Line-up sur cet Album
- Isaac Byrd - Drums
- Cole Roberts - Guitars
- Erick Ramos - Vocals
Style:
Symphonic Gothic MetalDate de sortie:
13 Février 2018Label:
IndépendantNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 5.5/10
« Jesus Christ… Sodomized! » comme disait le très grand et vénéré philosophe théologien Legion de la confrérie pour les Croisades Sataniques Marduk. Bon, ce petit exemple en introduction pour nous rappeler combien le Christianisme est un sujet tellement commun pour cracher son fiel dans le milieu metal. Je ne vais pas rentrer dans une explication sociologique parce que ce n’est pas le but de la manœuvre. Mais difficile de passer à travers cette évidence : le christianisme est le festin gargantuesque de l’ogre Metal. Que cela plaise ou non, il sera compliqué pour une personne qui débute son expérience dans le Metal de passer outre ces élucubrations. Alors, quand il faut faire avec… Il faut faire avec. Et je me dois de parler du groupe Black Vatican donc je fais fi des deux fuseaux, fait un petit Pater noster et trois Ave Maria et on y va!
The Black Vatican, non. Ce n’est pas un groupe « vaticanais ». Vous vous en doutiez, hein ? Je reprends le descriptif qui m’a été envoyé pour vous dire que « In the year 2014 came two cousins out of the broken valleys of Kansas City, singers/songwriters Erick Ramos and Jose Hernandez, after tasting the truths of life’s devious nature. »
…
Bon, on demandera si comme Christine Boutin, ils ont eu une dérogation du pape pour faire leur « life’s devious nature », les cousins…
Donc, ils sont américains, existent depuis 2013 et ont sorti leur premier album le 13 février 2018 après le sacrifice de son bon vieux camarade JC, appelé (je vous le mets dans le mille!) : Black Vatican ! Je sais ce que vous pensez : je suis mauvaise langue avec ce groupe, je me moque ! Eh bien… Oui, c’est vrai. Je me moque un tantinet. Cela doit être dû au fait que le groupe semble y croire dur comme fer à son délire, et moi qui suis particulièrement anti-cliché hashtag « tuasentoilesprémicesdelanoirceur » ; je me paye une tranche de rire. Non, vraiment, j’ai du mal à entrer dans leur univers fourmillant de clichés qui font plus penser à une rébellion d’adolescent qu’à une réelle conviction. Surtout que, quand je lis que le groupe propose du « gothique symphonique », je m’attends au pire.
Et pourtant, Dieu sait que la biographie du groupe vendait du rêve ! Se présentant comme le groupe pouvant faire renaître le fameux obscurantisme (rien que cela !), ils expliquaient assez adroitement qu’il y avait plusieurs mélanges de genres (industriel, gothique, Black Metal, etc.), qu’il s’agissait d’une réflexion partagée entre eux sur la vision du monde qu’ils peuvent apercevoir au travers de la religion chrétienne… bref, une vraie porte ouverte vers un nouveau point de départ pour un genre qui s’essouffle de plus en plus. Ils invitaient par ailleurs à répandre le message véhiculé par leur album à travers le monde, et… les labels, bien sûr ! Mais bon, rappelons-nous que tout cauchemar débute dans un beau rêve…
Ceci dit, tout n’est pas ridicule, loin de là ! Niveau artwork, le groupe a mis un soin tout spécial dans la réalisation de la pochette. On tombe bien dans le délire gothique satanique en tout cas. La pochette est étouffée de symboles plus qu’équivoques : des croix renversées, des médaillons, des plumes rougeâtres. Et d’un coup, il me vient une nostalgie ; il y eut une époque où, en France, nous avions un groupe un peu dans ce même délire mais qui semblait mille fois plus coercitif : Forbidden Site. Qu’est-ce que j’aime ce groupe… Il y avait une thématique plus royaliste, historique, mais le folklore un peu gothique qui découlait de leurs albums me paraissait tellement bien. Sturm und Drang, quel chef-d’œuvre. Du coup, quand je regarde l’artwork de Black Vatican, je suis finalement un peu hébété (pour ne pas dire désespéré…).
Pour ce qui est de la musique, d’emblée, on entend qu’il s’agit d’une autoproduction. Parce que la qualité du son est médiocre au possible. Et pourtant, il pourrait y avoir une foule de possibilités pour ressembler au son que j’affectionne, à savoir celui du Black Metal des années 90 avec des claviers analogiques et un son crado comme des entrailles mortifères.
Mais si je dois faire pêle-mêle une liste de ce qui ne va pas tout au long de l’album, on retrouve :
– la batterie qui est parfois inexistante, et qui sonne souvent de travers (notamment les grosses caisses, moyennement carrées)
– les guitares complètement étouffées par le clavier et qui ne sont là que pour faire de la figuration sur le plan rythmique
– les chants en général : un qui se veut (je pense) comme une messe noire mais dont les arrangements bourrés de reverb et delay donnent le sentiment qu’on a affaire à un Général Grievous sous Tranxène ou pas loin d’une overdose ; le scream qui parfois remonte un peu le niveau mais sans plus car utilisé à mauvais escient (dans des parties « molles ») ; et un chant féminin totalement incongru.
– la basse qui étouffe les claviers par moment (et donc, les guitares…)
Le seul point positif que je retiens, ce sont les claviers : si on fait abstraction qu’ils sont trop forts sur l’arrangement final, les compositions sont intéressantes. Les introductions des morceaux sont plutôt bonnes, très bonnes même pour les deux premiers de l’album. Au moins, on ne peut pas reprocher à The Black Vatican d’être incohérent avec son concept de départ : les claviers donnent une réelle atmosphère gothique ou donnent envie de nous faire entrer dans un lieu de culte malsain. En fin de compte – je ne sais pas si mon impression est juste -, j’ai l’intuition que le groupe a voulu mettre l’accent sur des ambiances ecclésiastiques, voir monacales, plus que metal. C’est comme si on calait des parties metal à l’arrache sur des parties ambient, copier-coller digne de Virtual DJ au passage.
Vous l’aurez évidemment compris, je n’ai pas apprécié cet album. S’il va de soi qu’on ne peut pas attendre de la part d’une autoproduction à une qualité de son génialissime, pour moi, il s’agit plus d’une rébellion d’adolescent qui va s’arrêter tôt ou tard, rébellion contre le christianisme totalement contextuelle si on se souvient combien les États-Unis sont hystériquement accrochées à cela. Mais comme toute rébellion d’ado, il faut remettre du cadre et du bon sens ; je conseille donc vivement à The Black Vatican soit de changer de bord rapidement et de mettre plus de moyens dans la réalisation du prochain album, soit d’arrêter là le massacre. Les chrétiens ont assez souffert comme cela je crois/x, pour en rajouter une couche…
NB : vu que le groupe Black Label Society a nommé un album sorti en 2014 « Catacombs of the Black Vatican », on a peut-être une chance que l’album ci-dessus chroniqué parte dans les catacombes ou les oubliettes de la musique justement.
Tracklist :
1. The Darkened (Sacred) Wine (07:50)
2. Dark Promises (06:58)
3. Revelations Cries (04:00)
4. Into Abyssful Terror (05:00)
5. Lady of Dis (06:13)
6. Restless Anastasia (05:13)
7. Borrowed Time (Sin’s Solace) (06:49)
8. From the Asylum (07:14)
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