Line-up sur cet Album
- Torsten Schildhauer : batterie
- Mathias Träbert : chant
- Sebastian Rasch : guitare
- Daniel Stromayer : guitare
Style:
Death Metal MélodiqueDate de sortie:
13 novembre (LP) / 20 novembre 2020 (CD)Label:
TrollzornNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10
« L’homme courageux se battra et gagnera, même si sa lame est émoussée. » La série Viking
L’appellation « viking metal« , ou comment déclencher des hordes de débatteurs prêts à en venir aux mains et aux épées pour avoir raison. Coïncidence? Je ne crois pas. Toujours est-il que les appellations dans la musique metal sont souvent sujettes à débat pour la simple et bonne raison qu’on ignore beaucoup de choses sur ces dernières. Par exemple, qui se souvient que le nom « death metal » viendrait du groupe Death? Ou que « black metal » vient d’un album de Venom? Il est arrivé, à un moment donné de l’histoire de cette incroyable musique, qu’un groupe ponde un nom pour définir un sous-genre du metal, sans que cela ne dérange personne. Voilà pourquoi, en temps normal, les sobriquets concernant les styles de metal ne me dérangent pas. Mais quand il s’agit de se lancer sur le thème du « viking metal », là, cela me gêne un peu plus. Enfin, un peu… Beaucoup plus! Pour un détail important selon moi : appeler une musique par le nom d’un peuple ou d’une catégorie de personnes est moins entendable d’un point de vue historique. Les vikings ont existé, c’est une évidence, mais n’a-t-on pas formé, déformé et re-déformé ce peuple pour arriver dans notre société actuelle sur des clichés tous aussi ridicules les uns que les autres? On pourrait d’ailleurs aussi parler des pirates, qui voient carrément un sous-genre de metal foisonner en leur nom, alors que les clichés sont légion sur eux. Bref. Je suis quasiment toujours réticent à l’idée de faire une chronique sur un groupe qui se fait appeler « viking metal » pour principalement cette raison, mais aussi pour mon accointance avec la culture viking. Mais pour deux groupes, je vais faire une exception, et le premier à passer sur le grill se nomme Thrudvangar.
Thrudvangar se vante, dans leur dossier de presse, d’être un groupe important de la scène viking metal allemande. Admettons, ce qu’il ne faut cependant pas renier se situe dans sa discographie, façonnée sur vingt ans d’existence puisque le groupe a posé ses bases en 2000. Six albums en comptant celui-ci, une démo en 2003 et un split avec le groupe Nomans Land en 2008. Evidemment, sans suspense possible, le groupe présente un univers musical très « nordisant » et cela ne m’étonne pas que ce dernier puise sa géniale inspiration dans ce vaste sujet historique et mythologique. Thrudvangar est le nom qui est d’ailleurs donné à la demeure divine de Thor. Pour les présentations, c’est fait ! Passons à l’écriture foisonnante et trébuchante.
La pochette pour commencer cette chronique. Comme l’on pouvait s’y attendre (en bien et/ou en mal, c’est selon les avis), Thrudvangar surfe sur les éternels clichés qui ne surprendront plus personne, du moins je l’espère. A savoir : un corbeau qui survole un champ de bataille ou une terre simple inondée par une tempête violente, une sorte de monolithe sur le sol surplombe ce désastre divin, parce que l’on ne sera pas surpris de se dire que ce désastre météorologique est sûrement de source divine. (Vous savez, fâcher les Dieux, etc.) J’aime bien la perspective qui est proposée par le graphiste avec ces plumes de corbeau que l’on voit floues, comme si elles passaient devant un œil humain hypnotisé par ce spectacle de désolation. En fait, le principal avantage de ce design est de proposer une sorte d’image en mouvement, comme si l’espace d’une photographie, l’image se stoppait en plein mouvement d’un coup! C’est bien, parce que je suis un peu blasé des images qui sont figées, comme si les protagonistes prenaient la pose. Là, on a au moins le plaisir de se sentir happé par cette houle violente qui semble tout détruire, y compris nos espoirs. Seulement, et cette analyse est corroborée par le nom des morceaux, le nom de l’album sonne généraliste et ne colle pas vraiment avec l’artwork. En fin de compte, il colle plus avec le logo du groupe qui, pour le coup, est un vegvisir… Mais cet artwork sonne définitivement, avec cette idée de surfer sur les clichés qui fonctionneraient à tous les coups, comme un aveu de plaire aux autres avant de se plaire à soi. Et au-delà des vapeurs nauséabondes qui émanent du train dans lequel je suis pour rentrer chez moi après les fêtes de Noël, je sens comme des vapeurs de soufre circuler sur la démarche purement artistique, et cela me casse un peu dans mon plaisir. Un artwork « commercial » quoi, sans réelle âme ni recherche artistique personnelle. Un artwork commercial… Pour un album commercial, soit sans concept précis? Seul les Dieux et les écoutes nous le diront. Retenez que stylistiquement parlant, il est beau et sympatoche à regarder, mais ne cherchez pas de vrais sens derrière, à mon avis il n’y en a pas et c’est bien tout le souci.
