tendance à les trouver dans les attitudes déplacées de groupes émergeants qui n’ont encore rien prouvé que dans la brutalité ou l’imagerie déployée par d’autres formations) a pu connaître. Cette époque où les groupes avaient une imagerie choquante… Pour l’époque. Aujourd’hui, c’est limite un peu comme quand on regarde le film l’Exorciste de 1973. On se marre bien comme il faut devant, surtout devant les effets spéciaux d’antan qui font penser aux films de série Z, alors que nos parents ont été particulièrement traumatisés. Ma mère en tout cas m’en parle encore avec un effroi sincère. En ce qui me concerne, j’essaye des fois de ne pas plonger dans cette dérision qui est souvent un piège. Derrière certains noms de groupes ou d’albums se cachent en vérité des thèmes bien plus sérieux, ou sombres. C’est ainsi que le groupe que je fais en chronique ce jour m’a fait cet effet-ci : Sylvatica est le nom scientifique… Du hêtre commun. Ce n’est pas forcément un arbre qui se prête au jeu du mortifère, puisque Le hêtre symbolise la confiance, la patience et la douceur, une forte vitalité empreinte cependant de raffinement, de joie et de féminité. Dans les civilisations plus anciennes, le hêtre était couramment associé à la Déesse mère, symbole de la connaissance féminine. Donc bon… Mais j’essaye de ne pas tomber dans le piège, surtout quand je dois faire la chronique du dernier album en date, sorti ce jour, et qui se nomme sobrement Ashes and Snow.
Mais d’abord, après avoir été un arbre commun bien de chez nous, Sylvatica est devenu un groupe danois, en provenance de plusieurs villes différentes que je ne m’amuserai pas à toutes les nommer, sinon mes doigts vont s’épuiser à chercher des consonnes insolites. Un groupe de la royauté danoise qui a vu le jour en 2009. Alors, ce qui est assez étonnant dans la discographie, c’est l’écart significatif entre les productions plus abouties. J’entends par là, les deux albums, puisque Sylvatica a eu le temps de sortir un EP en 2010, deux singles et… Une compilation en 2011. Alors ça! Je n’ai JAMAIS compris l’intérêt de sortir une compilation avant des albums. Il va falloir qu’on m’explique… Le premier album nommé Evil Seeds est apparu en 2014, il aura donc fallu cinq années au quatuor pour sortir un album. Et encore sept longues années pour accoucher du second, celui qui nous intéresse ici. Toujours sous la houlette du label dont je vais devenir accro par la force des choses puisque je ne chronique que pour lui depuis deux semaines : Satanath Records. Je me questionne probablement pour des clopinettes, mais je trouve que cette discographie n’est pas forcément de bon aloi pour la suite. On va voir cela.
Et à ma grande surprise, l’artwork est fait par un français! Son nom d’artiste est 3mmi Design et il provient de Nantes. Ce que j’ai constaté au passage, par l’étude de l’album, c’est que 3mmi Design ne fait semble-t-il qu’un CD par groupe, c’est plutôt étonnant. Donc en principe, ce serait le seul artwork qu’il fera pour Sylvatica. En tout cas, ce n’est pas parce qu’il est français que je dis cela, mais son travail est magnifique. L’artwork est splendide! J’adore vraiment l’atmosphère de destruction un peu post-apocalyptique, ou à la fin d’une immense bataille, avec cette ville réduite en cendres dont il ne reste de visible qu’une statue épargnée (que je n’ai pas reconnue) et des fondations de bâtisses. Mais surtout ce que je trouve magnifique c’est le ciel et la planète sur des tons violets / roses, cela donne un côté céleste hyperbolique mais majestueux, et surtout cela rajoute un côté cosmique très intense. Franchement l’artwork est totalement envoutant, hypnotisant. J’adore d’autant plus qu’il me fait penser à quelques images de Warhammer dont on se servait avec l’un de mes anciens groupes pour élaborer des pochettes, exactement pareils! Donc cela me touche au plus profond de moi, et c’est typiquement le style de pochette qui me ferait acheter sans réfléchir l’album. L’un des plus beaux que j’ai eus à découvrir en cette année 2021, c’est un travail de fourmi et surtout de génie! Quel talent putain.
