Line-up sur cet Album
- Joachim Åkerman : chant
- Mikael “Lyris” Karlsson : guitare
- Simon Wärnén : batterie
- Rolf Norling : basse
- Kalle Edh : guitare
Style:
Stoner rockDate de sortie:
04 mai 2021Label:
Splitrick RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Mammouth engloutit le contenu en deux gigantesques gorgées d’une demi-pinte chacune et sombra dans le néant d’une nuit comateuse. » René Fallet
C’est quand-même dingue cette fascination pour le mammouth ! Je ne savais pas, avant de faire des chroniques, que j’aurais autant à rencontrer le mammouth dans mes pérégrinations musicales. Pourtant, tout colle ! Le mammouth est un animal pachydermique qui n’est pas un ancêtre de l’éléphant comme beaucoup l’imaginent, mais bien un cousin. De fait, la généalogie des mammifères proboscidiens (qui ont une trompe) n’est pas si éloignée que cela. On est bien d’accord que le mammouth est un animal imposant par sa carrure et son côté pachydermique justement. Et si on y réfléchit bien, il y a des styles de musique qui s’y prête bien à cette imagerie d’un gros animal dodu et lourd, qui fait trembler le sol quand il se déplace et a la particularité de marcher en rang d’oignon. Mais naïvement, je ne pouvais m’imaginer que le mammouth serait un animal aussi influenceur des genres metal et rock ! Sincèrement, je ne pouvais le concevoir. Que l’on fasse des éloges à Satan, aux vikings, à la Mort, au gore, passe encore ! Mais à ce monstrueux animal préhistorique, non. Du coup j’ai cherché par curiosité des CD qui causent de mammouth, j’en suis à deux au moins. Et tous plus ou moins dans la même branche principale, celle du stoner et du rock psychédélique. Pour le stoner je comprends vraiment, du fait des similitudes attitudinales et musicales. Le rock psychédélique un peu moins, mais qui sait, peut-être que The Mammuthus et son album « Last Trumpet of a Giant » m’apporteront une réponse ! Très éléphantesque en tout cas je l’espère !
The Mammuthus, vous l’aurez compris, est bien l’énorme bête poilue préhistorique que tous les enfants connaissent de près ou de loin grâce notamment à l’Âge de Glace. Mais c’est aussi et surtout un groupe suédois. Eh oui ! Concernant la provenance précise, j’ai cru à un troll pour vous dire la vérité, vu que le groupe véhicule une image un peu déconneuse. Mais en fait pas du tout, ils viennent d’une ville qui s’appelle réellement Trollhättan. Genre, j’imaginais un mélange avec Troll et Manhattan. Bref… Non, je ne consomme rien ! Par contre, en termes de « rien », on ne peut pas dire que le label se soit foulé quelque chose pour la présentation du groupe. Aucun dossier presse. Rien. Et le problème est que le groupe a un homonyme qui prend toutes les premières pages Google. Donc autant vous dire que pour trouver des informations, ce fut laborieux. J’ai eu donc le droit de savoir que le groupe existe depuis au mieux 2015, date de la première sortie discographique du groupe. Un EP, puis un autre, pour avoir un album, le tout autoproduit. Puis vint la signature chez Sliptrick Records et ce deuxième album nommé « Last Trumpet of a Giant« . Voilà pour les présentations !
Pour l’artwork, on est clairement établi sur de la loufoquerie au naturel ! C’est assez énorme pour le coup et drôlement bien fait. Il y a plein de figures détournées comme cette Batmobile en effigie de mammouth, cette femme nue qui s’étend érotiquement mais avec une peau de reptile et les cheveux rouges (genre Poison Ivy), une ville en flamme ainsi qu’une fin de parcours avec un arbre qui brûle dans le tunnel de la voie rapide, ce cactus géant dont on ignore totalement ce qu’il fout ici, ce personnage avec un chapeau melon tout à gauche en bas qui me fait penser au Sphinx, toujours dans Batman, etc. Bref ! Mais surtout, le point central de cette pochette parodique, c’est bien entendu ce gigantesque Heimdall (je le sais parce que le label explique que le groupe revient du Permafrost) qui fait résonner Giallarhorn avec tout de même un personnage insignifiant dans le pavillon de la trompette et qui semble se désintéresser du danger. En fait, j’aime vraiment bien cet artwork parce qu’il détourne des éléments de notre culture et il amène une touche très décalée qui me manquait, après avoir fait des groupes hyper sérieux dans leurs démarches. Un peu d’humour, c’est rafraîchissant ! Cela fait du bien au moral et au cœur. Franchement, je ne regrette pas mon choix pour la chronique, je sens au travers de cette pochette sublime que je vais me régaler !