Bonne nouvelle pour le groupe, mais mauvaise d’un point de vue objectif : le groupe me plait bien. Normal! Ils sont carrément une sorte de copier-coller d’ Amon Amarth. La bonne nouvelle? C’est que j’adore Amon Amarth. La mauvaise nouvelle, c’est que j’aurais aimé secrètement ne pas tomber sur une copie conforme d’Amon Amarth. Parce que cela confirme ce que je pensais en avance, avant d’écouter l’album Vegvisir , rien qu’en contemplant de près ou de loin l’artwork : le groupe cherche vraiment à vendre. Du coup, eh bien c’est facile comme bonjour : vous prenez une recette musicale qui fonctionne super bien depuis des années et vous la reproduisez la plus fidèlement possible. Cela donne donc un groupe comme Thrudvangar qui fait de l’Amon Amarth, soit du death metal mélodique avec quelques petites accentuations épico-heavy metal. Alors, la bonne nouvelle encore, c’est que le groupe copie très bien la bonne bouillabaisse Amon-amarthienne, donc la première écoute me fait bien bander parce qu’elle me rappelle le milieu de la discographie des suédois barbus bien connus. La mauvaise nouvelle, c’est que même si mon fort intérieur aime la musique, ma raison me pousse à me dire qu’un groupe qui plagie allègrement un groupe connu mériterait l’échafaud. Alors, je ressors de la première écoute avec l’envie saugrenue d’écrire à tête reposée, comme ce bon vieux Louis XVI en son temps. Oui, je souhaite que la guillotine artistique puisse de nouveau servir. Triste non?
Bon, évidemment, quand on piétine le gazon béni d’un groupe qui fonctionne, on a des morceaux bien propres collés sous les bottes. Aussi, la production de l’album est excellente, et mérite mes louanges. Comme je stipulais dans de précédentes chroniques, j’adore le boulot monstrueux que fait Jens Bodren, et cette production me rappelle beaucoup le travail de ce grand monsieur du studio. Souci : ce n’est pas lui. Le gonze qui a façonné cet album Vegvisir s’appelle Lars Rettkowitz, qui officie pour Freedom Call. Et ma foi, je me dois de l’admettre : il est sacrément doué. Le son est bien épais comme je les aime, colle de manière éhontée avec les parties plus mélodiques et épiques, rendant un aspect martial à ne pas mettre à la poubelle tellement il est puissant. Tous les instruments sans exception sont à leurs places, le chant est mis en avant comme il faut, sans tomber dans l’outrecuidante négligence. Vraiment une très très bonne production, avec un son propre et carré comme on les aime dans les productions bien commerciales. On peut dénigrer les groupes consignés « commerciaux », au moins doit-on reconnaître qu’un énorme travail fait sur le son change la donne drastiquement. Voilà, ça, c’était pour le gros point fort de Vegvisir.
Pour le reste, difficile de trouver de l’argumentaire qui puisse étayer un peu l’originalité de cet album. Il n’y en a pas. Franchement, il n’y a aucune originalité particulière. C’est, je me répète, un clone monozygote parfait d’Amon Amarth. Les compositions suivent à peu de choses près exactement le même schéma de création rythmique, parfois redondant et présomptueux je l’admets, de ce mastodonte de death mélodique suédois. Les riffs sont déjà entendus plusieurs fois, peut-être pourrait-on souligner que la musique est moins brutale chez nos voisins allemands que nos compères scandinaves, mais même sur les passages tranquilles de Thrudvangar, on croirait entendre le fameux groupe dont j’essayerai de ne pas répéter sans arrêt le nom. Même les arrangements sonores et les nappes de claviers en accompagnement sont équivoques de trop. Alors, quoi vanter dans ce cas-là? Qu’au moins, si le groupe n’est pas un génie de la composition, il excelle néanmoins dans la reproduction aux petits oignons d’une musique qui marche. Et si l’objectivité me pousserait à dénigrer davantage ce sixième album, la subjectivité, pour une fois, me susurre à l’oreille qu’il faut dire que c’est une bonne chose. Alors je le dis : c’est une bonne chose. Non pas de copier intégralement un groupe connu, mais de savoir reproduire son empreinte. En gros, les autres écoutes m’auront fait plaisir, mais je pense que je ne reviendrai pas spécialement dessus car si je veux du death mélodique bien produit, j’irai voir les précurseurs, les pointures du milieu. Quitte à écouter de l’Amon Amarth au format teuton, autant aller voir le format original suédois directement en somme. Désolé Thrudvangar.
