Alors que l’indus, en pleine expansion, peine à se renouveler et à nous proposer du son neuf et intéressant, voici que le cas Tribazic débarque à plein tube dans nos petites oreilles. Formé en 2004 par deux zicos issus de la scène death métal mélodique des années 90 (Necromonica) et rejoints rapidement par le frenchie Blaise Moreno, le concept Tribazic colle parfaitement avec la philosophie anglaise dont un des points clé est : l’indépendance. Indépendants, ils le sont : le trio fait tout lui-même dans son petit home studio londonien, de l’écriture à la production en passant par les arrangements. Le rendu est tout bonnement excellent, ce qui laisse à penser que le fameux home studio doit être parfaitement équipé.

Mais sont ils indépendant musicalement ? Apportent ils, eux, quelque chose de nouveau dans un style qui pêche par son côté répétitif, ces phrasés électro récurrents, ces chants mystiques voir tribaux ? Et bien c’est avec leur premier album « All Blood is Red » que nous allons essayer de répondre à ses questions.

Je vous le dis tout de suite : à la première écoute, je me suis dis « et mince, encore du réchauffé »… jusqu’à ce que j’arrive au 2/3 de l’album et découvre une face cachée du groupe. Ce qui, en réécoutant plusieurs fois l’album, permet au final d’aller à l’encontre de la première impression (bah non elles ne sont pas toujours bonnes les premières impressions). Mais n’allons pas trop vite.

On notera tout d’abords que plus nous avançons dans l’album, plus les morceaux s’allongent. Simple coïncidence ou envie délibérée de nous emmener petit à petit dans le monde de Tribazic ? Si c’est cela, c’est particulièrement réussi. Outre ce concept spatio temporel, on remarquera également que les influences death ne sont pas bien loin (False Flag) . Malgré un ton très heavy indus tout au long de l’album, on sent à de nombreuses reprises des pattes venant des anciennes origines des deux fondateurs, mais également des parties diverses et variées venant de styles de métal différents. La fusion avec « Small are we » et son refrain entraînant teinté de trips indiens semble t’il, un thrash léger et dark avec « Smokecreen » et sa basse très avenante, ou encore « Molten » avec en guest Jaz Coleman (Killing Joke) pour ne pas oublier les racines indus, un néo rock/métal simpliste (Warning has broken),… Bref, on est plutôt gâtés. Mais sans avoir entendu le reste du cd, on se dit « oui bon ok, mais c’est déjà un peu entendu tout ça ».

As Above, So Below nous met déjà sur la voix avec ses rythmiques cassées, la voix d’ange de Jerry, les effets de chorus entourant, que dis je, envahissant continuellement le tout. Un morceau à deux temps et une mélodie planante…Et pourtant, la suite aurait pu tout chambouler, car avec Paralyser on revient à un classique indus bien ficelé, mais sans plus. Tribazic va alors nous sortir de sa boite trois morceaux dignes d’intérêt qui vont remettre en question toute l’idéologie apparente de l’album. Ca commence doucement avec « Freecall » qui sous ses airs de petit bonhomme nous emmène tranquillement mais sûrement vers un monde psychédélique. Le clou est un peu plus enfoncé avec « As if« , délire pop prog bien écrit qui montre une autre image de ce que savent composer les Anglais. L’apothéose, c’est le final « Speak through us« , morceau pink floydien de 20 minutes, qui nous met une bonne claque.

On se pose donc pleins de questions, et c’est normal : simple progression de morceaux courts et basiques vers des titres plus complexes et plus matures ? Délires artistiques incontrôlés ? Remplissage ? Style musical refoulé ? Tribazic, on adore ou on jette à la poubelle, tout dépend de ce qu’on y cherche. Mais je vous en prie, écoutez l’album en entier avant de prendre votre décision Moi je leur conseillerai vraiment pour leur prochain album d’écrire comme à la fin de ce All Blood Red. C’est tellement mieux…

Son

8/10