Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 9/10

Tattva est le one man band de J., artiste du Sud Ouest de la France impliqué également dans nombre d’autres projets musicaux (1789, Horoh, Invicta Miseria).
L’entité Tattva est (hyper)active depuis 2020, comptant déjà pas moins de deux albums, deux EPs et différents titres sortis sur Bandcamp.
Comme son nom, issu de Sanscrit, l’indique, l’univers musical de Tattva est très marqué par la philosophie Hindu qui a profondément inspiré la première partie de sa discographie. Une inspiration que l’on retrouve pleinement dans la trilogie Nirjana / Avanati / Naraka qui s’est achevée en début d’année dernière.
Mais voilà notre ami Tattva n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers et il nous revient en ce début d’année 2023 avec un nouvel EP intitulé Abysmes. Composé de trois titres (ou de quatre pour ceux et celles qui auront la judicieuse idée d’acquérir la version physique), ce disque est annonciateur d’un certain nombre de nouveautés. La première est que Tattva entame ici un nouveau triptyque fondé sur un nouvel univers. La seconde est que ce disque scelle aussi un nouveau partenariat avec le label Français Drakkar Productions.
L’artwork, retravaillé par Bram, reprend une peinture d’Odilon Redon intitulée “Le Noyé”, il offre la meilleure porte d’entrée possible dans ce nouvel univers qui s’ouvre à nous dans Abysmes. Un univers où la métaphore du naufrage fait écho à celle de nos vies. Le premier titre éponyme s’ouvre sur des eaux plutôt calmes mais où les sombres nuages s’accumulent avant que ne se déchaînent les flots. Reprenant les vers de la poétesse du XIXe siècle, Louise Victorine Ackermann, les vagues musicales montent et descendent finissant par faire chavirer l’âme. Le chant écorché de J., rejoint sur quelques vers par Brouillard, habite totalement ces dix minutes d’un Black aux atmosphères intenses et prenantes.
Après une telle entame, il fallait bien un petit intermède instrumental (“Naufrage”) pour se remettre et reprendre un tant soi peu ses esprits avant que ne vienne “Le Cri”. Un titre dont le riffing glaçant et tempêtueux côtoie des leads mélodieuses aux accents tragiques. La tension monte encore d’un cran. Le chant lutte, tiraillé entre la vie et la mort, il ne s’en laisse pas compter avant de céder sur d’ultimes mots…annonciateurs du renoncement et de la fin.
La version CD d’Abysmes se réhausse par ailleurs d’un titre supplémentaire avec une reprise de « Buddha 1 » du cultissime groupe Cult on Fire. Une reprise et un titre flamboyants qui, pour le coup, ramènent davantage à la trilogie précédente. Occasion pour ceux qui ne la connaissent pas de la découvrir.

Très intense Abysmes marque encore un pas en avant pour Tattva qui donne ici vie à une œuvre hautement immersive et expressive, que ce soit par l’instrumentation, le chant et une composition intelligente servant la dramaturgie de l’ensemble. Le recours au chant en Français apporte une réelle plus-value à cet EP ; bien sûr, le chant saturé ne permet pas d’embrasser directement l’ensemble des paroles, mais J. sait parfaitement appuyer sur certains mots qui prennent du coup un certain relief et marquent l’esprit. Avec un premier acte de ce niveau, ce nouveau cycle de compositions s’annonce d’ores et déjà plus que prometteur. En fait, la hâte est grande de découvrir la suite et la relative brièveté de cet EP ne fait qu’exciter un peu plus la curiosité.

Tracklist :

1. Abysmes (10:17)
2. Naufrage (03:35)
3. Le cri (06:04)
4. Buddah 1 (Bonus) (reprise Cult of Fire) (09:35)

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