Par contre, j’émets un petit bémol mais sans conséquence aucune. L’artwork ne colle pas avec l’étiquette musicale que l’on m’a présenté de prime abord. Sylvatica m’a été envoyé comme du « death metal folklorique ». Alors en elle-même, l’étiquette a quelque chose de franchement attirant pour moi puisque peu courant. Mais, ce que j’entends par folklorique est beaucoup plus complexe qu’un simple clavier en fond comme ici, pour moi le folklorique c’est de la tradition, des instruments itou, et un vrai esprit ancestrale. Alors je trouve simplement, et ce n’est que mon avis, que parler ici de metal folklorique est très présomptueux. Par contre, l’autre versant qui m’a été donné de lire est totalement justifié et fonctionne à merveille : le death metal mélodique. On est en plein dedans! Des parties mélodiques à foison, des ambiances limite très épiques ce qui colle un peu mieux avec la thématique apocalyptique et cosmique générale, une batterie assez jazzy. Tout va bien! C’est typiquement le genre d’albums qui me plait dans le genre mélodique, tous styles primaires confondus. Ajoutez à cela une bonne dose de claviers bien imposants mais sans tomber dans l’extravagance, et un chant bien maitrisé, vous avez en fin de compte tous les ingrédients nécessaires pour faire de cet Ashes and Snow un pur album bien péchu!
Pour la production c’est de très bon! Je vous difficilement quelle reproche je peux faire à cet album. Ah si! J’en ai trouvé un (rire sardonique activé). La production fait peut-être trop le jeu du mélodique par moment et oublie qu’à la base, le groupe produit du death metal. C’est un peu le piège qu’on rencontre dans certains groupes qui pensent que l’étiquette mélodique est dominante alors que la base séculaire est le death metal, du coup le son manque par moment un peu d’épaisseur. Ce n’est pas toujours, c’est même quasiment un épiphénomène. Mais bon, il fallait bien que je pointe un détail à reprendre, sinon on dirait que je suis trop laxiste! Sincèrement je chipote, parce que l’album est vraiment très bien produit, il y a des ambiances qui me font penser beaucoup à Wintersun sur l’album Time I, et c’est tout bénéfique pour le groupe. J’aime bien les jeux de guitares qui se complètent superbement bien, et dont le son ne dénature en rien leurs interventions. Voilà pour le chapitre de la production!
Après quelques écoutes, le constat est que l’album fonctionne comme une sorte d’épopée spatiale, et du coup l’enchainement des pistes est d’une fluidité déconcertante. J’entends par là que typiquement Sylvatica fait dans la bonne mayonnaise maison qui prend tellement bien qu’on en mange sans se rendre compte qu’on n’a plus faim. Les compositions ont donc ce mérite d’être extrêmement bien faites, avec une vraie complicité entre elles et cela donne presque l’impression d’entendre la bande-sonore d’un film. C’est la magie du metal mélodique en tous styles, vous avez l’impression de vivre des saynètes bien précises et suffisamment changeantes pour se laisser aller à chaque minute. C’est donc un très gros boulot de fait et cet album sonne comme une belle petite révélation pour moi.
Je vais même conclure la chronique ici parce que souvent, en vérité, quand je développe un album c’est parce que le grain est sassez visible pour être moulu. Sylvatica, derrière ce nom qui m’a honteusement fait rire, est en fait un groupe bien balèze, qui propose un death metal mélodique de forain comme on dit, c’est à dire oscillant entre des miettes de brutalité et une mie bien consistante d’entrainement sonore. Un deuxième album qui je l’espère en appellera d’autres, histoire de connaître de nouveau de belles sensations d’écoute, où l’on se prend à partir dans l’espace. Ashes and Snow, comme son nom pourrait l’indiquer n’est finalement qu’une vraie lumière sur ma soirée de pluie. Un très bel album!
Tracklist :
1. Daybreak 02:42
2. Ashes and Snow 06:16
3. Pillars of Light 05:45
4. Creation 06:35
5. Cosmic Strings 07:06
6. Helios 05:21
7. Halls of Extinction 09:09
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