Pour ce qui est de la musique, on est sans surprise sur un bon gros stoner rock de forains ! Et on retrouve cette bonne humeur communicative dans l’artwork au travers des riffs endiablés de The Mammuthus. Tout ce qu’on aime dans le stoner rock qui sait alterner des compositions stylisées hard rock et la lourdeur plaisante et épousante du stoner. On se trouve ainsi avec des morceaux punchy, des riffs typiques d’un ancien temps et des soli bourrés d’énergie positive ! Dès la première écoute, la messe est dite. Je me suis déhanché dans mon salon tout seul comme un clampin et je pense que mes voisins ont dû apprécier le spectacle de ce pantin désarticulé qui, pour l’anecdote, fera même tomber son casque et le bousillera. The Mammuthus m’a offert un vent de fraicheur digne des tramontanes les plus rafraichissants en été. Il n’y a pas vraiment de mots en fin de compte, cela se ressent immédiatement dans le côté sympa et goguenard de ce genre musical très ricain. Moi, j’aime bien en tout cas. J’avais le moral en berne ce soir et je me suis revigoré l’espace d’un album, alors je ne peux que dire merci à The Mammuthus ! Pour une première écoute, c’était le pied !
Alors, pour la production, on est sur du bon, assurément. Rarement j’ai été déçu par le stoner rock, aussi bien dans des sons proches d’un rendu vinyle que studio de qualité. The Mammuthus ne fera pas exception, le son est impeccable ! La basse est bien forte, comme j’aime ! Les guitares envoient sec, la batterie a ce côté mélange de punchy et de lourdeur que j’adore, avec cette intelligence sonore qui caractérise les bons groupes de ce genre. Le chant a quelque chose de mystérieux parfois mais en tout cas son assemblage avec le reste est une communion totale à ce stade. Bref ! Je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit, la production de l’album est un bijou du genre ! Pour un premier album produit, je suis épaté par le soin qui a été mis. C’est comme si le groupe suédois découvrait le bonheur d’une production superbe, après trois autoproductions. L’ensemble est largement sublimé en tout cas, magnifique !
La musique ne souffre en fait d’aucune réelle sophistication, c’est toute la beauté du genre stoner rock et qui me fascine. Le paradoxe intervient dans le fait que généralement, les riffs estampillés hard rock, je ne les aime plus comme avant. Du coup, je m’épuise très vite à écouter un album de hard rock, même les plus grands ! Et j’ai toujours le sentiment que des groupes comme The Mammuthus parviennent à remettre au goût du jour ce style de compositions, avec un son moderne mais avec ce côté vieux groupe campagnard, mais aussi cette énergie en plus, un degré de gagné dans l’échelon musical qui fait que l’on a envie de se replonger dans ces riffs qui ne sont pas tout à fait nouveaux. Au plus j’écoute du stoner, au plus je suis épaté, fasciné même. La dimension rock est encore bien présente de nos jours et je suis content de cela. The Mammuthus m’a tellement donné envie que j’ai réécouté en boucle l’album avec la même délectation qu’au départ. Un bon stoner comme on l’aime !
Pour ce qui est des musiciens, le talent est là ! J’aime beaucoup le jeu des guitares, propice à la mélodie et aux soli plein de patates ! En vérité, je suis rarement encore déçu par les musiciens stoner parce qu’il faut une certaine maîtrise instrumentale pour tenir des riffs comme ceux-ci, associant les harmoniques et les moments rythmiques bien taillés. C’est quelque chose que j’énonce mais sans savoir pourquoi je le fais encore !
Le chant en tout cas est l’une des seules vraies curiosités de cet album « Last Trumpet of a Giant« . Parce qu’il se situe pile poil entre la douceur d’un rock psychédélique et la rudesse d’un stoner rock. Quand je vous dis pile entre les deux c’est tout à fait cela. Il y a un côté étonnant où le chanteur semble planer, et des moments où le retour à la réalité sonne comme une révélation ! Et je dois admettre que je suis subjugué par cette capacité à prêcher le chaud et le froid dans une seule ligne de chant. Elle ne varie guère, parvenant à prendre la place rythmique qui lui revient de droit et sa place mélodique avec une grande justesse vocale. C’est THE curiosité de l’album mais dans le sens formidable du terme. Grosses surprise !
Pour finir, je dirais que « Last Trumpet of a Giant » est un album ultra prometteur pour The Mammuthus. Loin des clichés préhistoriques voire néandertaliens qui sont véhiculés par l’imagerie pachydermique du groupe suédois, il y a surtout une empreinte à la fois humoristique et festive qui s’écoule lentement de cet album. Comme si la musique était dédiée à l’entière responsabilité de la bonhomie et de la pugnacité positive. Définitivement, l’un de mes coups de cœurs stoner rock de l’année ! Avec en plus de cela cette légèreté hypnotisante et cette rudesse de western qui transpirent côte à côte dans un élan carnavalesque, « Last Trumpet of a Giant » est un album qui sent le bon vivre et qui étale sur l’échiquier metal tout son sens de l’accueil et du partage. Très belle surprise et un album à écouter de toute urgence !
Tracklist :
01. Pile Of Gravel
02. Last Trumpet Of A Giant
03. Riddles
04. Ostrich Man
05. Tombstone Rumble
06. Yanar Dag (The Burning Mountain)
07. Wildfire
08. Wooden Walls
09. The Raven
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