Inutile en ces conditions d’essayer de vanter le talent des musiciens puisqu’en reproduisant d’autres bons musiciens (certains riront de cette phrase en parlant d’Amon Amarth et ils auraient raison), on finit forcément par devenir bon. Là, la copie est tellement flagrante que le talent du quatuor allemand aussi.
J’aimerais toutefois revenir sur le chant qui semble être un tout petit peu moins marqué que les autres instruments. A un détail près : au lieu d’exceller dans le grunt grave, il reste sur la tessiture plus screamée de Johan Hegg, soit un growl medium ou carrément aigu. En soi, le chant ne me dérange pas, il est très bon sur le plan tactique et technique (n’est-ce-pas Didier Dubitume?), et le fait de chanter en allemand permet de rajouter cette dureté phonique qui colle parfaitement avec la voix. En lui-même qu’on vous dit, le chant est très bien. La seule chose que j’ai à lui reprocher est justement son manque de variante. J’aurais vraiment préféré un chant qui varie plus, qui ne reste pas sur la même ligne sonore tout un album. On m’avait fait le reproche sur le premier EP de l’un de mes groupes, je suis donc bien placé pour savoir combien varier un chant sur un album est ultra important! Parce que, déjà qu’une musique copiée est souvent un peu ennuyeuse et frustrante, si en plus le seul instrument organique (mais saturé quand-même) ne varie pas, on n’est pas sorti de l’auberge les copains et copines. Il aurait fallu changer de voix, peut-être mettre des chœurs en chant clair par exemple, ou essayer de faire dans les screams, ou autres types de voix hurlées. Je reste pour de bon sur ma faim, et ce n’est pas super bon.
Je termine ici cette chronique en restant le cul entre deux chaises. D’un côté, la part objective me dit que cet album mériterait la potence pour plagier à ce point un groupe très connu. De l’autre, la part subjective me pousserait à vanter ce Vegvisir comme étant un très très bon album de death metal mélodique, dans la lignée des groupes suédois très connus, et qui doit absolument être mis sur la place centrale des sorties 2020. Mon amour profond pour le paganisme nordique me laisse également sur deux extrémités diamétralement opposées avec d’un côté l’envie d’approfondir la discographie pour trouver de quoi me satisfaire, et de l’autre le souhait que les groupes arrêtent de surfer sans vergogne sur les clichés. Décidément, cet album de Thrudvangar va me donner du fil à retordre pour trancher un avis définitif. J’ai donc décidé de copier une phrase de ma chronique qui, à mon sens, résume parfaitement ce que j’ai ressenti à l’écoute et à la dissection de Vegvisir : « […] si l’objectivité me pousserait à dénigrer davantage ce sixième album, la subjectivité, pour une fois, me susurre à l’oreille qu’il faut dire que c’est une bonne chose. Alors je le dis : c’est une bonne chose. Non pas de copier intégralement un groupe connu, mais de savoir reproduire son empreinte. En gros, les autres écoutes m’auront fait plaisir, mais je pense que je ne reviendrai pas spécialement dessus car si je veux du death mélodique bien produit, j’irai voir les précurseurs, les pointures du milieu. Quitte à écouter de l’Amon Amarth au format teuton, autant aller voir le format original suédois directement en somme. Désolé Thrudvangar. » Oui Thrudvangar, c’était bien pourtant en atteste ma note finale quand-même…
Tracklist :
1. Vegvisir (1:05)
2. Wächter der Brücke (4:25)
3. Jörmungandr (5:14)
4. Ran (5:14)
5. Hravnagud (3:59)
6. Fenrirs Brut (4:26)
7. Siegvaters Maid (4:26)
8. Sturm aus Eisen (3:32)
9. Für die Ewigkeit (4:40)
10. Fardrengir (3:22)
11. Alles was bleibt (5:22)
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